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EAN : 9791095718536
512 pages
Agullo (14/02/2019)
4.02/5   24 notes
Résumé :
"Arséni Andréiévitch, nu comme un ver, constata sans équivoque que l'organe le plus important du corps masculin manquait à son reflet."

Avec L'Outil et les Papillons, Dmitri Lipskerov entraîne le lecteur dans un carnaval fantastique échevelé, démoniaque et absurde, une variation hilarante sur Le Nez de Gogol.Un beau matin, l'honorable Arseni Andréiévitch Iratov, célèbre architecte de cinquante ans dont le parcours rappelle celui d'un Rastignac soviét... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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"Au commencement Dieu créa le ciel et la terre. La terre était comme un grand vide, l'obscurité couvrait l'océan primitif et le souffle de Dieu agitait la surface de l'eau."
C'est beau non ? La terre était comme un grand vide... le vide, cette chose incommensurable qui envahit soudainement le bas-ventre du personnage principal de cette bien étrange histoire car il est aussi question de Dieu dans ce récit dont la narration est attribuée à un curieux personnage dont nous savons si peu et qui pourrait bien être un ange déchu tombé du ciel.

Par quelle ironie du sort le dénommé Arséni Andréiévitch Iratov, fringuant quinquagénaire se retrouve-t-il un beau matin dans ses appartements d'un quartier cossu de Moscou, privé de son appendice masculin, délesté de tout organe viril, ô comble de l'horreur ô malheur, lui qui aime (qui a tant aimé) les femmes ?
C'est qu'il ne s'est pas privé notre ami Arséni, il a même profité largement de toutes les bontés que pouvaient lui offrir le sexe et les femmes et il a bien failli s'y perdre durant sa jeunesse, semant allègrement sa petite graine à droite et à gauche avec moult insouciance, l'insouciance de ses vingt ans sûrement, laissant au passage une petite poignée d'enfants illégitimes qui ont tous leur importance dans ce récit. Lui que l'on surnommait "Yakoute", le brillant étudiant en architecture qui, pour arrondir ses fins de mois difficiles dans la Russie du début des années 80, s'adonne au trafic de devises, lui qui des années plus tard devient un diamantaire réputé mais non sans être passé par la case prison après avoir été accusé de n'avoir pas su aimer sa patrie et d'avoir tenté de corrompre un agent du KGB en la personne d'une femme, Alievtina Verontsova, dénuée de charmes mais à laquelle on ne manquera pas d'accorder d'autres qualités puisqu'elle portera elle aussi l'un de ses nombreux rejetons.

"Un fruit défendu peut-il vous induire à la tentation de le goûter combien même il serait défendu ?"
Le fruit défendu ou le sexe disparu d'Arséni Andréiévitch Iratov qui réapparait comme par enchantement dans les années 60 auprès de la douce Alissa qui vit avec sa mémé Xénia dans leur modeste isba d'un petit village perdu au milieu de la campagne russe. le sexe disparu d'Arséni réincarné en un petit gnome, un petit Schtroumpf, qui sous les bons soins prodigués par la jeune demoiselle va grandir très très vite pour devenir un bel éphèbe vaillant et plein d'arrogance dont les actions ne seront pas sans conséquences dans cette histoire vous l'aurez bien compris puisque ce dernier n'hésitera pas à aller à l'encontre de son propriétaire ni même à séduire la compagne de celui-ci et comment pourrait-il en être autrement alors que la belle et voluptueuse Veruschka s'est elle aussi vue privée du Saint-Graal. Saura-t-elle résister à la tentation du fruit défendu ?

Malgré une narration alambiquée due aux nombreux personnages et à une chronologie alternée parfois même un brin loufoque, j'ai apprécié la lecture de ce roman. Quand l'esprit de Gogol se mélange avec celui de Dieu et insuffle la punition divine par excellence cela donne un roman déjanté à l'écriture caustique et acérée qui passe avec brio de situations burlesques à des situations bien plus tragiques puisque derrière "l'Outil" auquel fait référence le titre, se cache la vision désabusée de l'auteur sur une Russie communiste, celle d'avant la Perestroïka, celle des années pré-Gorbatchev, engluée dans le dogmatisme, qui plie sous le poids des dépenses militaires et dans laquelle le paternalisme n'est pas encore révolu. Une Russie où les hommes et les femmes courageux peinent à trouver leur place à l'image des personnages de Yseult et Iossif qui font malheureusement les frais des égarements d'Arséni et ne sont finalement que les dommages collatéraux issus des petites graines semées par ce dernier.

