Richard Matheson est un auteur très connu dans le domaine du fantastique, de la SF et de l'épouvante. J'ai démarré ses livres avec
La maison des damnés il y a quelques mois, que j'avais bien aimé. Quand j'ai vu que ses trois livres les plus connus étaient regroupés dans un recueil chez Folio, je n'ai pas hésité, surtout que ça faisait un moment que je voulais découvrir
Je suis une légende.
Au final, ce qui ressort des 3 récits pour moi, c'est le style un peu démodé de l'écriture. Ca ne m'avait pas du tout marquée dans
La maison des damnés, mais là, c'était vraiment frappant. En dehors de ça, les 3 histoires sont de longueur et de qualité inégale. Peu originaux par rapport à ce qui existe aujourd'hui, ces livres ont dû être hyper novateurs à l'époque de leur sortie et méritent qu'on s'y attarde.
Je suis une légende est devenu un classique du genre et a inspiré plusieurs adaptations, la plus connue aujourd'hui étant probablement la plus récente (avec Will Smith, sortie en 2007). J'avais vu ce film, et j'avais beau savoir que c'était très différent du livre, j'ai tout de même eu l'impression de contempler des histoires différentes. le fond est le même (un homme qui survit seul face à des zombies/vampires) mais la plupart des détails sont traités de manière vraiment distincte… et surtout, la fin n'a rien à voir entre le livre et le film. La fin du livre est assez cynique et noire, alors que pour que le film soit plus « grand public », ils en ont fait un happy ending qui dénature finalement jusqu'au titre de l'oeuvre de Matheson. Personnellement, j'ai une nette préférence pour la fin du livre du coup :)
Le livre est très court (moins de 200 pages) et il y a des ellipses temporelles assez longues, donc le rythme est un peu particulier. de plus, le personnage principal (Robert Neville) est au bord de la folie à certains passages, la solitude et le désespoir le rongent (je n'avais pas eu cette sensation avec le film). Il alterne les périodes de renoncement total et des périodes où il s'active beaucoup, à la fois pour tenter d'améliorer son quotidien de survivant et à la fois pour tenter d'en découvrir plus sur la bactérie qui transforme les gens en vampires/zombies. A noter qu'il n'est pas du tout scientifique dans le livre (contrairement au film), donc toutes ses découvertes sont vraiment le fruit d'expérimentations et d'un long travail d'apprentissage qu'il effectue seul.
L'histoire se lit facilement, mais je trouve qu'on sent qu'il a été écrit il y a longtemps (milieu des années 50), certaines réflexions ou détails du quotidien de Neville m'ont paru assez datés et vieillots. Cela dit, pour l'époque, ça devait être vraiment novateur et je parie que Matheson en a inspiré plus d'un avec ce bouquin :) Je le conseille à tous les amateurs de fantastique et de post-apo, mais aussi pour les autres, pour votre culture :)
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L'homme qui rétrécit
Le coup des gens rapetissés au point d'être des proies pour des animaux du quotidien, c'est du vu et revu. Vu la date à laquelle celui-ci a été écrit, il est probable qu'il soit le précurseur de tous les autres récits du même et qu'il ait été archi-novateur quand il est sorti. Etant donné que je le lis après tous les autres, j'avoue l'avoir trouvé peu original (alors qu'il a dû l'être à une époque)…
On suit en fait deux récits en parallèle: celui du héros quand il ne mesure plus que quelques centimètres et qu'il survit dans sa cave (dans laquelle il est enfermé et qu'il tente quotidiennement d'échapper à une veuve noire), et celui dans lequel le héros apprend qu'il rapetisse et où l'on va assister à son rétrécissement progressif, ainsi qu'à la façon dont ce rétrécissement va affecter ses relations avec sa femme et sa fille. les chapitres alternent entre ces deux époques. Au début, la femme du héros est très inquiète, mais plus il rapetisse, plus elle l'infantilise, son regard sur lui change, alors que sa vision des choses à lui ne change absolument pas. du coup, le héros est très frustré de se voir adresser la parole comme à un enfant et de ne plus pouvoir assouvir ses besoins physiques (difficile de faire l'amour à sa femme quand on fait le tiers de sa taille), ce qu'on peut comprendre; mais si je devais voir mon mari ne m'arriver qu'au genou, j'avoue que je ne sais pas comment je réagirais non plus… Sa fille ne le voit plus comme une figure paternelle (étant donné qu'il finit par être plus petit qu'elle) et son moral est au plus bas. Par un coup du sort, il se retrouve enfermé dans la cave de sa maison sans que personne ne comprenne où il est; étant donné qu'il est désormais trop petit pour sortir de là tout seul et que la cave n'est pas le lieu le plus fréquenté de la maison, il se résigne à y passer ses derniers jours, persuadé qu'il va mourir à force de rétrécir.
Le roman est sombre, l'homme torturé (mais qui ne le serait pas?), il y a peu d'espoir (comme dans
Je suis une légende, en fait). Pourtant, la conclusion du récit est un peu plus lumineuse (je vous laisse la découvrir). Au niveau de l'écriture, comme pour
Je suis une légende, je la trouve assez démodée, certains détails du quotidien du couple m'ont paru complètement désuets (par exemple, au début, il s'inquiète car sa femme ne travaille pas et il n'a pas l'air d'envisager une seconde qu'elle puisse s'en sortir financièrement sans lui!).
Si le concept vous intéresse, l'histoire peut être intéressante, mais si vous avez déjà vu/lu des histoires semblables et que ça ne vous a pas trop plu, ne vous penchez pas sur celle-ci.
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Le jeune homme, la mort et le temps
C'était la partie que j'appréhendais le plus, car en lisant le résumé, je m'attendais à quelqu
e chose de très onirique et en général, je n'accroche pas trop à ce type de récits. Finalement, c'est l'histoire que j'ai préférée!
On suit un personnage (Robert) qui se sait condamné par une tumeur cérébrale, et qui préfère partir à l'aventure plutôt que de souffrir des effets de chimiothérapies qui de toute façon ne le guériraient pas. Il se retrouve un peu par hasard dans un hôtel construit à la fin du XIXème siècle, et qui possède une photo d'une actrice de l'époque qui a séjourné dans ses murs. Robert est fasciné par la femme sur l'image, à tel point qu'il se lance dans une recherche frénétique de documents parlant d'elle. Il finit petit à petit par se faire une bonne idée de ce qu'a été sa vie. Il découvre qu'avant 1896, elle était une bonne actrice, mais un peu quelconque. Après 1896, son jeu s'est transformé et elle est devenue incroyablement douée.. pourquoi? Persuadé qu'ils sont faits l'un pour l'autre, Robert va se mettre en tête de partir la rejoindre en 1896…
J'ai toujours aimé les histoires de voyage temporel, et celle-ci ne fait pas exception. Si Robert parait franchement monomaniaque, l'ensemble est touchant et j'ai trouvé le vieil hôtel plein de charme, j'ai beaucoup aimé déambuler dans ses couloirs, c'est presque un personnage à part entière pour moi. Encore une fois, l'écriture de l'auteur est un peu surannée, le style dépassé, mais l'histoire m'a tellement embarquée que ça m'a bien moins dérangée que pour les deux livres précédents.
En bref, si vous aimez la SF et le fantastique, je pense que ce sont des récits à découvrir car ils sont probablement à l'origine de beaucoup d'autres romans sortis par la suite, et c'est toujours intéressant de découvrir les oeuvres « de base » :)
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