AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,79

sur 314 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Toutes les familles heureuses est un roman familial et autobiographique. Hervé le Tellier y fait défiler les portraits de ses proches, sans concession, mais avec beaucoup de justesse. Une famille loin d'être nombreuse puisqu'elle se compose d'une mère méchante, indifférente, odieuse même, manipulatrice, humiliante, écrasante. Une mère qui sombre peu à peu dans la folie. D'un père absent, fort accaparé par ses maîtresses, puis d'un beau-père effacé, écrasé – « Aucune ambition ne l'animait, pas même celle de vivre. » Et de grands-parents chez qui sont entreposés les jouets de l'enfant unique.

Et c'est donc une enfance et une adolescence chaotiques, complètement hors-normes, vécues dans un climat nocif et glacial que livre l'auteur, comme s'il voulait régler ses comptes. Mais ce ne sont pas des secrets qu'il dévoile, plutôt des scènes d'une vie familiale mesquine, sans rancune toutefois, sans esprit de vengeance, toujours accompagnées d'un humour corrosif et bienfaisant.

C'est cruel et savoureux en même temps. Hervé le Tellier se met à nu dans cet étalage familial. Son roman, où fleurissent de nombreuses références littéraires, est jubilatoire et nécessaire. Il dit l'avoir écrit pour son fils pour qu'il comprenne d'où il vient, pour connaître ce qui lui a été transmis. La vie peut être belle même si l'amour des parents a été défaillant.
Commenter  J’apprécie          20
Hervé le Tellier vient dans ce récit, nous parler de sa drôle de famille. de sa drôle de vie étant enfant dans cet univers familial. Et pourtant, il ne la rejette pas, n'en souhaite pas une autre : c'est celle qui a fait de lui ce qu'il est aujourd'hui. Fait de bric et de broc, comme il dit. Mais avec une certaine forme de résilience dont il fait profiter les gens qu'il aime : son fils, ses amis entre autres.
Il n'a pas eu de père, ni souhaité, ni présent. Il a eu une mère -folle. Alors il s'est inventé un monde et nous fait partager à travers ses romans, son évasion.
J'ai beaucoup aimé : l'auteur est beaucoup dans la dérision, mais est touchant et pudique.
Commenter  J’apprécie          50
Formidable roman familial ! Brillant car il se lit un peu comme un polar, la tension narrative est bien présente et l'esprit du lecteur reconstitue le puzzle des chapitres non chronologique (chacun est consacré à un membre de la famille ou à un événement) de la famille le Tellier. Une famille dont les membres ressemblent plutôt à des personnages de fiction tant ils sont caricaturaux , affreux ou touchants. L'écriture distanciée et les touches d'humour permettent au lecteur de s'amuser du tragique des situations. Oui, on respire finalement et on est heureux parce qu'après tout, le petit Hervé est devenu un écrivain reconnu, mais surtout, un écrivain qui a su cultiver l'amour et l'humour en lui malgré sa quasi absence dans le terreau familial recomposé.
Commenter  J’apprécie          00
Commenter  J’apprécie          00
Ecouté en livre audio
Je n'avais pas été convaincu, loin de là, de l'anomalie. En revanche, j'ai succombé aux charmes du récit que fait l'auteur de ses années de jeunesse. le ton n'est pas larmoyant mais assez froid et distant. L'auteur va droit au but, sans hésitations.
La lecture du récit est parfaite.