Dmitri Lipskerov nous offre ici un roman beau comme une envolée de papillons aux allures de dystopie, tout au long duquel souffle un vent divin. Je vous en conseille vivement la lecture.
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Imaginez un cadeau, un gros cadeau, contenant lui-même plein de petits cadeaux. Vos yeux pétillent, et à chaque fois que vous ouvrez une de ces surprises inattendues, des Oh !, des ah ! , des Shebam ! Pow ! Blop ! Wizz ! fusent de toute part. Voilà l'effet que m'a fait ce livre, un livre surprenant, une friandise, dont je connaissais la ficelle, mais en la tirant me sont tombées dessus en cascade, un peu pèle mêle, plein d'autres surprises comme autant de bulles irisées, étonnantes et jubilatoires. Vous les dévoiler vous enlèverait la fraicheur et le pétillant que j'ai ressenti en lisant ce livre. Donc je vais juste vous évoquez l'histoire dans ses grandes lignes, telle que nous pouvons la trouver en 4ème de couverture, sans rien mais rien dévoiler surtout des méandres loufoques de cette histoire décalée, absurde, cette fable russe avec laquelle j'ai eu le bonheur de passer le WE.

C'est donc l'histoire d'un homme, Arseni Andréiévitch Iratov, riche quinquagénaire russe, d'une beauté ténébreuse, aux nombreuses conquêtes féminines, actuellement en couple avec la belle Véra, qui, un matin, constate avec effroi qu'il a perdu son membre viril, son appendice précieux, l'outil avec lequel il sait si bien faire frémir et virevolter les papillons des ventres de ces dames, oui il a perdu son pénis. Pas de mutilation sanglante, aucune douleur, non, il se lève et il n'a juste plus rien. Il le cherche, en vain : « Iratov eut alors l'idée d'utiliser son miroir grossissant monté sur un bras métallique articulé, comme dans les hôtels. Grimpant sur une chaise, il approcha le miroir-loupe de son entrejambe. Sur la surface égale de son épiderme, aussi lisse que si jamais rien n'en avait pointé, on voyait une petite ouverture soignée. Arséni Andréiévitch l'inspecta avec la plus grande attention, comme si cet orifice était une vermoulure cosmique, voire un trou noir qui avait englouti sa nature. » Son sexe s'est séparé de lui, comme un module d'une station spatiale. Dorénavant, il agit de façon autonome. Arséni espère trouver quelques réponses sur Internet mais déjà comment formuler la question… « Est-il arrivé à votre pénis de disparaître ? » Un vrai galimatias… « Lui est-il arrivé de vous quitter ? » ou « Comment vivre sans son sexe ? ». Pas simple.
Encore plus surprenant lorsque le membre viril disparu réapparait comme par magie dans les années 60 auprès d'une jeune adolescente, Alissa. Une sorte de gnome, tout petit, qui, grâce aux soins prodigués par la jeune fille, assez troublée, grandit très vite et devient un beau jeune homme.

Voilà ne pas en dire plus surtout. Et seulement vous dire pourquoi j'ai aimé cette histoire :

- L'écriture est fluide, aérienne, légère. Elle entrelace le surnaturel et le poétique. Mais l'écriture est également caustique, acérée. Au service d'un humour acide. L'auteur utilise tous les styles, celui du conte, du roman d'anticipation (comment faire dans une société sans mâle, sans testostérone ? Un pénis vous manque et tout est-il dépeuplé ?), de la fable religieuse et existentielle (un vent divin souffle sur ce roman narré par un être, sorte d'ange omniscient nous relatant la punition divine et la rédemption des âmes faibles). Cela donne un roman original et réjouissant qui sort complètement des sentiers battus.

- « L'outil et les papillons », sous couvert d'une fable à priori innocente et grivoise, en dessous de la ceinture, dénonce la Russie communiste, la corruption qui la gangrène, les dépenses militaires qui l'asphyxie, la société hyper-masculine, l'alcoolisme, les injustices. Une fresque au vitriol des bassesses de la société russe et des difficultés pour le peuple à être heureux : « j'ai regardé de l'autre côté de la vitrine ces gens qui vaquaient à leurs occupations sous les flocons de neige. Ils avaient presque tous la mine maussade, comme d'ailleurs la majorité de la population vivant dans la plaine centrale de Russie. Conçus sans joie, ils vivent dans la tristesse. Comment peuvent-ils savoir que la neige qui tombe est un bienfait ? Ce qui vient d'en haut n'est que joie, alors que d'en bas ne surgit rien de bon. »

