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4.06/5   8 notes
Résumé :
C'était comme ce fut toujours, le souvenir aujourd'hui que j'en garde, ce fut, le souvenir que j'en garde, une nuit très douce, très belle, une nuit très douce et très belle et le lendemain encore, une longue journée à ne plus rien faire, dans le lit, dans la chambre, et le lendemain, une bonne et longue journée, dans le lit, dans la chambre et un long temps encore, tous les deux, nos corps trop longs, enlacés, dans le bain.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
"Trois Récits" constitue une des rares excursions de Jean-Luc Lagarce hors du monde du théâtre, auquel il a consacré l'essentiel de son travail tant comme auteur que comme metteur en scène. L'écriture confère une forme de distance, de pudeur; l'apparence de la sérénité sous laquelle se devine encore et toujours, la violence des retours et celle des adieux.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
On photographie mon buste, on me tient debout car je ne peux le faire tout seul, avec des sangles, on m’immobilise et on photographie mon buste contre une plaque de métal glacée et noire. On me parle fort en articulant les mots, très fort, comme ils le font tous, comme on le fait aux sourds, aux imbéciles et aux vieux, devenus vieux sans qu’on le sache. On parle de moi à la troisième personne, on dit « il » en me parlant à moi-même et on dit ce que je fais lorsque je le fais.
« Il se met contre la plaque noire »
Et je me mets contre la plaque noire.
« Il ne bouge plus »
Et je ne bouge plus.

[L'Apprentissage]
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On me lave. Elles font ça machinalement, elles vous assoient sur le bord de la baignoire carrée, elles font tenir le sac d’os et elles le lavent machinalement. J’ai froid au cul et j’ai mal d’être posé ainsi en équilibre. Elles partent du côté droit dessus le bras, dessous le bras, elles descendent le long des côtes, elles recommencent sur côté gauche, dessus le bras, dessous le bras, machinalement, elles font toutes les mêmes mouvements, une technique, cela doit s’apprendre, il doit y avoir des cours d’apprentissage de nettoyage de sac.
Elles nettoient le sexe brutalement, elles empoignent le sexe, cette pauvre petite chose ridicule, maintenant, elles le décalottent et le nettoient, elles font ça machinalement, puis elles descendent le long des cuisses, côté droit, l’intérieur, l’extérieur, puis côté gauche l’intérieur, l’extérieur. Elles font basculer le corps et s’occupent du dos, du cul.

On n’est rien, on est l’objet de tous les soins, on doit être quelque chose.

[L’Apprentissage]
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On m’enfile un tuyau dans le nez et un autre dans la bouche et on introduit des liquides et je crois que mon cœur va lâcher ; les deux filles rousses, l’une avec le tuyau pour le nez et l’autre avec celui de la bouche, les deux filles rousses continuent leur conversation, c’est de leurs enfants, elles ont des enfants, c’est de leurs enfants qu’elles parlent, elles continuent leur conversation, elles parlent de leurs enfants et font passer de force des liquides dans mon nez et dans ma bouche, elles remplissent mes poumons et je ne sais quoi d’autre, elles me remplissent tout en parlant de leurs enfants et que j’étouffe ou que je crache ou que je pleure, cela ne change rien, tout mon corps va exploser, ce n’est rien, les sangles me tiennent parfaitement immobilisé, mon cœur va lâcher, je crois cela, je pense cela, je suis en train de penser ça, mon cœur va lâcher au beau milieu de leurs conversations sur leurs enfants, sans même qu’elles le voient, sans même qu’elles s’en rendent compte et plus tard, lorsque je suis revenu - c’est moi qui raconte - plus tard, on me répond avec négligence
« Le cœur, c’est-ce qui lâche en dernier »

[L’Apprentissage]
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Une petite fille, un jour :
Et avant que je sois née, les autres étaient déjà là ?
Et une autre petite fille, une autre fois :
Et après que je sois morte, il se passera encore quelque chose ?
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C'était comme ce fut toujours, le souvenir aujourd'hui que j'en garde, ce fut, le souvenir que j'en garde, une nuit très douce, très belle, une nuit très douce et très belle et le lendemain encore, une bonne et longue journée, dans le lit, dans la chambre et un long temps, un long temps encore, tous les deux, nos corps trop longs, enlacés, dans le bain.
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Vidéo de Jean-Luc Lagarce
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Quelle pièce de théâtre sur l'impossibilité de communiquer au sein d'une famille fut écrite par un écrivain atteint du sida et mort à 37 ans sans qu'aucun théâtre l'ait accepté ? Aujourd'hui, c'est un classique ?
« Juste la fin du monde », de Jean-Luc Lagarce, c'est à lire en poche chez Etonnants classiques.
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