AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782856161999
287 pages
Presses de la Renaissance (30/11/-1)
3.8/5   38 notes
Résumé :
Un roman policier ? Un roman fantastique ? Un roman populaire ? Un roman historique ? Un roman politique ? Un roman de science-fiction ? Un roman humoristique ? Un roman noir ? "La double vie de Théophraste Longuet" est un peu tout cela à la fois. C'est en tout cas un livre étrange, insolite et captivant.

Surtout, c'est le chef-d’œuvre de Gaston Leroux, et d'ailleurs de tout le roman feuilleton.
Que lire après La double vie de Théophraste LonguetVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Voilà un roman qui gagnerait à être davantage lu. C'est un petit délice. Un délice qui comporte des défauts de construction notoires, mais un délice quand même. Et d'abord pour son style. le style de Gaston Leroux, c'est ce qui fait toujours et encore mon plaisir lorsque je lis une de ses oeuvres, même lorsque ladite oeuvre n'est pas une réussite.

La double vie de Théophraste Longuet est son tout premier roman, d'abord paru en feuilleton dans le journal le Matin. Premier roman, première réussite. Comme je l'annonçais plus haut, le style Gaston Leroux est déjà bien en place : une langue encore très XIXème, mais légère, fluide, enjouée ; un rythme alerte qui ne laisse pas de répit au lecteur ; un humour macabre réjouissant, qui ne sera pas toujours présent dans les oeuvres suivantes, mais qui n'en est pas moins une des marques de fabrique de Gaston Leroux. Et on a le choix des genres, le roman mêlant allègrement fantastique, épouvante, policier et merveilleux.

Théophraste Longuet est un personnage de la fin du XIXème on ne peut plus quelconque, à qui il advient une aventure on ne peut plus extraordinaire, puisque le célèbre brigand Cartouche, mort en 1721, va prendre possession de lui. Théophraste n'aura de cesse d'essayer de se débarrasser de son hôte encombrant à la recherche d'un trésor, hôte qui va lui apporter bien des déboires et l'amener à se conduire de façon bien peu honnête. Tout cela finira très mal (aucun divulgâchage de ma part, on le sait dès le départ).

Le récit va donc, sur fond d'histoire de réincarnation ou de possession (un peu des deux), multiplier les péripéties et les rebondissements, avec des épisodes étonnamment sanglants et morbides. Âmes sensibles, abstenez-vous, car vous aurez droit à une scène d'essorillement (eh oui, c'est le sort charmant que réservaient Cartouche et d'autres brigands à leurs ennemis, mais ce fut aussi le sort que réservait la justice à certains criminels) et à une scène de torture qui dure, qui dure, qui dure... et qui ne nous épargne aucun détail épouvantable. Si cela peut vous rassurer, la scène d'essorillement est racontée avec force humour (mais peut-être que là, je vous effraie plus qu'autre chose, hum hum. Donc, sachez que, non, je ne suis pas une sociopathe.) Or, après bien des aventures, alors que le pauvre Théophraste n'est toujours pas débarrassé de Cartouche, le roman bifurque assez bizarrement vers l'énigme policière : une énigme d'un type que Gaston Leroux développera bien davantage avec le parfum de la dame en noir. Et puis ne voilà-t-il pas que Théophraste s'offre une virée dans les catacombes, et que le récit bascule dans le genre du merveilleux (on pourrait presque parler de fantasy) ! Ces deux épisodes ne manquent ni de piquant, ni d'attrait, ni de charme, mais ils donnent l'impression que Gaston Leroux a voulu insérer dans son premier roman toutes les idées qui lui venaient, quitte à casser la cohésion de l'ensemble. Pourtant, le récit initial, palpitant, suffisait déjà largement au plaisir du lecteur. C'est là le défaut du roman, et, d'un autre côté, c'est aussi ce qui lui donne un petit côté fantasque qui convient bien à son auteur. On appréciera ou pas, c'est selon.

Reste que le talent de Gaston Leroux s'épanouissait dès ce premier roman injustement méconnu, et pourtant plein de caractère et terriblement plaisant.