- Dimitri Lipskérov se joue de nous, lecteurs médusés, car la chronologie, les personnages, les histoires, tout se mêlent et s'entremêlent. Cela crée un univers fantasmagorique et absurde dans lequel j'ai aimé plonger même si j'avais l'impression parfois d'avoir des hallucinations. Je m'arrêtais alors, prise de vertige, en me disant « bon, alors lui déjà c'est le petit-fils d'untel mais attends, temporellement, ça ne va pas… » Non, il faut lâcher et tout va bien, se laisser porter par le flow et tant pis si c'est un peu embrouillé par moment. D'ailleurs l'auteur l'écrit lui-même : « Les événements lui paraissaient pour le moins étranges, quelque peu grandiloquents et excentriques. Il s'efforça d'analyser l'information à partir du passé récent : la perte de son appareil génital, Sytine, le saphir, les secousses boursières, Véra… tout cela s'imbriquait en une pelote d'absurdités où il croyait discerner un sens. — Quelles foutaises ! lâcha-t-il à haute voix. » ou encore « Iratov se dit que la situation était d'un surréalisme digne de Dali. Un jeune homme cherche à prouver à un individu qu'il n'est autre que son sexe ! En même temps, la disparition de l'objet susmentionné chez Arséni Andréiévitch n'était pas moins absurde que les oeuvres de Kafka. » Voilà qui est dit et assumé pour notre plus grand plaisir.

Ce livre, vous l'aurez compris, m'aura procuré un immense bonheur de lecture. Ce livre, un outil baroque pour faire vibrer en nous les ailes du plaisir. Je vais me tourner à présent vers son premier ouvrage publié en 2017 « le dernier rêve de la raison » qui est, parait-il, rocambolesque et onirique. Déjà hâte ! Merci à Gaëlle et à Tetrizoustan pour cette belle découverte !


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Ce que j'ai ressenti:

*Un seul outil vous manque…Et tout est dépeuplé.

Car à y perdre cette partie là de l'anatomie masculine, Arseni Andreiévitch ne pensait pas qu'il vivrait un tel drame! Mais le pire, c'est que ce manque parait épidémique… Imaginez un peu, un avenir sans testostérone et voyez, l'envol des perspectives…

Mais si en plus, les gnomes s'invitent et prennent la place dans les branle-bas des rendez-vous amoureux, que les diamants reluisent dans les ombres et que la guimauve n'adoucit plus les moeurs, il va en rester quoi de notre monde? Dmitri Lipskerov joue les tailleurs d'anatomie et fait danser les papillons, dans une histoire sucrée/salée aux allures de science-fiction.

"-À quelque chose malheur est bon."

*Une fable délicieuse…

Cette lecture est une friandise, tant par son originalité détonante, que par son absurdité délicieuse. Elle se fait poésie, et parfois délicatesse, comme une aile de papillon posée sur une peau. Et pourtant, c'est bel et bien une fantaisie presque démoniaque qui vient s'inviter dans ces pages! Cette petite pointe de provocation envers cette absence incongrue de sexe masculin, vient gratter quelque peu les clichés de notre société, et la féminité de fleurir avec panache. J'ai trouvé que l'auteur avait une perspicacité bien sentie et une plume rafraîchissante. Derrière un humour complètement décalé, il nous donne à réfléchir sous couvert de fantaisie, sur les modes de vies, l'histoire et les influences de la Russie.

"Nous venons dans ce monde pour devenir meilleurs."

*Un petit OLNI follement pétillant.

J'ai vraiment adoré ce mélange des genres entre contemporain, réécriture et dystopie. C'est à découvrir! Inclassable, intelligent, sensible et hilarant, c'était vraiment un chouette moment de lecture! J'avais vraiment été attirée par cette jolie couverture, et je ne regrette pas cette virée dans Moscou, grâce cette histoire déjantée. Je suis conquise. Et ce final, tout en finesse et en poésie, c'était génial…En bref, une belle découverte!

"-Je ne veux pas que tu gâches ta vie à t'occuper de ma folie!"



