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EAN : 9782874494451
208 pages
Les Impressions nouvelles (03/02/2017)
3.83/5   3 notes
Résumé :
Cet ouvrage s’intéresse à un phénomène capital, quoique méconnu, de l’histoire littéraire du XIXe siècle : la lecture à haute voix en petit comité. De Lamartine à Gide en passant par Stendhal, Hugo, Flaubert, Rimbaud et Mallarmé, tous les écrivains ont essayé leurs oeuvres devant un petit parterre d’amis et de confrères. Un tableau de Théo van Rysselberghe intitulé Une Lecture (1903) forme le point de départ de l’enquête de l'auteur qui puise dans une documentation ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
J'ai lu avec plaisir et intérêt cet essai sur la lecture à haute voix en petit comité au 19ème siècle et au début du XXe (cette tradition a perduré jusqu'à la Grande Guerre). L'auteur, Vincent Laisney, utilise une méthode qu'il qualifie de pointilliste pour analyser le phénomène, qu'il voit comme « une survivance de la parole vive sous la monarchie de Juillet, le Second Empire et la IIIe République ». Son point de départ est le tableau de Théo van Rysselberghe intitulé « Une lecture », daté de 1903. L'ouvrage commence par une enquête que Vincent Laisney réussit à rendre passionnante sur ce que nous apprend le tableau. Il est entendu que le lecteur, vu de dos, est Emile Verhaeren. Mais que lit-il : poésie, prose... ? Pourquoi lit-il ? D'ailleurs, lit-il ou récite-t-il ? Quant aux auteurs alors célèbres (certains le sont restés plus que d'autres comme Gide et Maeterlinck) qui forment l'auditoire, pourquoi adoptent-ils ces postures ? Qu'attend d'eux le poète ? Quel effet la lecture a-t-elle sur eux ?
Pour répondre, par exemple, à la première question, Vincent Laisney cite Stefan Zweig : « Verhaeren lisait ses poésies en manches de chemise, afin de mieux scander le rythme de son bras nerveux. »
Ensuite l'auteur élargit son propos et dresse un historique de cet exercice auquel se sont adonnés tous les « grands » : Hugo, Lamartine, Musset, Vigny, Chateaubriand, Baudelaire, Balzac, Flaubert, Rimbaud, Verlaine… Il décrit, au moyen de chapitres courts, la façon dont ils lisaient et dont leurs lectures furent reçues, les différentes finalités de celles-ci : stratégie gagnante de Dumas, qui lui permit de connaître le triomphe au Théâtre français avec « Henri III et sa cour » ; venue à Paris de jeunes provinciaux pleins d'espoirs qui espéraient se faire connaître ; moyen de faire tester ses écrits par un cercle d'amis, dont il acceptait les critiques, pour Chateaubriand ; Baudelaire récitant et remaniant éventuellement ses « Fleurs du mal » en fonction des remarques des auditeurs dix ans avant de les publier... Les exemples sont nombreux. A toutes les problématiques, Vincent Laisney tente d'apporter des réponses en se basant sur des lettres, des articles de journaux, des témoignages de contemporains… soit un important travail de recherche.
Beaucoup d'anecdotes, parfois amusantes, sont rapportées : la susceptibilité de Mallarmé, le « saucisson » de Gide ; Leconte de Lisle ayant à subir la lecture de ses Érinnyes par une actrice qui se refusait à prononcer les muets, une mystification, etc. le point de départ, le tableau de Théo van Rysselberghe, n'est jamais oublié. Ainsi, c'est vers la fin du livre qu'on apprend qu'un enregistrement de la voix de Verhaeren existe, et on se surprend à rêver entendre Baudelaire, Hugo, Flaubert… lire leurs oeuvres autrement qu'en imagination.
Enfin, une annexe reproduit quelques extraits ayant été lus en petit comité au cours de la période étudiée, un petit plus sympathique.
Ce livre, qui m'a été envoyé par Les Impressions nouvelles (masse critique), bénéficie d'une mise en page et d'une composition soignées, on peut juste regretter que le tableau qui sert de point de départ à l'étude ne soit pas mieux reproduit et en couleur.

