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EAN : 9782760947177
Leméac (Editeur) (05/10/2015)
3.76/5   55 notes
Résumé :
Le narrateur de Nord Alice est un chirurgien trop qualifié pour être exilé dans le Nunavik contemporain. À moins qu'il n'ait choisi ce lieu pour fuir une histoire d'amour. Ou peut-être une histoire de meurtre ? Entre ses patients et ses expéditions de pêche, il dévoile par bribes le récit de son existence et raconte aussi la destinée des hommes de sa famille, depuis l'arrière-grand-père Roméo, qui quittait Montréal en 1898 pour aller rejoindre ses frères à Dawson Ci... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Un voyage à travers le passé, l'Amour et le Grand Nord canadien.

Un chirurgien est amoureux d'Alice, mais leur vie commune lui était insupportable. Il a décidé de fuir et de se réfugier dans le lieu d'origine d'Alice, Kuujjuaq au bord de la rivière Koksoak, près de la baie d'Ungava.

Un paysage unique, un pays où les aurores boréales sont banales, un lieu où on pêche à l'« Arctic char » en faisant attention aux ours polaires.
Dans ce lieu isolé, il est très occupé par son travail de médecin. Il doit s'occuper de cas navrants, victimes de violences, intoxications volontaires ou non, diabète endémique, etc.

Quand il n'est pas entièrement pris par le soin des malades, il réfléchit, obsédé par son histoire avec Alice. Comment ils se sont rencontrés, leurs passions et leurs défaites. de belles pages sur l'intensité de l'émotion, sur la franchise et le respect, et sur la difficulté de vivre ensemble.

Ses pensées vont aussi vers ses ancêtres, des traditions d'hommes, depuis son arrière-grand-père parti chercher de l'or au Klondike, son grand-père, soldat lors de la Seconde Guerre mondiale et son père dont il a repris le métier.

Avec ces trois fils, Marc Séguin tresse un roman touchant, avec la beauté des paysages, la force de l'amour et la réflexion sur le passé.
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Nord Alice est avant tout un récit de voyages.

Le narrateur nous conte son histoire d'amour et de tempêtes qui l'a laissé ravagé au point de le pousser à partir loin, dans le Nord. Il est beaucoup trop qualifié pour s'exiler dans le Nunavik où il devient médecin urgentiste mais il espère s'y retrouver.
En parallèle à son histoire de couple qu'il nous livre par bribes, il se remémore celle de sa famille. de son arrière grand-père Roméo, à la sienne, il explore des histoires d'hommes, de souffrance, de lutte, de fuite.

Pour moi, l'essentiel de ce roman multiple n'est pas l'histoire d'amour avec Alice, dont les souvenirs sont plutôt crus et sans réelle profondeur. Elle sert de prétexte à des explorations plus intimes qui aideront le narrateur à devenir un homme plus fort, plus fiable.
Cette fuite dans le Nord est avant tout un périple intérieur. A son arrivée, il est tellement centré sur sa peine qu'il est incapable d'empathie pour ses patients et ne parvient pas à s'ouvrir aux autres. Il pose des gestes mécaniques qui soignent les corps mais il évite soigneusement les âmes et les coeurs. Il suture les plaies comme il essaie de recoudre ses propres déchirures. Avec le même sang froid. La narration de ses journées de travail est l'occasion de découvrir la vie des autochtones aujourd'hui et leurs conditions d'existence sans apitoiement ou culpabilisation. Il évoque les torts causés à un peuple et les conséquences telles qu'il les vit, les soigne. Sans émotion.

J'ai par contre beaucoup aimé ce retour sur l'histoire de sa famille : une lignée d'hommes élevés sur une terre ingrate, en lutte contre une nature hostile. Des hommes sans cesse confrontés à la mort. Ce retour dans le temps apporte au récit la sensibilité et l'intensité qui manquent à son histoire de couple dysfonctionnel. On traverse les époques et les épreuves aux côtés de ses ancêtres et l'on découvre un peu de la vie d'autrefois.