Ma note Plaisir de Lecture 8/10

Remerciements:
Je tiens à remercier très chaleureusement Babelio ainsi que les éditions Agullo de leur confiance et l'envoi de ce livre.
Lien : https://fairystelphique.word..
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Enfin un livre qui ne donne pas l'impression qu'on l'a déjà lu une dizaine de fois (à l'instar d'ailleurs des deux autres romans de Dmitri Lipskerov que j'ai pu lire, notamment "Le dernier rêve de la raison"). Dans "L'outil et les papillons", nous rencontrons Arséni Iratov, un homme à qui tout réussit apparemment : il a la beauté du diable, une carrière d'architecte couronnée de succès, une femme splendide et aimante, des richesses incommensurables… Et pourtant, d'entrée de jeu, un grain de sable vient de gripper la machine : il se réveille une nuit, dépourvu de son sexe. À partir de là, rien ne se passe comme on l'attendrait. D'une part, ce sexe réapparaît sous la forme d'un sosie d'Arséni Iratov ; d'autre part, des pans entiers de la narration sont pris en charge par un être étrange qui semble doté de capacités hors du commun et d'une animosité, en apparence inexplicable, à l'encontre d'Arséni Iratov. Alors, sous les yeux du lecteur médusé, la chronologie, la vraisemblance, les personnages… tout se brouille sans qu'on s'y perde jamais, pour créer une fantasmagorie qui pourrait faire songer à des hallucinations sous acide.
Dans ce tourbillon, l'imagination du lecteur trouvera de quoi étancher sa soif, avant que le cynique qui sommeille en lui n'entrevoie de réjouissants prétextes pour ricaner de ses semblables, puis qu'un découragement crépusculaire n'enveloppe enfin cet univers, une fois la dernière page tournée. Oui, ce livre est une réussite, tant par son ambition existentielle que par sa remarquable construction et un art de dérouter sans cesse les attentes du lecteur. Un immense plaisir de lecture.
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Russie - Voilà un livre qui sort des sentiers battus. L'auteur m'a désarçonnée plusieurs fois ...

Le début déjà : un homme, la cinquantaine, se rend compte un matin que son sexe a disparu . J'ai beaucoup aimé cette première partie qui analyse précisément les réactions d'Arseni Andreiévitch Iratov, celle de son médecin, celles de sa compagne (qui se découvre soudain un désir d'enfant...) ;  j'ai cru entrevoir par moment Romain Gary et "Au delà de cette limite votre ticket n'est plus valable" ...

A la fin de cette première partie, je me demandais bien comment l'auteur allait tenir 512 pages sur le sujet ou plutôt l'absence du sujet.
L'auteur change alors de registre et nous suivons une jeune fille 14 ans qui rencontre un homoncule (qu'elle appelle stroumpf, j'ai beaucoup ri lors de cette partie)
Puis retour auprès d'Arseni Andreiévitch Iratov (qui n'a toujours pas retrouvé son sexe), c'est l'occasion pour l'auteur de raconter sa vie : de petit garçon, d'étudiant en quête de vocation, de jeune trafiquant de devises (nous sommes dans les années 70 à ce moment là) puis de séjour (assez court) aux Usa. Il n'y a aucune date dans ce livre et je n'ai pas toutes les connaissances historiques pour connaître les dates de « règne » des différents dirigeants cités : Khrouchtchev, Gorbatchev, Eltsine (le dirigeant présent au moment de l'histoire, donc je dirais que l'histoire prinicapele se situe juste avant les années 2000).

En parallèle, nous suivons aussi un homme, qui est le seul narrateur de l'histoire, il semble épier Iratov (un maître chanteur ? le diable ?, un espion du KGB ? ) ; j'ai cru entrevoir par moment Léo Perutz ...

Nous avons aussi via son intermédiaire des informations sur les enfants (3) tous illégitimes d'Arseni Andreiévitch Iratov, qui finissent de définir le portrait de cet architecte à la fois malhonnête et attachant.

Vous trouverez peut-être que mon avis part un peu dans tous les sens ! Et bien oui, j'ai souvent eu l'impression que l'auteur partait lui même dans tous les sens (mais à la fin je me suis dit : c'est très construit tout cela finalement avec des situations réelles, du fantastique, de l'ironie, une moquerie des systèmes politiques de tous bords, de la religion...et un bon brin de misogynie aussi, et peut être un peu de misanthropie itou )

