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La trilogie du Caucase tome 2 sur 3
EAN : 9782330002459
400 pages
Actes Sud (01/02/2012)
3.89/5   14 notes
Résumé :
Natif des terres de Hadji Murat qui inspira jadis Tolstoï, Djamaluddin a fait toutes les guerres contemporaines du Midi russe, avec ou contre les Tchétchènes. En vrai justicier caucasien, khan des temps modernes, il vengera par le sang un attentat terroriste perpétré contre une maternité dans une guerre qui nous révèlera un Caucase où l’économie, la terreur, la corruption, l’islamisme et l’élite fédérale russe cohabitent dans une alliance nébuleuse. Le deuxième volu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Il y a quelques semaines, j'avais passé au travers du premier tome de cette Trilogie caucasienne. Malgré quelques difficultés, j'étais décidé à poursuivre l'aventure avec le deuxième tome, Gangrène. Si le début m'a quelque peu rebuté, j'ai persisté et je ne le regrette pas. Oui, en tant que lecteur, on continue à patauger dans la confusion mais l'histoire-même de cette région du monde n'est-elle pas confuse ? le récit ne doit-il pas refléter cette réalité ?

Dans tous les cas, je compte l'auteure Julia Latynina y arrive très bien : lire Gangrène fut une expérience ardue, du moins au début. Comme dans le tome précédent, j'ai éprouvé de la difficulté à distinguer plusieurs personnages. D'abord, à cause de certaines ressemblances (Tchakarov vs Tchebakov ; Khassanov vs Komissarov…). Ensuite, parce que l'auteure peut désigner un personnage exclusivement par son patronyme pendant trente pages puis, soudainement, par son prénom. de plus, elle donne très peu de descriptions physiques donc il n'est pas facile de les visualiser. D'autant plus que certaines des rares informations données sont parfois glissées à mes moments incongrus faciles à négliger, comme dans une incise ou un dialogue (par exemple : « L'homme à la cicatrice sous l'oeil gauche répondit… »). Vraiment ! C'était le moment idéal pour nous apprendre une telle information sur un personnage qu'on suit depuis cinquante pages ? À cela s'ajoute de très nombreux retours en arrière et autres procédés qui transforment presque le récit en un chaos. Ouf !

Ceci dit, une fois passé ces difficultés qui s'amenuisent au fur et à mesure de la lecture et qu'on accepte l'idée qu'il faudra patauger dans la confusion au même titre que les personnages, on peut mieux apprécier cette oeuvre.

Avec Gangrène, on quitte Torbi-Kala, la capitale de la république fictive d'Avarie-Dargo-Nord (mais très largement inspirée du Daguestan), pour l'enclave montagneuse de Bechtoï, bastion des frères Kemirov. Zaour est un homme d'affaires prospère, le seul milliardaire au pays, également maire et candidat aux élections présidentielles. Son cadet Djamaluddin est le chef d'une milice active. Ils luttent pour protéger la région, chacun à leur manière. Autour d'eux gravitent l'élite politique de la république (le fils du président sortant, Gamzat Aslanov, le vice-premier ministre Ouglov, d'autres ministres importants, Sapartchi Telaïev), des militaires, dont le colonel Argounov mais aussi des chefs de groupes paramilitaires présents dans le premier tome : Arzo Khadjiev et Wahha Arsaïev. Moscou a également ses représentants : le commissaire Fedor Komissarov et son adjoint Kirill Vodrov. Tous aussi ambitieux et corrompus les uns que les autres, tous aussi coupables également.

Une grande partie de l'histoire tourne autour de l'explosion d'une maternité qui a fait plus de 170 morts, surtout des femmes et des nouveaux-nés. Crime grave chez les musulmans. On y revient à plusieurs reprises, que ce soit en souvenirs ou en retours en arrière, et ce sous les points de vue de différents personnages. C'est une des raisons qui font en sorte que la lecture devient toujours plus facile avec le temps. Qui a commis l'attentat et pourquoi ? À cet acte s'ajoutent les rapts (les rançons étant un marché lucratif), le vol de marchandises, le marché noir, la radicalisation de certains groupes, conflits entre différentes ethnies (Tchétchènes, Avars, Koumyks, Laks, etc). La sécurité et la lutte aux terroristes deviennent une priorité alors que la nomination du nouveau président va troubler les cartes. Tous ces enjeux s'entremêlent (terrorisme, économie et politique, avec une touche de djihadisme) parfaitement jusqu'à la grande finale épique et explosive. Cette longue finale palpitante, pleine de rebondissements, émotive, qui rachète toutes les difficultés encourues.

