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EAN : 9782360120222
144 pages
Editions la ville brûle (19/04/2012)
4.07/5   7 notes
Résumé :
Un ouvrage décomplexé. Parler de l'avortement d'une manière positive permet de réaffirmer que l'IVG n'est pas une session de rattrapage pour mauvaises élèves, avec justificatifs et excuses à fournir. Il s'agit de clamer haut et fort que les femmes qui avortent ne sont ni des idiotes ni des inconséquentes, et n'ont pas à se sentir coupables,
honteuses ou forcément malheureuses. Il s'agit enfin de revendiquer le droit d'avorter la tête haute, parce que défendre... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
« Nous en avons assez de cette forme de maltraitance politique, médiatique, médicale. Avorter est un droit, avorter est notre décision, qui doit être respectée : nous ne sommes pas des idiotes ou des inconséquentes. Nous n'avons pas à nous sentir coupables, honteuses ou forcément malheureuses. »

Avant les témoignages, les auteures présentent l'histoire et la situation de l'avortement en France.

Avril 1971, 343 femmes déclarent avoir avorté. « Nous en avons assez de cette forme de maltraitance politique, médiatique, médicale. Avorter est un droit, avorter est notre décision, qui doit être respectée : nous ne sommes pas des idiotes ou des inconséquentes. Nous n'avons pas à nous sentir coupables, honteuses ou forcément malheureuses. »

Avant les témoignages, les auteures présentent l'histoire et la situation de l'avortement en France.

Avril 1971, 343 femmes déclarent avoir avorté. « Par cet acte de désobéissance civile, les femmes signataires du Manifeste des 343 ont contribué à faire de l'avortement une question politique ».

Alors, qu'aujourd'hui le droit à l'avortement est inscrit dans la législation, à la fois les moyens de ce droit « Les difficultés d'accès à l'avortement ne se résument donc pas à une question de délai : c'est la visibilité même des structures et des interlocuteurs qui semblent poser problème » et l'environnement social « C'est un acte dont on ne peut pas parler », sont un frein à l'exercice de ce droit, sans oublier la maltraitance au sein du milieu hospitalier « Ces conditions lamentables, associées aux comportements inacceptables de certains médecins font de l'avortement une véritable épreuve pour les femmes ».

Les auteures soulignent, entre autres, « l'acharnement de l'entourage des femmes ayant avorté à dramatiser l'acte » ou « Ce sont de véritables injonctions faites aux femmes : si vous avortez, vous devez être traumatisée, psychologiquement déstabilisée ; vous devez vivre votre décision comme un drame de votre vie ».

Pourtant l'avortement fait partie de la vie des femmes « près d'une femme sur deux y a recours dans sa vie » et pour le dire comme une interlocutrice en fin du livre « Les Françaises font en moyenne 2 enfants et 0,4 IVG. Cela fait 2,4 conceptions, toujours en moyenne, pour toute une vie de parties de jambes en l'air ! Alors je trouve globalement, elles gèrent rudement bien leur contraception ». Mais il ne faudrait pas oublier que « la contraception n'est pas un moyen d'éviter des avortements, mais un moyen d'éviter des grossesses non désirées. Ce qui n'est absolument pas la même chose ».

Le livre et le blog avant lui (http://blog.jevaisbienmerci.net/) ont un objectif affiché et assumé « qu'une autre parole puisse émerger sur l'avortement, que les femmes puissent exercer leur droit sans baisser la tête ».

Quelques citations des témoignages :

« Avorter est un droit plein et entier et le prêchi-prêcha obligatoire pré-intervention sert à culpabiliser les femmes. Ce n'est pas une dérogation que l'on nous accorde, c'est un droit que l'on exerce. »

« Pourquoi me demande-t-on de justifier mon avortement alors qu'on ne m'a pas demandé de justifier la naissance de mes enfants ? Les conséquences d'une naissance sont tout de même nettement plus lourdes, non ? Quelle logique appliquez-vous ? »

« C'est comme ça, c'était un choix entre moi et moi. »

