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EAN : 9782070442058
1088 pages
Gallimard (18/05/2017)
3.8/5   10 notes
Résumé :
Delphine d’Albémar, une jeune veuve riche et cultivée, qui dispose de ses idées, de son cœur et de ses biens – une femme libre –, vit un amour impossible, empêché par la distance et l’interdit, au lendemain de la Révolution. En entretissant des vies et des voix haletantes, et en puisant dans son expérience personnelle, Mme de Staël analyse ce qu’a de cruel et d’injuste la condition féminine. À sa parution en 1802, le roman fait sensation, et l’auteure est condamnée ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Roman épistolaire de plus de 1000 pages. le dossier annexe fait 60 pages entre chronologie et notes de l'auteure ce qui est impressionnant.

C'est l'histoire de Delphine une jeune veuve qui en plus d'avoir toutes les qualités requises pour être adorée du monde... Tombe amoureuse du fiancé de sa cousine. Oups, pas de chance.

Tout cela sur fond de revolution française. Et donc en plein dans la transition entre le conservatisme ancien et les nouvelles résolutions sociétales. Une femme qui écrit à propos d'une femme parfaite qui aime un homme indisponible... Cela promet. le roman a eut un accueil très mitigé et l'auteure à été condamnée à l'exil.

Ce roman est très long à lire. J'ai beaucoup de mal avec le format épistolaire en continu surtout avec un contexte à replacer constamment. Mais il y a de magnifiques références littéraires, artistiques, etc... Et surtout on voit les prémices du féminisme : l'injustice de la condition de femme est visible durant tout le roman
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Germaine de Staël est l'une des précurseuses du romantisme dans la littérature française. La préface d'Aurélie Foglia permet de prendre pleinement conscience du roman qui nous attends sans en détériorer l'intrigue. A l'aube de la Révolution, elle offre avec Delphine un roman épistolaire qui s'effiloche en journal intime où les affres de la passion brisent plus d'un coeur.

Delphine d'Albemar est une jeune veuve qui a hérité d'une grande fortune de son défunt mari. Plein de bonté et de bienveillance, la jeune femme propose à sa tante, Madame de Vernon et à sa fille, Mathilde, une rente pour son futur mariage avec Monsieur de Mondoville. 
Delphine n'avait pas prévu qu'elle s'éprendrait de Léonce de Mondoville qui l'aimerait en retour. Malheureusement, les choix de Delphine bien que bienveillant ne sont que des obstacles à son union avec Léonce. Ce dernier est un homme très épris de l'opinion publique, démonstration d'une société très attachée aux convenances.

Tout au long du roman, le lecteur est confronté aux choix de Delphine, guidés par le coeur, mais peu réfléchi. Elle se retrouve souvent au milieu de rumeurs qui entachent sa réputation et mets à mal les sentiments de Léonce. Je dois dire que ce dernier attache beaucoup d'importance aux jugements des autres et se laisse facilement manipuler par les racontars. Il pense, d'ailleurs, qu'au terme d'un hypothétique mariage avec Delphine, celle-ci finira par évoluer vers de meilleurs comportements. D'une certaine façon, si il admire son intelligence, sa liberté d'opinion, il critique son mépris des convenances et du jugement des autres. On est spectateur d'un jeu du chat et de la souris où Delphine et Léonce sont manipulés et font plus confiance aux dires des autres personnages qu'à leurs raisons et aux sentiments qu'ils éprouvent l'un envers l'autre.

L'autrice a mis énormément de qualités dans le personnage de Delphine, mais ce sont bien ces grandes qualités qui la perdront. Trop gentille et généreuse, elle accorde sa confiance sans penser aux ruses et aux manipulations. Cela en devient presque agaçant de la voir, naïvement, plongée tête la première dans les mensonges.

Germaine de Staël place ses personnages dans une époque troublée, la société aristocratique est menacé par une Révolution grandissante. Léonce et Delphine sont les pions d'un échiquier, lui symbole de l'Ancien Régime porté par l'hypocrisie et les bien paraître, elle, jeune femme sensible, philosophe et éprise de liberté. Tous deux esclaves de leurs passions au mépris de la raison.


