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EAN : 9782354080099
272 pages
Mnémos (22/06/2007)
3.46/5   27 notes
Résumé :

Londres, fin du XIXe siècle. Qui est réellement Joseph Merrick, celui qu'on surnomme " l'Homme-Elephant " ? Homme ou bête ? Monstre de foire ou curiosité scientifique ? Une simple anomalie de la nature ou... un dieu ? Lorsqu'il rédige se " Mémoires ", il n'a pas trente ans et réside depuis quelque temps à l'hôpital de Whitechapel sous la protection du médecin Frederick Treves. Un refuge qui lui permet d'ob... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Qui n'a aujourd'hui jamais entendu parler d'elephant-man, un homme au corps assez difforme pour qu'on aille jusqu'à le comparer à l'imposant pachyderme ? Cet homme, c'est Joseph Merrick, un jeune anglais ayant vécu à l'époque victorienne et souffrant d'une maladie génétique baptisée « syndrome de Protée » ayant affecté la croissance de ses tissus et produit des déformations sur l'ensemble de son corps. Une personnalité historique connue de tous à propos de laquelle on ne retient finalement que peu de chose, si ce n'est son bref passage par le « Freakshow » qui lui vaudra son surnom d'Elephant-man. Et si Joseph Merrick pouvait nous parler, que nous dirait-il ? Par le biais de ces « Mémoires de l'homme-éléphant », Xavier Mauméjean donne enfin la parole à celui que beaucoup considéraient alors comme une simple bête de foire et nous propose de revisiter ici l'histoire de cet homme exceptionnel. le roman est cela dit loin de se cantonner à n'être qu'une simple énième biographie romancée de Joseph Merrick, et c'est justement là que réside tout son charme. Car si l'auteur reconstitue effectivement par bribes la plupart des éléments connus du passé de son protagoniste (son enfance à Leicester, ses années en tant que « bête de foire »...), l'intrigue se focalise principalement sur la dernière année de la vie de l'homme-éléphant et sur les quelques enquêtes qu'il aurait alors eu à résoudre.

Comment expliquer les rapts d'enfants de plus en plus rapprochés dans le quartier pauvre de Londres ? Les manigances ourdies par un financier iranien en visite à la capitale et dont les enjeux sont loin de se limiter à ceux de la couronne anglaise ? Ou encore le massacre de toute une famille par un homme pourtant sans histoire et qui n'aurait épargné qu'un seul membre qui représentait pourtant sa principale cible ? du fond de sa chambre de l'hôpital de Withechapel où il finira ses jours, Joseph Merrick se penche saison après saison sur quatre affaires, toutes plus tordues les unes que les autres et à propos desquelles on souhaite faire appel à sa sagacité. le roman n'étant en lui-même pas très épais, les dites enquêtes sont relativement brèves mais se révèlent toutes aussi captivantes que bien ficelées. Il faut dire que Xavier Mauméjean sait comment s'y prendre pour poser une ambiance ! Que ce soit par le biais de petites anecdotes tour à tour amusantes, intrigantes ou effrayantes, ou grâce à quelques scènes glauques (voire même parfois oppressantes), l'auteur immerge avec talent le lecteur dans cette société victorienne de la fin du XIXe siècle, des bas-fonds à la haute-société en passant par l'univers médical à propos duquel il s'est de toute évidence abondamment documenté (sont notamment évoqués les thèses de certains chercheurs, le fonctionnement des « hôpitaux », la gestion des malades...).

