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3,63

sur 10503 notes
Je ne comprends pas l'engouement pour ce bouquin. C'est pourtant passablement artificiel et alambiqué. On se croirait dans une mauvaise série télé avec un habile mélange de tous les ingrédients pour plaire au plus grand nombre...
L' intrigue est très embrouillée et totalement capillotractée. Les personnages sont sans profondeur, c'est vraiment le point faible de ce bouquin : ce sont des créatures fictives qui manquent singulièrement d'épaisseur psychologique, désincarnés en fait; ça commence très mal avec ce personnage de tueur tout droit sorti d'un mauvais thriller.
De plus c'est une histoire qui manque fichtrement d' émotion et où on s'ennuie souvent.
On assomme le lecteur de réflexions "philosophiques" lourdingues , le Tellier se prend beaucoup trop au sérieux et a un petit côté donneur de leçons; le passage avec les religieux est particulièrement superflu.
L'histoire avec ses contradictions temporelles est de plus en plus extravagante et le summum est atteint quand les quidams rencontrent leur double; on s'y perd complètement.
On peut se demander si le Tellier ce nouveau " philosophe ", existe vraiment ou si c'est un auteur virtuel ? A moins que ça soit son double qui ait écrit le bouquin, ou alors il y a un double du bouquin qu'il faudrait lire pour tout comprendre ?
Un pensum philosophico-dystopique abracadabrantesque, lourdingue et très surfait..
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*** rentrée littéraire 2020 #40 ***

Voilà une lecture assez enthousiasmante, écrite par un romancier facétieux qui a génialement construit sa machine littéraire autour d'un scénario très inventif qui vous embarque dès les premières pages.

Hervé le Tellier commence par poser son casting comme dans une super série anglo-saxonne : un tueur à gages, un couple à la dérive, une fillette, un chanteur nigerian, une avocate ... 8 personnages qui vont être confrontés à une situation inattendue, insensée même suite à un phénomène inexpliqué survenu dans un vol Paris-New-York, aux frontières du réel et de la quatrième dimension. Il ne faut surtout pas en dire plus pour ne pas gâcher le plaisir du lecteur. Car c'est un roman qui donne énormément de plaisir à mesure que le scénario se déroule.

Tout est diaboliquement intelligent. A commencer par les multiples arches narrative, parfaitement maitrisées jusqu'à converger vers un même horizon. Les chapitres se terminent toujours avec un petit détail qui fait clic dans la tête, qui fait dire immédiatement qu'il va se passer, là, bientôt, quelque chose. Et quel plaisir de voir comment chaque personnage est associé à un genre littéraire dont l'auteur reprend les codes, entre hommage et pastiche. Ainsi se télescopent des passages type roman psychologique, roman policier, roman d'espionnage, littérature blanche classique, avec à chaque fois une réelle maitrise.

Mais l'auteur ne fait pas que s'amuser avec les genres en mode exercice de style brillant, son roman a du fond et de la profondeur. L'Anomalie tend un miroir au lecteur, explorant la thématique de la confrontation à soi, le vrai soi. Jusqu'au vertige, il joue avec nos certitudes pour nous interroger sur notre place dans la société. Les dilemmes y sont permanents une fois révélé ce qu'il s'est passé dans l'avion, ainsi que les choix douloureux qui en découlent : qu'est-ce qui se passerait si ... ? qu'est-ce qui vaut la peine de se battre jusqu'au sacrifice ? Qu'est-on prêt à abandonner ? Quand est-il juste d'abdiquer ? Quel est l'essentiel dans nos vies ?

