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Les Thibault tome 3 sur 8
EAN : 9782070304349
639 pages
Gallimard (09/10/2003)
4.28/5   197 notes
Résumé :
A travers les destins de Jacques Thibault, idéaliste et révolté, et d'Antoine, sérieux, conservateur, deux frères que tout oppose, Roger Martin du Gard nous entraîne dans une vaste fresque sociale et historique.
Tandis que la guerre est sur le point de ravager l’Europe, Jacques tente désespérément de sauver la paix, mais l’assassinat de Jean Jaurès précipite le monde dans l’horreur, l’horreur à laquelle le jeune homme se refuse. Antoine, lui, participe au con... >Voir plus
Que lire après Les Thibault, tome 3 (3/3) : L'été 1914 (suite et fin) - EpilogueVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Ce troisième tome (les éditions Folio ont regroupé en trois volumes les huit livres) met fin à la saga familiale Les Thibault. Si les débuts de cette saga m'avaient intrigué, je n'avais été que modérément enthousiasmé par sa suite. Néanmoins, j'étais suffisamment investi par Jacques, Antoine, Jenny et les autres pour avoir envie de connaitre le dénouement de leurs aventures. Surtout, c'est assez rare de lire une saga si impressionnante avec si peu de personnages : un patriarche et ses deux fils, un nombre restreint d'amis et de domestiques qui gravitent autour d'eux. Roger Martin du Gard s'est fait économe et c'est pour le mieux : la qualité doit primer sur la quantité. Ça a donné des personnages complets et complexe, qu'on a pu découvrir en profondeur. Aussi, il a réussi à balancer cet aspect très intime avec celui, épique et grandiose, de l'époque qu'il tentait de faire revivre.

Donc, on retrouve les deux frères dans la deuxième moitié du livre intitulé L'été 1914, volumineux. L'imminence de la guerre ne fait plus de doute, chacun réagit à sa façon. Jacques Thibault espère que lui et ses amis socialistes, tous pays confondus, réussiront à faire reculer les ambitions impérialistes russes et allemandes. Mais voilà que Jaurès est assassiné et l'appel à la mobilisation est lancé même en France. Que reste-t-il à faire? Fuir en Suisse? Et Jenny Fontanin? L'amour est-il plus fort que la guerre et les convictions pacifistes? On l'espère. Incidemment, cette longue attente d'une guerre qui semble inévitable n'est peut-être pas faite pour un lecteur qui cherche l'aventure, les rebondissements. En ce sens, ce bouquin ressemble par moments plus à un roman psychologique, à une étude sociologique.

En effet, je dois admettre que j'avais hâte de terminer ce livre et passer à autre chose. C'était très instructif pour connaitre l'état d'esprit des gens de l'époque, les dessous des événements ayant conduit à la Grande Guerre (mieux expliqués ici que dans les cours d'histoires où tout était simplifié à l'extrême). Toutefois, d'un point de vue strictement littéraire, c'était très technique, parfois long et ennuyeux. Les personnages semblaient noyés dans la grande histoire bien que leurs préoccupations personnelles (et professionnelles) y soient entremêlées. de temps à autre, mes yeux glissaient sur les lignes, en captaient l'essentiel et continuaient.

Le huitième et dernier livre, intitulé justement Épilogue, se déroule trois-quatre ans plus tard. La guerre fait encore rage mais la victoire des Alliés ne fait plus de doute. À travers les échanges entre Antoine et ses proches, ou les entrées de son journal intime, on peut suivre la progression des armées, la reprise graduelle des villes françaises et belges. Toutefois, ce tome est aussi très personnel. Mlle de Waize meurt, Antoine est gravement malade après avoir été gazé au front. Bref, comme dans toute saga qui se respecte, les personnages disparaissent un à un… S'ils ne meurent pas, ils prennent le large. C'est toujours un brin nostalgique, la fin d'une époque, d'une série romanesque. Roger Martin du Gard a terminé sa fresque magistrale alors que se profilait déjà l'ombre de la Seconde Guerre mondiale, je me demande si cela a teinté son histoire et son dénouement tristounet bien qu'approprié.