« Quand vous avortez, on écoute votre malheur, pas votre colère d'être traitée comme de la merde ; On vous tend un miroir déformant : vous vous y voyez comme une femme flasque, défaite, éparpillée sur le sol, brisée. Alors que vous essayez de lever le poing, on vous tend un mouchoir et on vous prédit les larmes. »

« Et que ce n'était pas un drame, juste un droit (mais que les femmes aient des droits, c'est peut-être un drame pour certains !). »

« Les mots font parfois plus mal que les outils chirurgicaux. »

« Depuis je vais bien merci ! Pas l'idée débile et asservissante que cet amas de cellules de la taille d'un quart de cacahuète aurait pu être un ”être vivant”, un ”bébé”, ni même un ”foetus”. Amas de cellules il était, amas de cellules il n'est plus. J'ai avorté, je vais bien merci ! »
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Génial! Excellent livre qui retrace brièvement les grandes étapes de l'IVG en France, les conditions avant la Loi Veil, ensuite on a les témoignages découpés en espaces temporels: Avant 75, entre 75 et 80 puis tous les 10 ans; la partie suivante donne la parole à des soignants qui avortent "De l'autre côté de la canule"; j'ai adoré la partie finale sur "le dispositif d'accueil collectif du Planning Familial de Poitiers" plein de respect, de partage, d'écoute et d'apaisement.
Ce petit livre de moins de 150pages est un concentré d'optimisme et aide à la déculpabilisation: oui, on peut avoir avorté et aller bien, c'est même souvent le cas et c'est pas un problème, c'est tant mieux. Chaque histoire est unique et se respecte en tant que vécu particulier et singulier.
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La situation de l'avortement en France est assez paradoxale. D'un coté l'avortement est un droit garanti par la loi et reconnu par une très grande majorité de la population, et de l'autre les femmes qui y ont recours sont stigmatisés, pointés du doigts, régulièrement même par les praticiens médicaux qui sont censés les accompagner dans la démarche de l'IVG. En fait tout se passe comme si les femmes qui avortent devaient obligatoirement se sentir coupable et/ou psychologiquement détruite après cet acte. C'est en tout cas l'image que la société leur renvoie.

C'est pour lutter contre ce genre de représentations qui font finalement plus de mal aux femmes que l'avortement lui-même que ce livre est nait. Il regroupe un grand nombre de témoignages, classés par année, qui permet de voir la grande diversité de profils des femmes, contre tous les stéréotypes. Tous se terminent par ces mots simples mais forts : j'ai avorté et je vais bien, merci. Pour qu'on arrète de leur demander de se justifier, ou qu'on les enferme à la fois dans un statut de victime (l'avortement comme événement qui serait forcément traumatisant) et de coupable. Un livre militant pour un combat qui ne sera sans doute jamais définitivement gagné !
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Mais pourquoi vous, militants féministes, défendez vous des thèses qui nient la souffrance de millier de femmes aujourd'hui ? Pourquoi ?

Vers qui, sinon vous, peuvent se tourner celles qui souffrent ? Vers civitas qui les prends pour des monstres ?

La loi Simone Veil est une bonne loi car elle permet aux femmes de ne pas avorter dans des conditions inhumaines. Toutefois elle ne fait que médicalisé et sécuriser la pratique, et ne règle pas le problème de la détresse des jeunes gens qui consentent à avorter à contre coeur.

Si des femmes suffisamment riches et à l'entourage bienveillant ont réellement le choix d'avorter en toutes conscience et sans regret il faut bien-sur défendre leur droit à avorter.

Mais cette défense n'est pas incompatible avec le fait de dire que pour d'autres le choix se transforme rapidement en dilemme, et le droit en obligation.Je suis convaincu qu'il faut combattre pour dénoncer le calvaire psychique de celles qui avortent par crainte d'une situation de précarité.

Faire fis de cette réalité d'un revers de la main, c'est vraiment injuste et choquant, surtout de la part de féministes.