Rare de lire un roman aussi exigeant dans la réflexion quasi philosophique qu'il propose, tout en étant populaire et accessible à tous. du grand roman divertissant, assez fou et jubilatoire. Je regrette cependant un dénouement qui m'a semblé un poil obscur et de façon générale, une baisse de la tension dans le dernier tiers.
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Je suis contente d'avoir lu ce « roman de romans » que l'auteur lui-même présente en ces termes : « J'ai inséré une idée technique dans une réflexion sociétale, avec l'idée romanesque d'une confrontation des personnages avec leur double. »
Pourtant, il n'y aura pas de 5 étoiles en ce qui me concerne. Je ne peux pas dire « oh, quel merveilleux roman ! ». J'ai trouvé parfois un peu de facilité dans les trop nombreuses (à mon goût) phrases à l'emporte-pièce (exemple : « Parfois, la pire solution est la meilleure »).
Je garderai cependant un souvenir vivant de cette lecture intéressante et je crois qu'en ce qui concerne la volonté d'écrire un page turner, c'est une franche réussite. Cela se lit rapidement, malgré des explications (dans la seconde partie notamment) scientifiques assez complexes, malgré les références littéraires elles aussi multiples.
Une mention spéciale pour la manière dont l'auteur traite du cancer, ainsi que pour la mise en abîme que constitue le roman L'anomalie de VICTØR MIESEL.
Je n'ai probablement pas lu le livre que voulait écrire l'auteur, mais je sais que j'ai, somme toute, lu un bon livre, avec une certaine avidité même.
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♫ Il a tourné sa vie dans tous les sens
Pour savoir si ça avait un sens, l'existence
Il a demandé leur avis à des tas de gens ravis
Ravis, ravis, de donner leur avis sur la vie
Il a traversé les vapeurs des derviches tourneurs
Des haschich fumeurs et il a dit
La vie ne vaut rien, rien, rien, la vie ne vaut rien♫
Alain Souchon - 2001 -

Une chanson qui évoque la brutalité et les difficultés dans la vie, mais malgré tout, l'importance de garder espoir dans la vie.

Ne pas tenter d'expliquer
Témoigner avec simplicité...
Ne retenir l'avis que de onze personnages
L'air ravi des visages
les ravis soeur dévisagent
les envahisseurs on l'envisage
un homme averti en vaut deux
déclencher protocole 42
Nous sommes nés de la mème mère, la même année, le même mois, le même jour et à la même heure. Pourtant nous ne sommes ni jumeaux, ni jumelles !!?
Pas de lumière collective même en additionnant nos obscurités individuelles !!
Rencontre du 2em type
Inquiétante etrangeté du double narcissique
convaincre tous ceux qui veulent bien l'être
qu'on est celui qu'on prétend être
"I am 1, U are 2, we are free"
L' improbable aux conséquences infinies
Le plus noir des scénarii , un memento mori
On obtient plus de choses en étant armé et poli
qu'en étant simplement poli !
Ça c'est Al Capone qui l'a dit.
Savoir une chose, ce n'est pas la vivre
Les vérités sont des illusions
notre vie qu'une pâle simulation...

Bien faire et laissez braire
j'en ris j'en parle je lis"braire"
Là c'est moi qui vous le dit
Qui dit "si mule à Sion", dit "Âne au Mali"
Une situation unique n'est pas vraiment dans un sens interdit
♪Là je dis Rien, rien, rien, Rien ne vaut la vie♪

stop Ou lipo, là je dis Chapeau !
Quand on a le marteau, tout ressemble à l'enclume
Heureux de vous décerner , Mr le Tellier,
ce 5* à titre anthume...💖💖💖💖💖
Merci à Masse critique
et aux Ed Gallimard pour ce pertinent hasard






