Suite très attendue du Loup des Cordeliers, le nouveau roman d'
Henri Loevenbruck est mon roman préféré de 2020. J'aurais tant voulu vous le présenter à la fin de l'année dernière mais ma lecture a été hachée et maintenant que tout cela est terminé, venons-en à la chronique
On commence cette histoire avec l'exécution du surintendant Foullon, puis s'en suit l'adoption de l'abolition des privilèges par l'Assemblée nationale. Pour les députés, il s'agit de mettre fin aux destructions des biens seigneuriaux pendant le soulèvement des paysans en juillet 1789. Les privilèges portent sur les impôts perçus par les seigneurs ou sur les propriétés déclarées « rachetables » autrement dit, ils sont perçus jusqu'au paiement complet de leur montant et augmentés des intérêts. Au cours de la nuit du 4 août 1789 (entre sept heures du soir et deux heures du matin), la suppression a été décidée. Il s'agit d'un élément capital de la Révolution. Cette abolition de tous les droits et les privilèges féodaux, ainsi que des classes, des provinces, des villes et des corporations sont à l'initiative du Club breton et du Club des jacobins.
Avec
le loup des Cordeliers,
Henri Loevenbruck revenait aux affaires avec force. Ce roman historique est une claque parce qu'il nous sert une histoire très prenante, des personnages tous plus vrais les uns que les autres, un cadre historique inépuisable et le tout servi par une plume ayant une puissance de feu inégalable. Mais après de telles louanges, l'auteur est-il capable de faire coup double ? Pourtant, l'effet de surprise est retombé. Est-ce dû à la lecture hachée ou alors le fait de passer d'un roman policier historique à un roman d'aventures ? Sans oublier qu'on peut être tenté de comparer ce roman à son prédécesseur, car celui-ci était plus accès sur les premières heures de la Révolution, tandis qu'ici, l'onde de choc suite à la prise de la Bastille n'a pas encore touché la province et que nous sommes dans une histoire de vengeance.
Le roman débute tout de suite après les évènements du premier tome et nous rencontrons les premiers heurts sanglants de la population parisienne. Si l'avenir de la France se joue dans les travées de l'Assemblée, celui-ci semble bien mal embarqué. Dans l'ombre, une société secrète que l'on nomme la Manorossa ou Main rouge. Vous avez donc compris que ladite Manorossa est au coeur de l'intrigue et va demander à notre journaliste d'enquête Gabriel Joly pas mal d'efforts. Cette société secrète serait à l'origine de la Révolution, ce qui change des accusation que l'on lance vis-à-vis de la
Franc-maçonnerie.
Cette société se veut héritière du culte de Mithra et fait aussi de nombreuses références au zoroastrisme. Notons au cours du récit qu'elle coche toutes les cases de la « bonne société secrète », c'est-à-dire que les adeptes se réunissent au mieux dans des temples et au pire dans des souterrains. Les Frères ont aussi quelques attributs comme la cape, le masque pour cacher son identité et emprunte quelques codes liés à la
Franc-maçonnerie. Je ne vais pas en dire plus pour garder le suspens entier. Pour la petite info, il existe plusieurs « Mains rouges ». La plus célèbre reste un groupe armé français ayant opéré en Afrique du Nord jusqu'à l'indépendance de l'Algérie. On note également une série télé des années 70 dédiée à la jeunesse et à une collection de romans policiers.
Plus haut, je vous ai parlé d'un changement de style, où on a écarté volontairement du cadre historique pour un cadre romanesque. J'en veux pour preuve qu'au cours du troisième acte,
Henri Loevenbruck nous embarque dans une bataille navale en pleine Méditerranée, ce qui n'est pas sans rappeler les films de pirates que les cinémas américain et italien ont produit dans les années 50 et 60, sans oublier l'influence du Secret de la Licorne quand le Capitaine Haddock raconte à Tintin les mésaventures de son ancêtre face à Rackham le Rouge. de plus, les nombreuses illustrations qui entrecoupent les chapitres renforcent le côté roman d'aventures.
Au bout du compte,
Henri Loevenbruck livre un roman richement documenté et il faut voir l'énorme bibliographie. L'écriture est excessivement bien maîtrisée et on peut avoir la sensation d'entendre la voix des protagonistes. Ah le pouvoir de l'imagination ! En plus de ça, il ne ménage son suspens et la révélation que tout le monde espérait concernant la petite bibliothécaire du couvent des Cordeliers n'est pas celui qu'on pense. le dénouement final a une approche « super héroïque » dans sa construction et sur la transformation d'un personnage, ce qui ne laisse aucun doute sur un retour du Loup et que nous n'en avons pas terminé avec la Main rouge.
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