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Très beau roman épistolaire. "Delphine" est un portrait magnifique d'une femme pétrie d'humanité pour laquelle chaque acte doit peser en fonction du tort qu'il fait à autrui. Plaidoyer vibrant sur la liberté de la femme à disposer d'elle-même, pamphlet contre les préjugés obscurantistes, ce roman est un monument de l'esprit des lumières.
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Comme pour chaque livre, la seule question qui subsite une fois la lecture achevée est de savoir s'il m'a suffisamment plu, interpellé, questionné ou émerveillé pour que je souhaite me replonger un jour dedans et parcourir une nouvelle fois ses pages. La réponse est oui, ce roman est sublime et m'a vraiment plu du début à la fin. L'évolution des personnages au fil du récit est très intéressante. Je recommande de le lire !
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Citations et extraits (152) Voir plus Ajouter une citation
Elle commence, la mort, à la première affection qui s’éteint, au premier sentiment qui se refroidit, au premier charme qui disparaît. Ses signes avant-coureurs se marquent tous à l’avance sur nos traits ; l’on se voit privé par degrés des moyens d’exprimer ce que l’on sent ; l’âme perd son interprète, les yeux ne peignent plus ce qu’on éprouve, et les impressions de notre cœur, comme renfermées au dedans de nous-mêmes, n’ont plus ni regards ni physionomie pour se faire entendre des autres ; il faut alors mener une vie grave, et porter sur un visage abattu cette tristesse de l’âge, tribut que la vieillesse doit à la nature qui l’opprime.

On parle souvent de la timidité de la jeunesse : qu’il est doux, ce sentiment ! ce sont les inquiétudes de l’espérance qui le causent ; mais la timidité de la vieillesse est la sensation la plus amère dont je puisse me faire l’idée ; elle se compose de tout ce qu’on peut éprouver de plus cruel : la souffrance qui ne se flatte plus d’inspirer l’intérêt, et la fierté qui craint de s’exposer au ridicule. Cette fierté, pour ainsi dire négative, n’a d’autre objet que d’éviter toute occasion de se montrer ; on sent confusément presque de la honte d’exister encore, quand votre place est déjà prise dans le monde, et que, surnuméraire de la vie, vous vous trouvez au milieu de ceux qui la dirigent et la possèdent dans toute sa force. (Folio, p.776)
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Une incertitude presque habituelle, une réserve fière, se mêlent à l’amour que vous inspirent vos enfants. Ils s’élancent vers tant de plaisirs qui doivent les séparer de vous, ils sont appelés à tant de vie après votre mort, qu’une timidité délicate vous commande de ne pas trop vous livrer, en leur présence, à vos sentiments pour eux. Vous voulez attendre au lieu de prévenir, et conserver envers cette jeunesse resplendissante la dignité que l’on doit garder avec les puissants, alors même qu’on a pour eux la plus sincère amitié. Mais il n’en est pas ainsi de la tendresse filiale, elle peut s’exprimer sans crainte ; elle est si sûre de l’impression qu’elle produit !

Je ne suis pas personnelle, je crois que ma vie l’a prouvé ; mais si vous saviez comme il m’est doux de me sentir environnée de l’intérêt de mon père ! de ne jamais souffrir sans qu’il s’en occupe, de ne courir aucun danger sans me dire qu’il faut que je vive pour lui, moi qui suis le terme de son avenir ! L’on nous assure souvent qu’on nous aime ; mais peut-être est-il vrai que l’on n’est nécessaire qu’à son père. Les espérances de la vie sont prêtes à consoler tous nos contemporains de route ; mais le charme enchanteur de la vieillesse qu’on aime, c’est qu’elle vous dit, c’est que l’on sait que le vide qu’elle éprouverait en vous perdant ne pourrait plus se combler. (Folio, p.795-796)
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La vieillesse est rarement aimable, parce que c’est l’époque de la vie où il n’est plus possible de cacher aucun défaut ; toutes les ressources pour faire illusion ont disparu ; il ne reste que la réalité des sentiments et des vertus. La plupart des caractères font naufrage avant d’arriver à la fin de la vie ; et l’on ne voit souvent dans les hommes âgés que des âmes avilies et troublées, habitant encore, comme des fantômes menaçants, des corps à demi ruinés ; mais quand une noble vie a préparé la vieillesse, ce n’est plus la décadence qu’elle rappelle, ce sont les premiers jours de l’immortalité.