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Quel roman original ! Roman policier, roman d'espionnage, roman d'amour, roman aux lisières de la science-fiction, L'anomalie est tout cela à la fois.
Hervé le Tellier nous présente tout d'abord une série de personnages, des personnages très singuliers, très typés et bien incarnés. Pour exemple, Il y a Blake, tueur à gages très méticuleux qui s'est construit deux vies, Slimboy, pop star nigérianne, homosexuel, Joanna Wasserman, avocate américaine, Sophia Kleffman une fillette inséparable de sa grenouille, Adrian Miller, probabiliste, Meredith Harper, topologiste, Lucie Bogaert, monteuse de cinéma et André Vannier, architecte ce couple français au bord de la rupture, David, atteint d'un cancer du pancréas, stade 4 et il y a aussi Victor Miesel, un traducteur, écrivain en mal de reconnaissance. À ces personnages s'en ajouteront d'autres, dont le commandant Markle, pilote du Boeing 787, d'Air France de la ligne Paris-New York, ce même avion qui s'est posé deux fois à 106 jours d'intervalle, en mars 2021 et en juin 2021 avec les mêmes passagers à bord ! Ce lien entre tous est bien sûr l'anomalie !
L'auteur a pris soin d'installer et de faire vivre chacun des personnages dans son propre univers et ainsi la différence de style permet au lecteur de reconnaître, à chaque fois qu'il passe d'un personnage à l'autre, dans quel univers il se trouve.
Il aborde avec un talent certain les questions politiques, les questions religieuses, les questions scientifiques soulevées face à une situation pareille, face à un tel évènement.
Ce livre se caractérise donc par une succession de styles, des ruptures de rythme nous permettant de passer du polar à l'intime en touchant aussi au social, à l'anticipation... et toujours de manière très rythmée, faisant penser à une série télé. La science est aussi bien présente. À aucun moment, on ne s'ennuie. C'est un thriller palpitant non dénué d'humour souvent caustique ainsi qu'un excellent roman psychologique que L'anomalie.
Cet ouvrage de légère anticipation (2021), à l'histoire incroyable est très jouissif et beaucoup plus profond qu'il ne paraît à première vue. Il nous amène à faire notre introspection, à regarder à l'intérieur de nous-même et à nous poser des questions de nature souvent philosophique et notamment celle-ci : qu'aurait pu être notre vie, si, à tel moment, nous n'avions pas choisi cette voie mais plutôt une autre.
J'ai trouvé également très intéressant le côté psychologique avec la confrontation des doubles, assez terrifiante si l'on y pense et pas si évidente que cela à mettre en scène et à analyser. et surtout c'est un bouquin, qui, en posant la question sur la réalité du monde, laisse relativement perplexe. Existons-nous vraiment ou sommes-nous des êtres virtuels ?
Un bon cru que l'anomalie, ce Prix Goncourt 2020 de Hervé le Tellier que j'ai eu le grand plaisir de rencontrer fin septembre aux Correspondances de Manosque!
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Le Vol Paris New-York, à force de tutoyer les nuages, bégaye dans un cumulonimbus à la mine scélérate. du coup, le même avion, avec son équipage et ses passagers atterrit…deux fois, à trois mois d'intervalle. Bis repetita et suicide de l'horloge parlante. Au quatrième top, il sera… j'en sais foutre rien !
La Communauté scientifique est mobilisée pour expliquer le phénomène. Chercheurs mais pas trouveurs, on siffle alors les spiritueux et les religieux à la rescousse. Prier n'est pas sauver. Cela se saurait. Les grands de ce monde naviguent à vue. Gouverner, c'est prévoir, il parait.
Faille spatio-temporelle, carrefour de dimensions, hoquet divin, complot de la CIA, virus chinois, effets secondaires de la 5G, chacun y va de sa petite hypothèse, moi y compris et seul l'auteur, Hervé le Tellier sait qu'il s'agit d'un tour de magie Oulipien.
Qui a dit qu'il n'y avait plus d'histoires originales à raconter ? Ce roman, c'est la victoire de l'imagination sur les blasés des mots. Italo Calvino et José Saramago seraient fiers du rejeton.
Parmi tous les passagers de l'avion dupliqué, le roman nous fait suivre une dizaine d'hommes et de femmes dédoublés. Cette polyphonie ne vire jamais à la cacophonie. L'auteur virtuose mène tout son petit monde à la baguette, y compris le lecteur couché dans son lit en train de grignoter de vieux Pépitos.
Au casting de ces naufragés de l'air, il y a un tueur à gages, une pop star, une avocate procédurière, un architecte en pleine crise de la soixantaine, une petite fille et sa mère violentées, un pilote condamné et le double du double de l'auteur, un peu d'attention svp, Victor Miesel, un écrivain qui vient de publier un best-seller qui s'intitule « L'Anomalie ».
Miesel sonne comme Musil, cela ne doit pas relever de la coïncidence, m'sieur le Tellier non ? Pourtant l'homme n'est pas sans qualité.
En trois mois, il peut s'en passer des choses, et ceux qui ont atterri avec un retard digne des records de la SNCF au moment des grands départs et des jamais arrivés, découvrent que le temps ne les a pas attendu et que leur vie a continué sans eux, la vilaine, pour un peu de meilleur et beaucoup de pire.
Hervé le Tellier, au fil de ses personnages et des caprices du destin, passe du polar à la romance, de la science-fiction à l'uchronie schizophrène, du drame psychologique à des réflexions sur la capacité à s'inventer une nouvelle vie et sur le temps qui trépasse.
Doutes, incompréhensions, incertitudes, autant de sensations réhabilitées par l'auteur dans une société qui exige certitudes et garanties pour les lendemains qui déchantent.
Quant au dénouement, l'écrivain ne trahit pas l'Oulipo et moi, je ne trahirai pas le secret de ce beau sac de noeuds.
Récit bien moins décousu que ma petite critique, ce roman ne volera pas le Goncourt s'il a la chance de l'obtenir d'ici peu, sauf téléportation des jurés au cinquième déconfinement, Mister Spock.
Attachez vos ceintures et appréciez ce savoureux looping romanesque.
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Tout commence comme dans un film catastrophe américain : présentation des personnages, très différents les uns des autres, avec des détails qui accrochent et initient chez le lecteur la curiosité d'en savoir plus. Alors se pose une première question : quel est le point commun qui les rassemble au coeur de cette fiction? Un simple orage, fut-il d'une violence inouïe, au cours d'un vol Paris New-York en mars 2021? Et pourquoi se font-ils cueillir les uns après les autres par différentes autorités gouvernementales? Autant de questions dont je ne dévoilerai pas la solution ici!

