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EAN : 9782382571385
350 pages
Hors d Atteinte (05/01/2024)
3.5/5   3 notes
Résumé :
" Maintenant tu es debout, ta belle tête bien haute dans la lumière crue et les ombres tranchées d’un été dans le Sud. Tu n’es pas assis sur un fauteuil roulant, ta main droite n’est pas posée sur ta cuisse comme un moineau saisi par le froid, tu ne jettes plus de regard noir sur un monde devenu indéchiffrable.
Tu es debout, vivant. "

Avril 2020. La sidération règne face à un virus nouveau et à un tournant sécuritaire inédit. Dans la cacophoni... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Il est des livres dont on rêverait de rencontrer leurs auteurs autour d'un café, pour une promiscuité d'expériences, une connivence d'idées, un partage d'émotions.
Celui ci en est un. Dans ce texte qui se veut avant tout un hommage à son père décédé, l'auteur se livre, évoquant ses longues et lointaines errances (Mexique, Andalousie...), ses tâtonnements de jeune chien fougueux et rebelle, ses mille métiers, son amour des mots et celui de sa ville, Marseille. Il y dit aussi ses combats, ses résistances, sa confiance en l'humanité et sa volonté inébranlable de défendre la liberté envers et contre tout.
Aussi, quand déferle la première vague de la pandémie et son cortège d'interdictions, cet amoureux du vent piétine, confiné comme tout le monde devant son écran et ses échappées virtuelles. Mais surtout, il expérimente l'impensable, vivre la mort sous couvre-feu sanitaire.
En mars 2020, son père est hospitalisé en attente d'une intervention. Comme tant d'autres, il sera "déprogrammé " sine die et muté dans un établissement souvent cité dans l'ouvrage de Victor Castanet " les fossoyeurs ".
Commence le parcours du combattant. (Après tout, nous étions en guerre, le vocabulaire idoine n'est donc pas usurpé...) Impossible de voir son père, de lui parler; les standards saturent sous les appels des familles en souffrance.
Par mail, il apprend que le vieux monsieur "glisse", lâche prise. Il s'éteint seul et sans adieux. La famille pourra voir rapidement sa dépouille reléguée dans un local sordide, et interdite de crémation, recevra l'urne et les honoraires afférents.

Une société qui perd le contact avec la mort est une société amputée de vie. Parce ce que les deux sont inséparables, parce ce que des millénaires de rites et de cérémonies nous rappellent que le passage du défunt vers d'autres lieux doit permettre aux vivants de se réapproprier le paysage nouvellement amputé.
Sans doute avons nous tous des souvenirs ubuesques de ce moment de folie collective. J'ai vécu comme l'auteur ce chemin d'embûches ayant une Maman souffrant de troubles cognitifs et vivant en Ehpad. A moi, il a été interdit de voir sa dépouille. Sans doute le virus avait-il des appétences particulières pour les défunts...
Alors, bien sûr, ce livre m'a bouleversée, me parlant dans une région intime du coeur. J'ai rêvé comme l'auteur qui cite Alain Damasio "d'un carnaval de fous qui renverse nos rois de pacotille".
Ce livre n'est pas un roman, mais un texte témoignage, alternant coups de gueules avec des passages d'une indicible poésie pour évoquer un vieil homme épris de botanique, pour dire ces gestes de solidarité qui ont bravé les interdits, pour saluer ceux dont le courage l'a emporté sur la peur martelée.
Je termine ce billet sur une citation. " le rétrécissement du domaine de la lutte précède t'il son extinction ? Jamais on ne nous a traité aussi ouvertement en gogos, autant qu'en troupeau à immuniser et à déshumaniser. Il faudrait le génie d'un Kafka pour dépeindre la claustrophobie et la paranoïa générale qui se sont emparées de ce pays. Il faudrait trouver les ressorts d'un roman picaresque, d'un récit vengeur là où la réalité suinte le contraire : impuissance, aliénation, morosité. "
Pour ce beau texte, je remercie les Éditions Hors d'Atteinte et Babelio.
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Au départ le sujet du livre ne m'intéressait pas beaucoup. Encore le Covid ! Puis très vite j'ai apprécié la sensibilité de l'auteur. C'est un livre d'amour pour un père disparu. L'amour que le fils ne lui a pas exprimé lors de son vivant, et même s'il ne l'écrit pas, il le vit et montre à chaque ligne, remplies de nostalgie. Il ne faudrait jamais attendre que ce soit trop tard pour dire à ses parents qu'on les aime !
C'est aussi un livre sur le Covid avec la douleur de ne pas avoir pu accompagner son père vers la mort, lors du confinement. C'est encore un livre sur la mort de sa mère qu'il a accompagnée jusqu'à son dernier souffle.
Il y a d'autres sujets à découvrir, l'histoire de la vie de son père, celle de l'auteur et de sa fille.
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L'hôpital va mal et ce n'est pas d'aujourd'hui, la crise Covid en a montré ses failles, ses fractures. Cette histoire est révoltante et pourtant bien réelle. Les soignants l'ont vécue de l'intérieur, ça a été un crève-coeur, une honte face au désarroi, à la détresse des patients et de leur famille.

Je ressens l'horreur du drame qu'ont subi les patients et leur famille mais je n'ai pas réussi à m'identifier aux personnages de cette histoire, à ressentir des émotions pour eux, ce n'est peut être pas le but de ce récit, c'est plus un témoignage. Pour ce que ces personnes ont pu subir durant cette période bien sur que oui je suis horrifiée, tout comme pour ces situations horribles des patients mourant seul dans leur chambre d'hôpital, ces familles restées à l'extérieur, les tracas administratifs, les bug informatique, l'envoi de courrier pour un rdv alors que le patient est décédé, toutes ces petites choses qui ravivent la douleur de la perte d'un être cher et qui empêchent de faire son deuil.

Je reste pourtant persuadée que je suis passée à côté de quelque chose, je n'ai pas trouvé le bon ton de lecture peut être que les nombreuses références à des textes ont cassé mon rythme de lecture et par la même occasion me coupaient de l'histoire et des émotions qui font que j'aime ou non une histoire.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Trouver les mots, le geste qui apaise, ne pas se laisser empoisonner par les regrets, lâcher prise, digérer la perte, se plonger dans une peine cristalline. Facile à dire.
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Des adieux rêvés pour remplacer nos adieux volés.
(...)
Et puis on nous a empêchés d'aller te voir. Tu es mort tout seul.
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L'absence s'ouvre et c'est une béance peuplée de fantômes. La séparation à jamais me renvoie aux racines, aux premières traces que l'existence imprima dans ma conscience d'enfant.
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