Mais on aurait tort de limiter la seule qualité du roman à son intrigue. Car la principale force du livre tient en réalité à la remarquable idée de Mauméjean de laisser flotter un doute quant à la véritable personnalité de Joseph Merrick. Car si la société londonienne s'est pour sa part laissée convaincre qu'il s'agissait bien d'un homme rendu monstrueux par ses difformités, le jeune homme, lui, possède une toute autre explication à son état. Il serait Ganesha, divinité indienne de la sagesse et de l'intelligence, fils de Shiva : le dieu à tête d'éléphant ! Et c'est là où le talent de Mauméjean se fait le plus admirable, car il parvient tout au long du roman à faire osciller le lecteur entre l'une et l'autre de ces théories. Alors, simple mortel ou dieu ? La question reste ouverte... Parmi les autres points positifs du roman, saluons aussi la qualité de son écriture, pleine d'ironie et de références et clins d'oeil tant littéraires qu'historiques ou mythologiques plus ou moins subtiles (comme cette anecdotique référence au dieu grec Protée...). Il est également louable de la part de l'auteur d'avoir eu la volonté de gommer tout pathétisme dans son roman. Oui on s'attache à Merrick, oui on s'émeut de ses souffrances et de sa solitude, mais jamais Mauméjean ne commet l'erreur de tomber dans le larmoyant ou l'auto apitoiement.

Vous l'aurez compris, ces « Mémoires de l'homme-éléphant » furent un véritable coup de coeur. Xavier Mauméjean rend ici un bel hommage à celui qui, toute sa vie, fut rejeté et considéré comme un monstre, le tout en proposant une approche originale de son histoire et de l'origine de son mal. A ceux qui souhaiterait en apprendre davantage sur le personnage, sachez qu'une bande dessinée lui a récemment été consacrée, et qu'il existe également un film réalisé en 1980 par David Lynch. le roman de Mauméjean mérite en tout cas d'être lu, que vous soyez ou non familiers avec l'histoire de l'homme-éléphant.
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Il y a des lectures, comme ça, dont vous attendez beaucoup et qui se déroule mal. le roman de Michael Howell et Peter Ford m'avait apporté des palettes d'émotions, le film de David Lynch, tiré du roman, tout autant.

Chaque fois que ma route avait croisée celle de Joseph Merrick, j'avais eu mon quota d'émotions, même dans la série "Ripper Street" et ici, j'ai eu l'impression que ce n'était pas le Joseph que je connaissais, que j'avais appris à connaître aux travers d'écrits, de films, de séries… Comme une trahison du personnage qui m'a semblé fat et imbu de lui-même dans ses pages.

Certes, ce sont des mémoires fictives et non les vraies de Joseph Merrick, mais malgré tout, j'ai ressenti ses propos comme une trahison du personnage.

Joseph Merrick n'est plus une bête de foire que l'on montre pour quelques sous, il a été placé sous la surveillance du docteur Treves (Anthony Hopkins dans le film de Lynch). Il vit dans une chambre à l'hôpital de Whitechapel et exerce les fonctions de détective consultant.

Dans ce récit, comme un Sherlock Holmes exerçant son métier de détective en chambre, il va résoudre quatre affaires durant sa dernière année de vie (une par saison) mais je n'ai pas été vraiment scotché par les histoires (kidnappings d'enfants, complot d'un financier, le massacre d'un couple, mais pas de leur fille). le niveau des histoires est inégal et je n'ai pas été emballée.

Au fil du temps (et du récit), Joseph se prend de plus pour la divinité Ganesha, le Dieu Éléphant.

Le style d'écriture, assez décousu, comme si Merrick avait jeté les mots comme ils venaient sur des pages, n'ont pas aidé non plus à entrer dans le récit.

Récit que j'ai, finalement, survolé avec l'impression d'être ailleurs.

Non, l'écriture n'a rien de simple, il faut être super concentré (ce que je n'étais sans doute pas assez) car si les parties roman policier sont assez simple à lire, lorsque l'on entre dans des parties qui se veulent plus philosophique ou poétique, faut s'accrocher, ce que je n'ai pas réussi à faire, décontenancée que j'étais par les digressions de l'auteur.

Anybref, la rencontre est ratée totalement entre moi et ce livre ! Je voulais retrouver le Joseph Merrick que je connaissais, qui me donnait des émotions, mais ce n'est pas dans ce roman qui oscille entre le fantastique et le polar que je le retrouverai, car ce n'est pas le but premier de ce récit.

La lecture fut interminable pour moi et j'ai fait comme Spring Heeled Jack, j'ai sauté des pages, des pages…

Un bon point néanmoins pour les ambiances sombres et sordides de Londres, son folklore.

