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Jean Guiloineau (Traducteur)
EAN : 9782757813881
128 pages
Points (20/08/2009)
3.32/5   95 notes
Résumé :
Quittant l'Australie avec ses deux enfants, Olivia se réfugie en France dans la demeure familiale où elle a grandi. Après des années d'absence, elle y retrouve sa mère et son frère, de retour avec sa femme. Dans cet univers fragile, riche en émotions, chacun tente de tenir bon tandis qu'un tragique secret les rapproche sans cesse d'une possible rupture...

Conte noir et fascinant, Ailleurs est à la fois troublant, subtil et profond.
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Critiques, Analyses et Avis (34) Voir plus Ajouter une critique
3,32

sur 95 notes
Fuyant l'Australie et ce que l'on devine être un mari violent, une femme revient après de nombreuses années avec ses deux enfants à la grille de l'immense château de sa mère, quelque part dans la campagne française.

«Ils se tenaient devant le grand portail. Autour d'eux, à perte de vue, une campagne sans relief, laide, la platitude de champs boueux labourés. Ce matin-là, le ciel était doux, d'un bleu pâle et laiteux. le femme portait une jupe de tweed droite, un chemisier de soie grise et ses cheveux noirs étaient retenus dans un chignon non serré, comme celui que sa mère lui faisait autrefois.»

Dans ce château immense où les relations humaines semblent empreintes de règles et d'une froideur venues d'un âge ancien, Marcus, le frère de cette femme franchit aussi la grille avec sa femme Sophie, arrivée dramatique car ils annoncent alors qu'elle vient de mettre au monde une petite fille mort-née. Attendue comme une fête, la réunion de famille avec le retour du frère devient un drame morbide étrangement statique, qui se cristallise autour du refus de Sophie d'enterrer son enfant.

Le malaise et l'étrangeté du récit naissent de la juxtaposition d'une nature luxuriante, du raffinement désuet de ce château immense aux dizaines de portes, semblant comme un décor où se jouent les drames humains, celui de Sophie qui sombre dans la folie, miroir des violences et abandons subies par la femme et ses enfants, qui comme la grand-mère restent des personnages sans nom, comme si les drames passés ne pouvaient être dits.

« Sa chambre … n'avait jamais été sa chambre. Il s'agissait d'une autre chambre d'amis meublée de la même façon. Elle ouvrit les rideaux, détacha ses cheveux et libéra son bras de l'écharpe. Elle se déshabilla en laissant tomber ses vêtements en tas sur le plancher. Elle rampa sur le lit. Elle s'allongea sur le ventre, le visage sur l'oreiller. le temps tourna en circuit fermé ; elle était déjà morte. Puis elle dut sentir les enfants debout à la porte car – avec un très grand effort, en tournant la tête et en ouvrant un oeil – elle vit, dans le miroir, que, oui, les enfants l'avaient espionnée, elle ne savait pas depuis combien de temps, mais ils avaient sans doute vu leur mère allongée sur le lit, l'étendue blanche de son dos couverte de bleus et de marques jaunâtres. »