Commenter  J’apprécie          80
Hervé le Tellier, prix Goncourt 2020 pour L'Anomalie, nous raconte, dans un livre publié juste avant (2017), sa vie, principalement quand il était enfant, adolescent et jeune adulte. ● Encore un livre sur une famille dysfonctionnelle ! nous dira-t-on : certes, mais celui-ci est particulièrement bien écrit, avec un style acéré, incisif, ironique, qui s'écarte de tout pathos et essaie, tant que faire se peut, d'analyser les situations objectivement, en laissant de côté les affects. Et la chose n'est pas évidente, entre l'absence de père, la mère mal aimante, manipulatrice et qui va vers la folie, le beau-père glaçant et inapte dont il porte le nom chargé d'histoire (ce que j'ignorais), et la tendresse et la joie aux abonnés absents. ● La mère surtout, bien sûr, en prend pour son grade, elle qui, par exemple, ne trouve rien de mieux à faire que de renvoyer transformée en confettis la superbe lettre d'amour et d'apaisement que lui envoie son fils (qui lui écrit « J'ai plus besoin de toi que toi de moi. »). ● Cependant, écrit l'auteur, « [p]ar une sorte de balance bizarre, ceux qui ont eu une jeunesse difficile sont souvent mieux armés pour affronter la vie adulte que ceux qui ont été protégés, ou très aimés. » ● C'est aussi un livre érudit, où l'on apprécie les discrètes références culturelles. ● J'ai apprécié d'en savoir plus sur cet auteur que je connaissais de longue date par l'émission Des papous dans la tête qui a longtemps occupé la case du début d'après-midi le dimanche sur France Culture, où il était un des piliers et que je ne ratais jamais. ● J'ai fait connaissance avec lui en tant qu'écrivain avec L'Anomalie, que j'ai adoré. Ici on a affaire à un ouvrage très différent, mais tout aussi addictif. ● Car Hervé le Tellier a su trouver la sagesse d'aller à l'essentiel, de ne pas s'appesantir sur de multiples anecdotes à rallonge et de faire un ouvrage bref, sans gras, nerveux, procurant un grand plaisir de lecture.
Commenter  J’apprécie          604
Belle démonstration de ce que peut être la résilience... dans "Toutes les familles heureuses" Hervé le Tellier se raconte mais raconte surtout comment on peut aimer la vie même si on n'a pas été aimé par ses parents que l'on a fui.
Je caricature un peu et surtout je le dis beaucoup moins bien que l'oulipien. Je crois que ce qui me plaît le plus c'est le ton qu'il emploie, drôle sans être ridicule, poignant sans être mélodramatique.
Il raconte ses relations familiales donc forcément son enfance, l'inexistence du père, la froideur du beau-père, les mensonges de la mère... et ce qui touche aux sujets qui fâchent comme l'argent, la religion ou l'amour.
Il le fait en évoquant l'excellent "Je me souviens" de Georges Perec qu'il cite à plusieurs reprises.
D'ailleurs, j'apprécie beaucoup ses références littéraires dont celle de "Dora Bruder" de Patrick Modiano, en écho la Shoah. Il énumère avec beaucoup d'émotion les noms des enfants déportés qui étaient dans la classe de sa mère Marceline ou de sa tante pourtant devenues amnésiques. Cela l'interroge comme beaucoup d'autres découvertes qu'il fera plus tard.
J'ai aussi été bouleversée par le chapitre sur ses vingt ans et la mort de Piette, la femme aimée.
Tout cela contribue à me faire apprécier cet auteur que je trouve particulièrement sympathique.


