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EAN : 9782916724898
96 pages
Editions Triartis (01/06/2017)
2.88/5   4 notes
Résumé :
Porté par une musique et une voix inimitable, L’Aigle noir demeure, vingt ans après la disparition de Barbara, l’une des chansons les plus fascinantes de tout le répertoire francophone.
De révélations symboliques en évocations mythologiques, Pierre Landete lève le voile sur les secrets de ce grand poème et, pour la première fois, en propose une analyse complète.
« Comment écrire à tout le monde ce que l’on ne peut dire à personne ? » La fo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Avant toute chose, merci à Babelio et aux éditions Triartis pour l'envoi de ce livre pour l'opération Masse critique.

« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui, je viens vous parler d'un livre de non-fiction intitulé La parenthèse de l'Aigle, de Pierre Landete. L'Aigle noir est une chanson de Barbara dans laquelle elle révèle l'inceste dont s'est rendu coupable son père ; ce livre analyse le texte pour en dévoiler le sens profond.

-Et ?

-Et je suis embarrassée.

-Pourquoi ?

-Parce que le texte m'a posé quelques problèmes et je ne suis pas certaine d'être bien légitime pour en parler.

Disons-le tout net une fois pour toutes : je suis une grosse inculte, c'est pourquoi je ne me sens pas bien à l'aise.

La rencontre avec ce livre a mal commencé dès le début : je n'y ai pas trouvé les paroles de la chanson reproduites intégralement. J'ai compris à ce moment-là que le texte n'était ni rédigé ni publié pour des personnes comme moi, qui ne connaissent pas la chanson par coeur.

« Qu'à cela ne tienne, ai-je pensé, l'auteur va analyser la chanson strophe par strophe, je vais très vite m'y retrouver. » Oui, en effet, mais dans le désordre. J'ai donc gardé sous le coude une version complète, pour me rendre compte où nous nous trouvions dans la chanson.

Après ce petit désagrément, j'entamai l'analyse proprement dite. Nouvel étonnement : je m'attendais à une dissection linéaire de texte, figure de style par figure de style, un travail proche d'un commentaire de texte universitaire ; or M. Landete structure son analyse par les réflexions que lui inspire le texte, chaque chapitre développe une idée différente et ce plan m'a déconcertée.

Et maintenant, j'attaque la partie vraiment embarrassante.

Il m'a semblé repérer des approximations dans le texte. Peut-être peu, je n'ai pas tout vérifié, mais elles me gênent, parce que je ne sais pas quel crédit accorder au reste.

-Quel genre d'approximation ?

-L'acide salicylique, par exemple. Voilà, ça, c'est le genre de choses qui me gêne.

-L'acide sali… quoi ?

-Ce qui compose l'aspirine, si tu préfères. le texte dit que ce principe est extrait de la sève du saule, ce qui m'a paru étrange, j'avais toujours pensé que c'était l'écorce, je ne sais plus où je l'avais appris… et après quelques clics et différents liens, rien à faire : je ne trouve nulle part le travail de la sève, partout celui de l'écorce pour localiser la base de l'aspirine.

-Rhôôôh, tu chipotes, Déidamie. Sève, écorce… on s'en fiche un peu, non ?

-Non. Je ne m'en fiche pas. J'attends d'un texte analytique un très haut niveau de précision : si un détail comme celui-là passe à la trappe, cela me pousse à douter de tout ce qui va suivre. Et j'ai continué à douter avec les aigles qui sont Zeus et la référence à l'Iliade. le rapprochement ne me convient pas.

-Le rapprochement entre quoi et quoi ?

-Selon le texte, « Depuis Homère, Zeus-aigle était bien cet oiseau-roi capable d'allumer le Soleil, d'irriguer les terres (…) ». La phrase signifie que l'aigle et le dieu ne forme qu'une seule entité. Cette phrase me dirige vers un passage de l'Iliade, chant XXIV, vers 290.

Or, si j'ai bien compris cette référence et si j'ai cherché correctement*, il n'est nulle part fait allusion au soleil ou à l'eau dans ce passage précis. L'aigle n'accomplit aucune fonction naturelle et ne commande pas aux éléments.