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Voilà tournée la dernière page de cette gigantesque saga! Et figurez vous que je suis sous le "choc" de la séparation . Parce que passer autant de temps en compagnie d'Antoine Thibault et de Jacques le cadet finit par créer des liens. Sans compter la plume de R M du Gard cela va sans dire ...
Ce dernier tome commence le 31 Juillet 1914 , journée qui restera à jamais dans la mémoire collective comme le jour de l'assassinat de Jaurès et avec sa disparition celle de l'ultime chance de trouver une solution pacifique aux appétits inassouvis de l'Allemagne, de l'Autriche et de la Russie ...Il s'achève en Novembre 1918 dans une clinique de Moutiers où Antoine gazé essaye vaille que vaille de survivre .Des personnages attachants, des hommes mais aussi des femmes entre autres Jenny le grand amour de Jacques qui doit affronter le deuil et la maternité hors mariage .
Un contexte où chacun essaye de trouver sa place , difficile quand on se retrouve face au néant, à la guerre omniprésente . En dehors de cette source excessivement précise quant aux évènements qui ont précédé et entraîné le déclenchement du conflit ,d'une étude sociologique de ce monde d'avant 1914 et de sa bascule dans le XXème siècle, sachant que ces 8 romans ont été publiés entre 1922 et 1940 pour l'Epilogue le regard de R M du Gard est celui d'un homme qui a vu se dessiner les contours de la seconde guerre mondiale et cela n'en est que plus poignant voir plus terrifiant . Une oeuvre magistrale , un Prix Nobel de littérature obtenu en 1937 à mes yeux pleinement justifié .
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Je n'avais jamais encore pris le temps de lire les huit tomes de cette longue chronique familiale qui faisait référence auprès de nos professeurs, dans les pensionnats religieux de mon adolescence, et, pour cette même raison certainement, je m'imaginais un roman d'initiation et d'édification pour jeunes gens de bonnes familles, aussi moralisateur et bien-pensant que trop pesant d'atmosphères surannées.

Et il est vrai que ces adolescents qui se vouvoient (entre garçons ou entre filles, comme d'un sexe à l'autre), qui parlent et se comportent comme des adultes, bref, qui n'ont pas encore constitué socialement un monde à part, avec ses codes et ses valeurs ; que la religion socialement et culturellement omniprésente, jusque dans la virulence des anticléricaux ; que les débats sur Dieu ou la science ou sur les moyens et les fins du socialisme révolutionnaire (qui, s'ils n'ont rien perdu de leur justesse et de leur pertinence, font quand même aujourd'hui un peu resucée), tout cela nous renvoie à des temps révolus, à cette vieille société bourgeoise et cléricale qui prolonge le dix-neuvième siècle au tout début du vingtième, avant le grand choc des deux guerres mondiales. Mais, nonobstant ces marques un peu désuètes, on a vite fait de se laisser gagner par l'assiduité et la familiarité qui font tout le charme des séries télévisées modernes. On se laisse alors porter par ce temps long… qui ne coule pourtant guère que sur une dizaine ou une douzaine d'années, creusant du coup d'autant plus profondément son lit et s'étalant à l'aise dans la sensibilité du lecteur. Car il ne s'agit pas du temps collectif et historique qui traverse les générations (même s'il sinue ici au milieu des écueils et des événements d'une période particulièrement tragique de notre histoire), mais d'un temps ou d'une durée intime qui va, pas à pas, au rythme de notre vie à chacun. Aussi ne faut-il pas chercher de rebondissements dans l'action et les aventures extérieures ; mais plutôt se laisser gagner par le subtil développement des émotions, des états de conscience et de tout ce qui fait le tissu personnel des personnages. Roman psychologique donc, plus qu'historique ou social… malgré son intérêt documentaire aussi, par exemple sur l'état d'esprit dans les années de la Grande Guerre.