L’homme que le temps n’a point abattu en a reçu des présents que lui seul peut faire, une sagacité presque infaillible, une indulgence inépuisable, une sensibilité désintéressée. La tendresse que vous inspire un tel père est la plus profonde de toutes ; l’affection qu’il a pour vous est d’une nature tout à fait divine. Il réunit sur vous seul tous les genres de sentiments ; il vous protège comme si vous étiez un enfant ; vous lui plaisez comme si vous étiez toujours jeune ; il se confie à vous comme si vous aviez atteint l’âge de la maturité. (Folio, p.795)
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Le cœur a besoin de quelque idée merveilleuse qui le calme et le délivre des incertitudes et des terreurs sans nombre que l’imagination fait naître ; je trouve ce repos nécessaire, dans la conviction où je suis que mon père porte bonheur à ma destinée. Quand je dors sous son toit, je ne crains point d’être réveillée par quelques nouvelles funestes ; quand l’orage descend des montagnes et gronde sur notre maison, je mène mes enfants dans la chambre de mon père, et, réunis autour de lui, nous nous croyons sûrs de vivre, ou nous ne craignons plus la mort qui nous frapperait tous ensemble.

La puissance que la religion catholique a voulu donner aux prêtres convient véritablement à l’autorité paternelle : c’est votre père qui, connaissant toute votre vie, peut être votre interprète auprès du ciel ; c’est lui dont le pardon vous annonce celui d’un Dieu de bonté ; c’est sur lui que vos regards reposent avant de s’élever plus haut ; c’est lui qui sera votre médiateur auprès de l’Être suprême, si, dans les jours de votre jeunesse, les passions véhémentes ont trop entraîné votre cœur. (Folio, p.796-797)
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La religion catholique est la seule qui consacre l’indissolubilité du mariage ; mais c’est parce qu’il est dans l’esprit de cette religion d’imposer la douleur à l’homme sous mille formes différentes, comme le moyen le plus efficace pour son perfectionnement moral et religieux.

Depuis les macérations qu’on s’inflige à soi-même, jusqu’aux supplices que l’inquisition ordonnait dans les siècles barbares, tout est souffrance et terreur dans les moyens employés par cette religion pour forcer les hommes à la vertu. La nature, guidée par la Providence, suit une marche absolument opposée ; elle conduit l’homme vers tout ce qui est bon, comme vers tout ce qui est bien, par l’attrait et le penchant le plus doux.

La religion protestante, beaucoup plus rapprochée du pur esprit de l’Évangile que la religion catholique, ne se sert de la douleur ni pour effrayer ni pour enchaîner les esprits. Il en résulte que dans les pays protestants, en Angleterre, en Hollande, en Suisse, en Amérique, les mœurs sont plus pures, les crimes moins atroces, les lois plus humaines ; tandis qu’en Espagne, en Italie, dans les pays où le catholicisme est dans toute sa force, les institutions politiques et les mœurs privées se ressentent de l’erreur d’une religion qui regarde la contrainte et la douleur comme le meilleur moyen d’améliorer les hommes. Ce n’est pas tout encore : comme cet empire de la souffrance répugne à l’homme, il y échappe de mille manières. De là vient que la religion catholique, si elle a quelques martyrs, fait un si grand nombre d’incrédules : on s’avouait athée ouvertement en France avant la Révolution. Spinoza avait beaucoup de disciples parmi les Italiens ; presque tous les systèmes du matérialisme ont pris naissance dans les pays catholiques ; tandis qu’en Angleterre, en Amérique, dans tous les pays protestants enfin, personne ne professe cette opinion malheureuse : l’athéisme, n’ayant dans ces pays aucune superstition à combattre, ne paraîtrait que le destructeur des plus douces espérances de la vie. (Folio, p.639-640)
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