Le texte de l'Iliade parle d'un oiseau messager, de l'oiseau le plus fort de tous, le préféré du roi des dieux, il existe également une précision sur sa couleur… mais je n'ai trouvé à cet endroit-là de l'épopée aucune allusion à la fusion Zeus/aigle (au contraire, le premier commande, le second obéit en transmettant ses messages).

-T'as dû mal chercher !

-Bah j'ai pensé que je me trompais, que la note indiquait mal le passage et qu'il s'agissait en réalité du vers 24 290, mais ça ne marche pas : l'Iliade ne contient « que » 15 000 vers…

Que l'aigle et Zeus soient considérés comme une seule entité dans l'Antiquité, je veux bien l'admettre, mais dans ce cas précis, je ne peux pas, parce que le texte vers lequel je suis dirigée marque bien la dualité, la différenciation entre Zeus et son oiseau : le premier ordonne, le second lui obéit.

-T'en fais pas un peu trop pour un passage minuscule au regard de l'oeuvre?

-Non. Je m'attarde pour une raison précise : cela a influencé toute la lecture qui a suivi. Comme je le disais plus haut, une fois que j'ai buté sur ce genre de difficulté, il me devient difficile d'accorder un total crédit au travail de l'auteur. Je reste sans cesse sur mes gardes en me demandant jusqu'où les citations sont exactes, si elles sont appropriées, si la réflexion a été menée avec rigueur, discipline et exigence, si la comparaison de différents mythes est faite avec pertinence.

Bref, je doute de tout ou presque, sans lire avec sérénité puisque je ne suis pas qualifiée pour démontrer avec fermeté ceci ou cela. J'ai donc lu la suite sans vraiment l'apprécier.

-Bon. Et donc, tu fais partie des partisans « la chanson parle d'un rêve et un aigle, c'est juste un aigle, pas son père violeur » ?

-Ah non ! Je n'ai jamais dit une chose pareille.

-Ooooh, vraiment ?

-Bon, si, je l'ai dit, mais ça, c'était avant de jouer moi-même à l'analyse de texte toute seule dans mon coin.

D'ailleurs, à ce propos, l'analyse de Pierre Landete contient des réflexions intéressantes sur la résilience et la représentation de l'indicible. L'auteur parle avec justesse des abus sexuels dans le cercle intrafamilial et de leur perception dans ledit cercle. J'ai bien aimé les passages purement biographiques, tout ce qui parle du rêve, de la chanson d'une âme, cela m'a donné envie de relire Sandman. Et d'un point de vue strictement formel, le livre n'est pas désagréable, M. Landete connaît ses figures de style et s'applique à faire rimer son texte, à le rendre beau.

Hélas, ce ne fut pas suffisant pour me convaincre, je trouve certains passages peu accessibles, voire confus.

Je m'étais promis de me pencher davantage sur l'oeuvre et la vie de Barbara pour régler le problème de culture gravement lacunaire dont je parlais plus haut. Ce livre n'était pas le bon ouvrage pour le faire, sa forme n'est pas adaptée à ce que j'attendais. le texte oscille sans cesse entre l'hommage et la réflexion, et j'ai du mal à apprécier l'exercice. »

*Il est très possible que, maîtrisant mal mes classiques et les moteurs de recherche, je n'aie pas vérifié correctement. J'ai cependant comparé trois traductions différentes...
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Tout ce qui touche à Barbara m'interpelle et m'attire.
Pourtant, un livre dédié à une seule chanson attisait quelques craintes.
Alors commençons par le positif.
Pierre Landete a fait une analyse complète et très poussée de « L'aigle noire », nous entraînant dans la mythologie, dans le symbolisme, dans des explications plus réalistes en lien avec l'autobiographie de Barbara.
Et, bien qu'admirative de son travail de recherche, mes craintes sont très rapidement devenues réalités.
J'ai pensé à ces atroces heures de cours où le prof disséquait, torturait des textes, cherchant mille explications qui n'avaient peut-être même pas effleuré les auteurs, au risque de me dégouter à jamais de la littérature et des auteurs que j'aimais d'instinct. Heureusement que j'avais le virus des livres, sinon je crois que je n'en aurais plus ouvert un seul.
Et bien, en lisant La parenthèse de l'aigle, avec plus de maturité, j'ai admis ce que voulait en dire l'auteur, mais rien pour moi ne remplacera le fait d'écouter encore et encore L'aigle noire avec la seule magie de la musique, de la poésie, de la splendeur des mots, de la marée d'émotions qui montent à chaque fois, en elle et en nous, sans avoir besoin de faire rien d'autre que de se laisser porter et submerger.