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Focus sur une oeuvre impressionniste du tout début du XXe siècle : Une Lecture (Théo van Rysselberghe). La situation, le décor, les costumes, la posture des protagonistes… Vincent Laisney décrypte tout. le tableau – mi-prétexte, mi-fil conducteur – constitue le point de départ d'une enquête à travers les cercles littéraires du XIXe siècle, sur les traces d'un « phénomène capital, quoique méconnu » : celui de la lecture à voix haute, en petit comité.

L'auteur a choisi d'employer une méthode de travail à l'image du tableau qui lui sert de support : pointilliste (c'est lui-même qui le dit). S'appuyant sur une multitude de documents authentiques (correspondances, journaux intimes, articles de presse…), Vincent Laisney nous aide à mieux cerner les grands noms de la littérature du XIXe, du point de vue de ces lectures à voix haute. Un traitement pointu pour un sujet intéressant.

Mais ce qui m'a vraiment plu est ailleurs.

En effet, si le contenu de cet essai est celui d'un travail universitaire, le ton est plutôt celui de la discussion. L'auteur admet avoir renoncé à traiter le sujet de manière scientifique, avec « les instruments, parfois brutaux de la sociologie littéraire ». Et grand bien lui en a pris ! On prend ainsi plaisir à lire l'ouvrage, sans avoir besoin d'être un spécialiste, ni de la période concernée, ni des écrivains évoqués.

Ainsi, j'ai aimé le dialogue instauré par l'auteur avec le lecteur. On a l'impression de suivre « en direct » le fil de sa pensée, d'être entraîné dans sa réflexion, comme si on y participait nous aussi.
Lien : https://fortyfiveweeks.wordp..
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L'auteur n'est pas un inconnu pour qui s'intéresse à l'histoire littéraire du XIXe siècle. Il a cosigné avec Anthony Glinoer une somme sur L'âge des cénacles (Fayard, 2013), obtenant en 2014 le Prix Guizot de l'Académie Française. Ce que Laisney étudie dans son nouvel essai est un sujet original : la lecture à haute voix en petit comité. Pour ce faire, il part d'un tableau de Théo van Rysselberghe (1862-1926), un peu énigmatique au début.

Le lecteur, en rouge, est un poète français très connu à la Belle Epoque, Emile Verhaeren, grand ami de Stefan Zweig. Tout au long de son essai, Laisney montre surtout qu'il s'agit d'une lecture de travail, en attente des critiques des pairs. Il explique aussi les codes de certaines de ces réunions et l'aspect formel qu'elles prennent lorsqu'ils s'agit d'un grand auteur comme Hugo. Les autres sont en admiration, parfois forcé. Au final, ce fut une lecture passionnante, à la découverte de grands auteurs du XIXe, début XXe siècle.

L'intérêt de ce petit ouvrage est son caractère pluridisciplinaire, à la fois histoire littéraire, histoire de l'art, historiographie... L'auteur utilise le "je", parle de sa recherche en train de se faire, parfois évoque les pistes qui se transforment en impasses. Outre quelques illustrations, l'intérêt se trouve dans les abondantes citations d'auteurs. Laisney laisse la parole à ses protagonistes. L'essai est suivi par des annexes, en fait de larges extraits de pièces de théâtre lus en petit comité entre 1819 et 1899. S'ajoute un index des personnes citées.
Lien : http://le-cours-du-temps.ove..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Voix de taureau de Flaubert; voix précieuse, douce, flûtée, onctueuse, et cependant mordante, de Baudelaire; voix puissante de sermonnaire irrité de Hugo; voix gutturale de Mérimée; voix stentorique de Heredia (...) voix convulsive de Rimbaud ainsi qu'un enfant qui raconte un gros chagrin (...)
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