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EAN : 9782226037008
562 pages
Albin Michel (19/04/1989)
4.5/5   7 notes
Résumé :
La Fin du monde antique et le début du Moyen Age fut un succès lors de sa parution en 1927. On avait traité jusqu'alors soit de l'empire romain, soit du Moyen Age en scindant les deux époques à la mort de Théodose. Pionnier du concept d'Antiquité tardive, Ferdinand Lot est le premier à consacrer un travail d'ensemble à l'histoire romaine entre le IIIe et le Ve siècle et à affirmer que "le Moyen Age ne peut se comprendre si l'on ne remonte pas au Bas Empire".
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Un livre écrit en 1927 et qui changea la manière d'appréhender cette période charnière et sombre du continent Européen. Avant ce livre, on prenait soin de distinguer l'empire romain du moyen-âge. Ferdinand Lot s'applique à montrer que le haut moyen-âge n'est que la continuité de l'antiquité tardive. Un monde qui se faisait vieux et qui a progressivement laissé la place à un monde plus jeune, naïf et plein d'ardeur à la fois. Il donne des Rois Mérovingiens une image sombre et hideuse. "Dans tous les domaines, l'ère mérovingienne est une période historique maudite". Des études plus récentes se montrent plus indulgentes à l'égard de cette époque. Les villes et le commerce étaient prospères, et le renouveau artistique important. Un livre plaisant, bien écrit, et franchement abordable pour un néophyte dans mon genre. Presque un roman.
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Le livre de Ferdinand Lot retrace l'évolution des peuples de l'Europe et du Moyen-Orient sur une période qui va des premiers siècles jusqu'à la dynastie mérovingienne. Au-delà du brassage des populations, ce qui a retenu mon attention est le changement des mentalités de la sensibilité hellénistique du beau dans la statuaire et les autres arts à la disparition de la sculpture à l'époque romaine à cause du changement de paradigme mental causé par le christianisme. On se passionne pour des débats théologique sur la nature de Jésus. L'art, la science, les réalisations humaines en générales vont en souffrir pour plusieurs siècles à venir. Quelle perte!

L'idée que l'histoire a un sens et s'achemine vers la fin des temps fait percevoir l'histoire immédiate, l'ici et le maintenant, comme une expérience sans importance. Il faut lire la désagrégation lente des forces de l'empire romain, imaginer les exactions des Barbares, visualiser la perte du sentiment du bien commun pour bien saisir toute l'étendue de la régression que subit l'humanité en ces époques troublées.

J'ai lu le livre en allant voir le nom des peuples sur Wikipédia pour suppléer à toute l'information que le livre ne contient pas et ça été une expérience fantastique. J'ai poussé mon entrée en matière de cette périodes jusque vers la proto-histoire, 5000 ans avant J.-C. à l'époque des Scythes, des premiers Indo-Européens, et même de la civilisation de la poterie cordée. L'art animalier scythe qui date de six à sept siècles avant J.-C. est proprement éblouissant. Quand on voit les monnaies romaines frappées 1000 ans plus tard, on ne peut qu'être étourdi par la perte de sensibilité et de l'attention aux détails des populations romaines. L'empire se fige, les classes sociales et les métiers deviennent des prisons de père en fils, toute créativité, toute spontanéité disparaît. J'ai été frappé de voir comme on se réclame longtemps de l'empire romain chez les germains, les Francs, les Goths et tous les autres peuples. Les sensibilités se rattachent à ce qui était considéré comme le summun de la civilisation des siècles après la décomposition totale et  même la disparition des formes politiques et sociales de l'ancien empire romain (celles d'avant 476).

De nouvelles forces émergent lentement, comme une royauté de nature privée chez les Francs. On considère le royaume de Clovis comme un bien personnel; l'Église monte en puissance suite au déclin du sentiment de bien public dans la royauté mérovingienne; un embryon de sentiment national naît, fortement lié au pagus; le droit juridique barbare primitif basé sur la vengeance, l'ordalie, le formalisme vide finit par supplanter le droit romain qui était une première tentative de faire émerger une véritable justice humaine. La violence et l'arbitraire résurgissent comme de la mauvaise herbe après la bulle paisible de l'époque grecque. le VIIIe siècle semble être l'apogée d'une grande noirceur dans tous les domaines. Ferdinand Lot s'attarde sur les continuités économiques et sociales plutôt que sur l'arbitraire de l'événementiel ce qui confère à ses explications une profondeur toute particulière encore très perceptible près de 90 ans après la publication de cette oeuvre. Bravo!

J'ai beaucoup apprécié la lecture de ce livre comme entrée en matière à l'Antiquité et au Moyen-Âge. Je peux maintenant choisir d'explorer plus en profondeur deux grandes époques en ayant une solide base de l'évolution des mentalités.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Si les racines de l'État n'avaient pas été profondément enfoncées dans le passé romain, l'État médiéval se serait dissout dans l'Église et l'Église dans l'État, et l'on ne voit pas comment le concept moderne de la séparation entre la conscience religieuse et l'État aurait pu se développer, ou même aurait pu naître.
Là est le secret de la différence profonde, bien plus profonde encore qu'on ne croit entre États chrétiens et États musulmans. L'Islam apporte non seulement une religion, mais un droit, une politique dont on chercherait vainement l'équivalent dans l'Évangile. [...] Impossible de toucher à quoi que ce soit sans rencontrer, sans risquer d'offenser le dogme. Et comme droit, politique, usages sont rudimentaires, constitués pour une société peu évoluée, c'est une tâche surhumaine d'adapter la société musulmane à la vie moderne.
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Constantinople est née du caprice d'un despote en proie à une intense exaltation religieuse. Et cependant peu d'actes politiques concertés ont eu des effets plus considérables et plus durable. Pendant une longue suite de siècles, un grand État a eu ses destinées attachées à cette ville. À mainte reprise Constantinople a refait l'Empire. La culture hellénique, antique et médiévale a été sauvé d'une destruction totale parce qu'elle a trouvé dans le Bosphore un asile inexpugnable. Rien de tout cela n'aurait été sans la volonté de Constantin. Mais était-ce cela qu'il voulait? Il ne semble pas.
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La conversion de Constantin est le fait le plus important de l'histoire du monde méditerranéen entre la constitution de l'hégémonie romaine et l'établissement de l'Islam. C'est à lui qu'est dû le triomphe du christianisme qui, en bouleversant la psychologie des hommes, a creusé un abîme entre nous et l'Antiquité. Depuis l'adoption du christianisme, nous vivons sur un autre plan.
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Toute Église est conquérante par nature, parce qu'elle se croit en possession de l'absolu. [...] Aucune doctrine ne peut échapper à cette fascination. Le respect des convictions adverses et la tolérance moderne sont le fruit, et chez un petit nombre, du développement de la conscience ou de la conviction que la croyance à l'absolu est une maladie de l'esprit, chez la plupart des hommes le résultat d'une grande lassitude.
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On a soutenu que le christianisme avait mis fin à l'art antique. Dans une certaine mesure cette opinion peut se justifier. Le christianisme, et aussi l'Islam, à l'imitation de leur père le Judaïsme, répugnent par essence à ce qui fait la beauté de l'Art antique, la plastique.
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