Les Thibault : deux frères, Antoine et Jacques, neuf ans d'écart, jeunes pousses vigoureuses qui, chacune à sa façon, cherchent l'air et la lumière dans l'ombre asphyxiante d'Oscar, le patriarche, grand bourgeois catholique et dévot (mais aussi lettré), obsédé d'ordre et de respectabilité, dans ses activités sociales comme dans sa vie familiale ou sa philosophie de la vie. L'aîné, jeune médecin promis à une brillante carrière, solide, raisonnable, positiviste ; Jacques, le cadet, écorché vif, idéaliste et anarchiste, rêvant d'une grande oeuvre littéraire et d'un monde utopique. Deux frères que nous suivons du sortir de l'enfance jusqu'aux grandes décisions qui jettent les fondations de l'âge adulte ; dans cette période charnière et clé où se soldent et parfois se consument tous les destins… On y retrouve tout : les troubles, les révoltes et les grands dangers de l'adolescence ; le passage de frontière, de la clôture familiale à la société ouverte ; les premiers tâtonnements qui fraient les chemins de vie définitifs ; les confrontations et les collusions avec les règles du jeu ambiantes ; l'effondrement, à la mort du père, d'un mur qui est à la fois prison et rempart ; le poids des choses et la charge des autres qui lestent de responsabilités écrasantes les élans et les ivresses de la liberté toute neuve ; les rêves ou les projets personnels, brutalement rabattus par les vents de l'histoire ou les avaries du corps et qui sont contraints de se poser en catastrophe au sol des réalités, quand ils ne viennent pas simplement s'y fracasser ; les enthousiasmes et les certitudes bientôt échaudés par l'expérience et les doutes ; mais les idéaux et les espoirs aussi, qui refusent de plier à la logique et aux accommodements du réel… Et tout cela, bien sûr, au milieu du ballet des amours, des rencontres, des ruptures, des souffrances, des naissances, des maladies, des morts, des tâches, des obligations et des engagements, des interrogations sans fin et des possibles envisagés ou regrettés, et qui sont comme des linéaments de vies ou de mondes parallèles…

Car il faut dire que, fouillés, analysés, décapés par ce fin psychologue qu'est Roger Martin du Gard, les personnages (et pas seulement les deux héros) apparaissent à nu dans leur spontanéité et leur complexité : ingénus, bruts, transparents, authentiques jusque dans leurs contradictions. Naturellement (à focaliser ainsi sur les âmes… et dans une langue châtiée, domestiquée, sublimée par la même ascèse que les corps et les moeurs qu'elle décrit), il y a beaucoup d'âmes pures et généreuses dans cette galerie de portraits… attachantes et agaçantes comme sont les figures de saints des histoires pieuses ! Mais, même les personnages les plus rébarbatifs (comme le vieux tyran domestique ou l'incorrigible séducteur-escroc Jérôme de Fontanin), éclairés de l'intérieur, finissent par révéler une complexité ou une logique de construction qui les sauve malgré eux et malgré tout. J'ai particulièrement apprécié, de ce point de vue, le récit de la lente et pathétique agonie du père Thibault. Mais cette même lorgnette psychologique, appliquée cette fois aux situations socio-historiques, nous découvre aussi, sous le mécanisme des conjonctures et des rapports de forces, l'état et l'évolution de ce que les historiens appellent les « mentalités » et qui ne sont rien d'autre que les facteurs et les enjeux humains pris dans la tourmente des événements. Au moment où, un siècle après, nous commémorons la première guerre mondiale, on retrouve, "comme si on y était", les espoirs, les angoisses, les débats, les souffrances et les drames des contemporains. D'autant plus vifs et communicatifs qu'ils perdent leur anonymat et leur éloignement en étant ici incarnés et individualisés (L'Été 14 : un des tomes les plus denses, où la petite histoire rejoint la grande).
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L'été 1914
Jacques est retourné en Suisse. Avec d'autres artistes ou ouvriers, il mène une vie de bohème aux accents syndicalistes et socialistes. « Ils formaient, à Genève, un vaste groupement de jeunes révolutionnaires sans ressources, plus ou moins affiliés aux organisations existantes. » (p. 9) Venus des quatre coins du monde, les jeunes et ardents révolutionnaires rêvent d'un monde meilleur, débarrassé du capitalisme et du machinisme, d'un monde où l'homme serait la seule valeur. Mais il n'y a que des discours, des théories et de vagues projets. « Parler ne devrait être qu'un moyen d'agir… Mais, tant qu'on ne peut pas agir, c'est déjà faire quelque chose que de parler. » (p. 84) L'action, l'évènement, voilà ce qu'ils attendent tous. C'est alors que meurt François-Ferdinand sous les balles d'un ouvrier balte. Ce n'est donc pas révolution qui s'en vient, c'est la guerre !
