AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,63

sur 10598 notes
Je préfère le dire tout de suite, je ne suis pas fan des romans de science-fiction, donc ma chronique ne sera peut-être pas très objective. Ce roman étant dans la dernière liste du Goncourt 2020, je me suis laissé tenter par l'aventure.

Juin 2021, le vol Air France 006 qui assure le Paris-New York, après avoir subi un violent orage de grêle et de fortes turbulences est détourné sur une base militaire américaine.
Le même avion endommagé, avec le même pilote, le même personnel de bord et les mêmes passagers s'est posé à l'aéroport Kennedy le 10 mars de la même année. Cela a fonctionné comme une photocopie. Deux cent quarante-trois personnes dupliquées. Chaque passager se retrouve avec son double, ils ont les mêmes souvenirs, les mêmes parents, les mêmes amis.

Je pensais que le fait d'être dans le dernier carré du Goncourt était un gage de qualité, le sujet est original et donne l'occasion d'une galerie de personnages et de leur double, de certaines réflexions d'ordre philosophique ou religieux, l'auteur réussit une habile pirouette à la fin du roman, l'écriture ne m'a pas particulièrement emballé, un bon roman de science-fiction, rien de plus.

Mais je vous avais prévenu que ma chronique ne serait pas objective, alors lisez ce curieux roman et faites-vous votre propre opinion.
Commenter  J’apprécie          616
Quand on ne croit pas au diable
TOUT A COUP
on en voit la queue

Un roman qui happe le lecteur dès le début. Tambour battant, il fait les présentations : chaque personnage apporte une petite pierre à l'énigme, qui se dévoile dès que tout le monde est en place. Et une fois cette énormité reconnue au milieu de la pièce, il faut jouer à l'apprivoiser.

Les personnages sont bien campés, sans qu'une trop longue élaboration psychologique soit nécessaire. le roman est très bien structuré, privilégiant la clarté et le tempo. Il compte près de 400 pages, et je ne me suis pas ennuyé une seconde, même si les derniers chapitres auraient pu compter quelques dizaines de pages en moins. Seul vrai bémol, la fin, justement, fait appel à un procédé qui ferait éclater de rire l'immense majorité des physiciens ( "voilà bien un mathématicien !").

Le personnage central de l'intrigue est, en fait, un événement naturel absolument impossible, qui survient brutalement, et qui est indéniable. Plus tard, nous apprenons qu'il s'agit d'une métaphore. Une image qui représente un événement non pas naturel mais social, qui est déjà arrivé dans votre et dans ma réalité vécue, et que personne, apparemment, n'avait vu venir. L'événement, naturel ou social, fictif ou réel, oblige à reconsidérer sa vie. On ne peut pas continuer à vivre comme " avant". le caractère de ce qui vient de se passer est souligné par le seul personnage qui en sort indemne: un tueur à gages, pour qui les changements ne changent rien : il n'a toujours vécu que pour lui, et en mode de survie.

Sans rien révéler de plus précis, je me contenterai de dire qu'à mon sens, ceci est le roman d'une génération. Celle des "boomers" dont je fais encore juste partie, qui a été confrontée à l'inertie de la réalité ( sociale, politique), a vu ses rèves s'évaporer, et se retrouve grand-père/mère. Inertie démontrée par le retour de certaines idées, et par la venue, au devant de la scène, d'un personnage particulièrement infect ( ne soyez pas si franco-français(e) : regardez au-delà des frontières). C'est le roman d'un spleen, devenu tout à coup horreur, et indignation : la bête n'est pas morte !

Bonne lecture.

Denis


Commenter  J’apprécie          604
Excellent roman que ce prix Goncourt 2020 par Hervé le Tellier.

Beaucoup de rythme, un peu de science fiction, on se croirait parfois revenu dans un de ces fabuleux roman de Philip K Dick, et une très grande finesse dans le style. Tout est là pour un grand succès!

