Les prétendus journalistes qui établissent leur domicile au café ne sont que des déclassés et des impuissants qui, au lieu de travailler sérieusement , trouvent plus commode de se livrer à des critiques contre la société et surtout contre leurs confrères arrivés, grâce à l'énergie et au travail, à conquérir une position. Ces individus préparent l'avènement des nouvelles couches sociales qui les porteront au pouvoir dans des moments de crise et les enverront à la Chambre sous des gouvernements réguliers.
Rue Saint-Honoré, près du Palais- Royal existait, sous le premier empire, le Café du Bosquet. La réputation de beauté de la patronne était telle que la police dut protéger rétablissement contre les curieux qui voulaient contempler la belle madame Romain.
Le café n'y est donc qu'une espèce de centre où l'on peut se voir et causer pendant quelques minutes ; mais là même souvent le journaliste travaille. Le correspondant des feuilles des départements recueille les dernières nouvelles et attend l'heure extrême pour mettre sa lettre à la poste. Le reporter va de l'un à l'autre, causant à l'homme politique, à l'artiste, à l'auteur dramatique , et prend des notes qui paraîtront le lendemain.
Jusqu'en 1789, les cafés de Paris où se réunissaient les écrivains ne furent que des centres littéraires où la politique était inconnue. Mais, à partir de l'époque que nous citons, les hommes politiques remplacèrent les poètes et les prosateurs. Les établissements du Palais-Royal devinrent des parlements au petit pied, où les individualités connues ou inconnues discutaient leurs programmes.