« On obtient bien davantage de soi, quand on s'obstine à revenir sans cesse au point de départ, quand il faut, chaque fois, recommencer, et aller plus loin. » (p. 355) Ce sont les propos de Daniel de Fontanin, mais le cadet des Thibault aurait pu les dire. À chaque retour dans la maison familiale et dans l'univers que fut sa jeunesse, Jacques se débarrasse un peu plus de l'héritage de son père et s'oppose à tout ce que l'homme incarnait. le jeune homme ne garde que le nom : « Jacques, depuis la mort de son père, [signait] maintenant ses articles de son vrai nom. » (p. 16) Il aura fallu que le patriarche décède pour que le fils fasse sien un patronyme lourd de mémoire, en le détournant et en lui donnant une résonnance bien différente. Et c'est dans son éducation que Jacques trouve la justification de son engagement socialiste. « Ce qui a fait de moi un révolutionnaire, […], c'est d'être né ici, dans cette maison… C'est d'avoir été un fils de bourgeois… C'est d'avoir eu, tout jeune, le spectacle quotidien des injustices dont vit ce monde privilégié… C'est d'avoir eu, dès l'enfance, comme un sentiment de culpabilité… de complicité ! Oui, la sensation cuisante que, cet ordre des choses, tout en le haïssant, j'en profitais. » (p. 197) La rupture avec la lignée des Thibault est consommée : Jacques sera un Thibault rouge !
En France, Antoine a développé son activité médicale et se consacre de plus en plus à la recherche sur les pathologies infantiles. Plus que jamais, il veut devenir un maître de cette spécialité. Son esprit tout entier est tourné vers la science, à tel point qu'il ne perçoit pas la menace de la guerre. En dépit du lien qui vibre encore en eux, parfois, Antoine et Jacques sont trop différents pour se comprendre et s'accommoder des choix de l'autre. « Il y avait des moments où il goûtait une satisfaction rageuse à constater que le fossé était infranchissable. » (p. 158) Confortablement installé, Antoine suit les traces bourgeoises de son père : bonhomme avec son frère, il peine à remettre en question sa façon de vivre et de penser.
La tentative de suicide de Jérôme de Fontanin rassemble les frères Thibault et les enfants du mourant dans une seule pièce. Jacques est l'objet de toutes les attentions. Daniel, devenue peintre, effectue son service à Lunéville et sent que la vieille amitié se délite. Jenny, toujours aussi dure et intransigeante, ne pardonne pas à Jacques d'avoir fui pendant trois ans. « Nous n'avons pas cessé, en secret, de nous défendre l'un de l'autre. » (p. 410) Enfin, l'aveu s'amorce et il est également une révélation. « Maintenant, je comprends ce que je traînais en moi de si douloureux, toujours et partout : une nostalgie profonde, une blessure. C'était… c'était votre absence, mon regret de vous. C'était la mutilation que je m'étais faite, que rien ne pouvait cicatriser. » (p. 411 & 412) le Grand Soir de Jacques n'est pas socialiste, il est intime et amoureux.
Ce troisième tome est bien long et lent, avec assez peu d'action et beaucoup de discours. Jean Jaurès traverse quelques pages, mais c'est bien peu pour soulager des longs débats révolutionnaires entre les socialistes regroupés en Suisse ou de la discussion ombrageuse entre les deus frères. Il est surtout pénible d'être aux portes de la guerre et de ne pas y plonger. On pressent que Daniel de Fontanin connaîtra un funeste avenir, que la romance enfin déclarée entre Jacques et Jenny ne fera pas long feu et que le paisible Antoine devra faire craquer le vernis bourgeois qui le pétrifie.
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Troisième et dernier volet de cette saga haute en couleur et en points de vue.
littérature classique mais dont l'écriture et les sujets abordés facilitent la lecture.