Un roman à lire absolument!
Commenter  J’apprécie          590
Inintéressant. J'ai mis 20 jours pour le lire. Je ne comprends pas son prix littéraire. Je ne comprends pas l'ouvrage en lui même. Perdue dans les personnages, dans les histoires, les complots, les enquêtes. Je n'ai trouvé aucun sens à ce livre, au thème abordé. Y'en a t'il un ?
Une leçon moraliste de la vie ? de l'existence ? de nos actions ? Quelque chose de Divin, de lois religieuses, des pensées philosophiques ? Un théorie ridicule du temps, du futur, d'une faille spatio-temporelle ? Que sais-je ? A quoi servent ces 300pages ? Je n'en sais rien. C'est inintéressant, long, fastidieux, enuyeux. C'est nul. Idem pour le style littéraire, la ponctuation, le ton donné. Bienvenue dans une série US qui fait un flop. J'ai perdu mon temps dans la lecture, fade, insipide.
C'est ? le bonheur de passer à autre chose, à un autre livre. A fuir !
Commenter  J’apprécie          5910
Goncourt atypique !
Je commence par ces deux mots, parce que j'ai été sensible au fait que ce Prix soit attribué à un roman qui n'est pas dans la tradition dudit Prix.
Pour essayer d'en parler, il ne me semble pas inutile d'en dire quelques autres sur l'auteur.
Hervé le Tellier est à l'image de son roman un écrivain polymorphe et polyvalent. Auteur de romans, de nouvelles, de pièces de théâtre, poète, humoriste, il est en outre président de l'Oulipo ( Ouvroir de littérature potentielle ), mathématicien de formation, docteur en linguistique passé au journalisme ( pour le Monde, Charlie Hebdo, le Canard enchaîné...), il a été l'un des animateurs de l'émission - Des Papous dans la tête - sur France Culture... et à ce stade, je suis à peu près sûr de ne pas avoir coché toutes les cases de son CV.
J'ai la faiblesse de penser que si l'on n'a pas à l'esprit ce pédigrée, ce parcours très original, il nous manque, en tant que lecteur, l'une ou des clés de son ouvrage Goncourisé.
Avant d'en résumer brièvement l'histoire, il ne me paraît pas inutile non plus d'avoir en tête les noms d'Italo Calvino, de Philip K.Dick, de Georges Perec... et quelques souvenirs du film de Spielberg - Rencontres du troisième type - et tant qu'on y est, j'ajouterais celui de Zemekis - Contact - avec Jodie Foster. Ah oui... que je n'oublie pas - Lost - Homeland - et - Matrix - entre autres...
243 passagers se retrouvent sur un vol long-courrier Paris New York. Une tempête, que n'avait pas prévue la météo, va changer le cours de leur vie.
Le Tellier nous fait pénétrer la vie de huit d'entre eux pris dans un tourbillon dystopique.
Le livre se séquence en trois parties : la première, au cours de laquelle nous faisons la connaissance, dans de courts chapitres, de chacun de ces huit personnages, qui ont pour caractéristique d'incarner à travers leur vie et leur histoire, des genres littéraires différents... le polar, la romance, l'espionnage, le drame etc... Et cette partie est la plus aboutie. La mieux écrite et celle où le fond est travaillé et maîtrisé.