Pour consulter des citations en rapport avec cette critique :
https://www.babelio.com/auteur/Gaston-Leroux/2357/citations/1258320
https://www.babelio.com/auteur/Gaston-Leroux/2357/citations/1258565
https://www.babelio.com/auteur/Gaston-Leroux/2357/citations/1259616
https://www.babelio.com/auteur/Gaston-Leroux/2357/citations/1262195
Commenter  J’apprécie          320
Noël confiné, période propice aux retrouvailles virtuelles. Puisé dans l'arrière boutique de ma bibliothèque ce roman incontournable de Gaston Leroux dans lequel il fait oeuvre d'historien du vieux Paris, contempteur du spiritisme, et Cicerone averti des lieux de misère où l'on executait les marginaux de toutes sortes qui un temps ont été fédérés (près du mur du même nom - ha ha ha) par le bandit Cartouche.
A la manière d'un Oncle Paul peu recommandable, l'oncle Gaston vante les frasques d'un ménage à trois, accepté et assumé. Entre Théophraste, le mari, Marceline, la femme et maîtresse et Adolphe l'amant et l'ami, c'est l'entente cordiale, toute innocence bue :
"L'homme allume un cigare, la femme allume une cigarette russe, et l'amant de son regard langoureux (...) allume la femme, mais d'une flamme tellement douce, d'un feu si discret, que rien ne semble devoir troubler jamais la paix de leurs triples et aimables digestions."
A sa façon, le narrateur s'invite sans crier gare dans le récit, multipliant les avertissements inutiles ou superfétatoires pour notre plus grand plaisir :
"Je crois bien que c'est la troisième fois que nous nous trouvons dans la chambre à coucher du ménage ; c'est la faute des événements, et je n'y suis pour rien."
Une joie indicible s'empare du lecteur devant les clins d'oeil de Gaston.
Paris éternel, mode du spiritisme au début du 20ème siècle, énigme troublante mais farfelue, ce roman est une véritable auberge espagnole, capable aussi bien de combler l'appétit du lecteur en mal de calories inutiles que de décevoir celui qui cherche l'inénarrable et le littéraire classieux.
Vous l'avez deviné, je me situe dans la première catégorie.
La double vie est avant tout destiné aux adolescent attardés avides de sensations.
Dernier soubresaut, on ne saurait finir cette chronique sans évoquer la mini-série en trois épisodes de Yannick Andréi diffusée en 1981 (drôle d'année) et le trio magique Carmet-Longuet, Duchaussoy-Adolphe et Genviève Fontanel - Marceline.
Ces trois là, le méritent bien, paix à leurs âmes sûrement réincarnées en Cartouche, Madame de Phalaris et Simon l'Auvergnat
Comme dirait JCA " A vos cassettes !"
Lien : https://camalonga.wordpress...
Commenter  J’apprécie          312
Gaston Leroux travaillait comme reporter au Matin avant d'y devenir feuilletoniste avec ce curieux roman, qui met en scène la réincarnation de Cartouche, célèbre bandit du début du XVIIIème siècle, deux siècles plus tard, dans le corps et l'esprit de Théophraste Longuet, un homme timide, retraité à 41 ans, ex-marchand de timbres en caoutchouc et marié à Marceline qui le cocufie en douce avec son meilleur ami Adolphe.

Lorsque tous trois visitent la Conciergerie, Théophraste est soudain pris d'une fièvre inexplicable qui l'entraîne dans les caves de l'ancienne prison où il découvre un mystérieux petit papier caché dans la muraille où sont écrits des lambeaux de phrases incompréhensibles mais faisant allusion à des trésors. C'est le début d'une inquiétante métempsychose qui va malheureusement très mal se terminer pour le héros, ainsi que la préface nous l'annonce dès le début.

Ce roman-concours fût publié en feuilleton dans le Matin du 5 octobre au 22 novembre 1903 sous le titre Le Chercheur de trésors. Il distillait des indices au cours du récit sur les lieux fréquentés par Cartouche dans la capitale et en province afin de permettre aux lecteurs de découvrir et gagner sept trésors totalisant la somme de 25000 francs. L'histoire ne dit pas s'ils les ont trouvés, ni où... Mais cela devait fortement motiver la lecture du feuilleton et l'achat du quotidien chaque jour.