En conclusion : Un livre foisonnant, très dense que je relirai bien pour essayer de creuser ce que j'ai manqué...
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Cette fois-ci la partie se prolongea sur trente-deux coups, après quoi, il resta sur le tablier les trois pièces blanches principales, face au roi noir, protégé par un seul pion.
Iossif aurait pu abréger bien plus tôt les souffrances de l'adversaire, mais il voulait l'inciter à se rendre, ce qui aurait épargné au colonel le déshonneur lié à la formule "échec et mat". Or, le guébiste ne se rendait pas, il faisait courir son roi deci delà, en constellant l'échiquier de gouttes de sueur, tandis que Iossif lui préparait échec après échec, jusqu'à ce que Biélitch lui adresse enfin un signe de la tête : "Achève-le !"
Iossif déplaça sa tour à l'horizontale et déclara :
- Échec et mat !
Le commandant fut sur le point de danser à la cosaque. Son visage avait rougi comme celui de Jamine, mais pour une autre raison : c'était du bonheur, alors que le colonel semblait au bord de l'apoplexie.
- Youpin ! répliqua le guébiste. Sale youpin ! À sa grande surprise, Iossif montra les dents :
- Amateur de sexe anal !
- Tu te permets de me parler comme ça, roquet ? fit le colonel bardé de décorations. D'un bond, il tendit la main vers son holster. Je vais te noyer dans les chiottes bâtard ! Je vais te fusiller sous les yeux de Lénine ! Mais qu'est-ce qu'il fout encore ici, Lénine ? Pourquoi vous ne l'avez pas viré de là, putain ?
Le commandant fut obligé d'intervenir :
- Remettons tout cela à plus tard, monsieur le colonel. Il y a des règles à respecter. Il faut jouer la troisième partie. Quand on a fait une promesse, on la tient. Après, vous pourrez fusiller Lénine lui-même, si cela vous chante.
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Le dernier épisode lui était envoyé par une vessie pleine qui tira Arséni Andréiévitch du sommeil, quoique pas complètement.
En pilotage automatique, il quitta son lit et, sans ouvrir les yeux, pour rester en contact avec son rêve, il se rendit dans sa salle de bain à laquelle l'éclairage nocturne donnait une teinte légèrement verdâtre. Les deux pieds devant la cuvette, il abaissa son pantalon de pyjama et sa main s'aventura vers son bas-ventre. Rien. Elle ne parvenait pas à trouver l'objet de sa quête, l'appendice que l'organisme utilise en général pour se séparer d'un excès de liquide. Il lui fallut se réveiller afin de restaurer sa coordination. Ouvrant les yeux, il plaqua une main sur le mur, tandis que la seconde partait à la recherche de l'organe le plus important du corps masculin. Aucune trace... Tel un vieil ordinateur qui aurait planté, le cerveau d'Iratov analysait avec difficulté l'information transmise par voie tactile. Il dut se pencher pour activer sa vision. Et, à ce moment là, un cri d'agonie monta de sa conscience, comme si on venait de le perforer à l'aide d'un couteau électrique.
Il n'y avait rien !!! Que dalle !!!
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Pendant une longue minute, elle se retrouva privée de l'usage de la parole. Dans sa main, agitant pieds et poings, gisait un homoncule tout nu, au petit visage fripé, à peine plus grand que l'index d'Alissa. Il était de sexe masculin et versait de minuscules larmes perlées.
- Il est vivant ! Lâcha la jeune fille qui poussa un cri, toute excitée par ce miracle inédit de la nature.
Un gnome ! J'ai attrapé un gnome ! (son âme vit alors naître quelque chose qui tenait de la fête improvisée). Un petit gnome ! Un petit gnome rien qu'à moi !
Après quoi elle se dit que ce n'était pas un simple gnome, mais un petit Schtroumpf tout ce qu'il y avait d'authentique. Si elle-même n'avait jamais vu ce dessin animé étranger, plusieurs filles de sa classe étaient allées le regarder à Vladimir et n'avaient ensuite cessé de parler avec enthousiasme de ces bonshommes rigolos.
- Alors t'es un Schtroumpf ? Chuchota-t-elle au petit bonhomme.
Sa découverte cessa de sangloter pour poser ses minuscules mirettes sur le visage d'Alissa.
- Qu'est-ce que t'es mignon !
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Se rendant compte soudain de la présence d’une tierce personne qui observait leurs contorsions amoureuses, elle a voulu arrêter le train qui prenait de la vitesse, mais ses freins avaient lâché depuis longtemps et, tout en m’aguichant du regard, elle n’a pu qu’émettre des cris sauvages qui sonnaient de façon obscène à mon oreille. Quand il n’a plus de freins, un train siffle frénétiquement, comme pour faire ses adieux, avant de s’écraser et de former un amas de métal ratatiné mêlé de chair. Elle a lancé son chant du cygne.
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Il aimait passer ses nuits avec Svietlana Ivanovna. La vice-rectrice en était au stade où la fleur est encore pleine de force et de beauté, mais on y sent une légère fêlure, à l’apogée même de cette floraison après laquelle débute un flétrissement à peine perceptible. Or, à l’approche de cette chute inéluctable, les pétales dégagent un parfum si suave, si épicé…
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