La seconde, où l'intrigue se dénoue... Hélas, là... rien de ce à quoi le suspense de la première partie nous avait "alléchemment" préparés ne se réalise. C'est plutôt aseptisé, "à la papa", convenu et parfois très cliché, et surtout attendu.
Enfin, la troisième et dernière partie où nos huit protagonistes se retrouvent face ( à face... sourire ) aux conséquences de leur " aventure ". Bof !!!
- L'Anomalie - "oecuménismise" donc sans surprise quelques-unes des facettes de cet homme touche-à-tout : l'écrivain, avec beaucoup de hauts et quelques bas, le poète ou le lettré, l'érudit, le mathématicien, le linguiste, l'homme de théâtre et surtout l'humoriste.
Car son bouquin est à mes yeux une oeuvre au réalisme pastiché, et en ce sens, lu ainsi, il est réussi.
On pardonnera les clichés, les truismes lorsqu'on lira à propos de Trump : " le gros mérou à perruque blonde" ou de Macron :" le petit connard arrogant ", lorsque nous seront proposés des éléments de réflexion sur la politique, les religions, l'écriture, l'amour, l'argent, la vie, la mort, les moeurs... le confinement ( eh oui ! ), la pédophilie ( eh oui ! )... bref, lorsqu'on retrouvera un monde philosophé, pensé, commenté, moqué, que nous connaissons bien et dans lequel chacun peut se reconnaître.... à moins que l'on n'ait pas réussi à percer le mur de notre miroir...
Ce n'est pas le meilleur des Goncourt que j'ai lu, mais c'est un cru qui est loin d'être une piquette.
Commenter  J’apprécie          593
C'est vraiment (mais vraiment) un livre unique, étonnant. Sans aucun doute, il donnera naissance à un film, ou, mieux, une série. Les styles utilisés flirtent avec tous les genres, mais c'est avant tout de la littérature, et de la très bonne.
A partir d'une histoire assez dingue qu'on ne racontera pas, Hervé le Tellier livre un roman foisonnant où l'on parcourt la planète, où l'on suit, sans difficulté aucune, chapeau, près de dix personnages, tous confrontés à une situation qu'on ne souhaite à personne. La science offre une réponse terrifiante, qui n'est pas neuve, certes, mais qu'aucun écrivain n'a jamais (enfin je crois) utilisé avec autant de virtuosité.
Cela va être un roman au destin à observer. Très littéraire, car le Tellier sait y faire. Mais aussi tellement hors normes que certains vont s'étonner de le retrouver dans la "blanche", collection où depuis quelques années l'on s'ennuie souvent... J'ai reposé l'Anomalie, rêveuse, et ravie. Mais il ne va pas plaire à tout le monde.
Je me demande, évidemment, si le texte cache des contraintes, des structures, des oeufs de Pâques. C'est possible, et les citations détournées dans le texte peuvent laisser supposer que plusieurs couches se superposent. Reste que le livre se dévore, avec naïveté. Et que j'en suis sortie avec une sensation de vertige, de questionnement philosophique, au point de ne pas pouvoir m'empêcher de me livrer à quelques expériences infinitésimales pour vérifier si, justement...
Commenter  J’apprécie          590
Dans l'Anomalie Hervé le Tellier joue d'abord le semeur, répandant les graines et nous distribuant les pièces qui vont assembler le grand puzzle.