Mais sans cela comment parler du fond de ce roman étonnant, à mi chemin entre science et philosophie. Avec des questions fondamentales, des mises en abyme et des impasses logiques qui rendent nos méninges aussi déboussolées que ce boeing malmené? Tant pis, je me tais. Trop en dire serait un véritable divulgachage.

Par contre je peux sans arrière-pensée et avec bonheur louer la qualité de la narration, la richesse du langage et la maîtrise de différents niveaux de discours, qui fut celle des Papous dans la tête, que je regrette tant.

J'ai réellement adoré ce récit d'anticipation proche (même le COVID y est abordé - a-t-il fallu des corrections ultimes pour l'inclure ou le roman a t-il été écrit après que l'épidémie nous sidère dans un confinement que rien ne laissait attendre un an plus tôt?). Et j'ai aimé autant pour l'histoire qui suscite des réflexions passionnantes que pour l'écriture que j'admire.

A recommander sans modération.

Merci à Babelio et aux éditions Gallimard pour ce partenariat très apprécié.

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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En général, je passe toujours a côté des romans primés. Mais quand j'ai vu que le Goncourt avait élu un livre mis dans la catégorie science fiction et dystopie, il ne m'en a pas fallut plus.

J'avoue avoir été un peu décontenancée au début. Déjà parce qu'il y a plethore de personnages, mais également parce que je ne m'attendais pas du tout a ce style d'écriture.

Un Goncourt accessible à tous, bien construit, sans oublier la touche d'humour.
C'est également une histoire palpitante et très intéressante.

Ah! Et puis c'est aussi les nombreux sujets traités. La réflexion que doit obligatoirement avoir le lecteur avec un tel livre.
Bref un roman dystopique avec une pointe de philosophie , un roman proche de nous. A lire absolument.