Enfin, j'ai été plus que séduite par le voyage à travers des paysages magnifiques. L'auteur nous décrit des périples chaotiques en train, des parties de pêche, des trajets en motoneige... et on en perçoit les sons, les odeurs autant que la morsure du froid, le goût de la chair crue du poisson, la luminosité de la neige au soleil ou la profondeur de la nuit. Marc Séguin a l'oeil, le regard aiguisé du peintre qu'il est et cela transparait dans son style superbement descriptif. J'ai aimé son écriture vive, précipitée. Son narrateur saute d'une pensée à l'autre, établit des parallèles entre hier et aujourd'hui, entre la vie des Inuits et celle de ses ancêtres fermiers, entre les turpitudes des hommes d'hier et celles de ses contemporains.
Il nous parle de mort, de vie, d'amour, de famille. Il nous parle de nous. Et cela touche.
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Que raconte cette histoire? le narrateur, un chirurgien, décide d'aller s'installer à Kuujjuak au Nunavik, dans le grand nord canadien, pour vivre une peine d'amour. Il a laissé derrière lui la femme qu'il aime : Alice « […] la première Inuit médecin spécialiste.» Cette dernière est une obstétricienne d'origine inuite qui vit désormais à New York. Elle est obsédée par la propreté et le rangement et ces deux éléments ont eu raison de la relation entre les deux. Dans le Nord, le chirurgien s'occupe de soigner les blessures des Inuits, de traiter les tentatives de suicide, de transiger avec la violence conjugale, etc. Pour passer le temps, il regarde de la porno sur le Web. En ce sens, il se retrouve au pays d'Alice pour l'oublier. Mais comment effacer l'image de l'être aimé alors que finalement, tout parle de lui? Habite-t-on le territoire de l'autre pour apprivoiser sa personnalité ?

«Ça fait presque sept mois qu'on se construit des mondes parallèles. Elle dans un décor qui ressemble plus au mien et moi, ici, dans le sien. J'ai fui en toute conscience. En empruntant sa terre. Pour essayer de la comprendre et de la sentir. » (p.217)

Une identité nordique

Ce roman se lit comme une longue réflexion à l'image d'un journal intime. Tout d'abord, le narrateur a besoin de raconter les histoires d'amour de ses ancêtres pour peut-être construire son identité d'amoureux. Il dresse le portrait d'hommes et de femmes de sa lignée qui ont connu l'amour. Ensuite, il aborde sa rencontre avec Alice, leur parcours et leurs épreuves, l'échec de leur amour. J'ai adoré certains passages comme :

«Même les histoires laides et croches nous forment. Alice a été une rivière. C'est devant l'immense humilité de ce paysage solitaire que j'ai voulu l'aimer à nouveau. Une prise de conscience affective. J'irais à elle. J'avais découvert son espace. » (p. 106)

De plus, il relate son quotidien en tant qu'«urgentologue» à Kuujjuak. Il décrit magnifiquement les paysages de ce coin du monde, il mentionne sa faune et sa flore. Dans ce roman, ça sent le poisson, c'est couvert de neige, c'est peuplé d'icebergs. C'est la beauté du Grand Nord qui éclate.

«Les icebergs, il faut les voir pour les comprendre. Des masses blanches, immaculées, détachées de la banquise ou du continent, qui flottent et voguent doucement vers un Sud qu'elles n'atteindront jamais. Des glaces d'eau douce. Que le sel et la mer avale sans faire de cas. Les icebergs se renversent plusieurs fois avant de fondre complètement et disparaître. (p. 140) »

Des réflexions sur l'amour peuplent les pages de ce récit tout comme celles sur les conditions des Inuits et sur le réchauffement climatique. Les touristes sont aussi vivement critiqués par le narrateur qui se moque ouvertement d'eux et de leur passage au Nunavik.

Ils veulent voir des Esquimaux comme on va voir un éléphant au zoo du Bronx, en mangeant une barbe à papa. Mes préférés, c'étaient ceux en bateaux de croisière. On savait qu'ils n'allaient rester que quelques heures, de jour. le temps de faire semblant de manger du phoque et de la baleine. D'acheter un souvenir inuit fait en Chine et de se faire prendre en photo devant un immense inukshuk en pierre guillotinée construit par des Blancs avec une grue et une pelle mécanique.