Après la lecture des 5 premières aventures de Rouletabille, cette première oeuvre de Gaston Leroux est un peu déconcertante. Lorgnant fortement du côté d'E. A. Poe pour les morceaux d'épouvante macabre ou de fantastique ésotérique, le roman est très inégal à la fois dans le plaisir de lecture qu'il procure et dans son écriture.

J'ai beaucoup apprécié de découvrir la vie extraordinaire de Cartouche, chef de bande à la tête d'une organisation qui comptait 2000 hommes vers la fin de sa vie ! Cartouche terrorisait les bourgeois et nobles de Paris tout autant qu'il amusait le petit peuple avec ses espiègleries et farces aux dépens des nantis. de nombreuses anecdotes historiques sont rapportées dans le roman et d'autres sont revécues par Théophraste ou lui sont inspirées, ce qui donne les passages les plus intéressants du roman. Attention aux âmes sensibles, les tortures et la mort de Cartouche font l'objet d'un chapitre plutôt difficile à vivre pour ce pauvre Théophraste. Mais l'humour macabre domine, faisant passer plus facilement toutes ces scènes ainsi que les exploits imaginatifs mais très sanguinaires de Théophraste quand il est sous l'influence de Cartouche...

Mais si le feuilletoniste respecte les codes du genre avec rebondissements en série en fin de chapitre, mystère et suspense, il semble avoir joué au cadavre exquis avec des passages ou des titres de chapitres aussi étranges et farfelus que possible, qui produisent des enchaînement abrupts, peu travaillés, sans doute justifiés par l'obligation de rendre sa copie chaque jour à temps pour la publication du Matin. Je n'en citerai que quelques uns en exemple : le ronron du petit chat violet – l'art de saigner un veau – l'énigme du train qui disparaît (avec plan à l'appui !)- les catacombes – un peuple sans yeux avec un groin rose !
Sans doute ne faut-il pas chercher trop de cohérence à tant de loufoquerie mais je n'ai pas aimé ce côté décousu, qui tire à la ligne pour délivrer un chapitre en temps et en heure.

Je vais donc poursuivre ma série des Rouletabille, qui sont bien plus plaisants à lire !

Challenge 19ème siècle 2021
Challenge multi-défis 2021
Commenter  J’apprécie          141
C'est triste à dire, mais il y a bien des pages où je me suis fort ennuyée dans ce petit roman de Gaston Leroux.
Le principe est sympathique: un honnête petit retraité, naïf et pas bien méchant, est la réincarnation du bandit Cartouche, et voici que parfois, la mémoire, les vieux réflexes, se mettent à revenir à la surface, plongeant le brave Théophraste dans une tragédie.
Il y a bien plus de violence, carrément de l'horreur même, dans ce livre que je ne m'y attendais du père de Rouletabille, mais ce n'est pas ce qui m'a déplu, je reproche plutôt à ce livre ses longueurs. La partie où les proches de Théophraste tentent d'exorciser l'esprit de Cartouche, par exemple, n'en finit pas dans le mystico-baroque et a manqué me faire lâcher le livre. Il y a peut-être trop d'idées dans ce livre, jamais exploitées totalement: on passe de la réincarnation au mystérieux peuple souterrain, en passant par des côtés horreur, des côtés polar... Résultat, j'ai lu trois romans pendant que celui-ci attendait, et je me suis forcée à arriver au bout uniquement pour le rendre à la personne qui me l'avait prêté.
Un livre pas du tout indispensable.
Commenter  J’apprécie          70
Donneur de voix : René Depasse | Durée : 12h 20min | Genre : Romans


Cartouche

Un homme apporte à Gaston Leroux un coffret en bois des îles fermé à clé ; il se présente comme l'exécuteur testamentaire de Théophraste Longuet.

