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Le un (01/05/2016)
3.5/5   11 notes
Résumé :
Édition complète établie par Benjamin Moser
Introduction et notes de Benjamin Moser traduites de l’anglais par Camille Chaplain. Huit traductrices et traducteurs du Portugais (Brésil).
La présente édition rassemble pour la première fois en un seul livre l’ensemble des nouvelles écrites par Clarice Lispector au cours de sa vie, grâce au travail de son biographe Benjamin Moser qui a effectué de longues recherches au Brésil pour restituer leur chronologie... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Il s'agit d'une édition complète des nouvelles de l'auteur, qui semble-t-il, est une sorte d'auteur culte dans son pays, tout au moins pour une partie de ses lecteurs. Comme dans tout recueil exhaustif de ce type il y a un aspect disparate, des oeuvres achevées se mélangent à des ébauches plus ou moins développées. D'autant plus que Clarice Lispector était aussi journaliste, qu'elle a publié pas mal de ses textes courts dans des revues, qu'elle a eu à certains moments de sa vie besoin d'argent, ce qui l'a poussé à publié des textes plus anciens un peu retouchés.

Il est donc difficile de parler de toutes ces nouvelles d'une façon générale. Certaines thématiques et façons d'aborder le réel reviennent quand même régulièrement. Ces textes évoquent avant tout des femmes, dans leur quotidien, des personnages qui n'ont rien d'exceptionnel, qui affrontent le quotidien, à tous les âges de la vie d'une femme. Souvent une forme de banalité, voire d'ennui pointe. Mais régulièrement, il y a comme un dérapage, une sorte de distorsion de la réalité, sous l'effet de l'ennui, du vide, peut-être, ou parce que c'est la sensibilité de l'auteur, une sensibilité qui n'est pas sans évoquer celle d'autres auteurs d'Amérique du Sud. Une forme d'humour discret aussi revient aussi régulièrement, les personnages semblent parfois grotesques dans leur impossibilité de gérer leur quotidien, pourtant simple à première vue. Cela donne un aspect quelque peu cruel à certains récits. Dans beaucoup de textes j'ai eu le sentiment de me trouver devant des vies empêchées, par le poids des normes, des obligations, de tout ce qui pèse sur les vies de ces femmes, qu'elles ont intériorisé, et qui crée une forme de cage, parfois confortable, mais qui ne leur permet pas de trouver un sens à leur existence.

J'ai mis beaucoup de temps à finir ce livre, j'ai intercalé d'autres lectures entre ces nouvelles, aussi autre parce qu'après quelques pages je saturais. Je ne peux pas dire que j'ai été transportée ni complètement convaincue par ces textes, même si certains m'ont plus accrochée que d'autres. Mais j'ai du mal à vraiment pouvoir dire pourquoi. Peut-être que la lecture d'un de ses romans me fixera sur mon affinité avec cet univers, qui a le mérite d'être cohérent et personnel.
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Dans ces nouvelles, l'auteur saisit du quotidien l'infiniment petit : états d'âme, sensations, peurs, désirs cachés, instants frontières, coïncidence d'un évènement et d'un affect qui resteront indissolublement liés. Elle excelle à mettre au service de ces bribes de réalité dont le sens échappe mais qui n'en existent pas moins, un curieux style poétique fait de hachures, de termes approximatifs en apparence mais qui emplissent de trouble parce qu'ils ouvrent à la connaissance une voie nouvelle à la fois intelligente, imaginative et sensitive. Incidence du regard inhabituelle qui modifie la façon d'exprimer ce qu'on voit au point que ce qui est vu en semble tout changé. Un style tout en retrait et touches délicates pour approcher l'humain sans l'édulcorer ou en nier les abimes.
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Cette édition complète s'ouvre sur "Le triomphe" que Clarice Lispector a publié à 19 ans et se clôt par "Un jour de moins" nouvelle reconstituée à partir de fragments après sa mort. Soit 85 textes qui racontent le quotidien d'une femme, d'une écrivaine. Sans être autobiographiques, elles reflètent les différentes expérimentations de l'autrice : l'entrée dans la sexualité, la découverte de l'amour, les aléas de la vie de couple, la maternité , la vieillesse et l'éternel désir.
