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Philitt (31/12/2015)
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Je ne connais rien de ce parfait inconnu : Hugues Lacaille d'Esse qui m'a l'air d'être un pseudo sauf qu'un jour en 2016 sur le site Philitt, il a signé une chronique sur Tolstoï que je loue et propose à la lecture. Elle renseigne sur l'illustre écrivain de manière originale et "gonflée", en ce sens qu'il parcourt en quelques pages toute sa vie au combien complexe du point de vue de sa pensée interpénétrant l'oeuvre fictive. Il ne voit en fait qu'un Tolstoï, et comme une longue vie riche change, l'écrivain ne fait que suivre une progression somme toute tout à fait naturelle et normale, portée par des soubresauts intérieurs plus qu'extérieurs (*) : il en voit l'émergence dès les années 1869 au moment où le génial écrivain est en proie à une crise morale ou à des angoisses existentielles comme on voudra.

Pour prétendre écrire cela, c'est au bas mot plusieurs années de recherche, certainement pas comme Michel Onfray le surhomme qui vous découvre toute l'oeuvre de Houellebecq en une nuit. Cela suppose avoir tout lu de l'auteur : plus de 100 livres, et mener une étude comparative entre le prophète et le romancier. C'est se coltiner des milliers de pages pour appréhender comment l'auteur entre en philosophie ou mesurer la portée du poids de ses obsessions morales, métaphysiques qui vont prendre le pas insidieusement sur l'auteur de Guerre et Paix et atteindre son paroxysme rarement égalé dans la vie d'un homme de mettre en conformité ses pensées et ses actes.

L'auteur presque anonyme nous renseigne que ce cheminement intellectuel du "grand écrivain de la terre russe" trop souvent analysé comme dans un livre d'histoire ne s'est pas fait en un jour. Il démarre sa traque "visible" dans les années 1869 où il décèle chez son sujet des choses qui ne tournent pas rond, pourrait-on dire. C'est la fameuse nuit d'Arzamas, les crises d'angoisse, que Tolstoï va lui-même narrer plus tard dans une fiction intitulée : Notes d'un fou..

On sait que Tolstoï très tôt eut la fatuité de vouloir changer le monde et de réaliser de grandes choses en faveur du commun des mortels, le paysan mutilé par toutes sortes de fatalités liées à sa condition. Selon l'écrivain, c'est le paysan qui est la vérité de ce monde, par sa simplicité, sa croyance, la nature même de son environnement, le monde doit changer par lui : l'éducation du peuple est le premier remède. La clef réside en chacun d'entre nous. S'il n'y a pas un minimum d'efforts consentis à la base, alors le monde est gagné par la cupidité, la superstition, l'inanité.. Tolstoï est parfaitement conscient que le but à atteindre est un idéal humain de vie, une amélioration en quelque sorte de son niveau de vie et non une révolution illusoire. Mais lui-même est-il à la hauteur de ses aspirations. Quand il a à apprendre du monde des hommes, c'est un rousseauiste à la base, il en souffre. Ces deux éléments à la fois intérieur et extérieur vont s'entrechoquer : ses examens de conscience ou ses règles de vie qu'il projette sans cesse dans sa jeunesse sont louables mais ne sont jamais atteints. Ce sont dans les années 1860 qu'il veut réaliser de grandes choses : ses fameux trois jougs ..Car ses premières expériences de propriétaire terrien vont se révéler vaines et il va sombrer, gagné par la désillusion. Il s'enrégimente, poussé par son frère officier, mais la guerre en soi va lui sortir par les trous de nez et il en sortira par le haut en la décrivant brillamment dans des opus qui feront date jusqu'à émouvoir la tsarine, et il va démissionner en tant que lieutenant d'artillerie, sur le front à Sébastopol. Eté 1866, il va connaître les affres de la solitude, quand il laisse un instant son grand chantier de Guerre et paix pour prendre la défense du soldat Chibouchine condamné à mort pour avoir soufflé son capitaine. Là déjà, il doit se remettre en question et se morfond devant tant d'irrésolution. Ce n'est que 30 ans plus tard qu'il avouera s'être trompé dans sa plaidoirie qu'il jugera trop consensuelle. Dans ces années 1890, l'homme se radicalise contre l'administration tsariste, contre le Tsar en personne qui tarde à entreprendre les réformes nécessaires au pays. 10 ans plus tôt, il écrit "ma Confession" qui est considérée comme une oeuvre majeure : il ne se reconnait franchement rien, son entreprise est stérile et son humilité est à son comble. Rare est dans son oeuvre un tel élan autobiographique qui se résume à un grand moment de solitude. Au moment où il avoue crûment son impuissance devant une société qui s'anticléricalise, lui-même avouant avoir pêché par mécréance, cette oeuvre est censurée par le régime tsariste. Tolstoï est l'antéchrist, le Tsar II alors qu'il fait amende honorable. Il est aux deux-tiers de sa vie et seule la simplicité et la foi des paysans trouvent grâce à ses yeux, débarrassées du dogme.

Ma Confession.

Ma Confession est à lire comme peut-être sa seule oeuvre autobiographique et c'est le meilleur exercice qui justifie mon propos. Elle est à mi-chemin entre la littérature et la pensée, incarnation mélancolique de ce que fut le génial écrivain russe. Son écriture est l'illustration de la maîtrise parfaite de son art : on regrettera bien entendu qu'il ne soit plus question de celle qui l'accompagna dans ces moments métaphysiques de l'existence, comme une absence très présente : Sophie Tolstoï, et pour l'avoir un peu oubliée dans ces années où on a parle à bon marché d'un couple en crise, , elle réapparaitra avec force dans le dernier tiers de leur vie.

Merci à l'auteur d'un jour 23 mars 2016 d'avoir remonté pour mémoire ces quelques dates saillantes de la vie de Léon Tolstoï et d'avoir fondu en une seule sa stature légendaire. Il y aurait bien entendu des choses à dire encore, mais il faudrait y consacrer quelques chapitres supplémentaires d'explicitation..


(*) Je prétends qu'il n'y a pas de fumée sans feu, on ne dompte pas ses propres douleurs de la vie impunément, elles réapparaissent tôt ou tard avec une acuité et une forme insoupçonnées, ce qui est un contrepied à la résilience.

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