Challenge Riquiqui 2022
Commenter  J’apprécie          160
Ce livre a été un choc tellement courageux de décrire ce qu'il a vécu sansaucune rancoeur ni animosité. Hervé Letellier faisait l'émission "les papous dans la tête" sur France Culture le dimanche midi : un régal de bons mots, d'humour délicat, de bienveillance et de subtilité tout en étant tellement drôle ! le titre est tellement bien choisi et c'est une surprise totale ! On remarque qu'il manque quelque chose dans le titre. Et quand on découvre sa vie, sa façon de s'en sortir, l'amour qu'il porte aux autres, quelle belle leçon de vie ! Ce qu'il raconte est difficile, nous connaissons tous quelqu'un qui ressemble à sa mère, à son père et le lire fait un bien fou, merci pour ce très bon livre.
Commenter  J’apprécie          10
Dans ce roman personnel et sincère, l'auteur retrace l'histoire de sa famille : une mère qu'il décrit de « folle », un beau-père dont il a dû prendre le nom de famille et un père absent.

Par l'écriture, l'auteur semble se libérer d'une certaine souffrance mais également de l'indifférence qu'il ressent face à sa famille et qui s'est instaurée au fil du temps.

Secrets de famille, non-dits et règlements de compte sont au coeur de ce roman relativement court mais particulièrement pertinent.
Ce livre m'a en quelques sortes fait penser à « En finir avec Eddy Bellegueule » de Edouard Louis ou encore au « Malheur indifférent » de Peter Handke à l'exception faite que l'auteur se montre à mon sens beaucoup plus dur et critique envers les membres de sa famille.

Si j'avais adoré l'anomalie par son originalité, j'ai préféré ce roman qui ressemble davantage au style de livre que j'aime lire : réaliste, sincère et profond.
Commenter  J’apprécie          20
Je ne sais pas comment démarrer ce billet. Choisissez :
- 'Maman est folle...' ♪♫ (William Sheller). Mais son fils peut-il se consoler d'avoir été bien aimé, comme dans la chanson ?
- 'Toutes les familles sont psychotiques', titre déjà pris par Douglas Coupland, et qu'auraient pu utiliser Delphine de Vigan, Sorj Chalandon, et tant d'autres, dont Hervé le Tellier, précisément, pour cette autobiographie.
- Je n'aime pas les autofictions depuis que j'en ai bouffé une dizaine dans le cadre d'un jury littéraire (ELLE) - certaines nombrilistes, forcément, la plupart fades et sans intérêt (mesdames C. Guilbert, C. Schneck, je vous salue...).
- Les Oulipiens me font peur, ils sont trop balèzes pour moi, mais j'en aime un de quasi-amour, isolément (JBP).
- J'ai découvert Hervé le Tellier avec 'L'Anomalie', proposé à l'été 2020 lors d'une Masse Critique Spéciale. J'avoue, j'en ai bavé sur la première moitié (c'est le cas de le dire), lorsque les personnages sont présentés. J'ai jubilé, ensuite. J'ai adoré le pastiche qu'en a fait Pascal Fioretto (L'anomalie du train 006) avec l'aimable et amusante complicité de l'auteur lui-même.
.
'Toutes les familles heureuses' faisait partie de mes achats impulsifs, parce que j'aime les idées et l'intelligence caustique de l'auteur, ainsi que certains de ses amis 'célèbres' (dont Fioretto).
Heureuse découverte, lecture riche en émotions avec ce récit vif, tragi-comique sur une famille chaotique, la sienne. Loin du lourd pathos à la louche d'un Chalandon qui a cessé de m'émouvoir - mais je n'essaie plus.
Au vu de sa jeunesse et de sa famille pour le moins 'compliquées', on comprend comment ont pu se développer le talent, la sensibilité, l'humour, le sens de l'imagination autour des centres d'intérêt (maths, philo, littérature, linguistique...) d'Hervé le Tellier.
.
Extraits - tous pris dans les trois dernières pages... Hervé le Tellier serait-il comme ces grands timides qui vous disent plein de choses essentielles au moment de partir ? Pas tout à fait car il raconte beaucoup, aussi, dans ce qui précède :
• « J'ai rêvé d'un amour simple, pur, donné sans réserve, sans condition. En devenant père, j'ai tout de suite su qu'il n'y en avait pas d'autre. »
• « Par une sorte de balance bizarre, ceux qui ont eu une jeunesse difficile sont souvent mieux armés pour affronter la vie adulte que ceux qui ont été protégés ou très aimés. » *
• « Si la vie se passe à combler les gouffres ouverts dans l'enfance, alors je sais pourquoi j'aime tant le rire qui ne pénétrait jamais chez nous que par effraction, pourquoi je n'ai cessé de me donner des familles électives, pourquoi mes amis me sont si chers. »
• « Écrire, ce serait mon privilège, pour profiter du monde plusieurs fois, pour jouir sans fin de ma propre insatisfaction. »
• « Mon père, mon beau-père sont morts, ma mère est folle. Ils ne liront pas ce livre, et je me suis senti le droit de l'écrire enfin. »

J'ai adoré, j'ai souri, ri, je suis conquise et touchée en refermant ce livre. ♥

--------

* L'argent de Poche, Truffaut (1976)
♪♫ https://www.youtube.com/watch?v=yFNdtT08iLo
Commenter  J’apprécie          477





Lecteurs (701) Voir plus




{* *}