Avec Gangrène, Julia Latynina dépeint un tableau très noir, pessimiste de la situation dans le Caucase. Mais ce tableau semble être plutôt réaliste. Visiblement, l'auteure s'est bien documentée (elle est journaliste économique et maitrise bien le sujet). Au final, je me suis attaché à quelques personnages (même si je sais qu'ils sont loin d'être blancs comme neige) et surtout je me suis habitué au style de l'auteur. Il a réussi à m'accrocher. Donc, assurément, je lirai le troisième tome de la trilogie.
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Gangrène. Trilogie du Caucase 2

« (...) Toute coïncidence de lieu, de nom ou de fait saurait être que purement fortuite. La position de l'éditeur peut diverger d'avec celle de l'auteur »

Après cette annonce particulièrement courageuse et solidaire de l'éditeur Acte Sud, je vous invite à persévérer dans la lecture de ce « pavé » qui par la forme peut sembler un peu ardu voire confus dans les cent première page mais qui s''éclaircit (si on peut dire) au fur et mesure de de la découverte de cette « charmante » petite république (avec un petit r) du Sud de la Russie qu'est l'Avarie Dargo Nord.

Nom fictif pour le Daghestan (une autre manière d'éviter les représailles) l'Avarie est dirigée par des gens sans scrupules qui à tous les niveaux usent de prévarication, de concussion, de népotisme et autres dévoiements politico-financiers. Pour arriver à leur fin ils usent du rapt, de l'enlèvement avec rançon, de la torture en sous sol d'une violence inouïe, avec rat dans le cul et ongles arrachés. Tout se joue à coup de millions de dollars. On roule en Humer et en Merko (Ach l'industrie automobile allemande au service de l'élite international !!!)

Un cran au-dessus, la Russie et son chef bien aimé ( Putin n'est jamais nommé, c'est une fiction, donc on dit « Moscou »)sont aux manettes pour des manipulations encore plus atroces destinées à se faire entretuer des républiques voisines comme la Tchétchénie dans des guerres fratricides teintées de djihadisme et de nationalisme exacerbés (même si cela peut paraître contradictoire).

Le grand frère Zaour Kemirov est un commerçant à grande échelle opportuniste et ambitieux, le petit frère Djamalhudin est un guerrier islamiste pur et dur dont le regard noir la plupart du temps glace ses victimes avant de les abattre.Ils se partagent le gâteau.

Le mode narratoire est une succession de sauts dans le temps compris dans une période de quelques années après la guerre de Tchétchénie. C'est pour cela qu'on finit par se familiariser avec les noms, les lieux et les faits (fictifs donc) dans la mesure où l'on revient sur les mêmes évènements sous différents angles et que tout finit par se resserrer autour de l'attentat perpétré contre une maternité avec plus de 170 victimes femmes et enfants dans des conditions atroces.

Julia Latynina, n'y va pas avec le dos de la cuiller et seules nous sont épargnées les performances sexuelles des personnages trop occupés à tuer leurs vis-à-vis. (Pas le temps de baiser, on verra ça au paradis) Pour le reste mieux vaut ne pas imaginer une mise à l'écran d'un tel déchainement qui interpelle évidemment.

Et donc dans cette focalisation progressive nous permet de bien cerner tous les personnages qui jouent leutr rôle jusqu'au bout, compris ce cher Kirill, envoyé spécial de « Moscou » qui échappe par miracle à toutes la balles qui sifflent autour de lui. D'autres Avariens sont moins fréquentables poussés qu'ils sont par la corruption et la vanité. Il ne leur manque que l'intelligence.