Des Goncourt comme ça, j'en veux bien tous les ans.
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Au travers d'une fiction complètement incroyable, Hervé le Tellier que j'avais déjà apprécié dans Toutes les familles heureuses et rencontré à deux reprises lors des Correspondances de Manosque, réussit à poser les questions essentielles à notre existence tout en soulignant les travers, les impasses de notre société du XXIe siècle.
L'anomalie, roman dans le roman, avec ce Victor Miesel, écrivain qui, par moments, me fait penser à l'auteur lui-même, m'a lancé dans une histoire débutant par la présentation d'une galerie de onze personnages. Leurs destinées sont différentes, leurs occupations et leurs lieux de vie aussi. le premier, Blake, m'a beaucoup impressionné car j'ai cru être plongé dans un terrible polar. Puis, arrivent les autres, vivant en France, aux États-Unis, au Nigeria… jeunes, âgés, enfants même. Attention aux dates indiquées au début de chaque chapitre : l'auteur jongle entre mars et juin 2021.
Enfin il y a cet avion, vol Air France 006, Paris-New York, un Boeing 787 pris dans de terribles turbulences, du jamais vu, le 10 mars 2021. Retour en juin, avec la suite des présentations : une grande avocate, une pop star nigériane, un architecte français à Mumbai et on apprend que tous ces gens ont fait Paris-New York dans le même avion Air France 006 qui a bien atterri normalement à Kennedy Airport, en mars.
Ce qui m'intrigue le plus, en partageant la vie de ces personnes, c'est que toutes celles vivant au States sont embarquées par le FBI et que je n'en sais pas plus. En tout cas, le gouvernement étasunien mobilise toutes les têtes pensantes possibles, même les cadors des principales religions défendant chacun sa chapelle, becs et ongles. Il y a aussi Adrian et Meredith. L'un est probabiliste, l'autre topologiste et ils se retrouvent, comme beaucoup d'autres, à la McGuire Air Force Base, Trenton, New Jersey où, le second avion, rigoureusement identique au premier, avec exactement les mêmes personnes à bord, a été contraint d'atterrir.
Avec une virtuosité, un humour, une causticité et une réflexion très poussées, Hervé le Tellier conduit une histoire pleine de rebondissements et de surprises. Il varie les styles d'écriture, écrit même des chansons en anglais, des lettres, des courriels et pose la question essentielle sur la réalité de ce que nous vivons.
L'essor des techniques, les progrès fulgurants de certaines recherches réussissant à créer du vivant m'amènent à me demander ce qui est réel et ce qui ne l'est pas ou, en allant plus loin encore à savoir si ce que nous appelons réel, existe bien…
Lorsque, dans la troisième partie, chacun des principaux personnages est confronté à son double, l'histoire offre une diversité de réactions incroyables, des plus violentes aux plus belles. L'intégrisme religieux, avec ces baptistes prêts à tout pour applique à la lettre des textes dits sacrés qu'ils ne comprennent pas, est bien mis en scène.
Des drames familiaux sont aussi révélés. Certains en profitent pour changer de vie mais L'anomalie intrigue, questionne, fait réfléchir. Hervé le Tellier a amplement mérité un Prix Goncourt qui récompense un formidable roman non seulement sortant des sentiers battus mais posant des questions fondamentales.

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Hervé le Tellier nous convie à un jeu intellectuel auquel il excelle en tant que mathématicien qui pense que « le propre de l'attraction est de vouloir toujours réduire les distances », et président de l'Oulipo (L'Ouvroir de littérature potentielle), un groupe cherchant de nouvelles potentialités du langage à travers des jeux d'écriture (dont les membres fondateurs se plaisaient à se décrire comme des « rats qui construisent eux-mêmes le labyrinthe dont ils se proposent de sortir).

L'idée générale de ce jeu très intelligent consiste, partant d'une anomalie — un même avion qui aurait volé dans les mêmes conditions avec les mêmes passagers et le même équipage se serait posé deux fois à cent six jours d'écart — à imaginer le monde qui ne serait que programmes virtuels. le monde où « le « Je pense donc je suis » du Discours de la Méthode de Descartes serait plutôt : « Je pense, donc je suis presque sûrement un programme. »

À l'heure où un virus désorganise la terre entière, où les extrémistes religieux et politiques tentent de prendre le pouvoir dans les démocraties, où le Président du plus puissant pays du monde semble sorti d'une mauvaise farce, on peut effectivement se demander si nous ne sommes pas passés dans une autre dimension, peut-être pas celle d'un monde virtuel où nous ne serions que des programmes, mais celle de l'improbable devenu réalité.

« ... en août 1945, après l'explosion d'Hiroshima, où le monde a basculé dans l'ère nucléaire et la peur de l'anéantissement, l'écrivain Albert Camus écrivait : Voici qu'une angoisse nouvelle nous est proposée, qui a toutes les chances d'être définitive. On offre sans doute à l'humanité sa dernière chance. Et ce peut-être après tout le prétexte d'une édition spéciale. Mais ce devrait être plus sûrement le sujet de quelques réflexions et de beaucoup de silence. »

Une oeuvre facétieuse et virtuose qui mérite, sans doute aucun, le Goncourt.



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