Bref, je trouve que la démarche du livre est aussi immorale, si ce n'est pas pire, que le discours de ceux qui souhaitent criminaliser l'avortement.
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Un ouvrage qui fait du bien pour rappeler que Oui, on peut avorter pour de multiples raisons et aller très bien après coup, ne pas finir traumatisée par l'acte (contrairement à une idée faussement répandue). Je regrette juste que les annexes ne soient pas mises à jour avec les quelques maigres avancées sur la question (comme le remboursement intégral des IVG par la sécurité sociale).
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Avant 1975, en France, les femmes avortent dans la clan­des­ti­nité et à leurs risques et périls. Beau­coup en meurent ou sont muti­lées à vie. Cha­cune fait ce qu’elle peut, en fonc­tion de son car­net d’adresse et de ses moyens. Cer­taines ont assez d’argent pour aller avor­ter dans quelque cli­nique suisse ou anglaise, tan­dis que d’autres se retrouvent sur la table de cui­sine « d’une fai­seuse d’anges », entre la mar­mite de pot-au-feu et le buf­fet en for­mica, en échange de quelques billets. D’autres encore sont obli­gées de se débrouiller seules et uti­lisent ce qu’elles peuvent pour s’avorter : « aiguille à tri­co­ter, baleine de para­pluie ou de cor­set, épingle à che­veux » mais aussi « des bigou­dis, des scou­bi­dous, des tuyaux d’aquarium, des piques (que les ven­deuses uti­li­saient pour mar­quer les prix) […] des ciseaux, des four­chettes, des branches d’arbre, des tiges de lierre ou de per­sil, des os de pou­let, du fil de fer, du fil élec­trique, un bout de bois » (GAUTHIER (Xavière), Paroles d’avortées, quand l’avortement était clan­des­tin, La Mar­ti­nière, 2004, pages 20–21.).

Quelles que soient les condi­tions, avant 1975,lorsqu’une femme est déter­mi­née à avor­ter, elle doit sup­por­ter le pire. Com­bien d’entre elles sont allées tra­vailler avec une sonde intro­duite dans l’utérus, souf­frant le mar­tyre dans l’espoir d’interrompre une gros­sesse dont elles ne veulent pas ? Gisèle Halimi raconte ainsi qu’elle a plaidé des jours entiers au tri­bu­nal, avec une sonde sous sa robe d’avocate. Pen­dant le pro­cès, elle se tient debout, mal­gré « une dou­leur intolérable,fulgurante », des « ver­tiges [qui lui] brouillaient la vue » et « une fatigue atroce » (HALIMI (Gisèle), La cause des femmes, Gras­set, 1973, pages 47.). Pour déclen­cher l’avortement, les femmes essaient de pro­vo­quer une infec­tion. Cer­taines arrivent à l’hôpital à temps :la gros­sesse est inter­rom­pue et l’infection peut se soi­gner ;d’autres arrivent trop tôt, et repartent avec leur gros­sesse etquelques médi­ca­ments pour soi­gner l’infection. Et puis il y acelles qui n’arrivent jamais à l’hôpital ou qui arrivent trop tard, alors que l’infection ne peut plus être enrayée : elles perdent alors leur uté­rus, leurs trompes ou leur vie, à la suite d’une sep­ti­cé­mie, d’une hémor­ra­gie ou d’une embolie.

De nombreux-ses militants-es luttent contre cette situa­tion into­lé­rable. En avril 1971, 343 femmes prennent le risque de décla­rer publi­que­ment avoir avorté, et ainsi enfreint l’article 317 du code pénal fran­çais. Ce fai­sant, elles s’exposent à une peine allant jusqu’à deux ans d’emprisonnement si le Minis­tère public­choi­sit de les pour­suivre – ce qu’il ne fit pas. Par cet acte de déso­béis­sance civile, les femmes signa­taires du Mani­feste des 343ont contri­bué à faire de l’avortement une ques­tion poli­tique. Il fau­dra encore quatre années d’âpres luttes (Ces luttes furent menées par des femmes, des méde­cins, des avocat-es… On se sou­vient par exemple du MLAC (Mou­ve­ment pour la liberté de l’avortement et de lacon­tra­cep­tion), du MFPF (Mou­ve­ment fran­çais pour le plan­ning fami­lial), ou encore de l’association « Choi­sir la cause des femmes », fon­dée notam­ment par Gisèle Halimi.) pour que soit – dif­fi­ci­le­ment – votée une loi auto­ri­sant le recours à l’avortement.