« Je fis ouvrir le coffret et y trouvai une liasse de papiers, que je considérai d'abord avec ennui et que j'examinai ensuite, par le menu avec intérêt.
Au fur et à mesure que je pénétrai dans ces documents posthumes, l'aventure qui s'y révélait était si inattendue que je n'y voulus point croire ; cependant, comme il y avait là des preuves, je dus, après enquête, me rendre à sa réalité. [...] J'ai cru de mon devoir vis-à-vis du lecteur et aussi de la mémoire de Théophraste Longuet de publier en volume l'histoire vraie, l'histoire authentique de la réincarnation de Cartouche, écrite uniquement avec les documents trouvés dans le coffret en bois des île. [...] Enfin, je ne terminerai pas cette préface sans avertir le lecteur qu'il doit s'attendre à tout et qu'il est absolument dangereux, pour sa santé intellectuelle et physique, d'aborder le secret de la vie de Théophraste, s'il n'a, selon l'expression de Théophraste lui-même, la tête solide. » Gaston Leroux

Ces deux plans sont nécessaires pour comprendre la disparition du train fantôme :
- Chapitre 26 – Étrange attitude d'un train qui fait du cent dix à l'heure (p. 273),
- Chapitre 28 – Où la catastrophe qui semblait devoir s'expliquer, devient plus inexplicable encore (p.278).
> Écouter un extrait : Chapitre 01.


> Télécharger ce livre audio par archive(s) Zip [Aide] :

La Double Vie de Théophraste Longuet.zip


> Télécharger ce livre audio par chapitres [Aide] :

Chapitres 01 à 03.mp3 (Clic-droit, « Enregistrer sous… »)
Chapitres 04 à 06.mp3
Chapitre 07.mp3
Chapitres 08 et 09.mp3
Chapitres 10 à 12.mp3
Chapitres 13 à 15.mp3
Chapitres 16 et 17.mp3
Chapitres 18 à 20.mp3
Chapitres 21 à 24.mp3
Chapitres 25 à 29.mp3
Chapitres 30 à 33.mp3
Chapitres 33 à 35.mp3
Chapitres 36 à 38.mp3
Chapitres 39 à 41.mp3


> Consulter la version texte de ce livre audio.

Lien : http://www.litteratureaudio...
Commenter  J’apprécie          40

Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Avant de passer à d'autres chapitres, l'auteur de ces lignes tient à s'excuser auprès du lecteur de la rapidité des derniers événements. Certainement, l'incident du train qui disparaît, la figure, agitée par le vent, de M. Petito à la portière du wagon fantôme, et plus récemment encore, l'enterrement vraiment symbolique d'un voleur et d'un commissaire de police par un brave ouvrier qui chante l'Internationale, tout cela eût gagné à être narré posément, avec tous les détails, à tête reposée. Mais il ne l'a pas voulu ; il ne l'a pas voulu pour une seule raison, qui est que les papiers qu'il a trouvés dans le coffret en bois des îles relatent les événements en question avec une sécheresse mathématique, et que cela aurait été, selon lui, faillir à cette aventure que de la dénaturer par des enjolivements littéraires qui ne sauraient être de mise pour des faits aussi graves. Ces évènements tout secs, sont plus difficiles à lire et demandent une grande contention d'esprit ; mais tels quels, il leur trouve encore leur beauté !
Dans les chapitres qui vont suivre, nous prendrons notre temps pour faire de la littérature. N'avons-nous point la relation toute fleurie de l'aimable commissaire de police Mifroid, dont le titre est si plein de grâce et le sous-titre si plein de mystère ? Voici le premier titre : Promenade de M. le commissaire de police Mifroid et de l'âme réincarnée de Cartouche À L'ENVERS DE PARIS, et voici le sous-titre : Trois semaines chez LES TALPA.
Commenter  J’apprécie          120
M. Longuet, dans les notes qu'il consigna le lendemain de cette nuit funeste sur son carnet des mémoires, ne paraît pas avoir attaché autrement d'importance à l'essorillement de M. Petito.
« La nature des femmes, dit-il, est tout à fait délicate ; j'en jugeai par l'émoi de ma chère Marceline. Elle ne pouvait admettre que j'eusse coupé les oreilles de M. Petito. Sa manière de raisonner était incroyable et combien incompréhensible, mais je la lui pardonnai à cause de sa sensibilité excessive. Elle disait que je n'avais pas besoin de couper les oreilles de M. Petito. Je lui répondis qu'évidemment on n'avait jamais besoin de couper les oreilles d'un homme, pas plus qu'on a besoin de le tuer ; et, cependant, quatre-vingt-dix-neuf hommes sur cent, affirmai-je (et nul ne me contredira), auraient tué chez eux, la nuit, M. Petito. Elle-même, qui n’était après tout qu'une femme, si le revolver eût été chargé, aurait fait tout ce qu'il faut pour tuer M. Petito. Elle ne le nia pas. Eh bien ! en lui coupant les oreilles, n'avais-je pas prouvé qu'il n'y avait aucun besoin de le tuer ?
« Un homme préfère vivre sas oreilles que trépasser avec ses oreilles, et M. Petito se trouvait aussi dégoûté de ses promenades nocturnes dans les appartements des autres que s'il était mort.
« - J'ai agi pour le mieux, avec une grande retenue et une inconcevable humanité.
Commenter  J’apprécie          120
« Cette fois, je crus bien qu'ils avaient compris et que je n'aurais plus à leur expliquer ce qu'est un commissaire de police et un voleur. Mais ils conservaient, qui leur mutisme imbécile, qui leur sourire stupéfiant. Damoiselle de Coucy m'ayant demandé ce que c'était que : au nom de la loi ! je lui parlai de la loi avec un commencement de colère, mais il me fut impossible de me faire entendre ; d'après elle - fallait-il la croire ? - le peuple talpa n'avait ni loi, ni voleur, ni commissaire de police !
« Elle précisa devant tout le monde sa question et me demanda à quoi pouvait servir un commissaire de police. Je lui répondis : « Vous l'avez vu ! À arrêter les voleurs ! » et elle me demanda à quoi pouvaient servir les voleurs ! Je lui répondis : « À se faire arrêter par les commissaires de police ! »


