Elle s'appelle Rose, Yinghong en chinois (Ombre Rose) ou Ahong, et Ayakô en japonais. En famille, ils parlent également chinois (ou taiwanais) ou japonais, et les ignorants apprennent l'importance de l'année 1894, début de la guerre perdue qui détachera en 1895 Taiwan et les Pescadores de la "mère patrie", la Chine (ou l'empire mandchou?). Puis le rôle des Japonais qui "pacifient" Taiwan... Rose vient d'une grande famille (la 8ème génération de la lignée des Zhu). Son père a envoyé les aînés étudier au Japon et aux Etats-Unis, et Rose plus tard "pour que vous mes enfants, puissiez tout recommencer dans un environnement propre et neuf."
C'est dire si l'arrière plan culturel est complexe dans un roman empreint de références à un siècle de bouleversements ; un curieux roman, riche d'informations sur l'essor de Taiwan, la spéculation immobilière, la pratique des affaires via les dîners d'affaires, avec de constants aller-retour entre les époques : l'enfance de Rose, l'arrière plan politique, la rencontre des deux amants, l'évolution de leur relation, et la figure récurrente du jardin. La nature est omniprésente, avec des descriptions de la conception du jardin, puis de sa réhabilitation par le père. Des descriptions également de la profusion des espèces de végétaux, leurs variations selon les saisons, et le roman, qui part du jardin, y revient sans cesse. C'est un espace à la fois historique et magique, lié à l'enfance, à la mythologie de la lignée d'une grande famille et à la perception d'une nature puissante et civilisée, vibrante et sophistiquée, codifiée. Comme une métaphore des circonvolutions du désir amoureux et des pulsions, et à divers niveaux des relation de pouvoir entre hommes et femmes. L'ensemble est d'abord déroutant, mais finalement assez captivant pour raconter la complexité d'une histoire d'amour pour un homme dont elle se demandera, à la fin du roman, si elle l'a jamais aimé.
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Revenant de Taïwan j'ai trouvé ce livre fort intéressant , il raconte l'histoire de cette île :les premiers chinois arrivés au XVIII ème siècle ,la domination japonaise , l'arrivée de Tchang Kaï chek fuyant la Chine communiste et comment les habitants ont du composer avec ces différents régimes .C'est alors le moment de la spéculation immobilière et la montée en puissance de nouveaux riches .C'est aussi une histoire d'amour ,une ode à la nature si présente à Taïwan ,surtout dans le centre et le sud et je crois bien avoir visité cette maison de monsieur Lin ,en partie ouverte au public !
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J'ai lu ce roman en fin collège, début lycée. C'était bien trop tôt pour l'apprécier à sa juste valeur, mais avec le recul je me rends compte qu'il est d'une finesse et d'une nostalgie assez rare. L'auteur nous emmène à travers le Taiwan des années 90, en plein boom économique et démocratique. L'île a su faire cohabiter l'ancestral et le moderne, le japonais et le chinois, et le personnage principal semble personnifier ce petit pays à l'ambiance insulaire si particulière.
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Puisque nous devons fatalement être délaissées, nous le savons, la fille, la chanson et moi-même, qu'il ne nous reste qu'à devancer le destin en anticipant la rupture.
Li Ang :
Tuer son mariToujours en Chine, dans la ville de Tongli, Province de Jlangsu ,
Olivier BARROT nous présente le livre de
Li ANG , romancière de Taïwan , "
Tuer son mari" . Il nous en raconte l'histoire et nous lit quelques lignes de ce
roman .