Merci à babelio et aux éditions Théatris
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Ce livre est passionnant pour ceux qui ont été, ou sont encore, des admirateurs de la chanteuse Barbara, pour ceux qui ont essayé de comprendre le sens des mots de ses chansons. Pierre Landete y réalise une analyse sémantique d'un des poèmes les plus connus de celle qu'il nomme " la Diva " : L'Aigle noir. Il cherche, vingt ans après sa disparition, à révéler ce qui se cache derrière chacun des mots qu'elle a employés, pour évoquer l'inceste, qui, avec les persécutions pendant la guerre à cause de ses origines juives, sont les drames qui ont marqué son enfance. Il immerge le lecteur dans la mythologie, dans les livres sacrés, pour donner le pourquoi de chaque vers. Pourquoi, par exemple la dualité entre " Un beau jour, ou peut-être une nuit "? Pourquoi, est-ce"  Près d'un lac, ... "qu'elle est endormie? Pourquoi " surgit un Aigle noir "? Quel symbole se cache derrière l'Aigle?. Pourquoi a-t-elle choisi précisément cet oiseau? Pourquoi lui demande-t-elle " ô dis emmène moi "? Il appelle à la rescousse, Zeus, la déesse Europe, il va chercher dans les psaumes, dans le livre des cantiques de Moïse, dans le Coran des relations insoupçonnées avec L'Aigle de Barbara. Pour rappeler l'impact que ses blessures d'enfance ont eu sur ses chansons, sur ses engagements, sur sa manière d'aborder la scène, jusque dans sa tenue et sa gestuelle, il s'appuie sur les pensées des philosophes de toutes les époques y compris sur les contemporains, ainsi que sur les témoignages de ceux qui l'ont connue, ou qui ont écrit sur elle. Au delà, de l'analyse complète de ce merveilleux texte, il donne également le sens caché de la plupart des chansons marquantes de l'oeuvre de Barbara, tel que " Nantes, Les amours incestueux, Perlinpinpin, Göttingen, le mal de vivre "etc.... Pour aider à la compréhension des certaines phrases, il aborde des moments de sa vie. Il cite les poètes dont elle a chanté les vers, ses relations avec les écrivains. Il rappelle combien de nos jours encore, elle est chanté, combien elle fait l'objet d'hommages divers que ce soit en chansons, en danse, et en littérature. C'est très intéressant! Il ne faut pas oublier la préface de Joël July qui replace la chanson L'Aigle Noir dans le contexte de l'époque, et la biographie année par année qui clos le livre. Pierre Landete termine son analyse par " Un chapeau Bas , Barbara ", bien sûr, je le partage, mais je lui adresse également, un coup de chapeau car j'ai passé un super moment de lecture avec " La parenthèse de L'Aigle ".
Je remercie Babelio, l'opération Masse critique, et les éditions TriArtis de m'avoir permis de découvrir ce livre.
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Un livre très intéressant; j'y ai découvert des aspects dont je ne me doutais pas sur la chanson "L'Aigle Noir" de Barbara. Très complet !
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Une famille préfère toujours compter dans ses rangs un menteur, un vagabond ou que sais-je encore... qu'un abuseur sexuel démasqué.
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Dans son poème, Barbara est à la recherche, d'un espace et d'un temps disparus. Elle est un être à part, offert puis délaissé après l'accomplissement d'un acte tabou qu'aucun mot ne peut décrire.
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Quand la parenthèse de l'aigle se referme, à l'instar du récit biblique, l'oiseau a le "cou raide", c'est à dire, devient "soudain" par effraction, le rapace qui enfreint la loi des hommes.
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Au cirque de l'existence et par le chant, l'âme de Barbara a dompté ses pires souvenirs en prenant possession de la beauté.
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