Pour consulter la critique :
https://www.babelio.com/livres/Leroux-La-double-vie-de-Theophraste-Longuet/318775/critiques/1394304
Commenter  J’apprécie          120
Quand on se réveille au fond des catacombes, dit M. le commissaire Mifroid dans l'admirable rapport qu'il rédigea à l'issue de ce surprenant voyage, la première pensée qui vous envahit l'esprit est une pensée de crainte : la crainte d'être vieux jeu ; j'entends par là l'anxiété subite où l'on se trouve de reproduire tous ces gestes ridicules que les romanciers et dramaturges ne manquent point de faire accomplir aux tristes héros qu'ils égarent dans des souterrains, grottes, excavations, cavernes et tombeaux.
Commenter  J’apprécie          180
« – Et alors, reprit Adolphe qui m’écoutait, penché sur moi comme un médecin qui écoute battre l’artère d’un malade, et alors, le sol de cette place que tu traverses, ce sol n’est pas rouge ?
« – Me crois-tu atteint de daltonisme ?
« – Sais-tu bien que cette place, fit-il brusquement, était la place de Grève ?
« – Parbleu ! c’était là qu’était le pilori, là l’échelle, là la plateforme, l’échafaud où se dressaient la roue et la croix, les jours d’exécution, en face de la rue de la Vannerie. Enfin, là se trouvait le vieux port à charbon. Je ne passais jamais sur cette place sans prononcer cette phrase : Il faut éviter la roue ! C’était un conseil que je donnais aux camarades, à Bourguignon, à Bel-à-Voir, à Gâtelard et à la Tête-de-Mouton. Aucun, du reste, je le parierais, n’en a profité.
« – Ni toi non plus ! me fit Adolphe. Malheureux ! c’est là que tu as subi le dernier supplice ! C’est là que tu as été roué ! C’est là que tu as expiré dans les tourments de la roue !
« Il était très animé en disant cela, mais je lui éclatai de rire au nez !
« – Qui est-ce qui t’a raconté cette farce-là ? m’écriai-je.
« – Tous les historiens sont d’accord…
« – Ce sont de foutues bêtes ! Je sais peut-être bien que je suis mort au gibet de Montfaucon !
« – Toi ! tu es mort au gibet de Montfaucon ! Qu’est-ce qui m’a fichu un âne pareil ? s’écria Adolphe qui ne se possédait plus. Tu es mort en 1721 au gibet de Montfaucon ? Mais il y avait beau temps qu’on n’y pendait plus !
« Mais je criai beaucoup plus fort que lui, et nous devînmes le centre d’un rassemblement.
« – Je ne te dis pas que je suis mort pendu ! Je te dis que je suis mort au gibet de Montfaucon !
Commenter  J’apprécie          20