Au final un très bon second volet d'une trilogie dont je n'ai pas lu le premier. On verra bien. Laissez-vous faire.
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Volume 2 de la La trilogie du Caucase, Gangrène est une thriller magistral
Mais alors que nous raconte ce livre :
Djamaluddin est natif des terres de Hadji-Murat. Justicier caucasien, il venge par le sang un attentat terroriste perpétré contre une maternité.
Dans ce thriller "géopolitico-financier", Julia Latynina, connue pour son opposition à Poutine et son franc-parler,dénonce une nouvelle fois, la corruption, les magouille, la politique de la terreur mais aussi la montée de l'islamisme qui en découle.Tout est parfaitement dosé dans ce roman noir qui renouvelle habilement le genre
Lien : https://collectifpolar.com/
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de la fièvre, du sang, de l'orgueil, du burlesque..une formidable roman russe qui plonge dans les méandres, moitié fictifs, moitié réels, des guerres qui déchirent le Caucase, entre djihad, corrompus, chefs de clans, miliciens, fonctionnaires, soldats, et pauvres civils pris entre tous les feux..
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Edifant sur l'ambiance régionale mais confus et répétitif.
Je ne l'ai pas lu jusqu'au bout et ne pense pas essayer de le relire. Déception car d'habitude j'aime les auteurs russes
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Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
Un jour qu'on lui demandait s'il ne trouvait pas humiliant de faire des courbettes à n'importe qui, [Zaour] répondit :
- Ce qui est humiliant, c'est de faire des courbettes aux juges. Être libre, c'est faire la révérence à ses clients.
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Pétrifié, Yangurchi ne quittait pas des yeux la femme aux abois sur le balcon.
Sans doute attendait-elle la nacelle d’une grue de pompier, mais point de nacelle. Alors la femme se pencha dans le vide en tenant son enfant à bout de bras. Un vaste fouillis encombrait le balcon de l’étage inférieur avec, fixées à la balustrade, de larges jardinières emplies de terre. La femme semblait vouloir jeter son enfant là-dessus.
Apparut une deuxième femme, jeune et plutôt replète, vêtue elle aussi d’une chemise de nuit. Elle enjamba la rampe et sauta sur le balcon inférieur. Ceci fait, elle n’alla pas se réfugier dans l’appartement mais tendit les bras en l’air pour récupérer l’enfant. L’autre le lâcha et la chute du petit commença. Il manquait moins d’un mètre.
Un fusil toussa sèchement à gauche de Yangurchi, et la jeune grassouillette, celle qui venait de sauter d’un étage, fut projetée au fond du balcon. Yangurchi se trouvait assez près pour voir la moitié droite de son visage réduite à l’état d’une pastèque rouge sang éclatée. Un deuxième tir claqua et l’enfant se contorsionna dans le vide, touché par la balle. Il n’y avait plus personne pour l’intercepter à l’étage inférieur et il continua sa chute, recevant encore deux autres balles en cours de vol.
Sur le balcon du haut, la femme poussa un cri désespéré, les bras en croix. Une seconde plus tard, le support du balcon recevait un obus à fragmentation.
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Ce n’était ni une villa ni un palais mais un château médiéval qui surplombait les lieux dans le plus pur respect des règles de fortification. Une vingtaine de quatre-quatre stationnaient à l’intérieur dans une cour goudronnée, dominés par un blindé clinquant d’huile et de peinture fraîche. Ainsi d’un labrador au milieu de chiens pékinois. A droite du blindé s’échappait une coquette allée de pierre qui dévalait la pente, enlaçant au passage une fontaine mise en veille pour l’hiver.
Là-haut, sur un plan de gros cailloux blancs, s’épaulaient quelques maisons plus ou moins grandes, collées flanc contre flanc, pareilles à des champignons sur une souche, avec, en retrait, la flèche d’un minaret cernée d’une galerie close, comme un clou qu’on aurait planté pour accrocher la montagne au ciel.
Derrière les maisons plongeait l’autre versant du relief par d’épineux buissons enneigés, truffés de projecteurs et de caméras de surveillance, puis par une coulée de pierre qui butait sur des roches rougeâtres semblables à des poings levés, tombées là depuis des temps immémoriaux.
Plus bas, c’était un champ de mines envahi par la mauvaise herbe à fleur de neige, bordé en aval par des rouleaux de barbelés, des hangars de casernes en alu et un ruban de béton qui se perdait dans le vide : la piste de la base aérienne de Bechtoï.
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[...] la démocratie, ce n'est pas quand la majorité gagne mais quand les droits des perdants sont respectés.
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Comme nous l’avons déjà dit, Zaour jouissait alors de faveurs exceptionnelles pour un prisonnier. Ses détenteurs lui donnaient des livres et, une fois, il lui fut même permis d’aller se laver. Buvadi Khangeriev passait le voir au moins une fois par semaine et prenait le temps de converser avec lui dans la cave, au moins une heure et souvent plus. Il le consultait sur toutes sortes de problèmes de gestion. Il lui demanda même un jour s’il devait ouvrir à Moscou un réseau de restos-grils à brochettes comme des amis azéris le lui avaient proposé.
Le maître de maison aussi descendait de temps à autre pour causer un brin avec Zaour. C’était un ancien professeur de langue et littérature russes qui n’avait rien à voir avec les boïéviks et ne touchait pas d’argent pour l’entretien du prisonnier dans sa cave, mais aucun villageois du coin n’aurait osé désobéir à Buvadi Khangeriev depuis qu’il avait fait venir vingt soldats russes sur le parvis du village, dont six avaient été convertis à l’islam et tous les autres, égorgés.
Certes Zaour était toujours très mal nourri, mais pour la seule et bonne raison que les maîtres de maison eux-mêmes n’avaient rien à manger.
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