Quand je tombe sur un livre que je n'aime pas, je me demande toujours si c'est la faute du livre, ou la mienne, ou des circonstances en général, genre qu'il pleut tellement & tellement depuis quatre jours que j'en veux à l'auteure de ne pas me rappeler, par la justesse de sa prose & la vivacité de ses personnages (mettons), que dans la vie il y a des choses moins ternes & blafardes, moins fades que mon propre petit quotidien.
Dans ce cas-ci, un peu des trois. Ma faute, la faute du livre, & sûrement au moins un peu la faute de la pluie.
Dans l'espèce de post-face en italiques qui clôt '
Polaroïds', l'auteure explique que ce qu'elle a voulu faire (& là,
Sophie Létourneau, je m'excuse si je dénature ton propos) c'est de montrer les instants, les souvenirs qui n'apparaissent pas dans les albums-photos – les amertumes, les petites trahisons, les coeurs lancinants & les vrais grands chagrins. & j'imagine que l'objectif est atteint, parce que la quarantaine de micro-nouvelles qui composent le livre font exactement ça : retracer les moments oubliés de la vie de Sophie, la narratrice, les moments pénibles ou tranquilles ou décevants – ou ennuyants, tout simplement.
Parce que le problème, pour moi, est un peu là : les choses qui sont racontées ne donnent pas toujours l'impression de valoir la peine d'être racontées. Je comprends le concept, je comprends que le but c'est de rendre romanesque (j'utilise probablement pas le bon terme) ce qui au départ ne l'est pas, redonner une voix aux récits qui ordinairement seraient oubliés – mais j'ai pas accroché. Les vingt-cinq premières années de la vie de Sophie, son enfance tranquille & son adolescence comme tout le monde, ses premiers déboires de jeune adulte, je n'ai jamais vraiment compris pourquoi je devrais m'y intéresser. L'écriture est minimaliste, parfois répétitive, ce qui me rebute toujours un peu ; & c'est là que ça devient personnel, parce que je tombe dans les choses qui me plaisent moins en fiction & qui nécessitent, dans mon cas, au moins un peu de soleil pour être endurables. Je suis convaincue que c'est un livre qui plaira à d'autres personnes, vraiment – mais pas à moi.
Bref. À ne pas lire les jours de pluie.