Lire Nord Alice, c'est plus qu'une histoire d'amour, c'est plonger dans le vécu d'un homme qui tente de comprendre qui il est au milieu d'un peuple qui est en train de perdre son identité…

Renouera-t-il avec Alice? À vous de le découvrir!

https://madamelit.ca/2019/02/06/madame-lit-nord-alice/
Lien : https://madamelit.ca/2019/02..
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"Il existe certainement des routes invisibles. Des courants qu'on ignore. Comme le Nord magnétique. D'autres Nord qu'on ne voit pas et qui aiguillent des boussoles intérieures."

Quelle magnifique surprise que la lecture de ce roman sorti en 2015! Je passais tellement à côté d'une belle pépite. Je me réservais cette lecture pour l'hiver et ce fut une excellente idée, car on se retrouve justement dans le Grand Nord québécois.

Ce récit raconte l'histoire d'une relation passionnelle entre un homme et une femme, Alice, qui est née à Kuujjuaq d'une mère Inuite. Ils se rencontrent alors qu'ils font tous deux leurs études en médecine mais, après quelques années de vie commune, leur relation amoureuse finira par être toxique et l'homme choisira de la quitter. Il décide alors de partir travailler comme médecin à l'autre bout du monde: à Kuujjuaq. Perdre le Nord de sa vie et retourner dans le Nord pour se retrouver.

J'ai vraiment adoré l'écriture sensible de cet auteur et c'est peu dire. Ses réflexions sur l'amour et les relations amoureuses au travers le temps et les époques engendrent certaines réflexions. Ses descriptions des paysages boréals, particulièrement, sont d'une grande beauté. Par ses mots, il réussit à rendre justice à toute la splendeur de ce territoire sauvage, qui reste à ce jour encore indompté. J'ai tout aimé et j'en aurais pris encore.
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*** Prix des libraires du Québec / Finaliste (2016)

Kuujjuaq, village du Nunavik, situé à la limite de la Toundra. Conditions très froides, sèches. Absence d'arbres. Au Nord du Québec.
Un chirurgien en peine d'amour décide de s'exiler en ce village afin de mieux comprendre les racines de la femme qu'il aime … Alice, d'origine inuit, qui travaille à New York. Entre ses jours de travail comme médecin, il part à la pêche afin d'oublier ou de s'expliquer cette fuite.
Il y a la beauté de l'immensité et malheureusement les ravages de l'exploitation minière et de l'alcool. Roman plein de poésie et de respect pour ce territoire et les gens qui y habitent. À Lire.
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critiques presse (1)
LActualite
02 novembre 2015
L’écriture de Marc Séguin est instinctive, viscérale et précipitée.
Lire la critique sur le site : LActualite
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Alors que sa vie, à elle seule, servait de leçon à tous ceux qui l’entouraient. Comme ailleurs et partout, ceux qui nous éclairent sont toujours les derniers à savoir qu’ils émettent de la lumière.

(Leméac, p.123)
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Même les histoires laides et croches nous forment. Alice a été une rivière. C’est devant l’immense humilité de ce paysage solitaire que j’ai voulu l’aimer à nouveau. Une prise de conscience affective. J’irais à elle. J’avais découvert son espace.
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Ça fait presque sept mois qu’on se construit des mondes parallèles. Elle dans un décor qui ressemble plus au mien et moi, ici, dans le sien. J’ai fui en toute conscience. En empruntant sa terre. Pour essayer de la comprendre et de la sentir.
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Ce n’est pas vraiment à l’église qu’on se marie. Un homme dit d’abord oui dans sa tanière. En silence. Avant les mots. De toutes les vies possibles, j’avais pensé, il faut en choisir une. Avec elle.

(Leméac, p.50)
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Il est quand même troublant, ce besoin de toujours se dire qu'on existe.
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