Pour le reste, pour paraphraser le Grand Jacques, je dirai "Au suivant !"
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En Résumé : J'ai passé un très bon moment de lecture avec ce roman qui nous plonge à la découverte de Joseph Merrick, l'Homme-Éléphant, à travers quatre enquêtes. Mais c'est surtout la construction au-delà des investigations, qui sont résolus finalement asez facilement, qui font qu'on se retrouve happé par le récit, que ce soit aussi bien dans « l'intimité » lié aux personnages comme dans les nombreux aspects philosophiques, psychologique ou encore sociétal offrant ainsi de nombreuses possibilités de lectures. On oscille tout du long entre de nombreuses hypothèses, mais aussi entre réalité et mysticisme, entre magie et science, qui offre ainsi une ambiance prenante. La ville de Londres joue aussi un rôle capital, une cité en pleine mutation, qui fonce à grands pas vers l'ère industrielle et tout ce que cela peut occasionner comme mutation ; elle en devient ainsi limite un personnage à part entière du récit. L'aspect conte et mythologique se révèle aussi soigné et efficace. Concernant les personnages, le héros Merrick, se révèle soigné, solide, travaillé et attachant, mais comme souvent dans des récits à la première personne éclipse les personnages secondaires, ce qui est dommage tant certains donnent envie d'en apprendre plus. Je regretterai par contre une légère confusion au niveau de certains passages qui me perdaient, mais franchement rien de non plus très bloquant. La plume de l'auteur se révèle soignée, efficace et colle parfaitement à l'ambiance du récit. Je lirai sans soucis d'autres écrits de l'auteur, dont certains justement m'attendent déjà dans ma PAL.


Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
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J'ai bien conscience qu'il va être sacrément difficile de parler de Ganesha, parce que Xavier Mauméjean a livré au monde, avec son premier roman, une perle de poésie, de complexité et de macabre. Un rouage qu'il nous encourage à décortiquer tout en sachant que l'ampleur de la tâche est sans commune mesure.
J'ai rencontré M. Mauméjean il y a peu, à vrai dire, il y a moins d'un an, à un festival de littératures imaginaires aux alentours de Lyon. Cela m'a permis de discuter de choses et d'autres avec cet auteur assi farfelu que talentueux, et on peut dire que la rencontre ne fut pas vaine. La difficulté évidente que présentait son sujet dans Ganesha n'était sans doute pas suffisante, car c'est le témoignage honnête et réaliste d'une époque tourmentée et s'asphyxiant dans la noirceur que dépeint Mauméjean, de même qu'une vision de la médecine formidablement bien retranscrite. En vérité, un effort historique impressionnant. Whitechapel, l'hôpital ayant eu la charge de s'occuper de Joseph Merrick, n'a jamais semblé aussi vrai, de même que le Dr Treves, ange gardien de notre homme-éléphant.
Mais je vais peut-être clarifié la situation, car je réalise qu'il est un peu ardu pour quelqu'un n'ayant pas lu le livre de trouver des repères, que ce soit dans la quatrième de couverture ou les critiques. de quoi parle ce bouquin? Rien de moins facile à expliquer. le livre se trouve être les mémoires (fictives) de Joseph Merrick, figure emblêmatique de la Londres victorienne pour son physique disgracieux et sa maladie énigmatique: Joseph Merrick, c'est l'homme-éléphant. Une figure de cirque qui parvint à sortir de l'univers forain pour mener une fin de vie paisible à l'hôpital de Whitechapel, sous le protectorat du Dr Treves. Mais ce ne sont pas seulement les simples mémoires d'un homme. "John", c'est comme ça qu'on l'appelle, dans l'hôpital, n'est qu'un nom pour colmater les fuites d'un esprit divin et gigantesque. Joseph Merrick est un nom appartenant au passé. Mais Ganesha est omniprésent. Ganesha, dieu des catégories et responsable de la stabilité de l'univers, le dieu-éléphant, Ganesha est cette divinité qui écrit ses mémoires ici.
Vous l'aurez compris, tout le livre de Xavier Mauméjean est un questionnement à-travers différents plans de réflexion, différentes réalités, pour savoir qui de la divinité ou du simple homme fantasmant l'on suit au cours de l'histoire. Mauméjean brouille les pistes, sans pour autant s'abstenir de glisser quelques réponses, mais je n'en dirai pas plus.
Ganesha/Merrick ne suffit apparemment pas à tenir le roman puisque l'auteur ose faire du personnage une sorte de Sherlock Holmes macabre, qui va s'atteler à résoudre quatre meurtres (un pour chaque saison qui défile dans l'esprit de l'éléphant), qui se révèlent être quatre petites perles de macabre et de grandguignolesque. de l'originalité? le terme est faible tant le récit de Mauméjean est dépaysant. Cet auteur fait montre d'un univers et d'une imagination hallucinante, et pour vous le témoignez, Ganesha m'a fait penser par sa marginalité à un Barker des meilleurs jours, tant il s'agit ici pour l'auteur d'entrainer son lecteur dans sa tête et ses tourmentes plutôt qu'en des lieux communs (des peurs "universelles"). Rien ne peut préparer un lecteur à un bouquin pareil, et j'ai envie de dire: tant mieux.
Mais il faut impérativement que je signale quelque chose d'absolument utile, avant de se lancer dans Ganesha. Ce bouquin est extrêmement, extrêmement exigeant. Ne vous laissez pas amadouer par ses quelques trois cents pages. Si la lecture est évidemment agréable et rapide, Ganesha est extrêmement éprouvant et complexe à suivre. Vous me direz, rien que le personnage de départ semble infiniment complexe, et vous n'auriez pas tort. Mais même dans le choix des enquêtes et la manière de les résoudre, Mauméjean n'hésite pas à élever le récit haut, très haut, avec des complexités langagières, une intelligence du propos et une poésie juste somptueuse. Disons-le: Xavier Mauméjean écrit merveilleusement bien. Son livre est un délice pour tout lecteur aventureux et amoureux de belles lettres. Mais voilà, je préfère prévenir car le choc peut être terriblement rude. On peut commencer le livre et croire que le prologue, merveille de poésie mais aussi de complexité, place la barre haut pour déstabiliser le lecteur. Mais c'est faux: tout le livre est du même niveau, et la seule chose qui change est l'accommodation du lecteur à cette exigence d'intelligence demandée par Mauméjean pour accéder aux délices de son histoire.
Alors bien sûr, vous me connaissez, je me laisse emporter sans vraiment souligner les défauts de ce petit livre, car je n'en ai pas vraiment envie. Cela faisait plus d'un mois, à cause d'un emploi du temps maudit, que je n'avais pu lire un roman, et la joie de me plonger dans celui-ci m'a sûrement rendu ses défauts assez doux à l'oeil. Si je devais en citer quelques uns, je commencerais par la même complexité que je vantais quelques lignes plus tôt. Evidemment que ça joue également en défaveur du livre, puisqu'au cours des trois cent pages de lecture, il arrive forcément un moment où l'attention est un peu plus disparate et où l'on se perd dans les méandres de l'esprit de Ganesha. Surtout si cette baisse d'attention arrive au cours de la deuxième nouvelle, "Printemps", qui est inexplicablement et bizarrement complexe, Mauméjean n'hésitant pas une seconde à étouffer son histoire sous des strates et des strates d'information à l'intérêt douteux. Ajoutons objectivement le fait que cette enquête est moins intéressante que les trois autres, en on obtient très vite soixante-dix pages un peu rudes. Mais rien de décisif non plus.

