Les amateurs de
Lovecraft ne seront globalement ni dépaysés ni déçus par ce recueil.
Globalement, c'est du
Lovecraft classique, des récits d'atmosphère et d'angoisse. Il n'y a guère que le 1er texte qui adopte un ton un peu différent. En effet, «
Herbert West, réanimateur » ne joue pas sur les ressorts dont on a l'habitude chez HPL. Ici, pas d'atmosphère mystérieuse, pas de non-dits angoissants, pas d'ambiance onirique. Au contraire, cette nouvelle est très démonstrative. D'abord publiée sous forme de feuilleton dans une revue, la nouvelle souffre inévitablement des défauts inhérents à ce type de publication. Chaque chapitre commence par un bref retour sur ce qui s'est déroulé auparavant, il y a donc inévitablement des redites, un côté répétitif. de plus, chaque chapitre-épisode se conclut sur une note de suspense incitant le lecteur à lire la suite. L'utilisation de ce procédé, inhabituelle chez
Lovecraft, fait d'ailleurs que l'auteur
lui-même n'aimait pas ce texte. Je trouve HPL sévère avec
lui-même. Si « Herbert West » ne compte pas parmi ses meilleures nouvelles et ne provoque jamais la peur lors de la lecture, c'est une lecture très divertissante. le récit est très gore et non dénué d'humour, dimension comico-gore qu'avait très bien perçue Stuart Gordon lorsqu'il a signé l'adaptation cinématographique de la nouvelle avec le jouissif « Re-animator » que j'ai maintenant très envie de revoir.
Les autres nouvelles ressemblent plus à ce qu'on connait de l'auteur, à savoir des récits d'ambiance angoissants et oniriques. Ce que j'aime tout particulièrement chez HPL, c'est qu'il ne joue pas sur des ressorts éculés ni des effets faciles pour instaurer la peur. Ce n'est pas vraiment à travers des péripéties ou des événements choquants qu'il créé de l'angoisse. C'est avant tout son style, les non-dits et un rythme lancinant et hypnotique qui installent l'air de rien une atmosphère étouffante et oppressante. Il y a vraiment un ton
Lovecraft. Ses écrits ont une identité personnelle.
Parmi ces textes qui composent ce recueil, il y en a certains que j'ai particulièrement aimés. «
Les chats d'Ulthar » a des allures de conte gothique sombre qui m'a charmée. «
L'étrange maison haute dans la brume » m'a beaucoup plu également. Il m'a semblé qu'il y avait là un hommage à «
la maison au bord du monde ». Je n'ai pas encore lu le classique de
William Hope Hodgson mais j'ai lu l'adaptation B.D qu'en avait faite
Richard Corben et cette nouvelle de
Lovecraft m'y a fait penser. L'exotisme de « prisonnier des pharaons » m'a également séduite tout comme le classicisme gothique à souhait de « la tombe ».
En bref, un très bon recueil de nouvelles du maître du récit d'ambiance.