C'est un roman qui correspond aux sujets à la mode abordés dans les séries télé et aux tendances littéraires et pourtant il fait mouche dès les premières pages.

Ecrit comme dans des plans séquences, la mécanique est efficace et le Tellier épingle sans cesse l'imagerie de notre époque et ses travers.
Le récit est plein d'angles différents et traite de l'ambivalence de la morale dans le monde.

L'auteur nous fait cadeau de morceaux saillants et moins saillants où il instille des réflexions sur la société, sur ses convictions et interroge le lecteur sur sa façon d'envisager l'existence.
Face à l'inconnu, à l'imprévu, comment réagirions-nous ?

Si en définitive, l'Anomalie relève davantage du divertissement haletant que de la réflexion profonde sur l'existence, les amateurs du genre vivront de vraies émotions et y trouveront leur compte en égale mesure.


Commenter  J’apprécie          580
Objet littéraire non identifié
Normal, me direz-vous : Hervé le Tellier est président de l'Oulipo( oui, Queneau ,Perec,Calvino, la littérature potentielle, la pataphysique, l'écriture sous contrainte)
Depuis des dizaines d'années des écrivains un peu farfelus , mais qui jouent sérieusement ou non avec les mots.Au fil du temps , sont apparues des règles littéraires de plus en plus complexes et toujours originales
Pas étonnant donc que Hervé le Tellier nous livre,à coup sûr , le livre le plus original lu cette année .
C'est l'histoire d'un avion au milieu d'une tempête .Tout devient calme mais quand les pilotes appellent la tour de contrôle pour atterrir,il y a quelque chose qui cloche
Les passagers sont attendus de pied ferme car ce qui se passe
est incompréhensible .
Pause.Comment expliquer l'inexplicable?
Grand branle-bas de combat planétaire.
On convoque les plus grands savants , mathématiciens ou astrophysiciens.
On convoque aussi les religieux toutes croyances confondues
Je vous laisse imaginer la joyeuse pagaille 
Le roman part dans tous les sens mais , derrière ce désordre de façade, se cachent des questions existentielles qui font la force et l'originalité du livre
Hervé le Tellier, mathématicien de formation,s'amuse  et donne un roman réjouissant, foisonnant,sérieux par moments, loufoque ,  virtuose. 
Un livre tellement riche et surprenant qu'il demande une seconde lecture
Une vraie prouesse littéraire
Surtout ne rien dévoiler car je suis sûr que chaque lecteur aura sa propre interprétation
Dans ce qui tient lieu d'histoire, n'as-tu jamais vu des failles? comme disait Georges Perec
Bonne lecture à tous.
Commenter  J’apprécie          582
Étrange, ce Goncourt 2020. Carrère évincé, remise du prix sans cérémonie. L'histoire a été dévoilée partout de ces passagers qui font deux fois le même vol en avion. Disons qu'il faut penser à une photocopie, je cite : «  suppose un original et une copie. Et sur la photocopieuse de notre bureau, ce qui sort en premier, c'est toujours la copie. »
Avis partagé. Ne pas faire de pauses prolongées car la première dizaine de chapitres présente un personnage différent à chaque fois, dont un tueur, un écrivain et neuf autres. Ensuite, direction le pilotage d'un avion, la C.I.A. un hangar, la religion, les attentats, la Maison Blanche où le premier mot que dit le Président est Mickey Mouse ? et... et... je m'essouffle. Beaucoup trop de personnages qui passent en superficie et qui frustre le lecteur. de bons passages avec des clins d'oeil amusants de noms connus, d'autres ennuyeux. Bonne maîtrise narrative mais pas mon genre de lecture.
Commenter  J’apprécie          574
Voilà un bon roman que je qualifierais d'original.

L'intrigue est très bien menée, le style est léger et très agréable. Des phrases courtes, de l'humour.
Seule une ponctuation parfois défaillante rend certaines phrases difficilement compréhensibles à la première lecture. Dommage.

Ce qui est certain, en revanche, c'est que ce titre si court ne pouvait pas mieux lui aller. Car en nous présentant les destins de quelques personnages qui se croiseront un certain jour, l'auteur assemble brillamment leurs historiettes.
Il glisse petit à petit des indices laissant d'abord supposer que ce jour n'était pas quelconque, puis nous incitant à nous demander si on comprend bien ce qu'on lit, et enfin à nous faire bien comprendre que ce fameux jour était simplement anomal – oui le mot existe bien.

Que se passa-t-il donc ce jour ? ça je ne l'écrirai pas ici.
D'abord parce que le roman ressemble à une enquête mêlant polices, services secrets, armées et que tout divulgâchage serait malvenu ; Mais aussi parce que nous serions tous, lecteurs, personnages et peut-être même l'auteur, incapables de dire ce qui se passa précisément ce jour-là.

Et ça, voyez-vous, j'adore.

Car un lecteur scientifique académique ou pire scientiste classera le roman dans la rubrique stupidité fantastique.
Un lecteur moins obtus, disons original pour ne blesser personne, se dira que ce texte soulève une foule de questions.
Un complotiste le classera dans les romans à message, un ufologue en preuve des manipulations extraterrestres.
Un intégriste cherchera à faire mettre l'ouvrage à l'index, un astrophysicien enfin y verra un exemple des multivers et des portails de communication.

Quant à la conclusion de l'ouvrage. Alors là, elle prouvera à chacun des lecteurs qu'il avait bien raison.

Bref il y a de quoi nourrir toutes les sensibilités, et peut-être même quelques querelles de pause café.

Un prix Goncourt mérité et qui sort de la lignée.
Commenter  J’apprécie          569





Lecteurs (19706) Voir plus




{* *}