Moment d'histoire, printemps de Prague. Ce n'est pas un polar, on connait l'auteur du crime (l'État soviétique) et il ne peut pas y avoir d'enquête…
Des amis, des artistes qui vivent à Sofia, Bulgarie. Des communistes de la première heure qui sont célèbres pour toutes sortes de raisons. L'un était le Porte-Drapeau lors de la libération du pays et un autre était un recordman de vitesse en cyclisme. Il y a aussi un magicien de renommée internationale, un clown nain aux moeurs douteuses, un mime au silence éloquent, une peintre, un poète. Avec leurs amis, ils rêvent d'un humanisme socialiste et se permettent de critiquer le régime dans leurs réunions privées. Ils se sentent protégés par leur célébrité, jusqu'à l'invasion de la Tchécoslovaquie où le Parti ne supportera pas qu'ils rendent publique leur opposition à l'invasion d'un pays frère.
Un rappel de l'Histoire, c'était il y a presque 50 ans. Des pensées griffonnées dans un carnet pouvaient valoir une condamnation aux travaux forcés, un voisin pouvait vous dénoncer pour vos paroles ou pour l'interprétation qu'on pouvait en faire. Des gens qui disparaissent et dont on efface même les traces dans l'histoire. Des êtres tiraillés entre leurs idéaux et leur sécurité et des héros qui sont prêts à sacrifier leur vie pour leurs idées.
Un thriller et une leçon d'histoire, un rappel de la valeur de la liberté de parole…
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Un très grand livre, plus roman "dur" que roman d'espionnage (même pas!) ou policier (pas du tout). Et qui tient furieusement de la grande littérature...russe, alors que j'ignore si les Bulgares réagissaient comme des soviétiques. Il y a l'humour, il y a un peu de folie, l y a le tragique, l'intrigue est minimale: d'anciens résistants communistes idéalistes forment un groupe soudé, et vont se briser sur l'intervention de 1968 en Tchécoslovaquie. Toute la fin est bouleversante. Un conseil: relisez le prologue de 1948 après avoir terminé la lecture du livre. Et ne soyez pas effarouchés par la longue liste de personnages, tous se mettent très bien en place.
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Un joli roman qui nous plonge dans la bulgarie communiste de la fin des années 60. Un groupe d'amis (sportifs et artistes) va tenter de faire face, de manière parfois cocace, à la révolte venue de Prague. Une belle approche de ce que l'amitié peut permettre et ô combien elle est précieuse.
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Sans déflorer le récit en lui même je dirai simplement que s'il paraît décousu au départ (notamment au niveau des noms et surnoms des personnages) on s'y fait et alors on apprécie énormément les descriptions faites par l'auteur du monde communiste.
Personnellement cette période de l'Histoire me passionne et c'est ce qui fait que j'ai beaucoup aimé ce livre.
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Quand il ouvre les paupières, il voit une boule de feu qui a la forme révoltante d'un homme agenouillé, les bras largement écartés. Il y a un silence si absolu que la terre semble s'être arrêtée de tourner. Les flammes lèchent comme une langue l'homme agenouillé qui s'affaisse comme s'il était en train de fondre. (...) L'énorme foule est parcourue d'un frémissement, mais son seul mouvement est un léger déplacement en avant, une pression en direction du point focal.
La violence est l’opium du peuple.
(Points, p.246)
Athanase dit que le présent est un petit village que nous traversons sur la route qui mène de ce qui était à ce qui sera.
(Points, p.127)
La violence est l'opium du peuple
La peste sur vos deux familles de Robert Littell - La chronique de Clara Dupont-Monod