Le classement chronologique et thématique en facilite la lecture. L'autrice porte aussi un regard critique et ironique sur la société machiste brésilienne.
Une grande dame de la littérature à découvrir.
NB : Juive ukrainienne, elle est arrivée avec ses parents à 2 ans au Brésil, sa famille fuyant les pogroms.
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L'auteure ausculte les êtres et rompt les silences féminins.
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critiques presse (1)
LeMonde
08 décembre 2017
Un art de l’éblouissement progressif, non de l’aveuglement soudain, car ici les jeux de lumière sont gradués, le soleil connaît une lente bascule, pensées et pulsions sont soumises à de subtiles dérives, et l’on accède à l’épiphanie
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Autour d'elle il y avait des bruits paisibles, une odeur d'arbres, de petites surprises parmi les lianes. Tout le jardin broyé par les instants à présent plus pressés de l'après-midi. D'où venait le semi-rêve qui l'environnait ? Comme d'un bourdonnement d'abeilles et d'oiseaux. Tout était étrange, trop suave, trop grand.
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Quand elle se levait à l'aube, une fois passé l'instant d'immensité où elle se déployait toute, elle s'habillait à la va-vite, se mentait à elle-même en se disant qu'elle n'avait pas le temps de se laver et la famille endormie ne devinerait jamais qu'elle se lavait rarement. Sous la lumière de la salle à manger, elle avalait le café que la bonne, tout en se grattant dans l'obscurité de la cuisine, avait réchauffé. Elle touchait à peine au pain que le beurre ne ramollissait pas. La bouche fraîche d'être à jeun, ses livres sous le bras, elle ouvrait enfin la porte, s'échappait de la tiédeur insipide de la maison, bondissait vers la délectation glacée du matin. Alors elle ne se pressait plus.
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Etait-il intelligent ? Il ne le savait pas. Etre ou ne pas être intelligent dépendait de l'instabilité des autres. Parfois ce qu'il disait suscitait soudain chez les adultes un regard satisfait et malin. Satisfait parce qu'ils gardaient secret le fait de le trouver intelligent et de ne pas le gâter ; malin parce qu'ils prenait part, plus que lui-même, à ce qu'il avait dit. Ainsi donc, quand il était considéré comme intelligent, il avait en même temps l'inquiète sensation de l'inconscience : quelque chose lui avait échappé.
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Ils étaient très malheureux. Ils se cherchaient, fatigués, dans l'expectative, en quête d'une continuation de la compréhension initiale et fortuite qui jamais ne s'était reproduite - et sans pour le moins s'aimer. L'idéal les suffoquait, le temps passait inutilement, l'urgence les pressait - ils ne savaient pas vers quoi ils marchaient et le chemin les appelait. Ils exigeaient beaucoup l'un de l'autre mais c'était du fait qu'ils avaient le même manque, et jamais ils ne s'adresseraient à un couple plus âgé pour se renseigner, car ils ne feraient pas la folie de se livrer à l'étourdie au monde fait.
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L'horloge sonne neuf heures. Un coup fort, sonore, suivi d'un tintement doux, un écho. Puis le silence. La tache claire du soleil s'étend peu à peu dans l'herbe du jardin. La voilà montant au mur rouge de la maison, en y faisant briller mille gouttes de rosée parmi le lierre. Elle trouve une ouverture, la fenêtre. Elle y pénètre. Et s'empare soudain de la pièce, en se jouant de la protection du rideau léger.
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Videos de Clarice Lispector (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Clarice Lispector
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Il y a des gens qui doutent et, franchement, ça fait du bien. Savez-vous quelle héroïne de roman incarne à la perfection la femme qui doute ?
« Près du coeur sauvage », de Clarice Lispector, c'est à lire aux Editions des Femmes.
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