«Ailleurs» («Disquiet» pour le titre original) est le deuxième roman de la romancière australienne Julia Leigh, qui est également scénariste et réalisatrice ; et de fait l'atmosphère prenante et morbide du récit rappelle « La leçon de piano » de Jane Campion mais aussi le fascinant «Providence» d'Alain Resnais, autour de cette question centrale : Peut-on enterrer la douleur ?
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Un roman qui s'intitule "Ailleurs" qui est présenté comme la traduction du titre original ' Inquiet " ( inquiétude ) .
Mais, l'adverbe et le nom anglais collent parfaitement à ce récit qui est décalé dans le temps et dans l'espace !
Olivia vient se réfugier en France avec ses enfants : Andrew et Lucy car elle a quitté précipitamment son conjoint en Australie et, elle revient dans le château familial !
Elle retrouve, après 12 ans d'absence suite au décès de son père, sa mère qui la reçoit froidement, Ida la gouvernante, son frère Marcus et sa belle soeur Sophie !
Son frère et Sophie reviennent de la maternité avec dans les bras leur bébé mort .Sophie serre désespérément son enfant, car elle ne veut pas s'en séparer, et encore moins l'enterrer !
Andrew protège sa soeur, mais il est méprisant avec sa mère car il doit déja regretter son père qu'il tente d'appeler au téléphone .Ces 2 enfants s'ennuient dans cette grande demeure d'autant qu'ils ne connaissent pas tellement le français, sont désorientés dans ces lieux nouveaux et insolites pour eux !
Il y aura une tentative d'enterrement organisé par Olivia mais, au dernier moment Sophie repart avec son "paquet " car elle n'arrive pas à faire son deuil et, glisse lentement dans une sorte de folie...
Julia Leigh appelle Olivia : " la femme" tout au long du récit pour donner encore plus une sensation de recul et, rajouter à cette atmosphère une distanciation dans le temps ! Plus les secrets, les non-dits, les actes manqués, la froideur des personnages : tout concourt à donner à ce roman un climat d'inquiétude, d'étrangeté, de décalage et d'ailleurs !
Un roman qui reste "suspendu" pendant 105 pages, un moment de vies sans suite, sans explication..peut-être sans fin !

L.C Thématique des plumes féminines d'avril 2021 .


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Julia Leigh, née à Sydney en 1970 est écrivaine, scénariste et réalisatrice.
Son court roman "Ailleurs" est une épure. N'y est abordé que l'essentiel qui vibre longtemps comme la corde pincée d'un violon : une femme fuit l'enfer qu'est devenue sa vie à l'étranger et se réfugie dans la maison de son enfance ; une jeune mère ne parvient pas à enterrer son bébé mort à la naissance, tandis que son époux entretient de tendres chuchotis avec son téléphone ; des enfants désespérant d'avoir leur mère toute à eux, se lancent dans une expédition dangereuse.
Il y est aussi question de crimes imaginaires et de pardon. Très beau texte qui donne envie de lire ses deux autres romans "Le chasseur" et "Avalanche, une histoire d'amour".

Julia Leigh est, avec Emily Browning, la scénariste et réalisatrice de "Sleeping Beauty" un film de 2011. La même année, son roman "Le chasseur" a été adapté au cinéma sous le titre "The hunter".

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Olivia a quitté l'Australie à cause d'un mari violent. Avec ses deux enfants, ils débarquent dans la demeure familiale où vit sa mère et où séjourne aussi son frère et sa femme sur le point d'accoucher.
L'intrigue est simple, on rentre rapidement dans ce court roman. Mais curieux roman tout de même : les personnages sont sombres ; les enfants, seuls, donnent un peu de couleur à cette histoire. La façon simple d'appeler les différents protagonistes m'a un peu déroutée : la femme, le garçon, la fille. Que des descriptions, pas de pensées.
Un livre un peu surprenant qui nous laisse juger ce moment de famille assez singulier...
(Le titre original est Disquiet, "Inquiétude" résume bien l'ambiance du livre.)
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Première rencontre avec la plume de Julia Leigh et je dois dire que je suis conquise pas son style. Ailleurs est un court récit ou l'on fait la connaissance d'Olivia et de ses deux enfants. Olivia a fui l'Australie et un mari violent et la voilà de retour chez sa mère dans une maison bourgeoise française. C'est l'occasion aussi de revoir son frère Marcus et sa femme, qui vient d'accoucher d'un enfant mort-né qu'elle refuse d'enterrer tout de suite.

Voila comment on pourrait résumer le livre et pourtant le récit est plein d'allusion, de secrets que l'on devine au fils des pages. Pourtant, après cette lecture, le lecteur n'a pas toutes les réponses aux questions qu'il se pose. Il reste des zones d'ombre et cela ne donne que plus de poids au roman, a ce huis-clos oppressant et sombre. Je pense d'ailleurs que le titre VO est plus adapté : Disquiet (comprenait inquiétude) plutôt qu'Ailleurs en français.