Videos de Gaston Leroux (9) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gaston Leroux
Gaston Leroux : Le Fantôme de l’Opéra (1964 / France Culture). Diffusion sur France Culture le 3 octobre 1964. “Le Fantôme de l'Opéra” est un film radiophonique de Jean-François Hauduroy adapté, en 1964, du roman éponyme de Gaston Leroux écrit en 1910. Ce fantôme, qui hante les sous-sols de l'Opéra Garnier, n'en est pas vraiment un. Il nous effraie et nous terrifie car c'est un personnage de chair et de sang. Erik, le “fantôme” de l’Opéra, personnage tout à fait extraordinaire, dont le rôle est tenu ici par un acteur non moins extraordinaire, Alain Cuny, avec également Danièle Ajoret, René Farabet et Jean-Roger Caussimon dans le rôle du Persan.
Résumé :
Des événements étranges ont lieu à l'Opéra : le grand lustre s'effondre pendant une représentation, un machiniste est retrouvé pendu. La direction doit se rendre à l'évidence : un fantôme ou un homme machiavélique nommé Erik hante le théâtre. Certains affirment avoir vu le visage déformé de cet être qui ne semblerait pas être humain. Peu après, les directeurs de l'Opéra se voient réclamer 20 000 francs par mois de la part d'un certain « Fantôme de l'Opéra » qui exige aussi que la loge numéro 5 lui soit réservée. Au même moment, une jeune chanteuse orpheline nommée Christine Daaé, recueillie par la femme de son professeur de chant, est appelée à remplacer une diva malade, la Carlotta. Elle incarne une Marguerite éblouissante dans “Faust” de Gounod. Or, elle est effrayée. Au vicomte Raoul de Chagny, qui est secrètement amoureux d'elle, elle confesse une incroyable histoire. La nuit, une voix mélodieuse l'appelle : elle entend son nom et cela lui suffit pour inspirer son chant. En outre, l'ange de la musique visite fréquemment sa loge. Elle affirme avoir entrevu l'être qui l'accompagne dans son art. Mais Raoul et Christine ne tardent pas à découvrir que cette voix est celle du fameux fantôme nommé Erik, un être au visage hideux. Ancien prestidigitateur, il s'est réfugié dans son royaume souterrain, sous l'Opéra, pour y composer une œuvre lyrique. Passionnément épris de la jeune Christine, il l'enlève et l'emprisonne dans son repaire des sombres profondeurs. Raoul de Chagny, aidé d'un mystérieux Persan, se lance à la recherche de la jeune femme. Il doit alors affronter une série de pièges diaboliques conçus par le fantôme, grand maître des illusions. Mais la persévérance du jeune Raoul et le courage de Christine, prête à sacrifier sa vie pour sauver le jeune homme, dont elle aussi est éprise, poussent Erik, le fantôme de l'Opéra, au repentir.
Interprétation : Danièle Ajoret (de la Comédie Française, Christine Daaé), Alain Cuny (Erik), René Farabet (Georges / Raoul de Chagny), Jean-Roger Caussimon (Le Persan), Christian Lude (Firmin Richard, le nouveau directeur), Hubert Deschamps (Armand Monchardin, le nouveau directeur), Jeanne Frédérique (Madame Giry).
Avec le concours de René-Jacques Chauffard, Raymond Pélissier, Raymond Jourdan, Micheline Bona, Dominique Jayr, Pierre Decazes et René Renot.
Bruitages : Robert Maufras Réalisation : Claude Roland-Manuel
Sources : France Culture et Wikipédia
+ Lire la suite
Les plus populaires : Littérature française Voir plus
Livres les plus populaires de la semaine Voir plus


Lecteurs (87) Voir plus



Quiz Voir plus

gaston leroux

Quand est-il ne ?

1868
1869
1861
1864

9 questions
23 lecteurs ont répondu
Thème : Gaston LerouxCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..