Cette loi, d’abord votée pour un temps défini (cinq années) est arra­chée dans un cli­mat d’une grande vio­lence, notam­ment vis-à-vis de la ministre de la Santé, Simone Veil, qui essuie de nom­breuses insultes. Mais la loi est là. Elle per­met enfin aux femmes d’avorter dans de bonnes condi­tions sani­taires, au sein d’hôpitaux fran­çais et sans ris­quer leur vie. Mieux, dès 1982, l’acte est enfin rem­boursé par la Sécu­rité sociale. Mais l’avortement est sou­mis à de nom­breuses condi­tions : les femmes doivent obli­ga­toi­re­ment se rendre à un « entre­tien social » avant chaque IVG, l’avortement n’est auto­risé que dans un délai de 12 semaines d’aménorrhée (absence de règles), soit dix semaines de gros­sesse, et les jeunes femmes mineures doivent obte­nir le consen­te­ment de leurs parents pour béné­fi­cier d’une IVG. Il fau­dra attendre 2001 pour que le délai légal passe de 12 à 14 semaines d’aménorrhée (soit de 10 à 12 semaines de gros­sesse), que l’entretien préa­lable obli­ga­toire soit sup­primé pour les femmes majeures, et que les mineures puissent avor­ter sans le consen­te­ment de leurs parents.

Dix années après la loi de 2001, trente-cinq ans après la loi Veil et plus de qua­rante années après le Mani­feste des 343, où en sommes-nous avec l’avortement ? C’est ce que nous vous pro­po­sons de décou­vrir à tra­vers les témoi­gnages de femmes, de militant-es et de soignant-es.

« Vous devez vous sen­tir cou­pable » Notre action a débuté à l’occasion des 40 ans du Mani­feste des 343, en avril 2011. Nous, filles des 343, avons sou­haité don­ner à nou­veau la parole aux femmes, pour lut­ter contre la culpa­bi­lité et le silence dans les­quels, encore actuel­le­ment, sont enfer­mées celles qui décident d’interrompre volon­tai­re­ment leur gros­sesse. À tra­vers les témoi­gnages que vous allez lire, se des­sine l’image de l’avortement aujourd’hui en France – et cette image est, c’est le moins que l’on puisse dire, contrastée.

Com­men­çons par ce qui est encou­ra­geant. Les femmes venues témoi­gner sur le site IVG : je vais bien, merci ! sont com­ba­tives et lucides. Conscientes que ce droit fon­da­men­tal est sans cesse menacé, elles ne semblent pas prêtes à bais­ser la garde.
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Depuis je vais bien merci ! Pas l’idée débile et asservissante que cet amas de cellules de la taille d’un quart de cacahuète aurait pu être un ”être vivant”, un ”bébé”, ni même un ”fœtus”. Amas de cellules il était, amas de cellules il n’est plus. J’ai avorté, je vais bien merci !
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« L’avortement, c’est la possibilité d’interrompre un processus biologique entamé, sur décision de la femme concernée. Ce n’est pas une session de rattrapage pour mauvais élèves, avec justificatifs et excuses à fournir. C’est un droit. »
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Nous en avons assez de cette forme de maltraitance politique, médiatique, médicale. Avorter est un droit, avorter est notre décision, qui doit être respectée : nous ne sommes pas des idiotes ou des inconséquentes. Nous n’avons pas à nous sentir coupables, honteuses ou forcément malheureuses.
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Quand vous avortez, on écoute votre malheur, pas votre colère d’être traitée comme de la merde ; On vous tend un miroir déformant : vous vous y voyez comme une femme flasque, défaite, éparpillée sur le sol, brisée. Alors que vous essayez de lever le poing, on vous tend un mouchoir et on vous prédit les larmes.
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