Bref, c'est pour moi une très bonne découverte. Je suis contente d'avoir pu découvrir Julia Leigh et j'ai passé un bon moment avec ce court roman que j'ai dévoré d'un trait.
Lien : https://missmolko1.blogspot...
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critiques presse (1)
Lecturejeune
17 février 2012
Lecture Jeune, n°129 - mars 2009 - Une femme quitte précipitamment l'Australie avec ses deux enfants pour se réfugier dans la grande demeure familiale, en France. Elle y retrouve sa mère, son frère et sa belle-soeur qui vient d'accoucher. Mais l'enfant est mort né et la jeune femme ne peut se résoudre à l'enterrer. Alors que le roman se déroule de nos jours - quelques détails comme un portable, suffisent à l'indiquer - l'intrigue semble se passer dans une époque lointaine, ailleurs... L'atmosphère est lourde et mêle deux drames parallèles : le cadavre du bébé évoque un scénario morbide et l'épouse a fui la maltraitance conjugale. Beaucoup de questions resteront en suspens dans ce roman, comme le sort du père que l'enfant tente de joindre au téléphone. La mort rôde sur la demeure et menace tous les protagonistes...
Peu de mots, pas de descriptions inutiles, ni de digressions, une littérature efficace : une écriture envoûtante décrit par touches suggestives un huis clos qui se déroule dans un lieu tout aussi enchanteur que maléfique. Les lecteurs les plus âgés apprécieront ce conte sombre, car il n'est pas sans rappeler l'univers cinématographique qui leur est familier : gothique et fantastique. ? Cécile Robin-Lapeyre
Lire la critique sur le site : Lecturejeune
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Grand-mère apparut en haut de l'escalier. Elle était impeccablement vêtue d'une veste de laine et d'une jupe assortie, et portait un collier de perles irréprochable. Une canne à pommeau d'argent qui ressemblait à un sceptre était posé à côté d'elle. Elle était petite et menue, mais donnait l'impression d'une digne résignation.
"Bonjour, mère.
- Bonjour Olivia."
La femme gravit l'escalier de marbre et, arrivée près de sa mère, elle prit sa main squameuse et molle et l'embrassa. Un geste formel, pas de réconciliation. Et à son tour, sa mère l'évalua du regard - ses cheveux en désordre, ses bas déchirés, son bras cassé. Avec tact, elle décida de ne faire aucun commentaire.
"J'avais besoin de revenir à la maison, dit la femme." Il y eut un long silence. "Et bien, voici les enfants.
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Le garçon faisait des ricochets tandis que sa sœur creusait un trou dans le sable en se servant de la main en plastique de sa poupée comme d'une pelle. Des saules pleureurs se mêlaient à leur reflet. De l'autre côté du lac, une forêt sombre ondulait.
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Ils se tenaient devant le grand portail. Autour d'eux, à perte de vue, une campagne sans relief, laide, la platitude de champs boueux labourés. Ce matin-là, le ciel était doux, d'un bleu pâle et laiteux. le femme portait une jupe de tweed droite, un chemisier de soie grise et ses cheveux noirs étaient retenus dans un chignon non serré, comme celui que sa mère lui faisait autrefois.
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Quelque chose comme de la tristesse passa entre eux et, en cet instant, ils furent montagne et lac, anciens. (p. 54)
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Sophie était allongée sur une couverture de pique-nique au milieu de la pelouse, avec son paquet; elle avait passé presque tout l'après-midi au dehors. Quand la femme sortit de voiture, elle aperçut Sophie et elle l'observa qui essayait de soulever le paquet au-dessus d'elle et de le secouer.
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Video de Julia Leigh (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Julia Leigh
Pré-bande-annonce du film The Hunter, réalisé par Daniel Nettheim avec Willem Dafoe, Sam Neill et Frances O’Connor.
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