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
« Devenir un homme de valeur. Développer en soi une personnalité qui s’impose. Se défier des théories en cours. Il est tentant de se débarrasser du fardeau exigeant de sa personnalité ! Il est tentant de se laisser englober dans un vaste mouvement d’enthousiasme collectif ! Il est tentant de croire, parce que c’est commode, et parce que c’est suprêmement confortable ! Sauras-tu résister à la tentation !… Ce ne sera pas facile. Plus les pistes lui paraissent brouillées, plus l’homme est enclin pour sortir à tout prix de la confusion, à accepter une doctrine toute faite qui le rassure, qui le guide. Toute réponse à peu près plausible aux questions qu’il se pose et qu’il n’arrive pas à résoudre seul, s’offre à lui comme un refuge ;surtout si elle lui paraît accréditée par l’adhésion du grand nombre. Danger majeur ! Résiste, refuse les mots d’ordre ! Ne te laisse pas affilier ! Plutôt les angoisses de l’incertitude, que le paresseux bien-être moral offert à tout « adhérent » par les doctrinaires ! Tâtonner seul, dans le noir, ça n’est pas drôle ; mais c’est un moindre mal. Le pire, c’est de suivre docilement les vessies-lanternes que brandissent les voisins. Attention ! »

Extrait de: Roger Martin du Gard. « Les Thibault - Tome VIII - Épilogue. 
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Impossible de se débarrasser intégralement de la question oiseuse: « Quelle peut être la signification de la vie ?» Moi-même, en ruminant mon passé, je me surprends souvent à me demander: "À quoi ca rime?"

À rien. À rien du tout. On éprouve quelque peine à accepter ça, parce qu'on a dix-huit siècles de christianisme dans les moelles. Mais, plus on réfléchit, plus on a regardé autour de soi, en soi, et plus on est pénétré par cette vérité évidente: « Ça ne rime à rien. » Des millions d'êtres se forment sur la croûte terrestre, y grouillent un instant, puis se décomposent et disparaissent, laissant la place à d'autres millions, qui, demain, se désagrégeront à leur tour. Leur courte apparition ne « rime » à rien. La vie n'a pas de sens. Et rien n'a d'importance si ce n'est de s'efforcer à être le moins malheureux possible au cours de cette éphémère villégiature...

Constatation qui n'est pas aussi décevante, ni aussi paralysante, qu'on pourrait croire. Se sentir bien nettoyé, bien affranchi, de toutes les illusions dont se bercent ceux qui veulent à tout prix que la vie ait un sens, cela peut donner un merveilleux sentiment de sérénite, de puissance, de liberté. Cela devrait même être une pensée assez tonique, si on savait la prendre.
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« Ce qui a fait de moi un révolutionnaire, […], c’est d’être né ici, dans cette maison… C’est d’avoir été un fils de bourgeois… C’est d’avoir eu, tout jeune, le spectacle quotidien des injustices dont vit ce monde privilégié… C’est d’avoir eu, dès l’enfance, comme un sentiment de culpabilité… de complicité ! Oui, la sensation cuisante que, cet ordre des choses, tout en le haïssant, j’en profitais. » (p. 197)
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Spirituel ? Il y a deux façons d'être spirituel : par l'esprit qu'on met dans ce qu'on dit (Philip), et par celui qu’on met dans sa manière de dire. Goiran est de ceux qui paraissent spirituels sans vraiment rien dire qui le soit. Par une certaine élocution, insistance sur les finales, par certains déplacements de voix, certaines mimiques amusantes, certaines tournures elliptiques, sibyllines ; par le pétillement malicieux du regard qui glisse des sous-entendus derrière chaque mot. Si l'on répète un propos de Philip, il reste acéré, subtil, il continue à faire mouche. Si l'on s'avisait de répéter ceux de Goiran, il ne resterait le plus souvent rien qui porte.
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Attention ! Le garçon de dix sept ans, il est souvent pareil à un pilote qui se fierait à une boussole affolée (...) Et il ne soupçonne pas qu'il est en général à la remorque de goûts factices, provisoires, arbitraires. Il ne soupçonne pas que ses penchants, qui lui semblent si authentiquement être siens, lui sont au contraire foncièrement étrangers; qu'il les a ramassés, comme un déguisement, au hasard à la suite de quelque rencontre faite dans les livres ou dans le monde.
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Discours de Roger Martin du Gard pour le prix Nobel (1937).
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