Je remercie Babelio et les Editions Serge Safran pour le roman « L'amour hors sol » de Mathias Lair, reçu lors de la dernière Masse Critique.
Sélectionner un roman parmi toute la liste proposée n'est jamais chose aisée (et pour cette fois-là, plus encore, vue l'heure plus que tardive). C'est comme jouer à la loterie dont le 1er gros lot est un superbe voyage sur une île paradisiaque (avec hôtel 5 étoiles, le calme, les palmiers, l'eau turquoise, et une pile de livres à lire) et savoir qu'on peut se retrouver, au mieux, le malheureux gagnant d'une peluche bariolée de rose et vert fluo sur laquelle même ta petite nièce de 5 ans lancerait un regard dédaigneux.
Pour Masse critique, c'est chaque fois pareil, j'ai toujours peur de passer sur la petite pépite…
Et j'avoue avoir surtout une légère appréhension d'être contraint de faire une « critique » d'un roman qui m'est tombée des mains. Cela n'est jamais très facile de porter un jugement négatif d'une oeuvre qui nous a été envoyée gracieusement. Ce serait presque aussi déplacé que de faire la moue en déballant le cadeau offert par un ami (à la limite si c'était cette peluche, on pourrait comprendre, et encore…).
Mais, bon, c'est le jeu, ma petite Lucette, pourrait-on me rétorquer légitimement, si je m'appelais Lucette…
Bref, j'ai joué... Et je me suis arrêtée sur l'ouvrage de Mathias Lair. En allant sur sa fiche, j'ai découvert qu'il était psychanalyste et qu'il avait déjà publié dans des revues spécialisées. Du fait de sa profession, j'ai estimé éviter quelque trop grand risque (ok, pas toujours une risque-tout, la petite Lucette). A défaut de dénicher un livre à emporter sur une île déserte, je pourrai(s) trouver de l'intérêt à lire l'histoire de deux amants à travers le regard acéré d'un « expert ». Le métier de cet écrivain équivalait à une certaine assurance de profiter d'un texte au moins intelligent, d'une description peut-être nouvelle sur les états d'esprit des protagonistes, d'une conception approfondie et « psychanalytique » des relations…
Cela m'éviterait, par là-même, de devoir endurer un de ses romans à l'eau de rose, un peu gnan-gnan, un de ceux qui me font pousser de longs soupirs et marmonner « Mais, qu'ai-je fait pour mériter cela ? ».
Pourtant, presque paradoxalement, c'est justement cela qui m'a empêché de trouver un réel plaisir à cette lecture. La majeure partie du roman a été -à mes yeux- comme une succession de rendez-vous adultérins dans différents hôtels. Et c'était de même pour les souvenirs de leur rencontre alors qu'ils étaient étudiants (avant que chacun ne prenne sa route).
Si le narrateur (l'amant Frédéric) semblait penser que leur relation allait au-delà d'un cinq à sept, j'en émettais des doutes tellement, dans cette relation réduite à des coïts divers, il manquait -selon moi- de vie, de sel, de relief. Il n'y avait pas un gramme d'émotion.
Alors, en plus du psychanalyste, je visualisais un laborantin disséquant ces rendez-vous, avec détachement et indifférence, un technicien qui ne prenait pas la peine de savoir sur quelle matière, quel organe, quel être (précédemment vivant) il travaillait. Le récit de ces rendez-vous avait pour moi autant de saveur et de chaleur que des coupes anatomiques.
Leur relation était basée sur certaines règles : c'étaient des rendez-vous pour le plaisir et pour ne pas le gâcher, les conversations sur leur quotidien, sur leur vie parallèle (soit leur conjoint, famille respective) étaient interdites. Mais c'est à trop éviter cela, à éviter toute forme de « vie », au sein même du roman que je n'ai pu entrer dans le récit ni même apprécier ces deux personnages ni l'analyse de ce couple.
A mesure que leurs rendez-vous défilaient, j'en venais presque à regretter de ne pas être tombée sur une de ses romances que je voulais éviter. Je regrettais ne pas plutôt découvrir un de ces romans plus « érotiques » qui émoustillent certaines lectrices et en font de ferventes adeptes. Peut-être aurais-je alors pu esquisser un sourire, même ironique ?
Je me permets cette petite parenthèse : au nom de la science, une petite dissection par ce laborantin susmentionné vaudrait certainement le coup. Pouvoir enfin comprendre l'intérêt de ces romans me permettrait de cesser mes regards interrogatifs presque incontrôlables lorsque j'ai face à moi, assise dans le métro, une lectrice de ce type de "romans".
Et, en refermant le dit « roman », j'aurais pu enfin m'exclamer, pas peu fière : « ça y est ! Moi aussi je l'ai fait ! Je l'ai eue cette expérience !!! »
Mais pas de fameuse première expérience pour cette fois. Et aucune exclamation pour cette critique d'un roman sur la sexualité certes mais beaucoup moins « osé ».
Heureusement la fin du récit a été plus agréable. Ce n'est, en effet, réellement que dans les dernières pages où la relation évolue que j'ai enfin eu un peu d'intérêt pour le narrateur et pour les interrogations et examens sur cet obscur objet du désir. Je regrette de ne pas pouvoir entrer dans les détails par respect pour un hypothétique futur lecteur, parce que c'est réellement cette partie qui aurait pu être développée...
Enfin, il y avait un coeur sous cette enveloppe charnelle. Par « coeur », je ne reparle pas du truc qui bat la chamade dans un de ces romans pour jeunes et moins jeunes filles en fleur. Je n'entends pas qu'il y ait obligatoirement de l'amooour, de l'affection, mais au moins un organe qui bat, une trace d'émotion, de sentiments quels qu'ils soient, bref un peu d'âme, en tout cas pour un roman (et non un essai) sur ce sujet.
Cela ne m'empêchera évidemment de rejouer. J'espère toujours remporter le gros lot et m'envoler pour une île paradisiaque. Et je suis toujours à la recherche de petites pépites…
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