En résumé, avec Ganesha, vous vous préparez à vous plonger dans un univers extrêmement singulier et particulièrement rude à appréhender. Une fois l'effort d'adaptation effectué, Xavier Mauméjean vous le rendra bien avec un récit merveilleusement bien écrit, exigeant mais flattant l'intelligence. Une histoire policière, une poésie en prose, un roman teinté de fantastique, un récit historique... Ganesha, c'est tout ça en même temps, et chez Ganesha, le Tout est toujours supérieur à la somme des parties, alors je vous le conseille fortement, lisez ce petit roman.
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POPPY : Récompensé en 2000 par le Prix Fantastic'Arts du Festival de Gérardmer, le livre propose 4 nouvelles qui se déroulent au file des 4 saisons. Une année donc, pendant laquelle notre héros, Joseph Merrick, plus connu en tant qu'Elephant-Man (merci David Lynch pour le film poignant du même nom) enquête sur 4 histoires, plus ou moins liées entre elles. Evidemment, l'homme-éléphant, de par ses déductions, rappelle d'autres détectives littéraires de la même époque. le choix de ce format permet de connaitre différents détails sur son passé, des souvenirs de sa vie de monstre de foire relatifs aux diverses enquêtes. Passé de solitude et de rejet, s'il fallait le préciser.

Au même titre qu'un Jack l'Eventreur, Elephant-man, dont la silhouette déformée se découpe dans le brouillard du Londres victorien, est une figure emblématique de l'époque. Il est, dans cette fiction, un être terriblement seul. Tellement seul qu'il s'imagine être la divinité Ganesha, le dieu à tête d'éléphant, qui rêve le monde. Aux premiers abords, on rencontre un homme désabusé à cause du monde qui le rejette mais aussi, comme pour s'en protéger, un être imbu de lui-même car, justement, le monde le rejette par ignorance. Ignorance de ce qu'il est sous son visage et son corps malades. Pourtant, au file des pages, se dévoilent ses faiblesses, ce qui a tendance à le rendre un peu pitoyable et, par extension, terriblement humain.

MURPHY : Faiblesses qui ne fonctionnent malheureusement pas pour conquir tout le monde. Après avoir passé des pages et des pages dans la mentalité d'un personnage si imbu de lui-même et si infidèle à l'image qu'en a faite le film de Lynch ou le rapport écrit du docteur Treves, il m'a personnellement été impossible de m'y attacher. J'ai vu ce nouveau Joseph Merrick comme une trahison. Moi qui pensais y retrouver toute la force du personnage mythique que l'on connait et l'émotion qu'il suscite, j'ai eu l'impression de lire une imposture des plus détestables.

POPPY : La première histoire, en plus de présenter les divers personnages qui graviteront autour du héros, relate les kidnappings d'enfants, à la place desquels un bonhomme en pain d'épice à leur image est déposé. Déjà ici, l'histoire permet de développer la psychologie du héros. le coupable serait un ogre, selon Elephant-man. Peut-on y voir le raisonnement d'un enfant, enfermé dans un corps malade, qui appréhende le monde à partir de contes, de figures horrifiques enfantines ? Je me suis posée la question plusieurs fois au cours de la lecture. le côté divinité, fantastique est-il à prendre littéralement ou n'est-ce pas un simple fantasme du héros ? le livre se place dans cet entre deux, faisant sans cesse remettre en cause ce que le lecteur peut penser. En cela, réside une des forces de l'écriture de Mauméjan.

MURPHY : Pour ma part, le fantastique est dans ce livre une illusion. L'ambiguité n'est pas assez mise en avant à mon sens pour vraiment créer le doute. A mes yeux, ce Joseph Merrick n'est en effet qu'un malade qui s'imagine dieu. Mais comme le dit Poppy, chacun y verra là sa propre lecture et sans doute la double interprétation sera-t-elle plus efficace sur certains que sur d'autres.

POPPY : La seconde histoire raconte le complot d'un financier et relève de mobiles géopolitiques. Elle est la seule histoire à ne pas m'avoir captivée plus que ça. La troisième est, à mon sens, celle qu'il faut retenir. Il y est question du massacre d'un couple et l'essentiel réside à comprendre pourquoi le meurtrier, identifié, arrêté, n'a pas assassiné la fille du couple contre qui, pourtant, il entretenait une terrible haine et qui a survéçu à un face-à-face avec lui. Ici, nous faisons un détour du côté de la psychologie mais trop en dire enlèverait une part d'intérêt. Enfin, la dernière histoire voit se dévoiler le grand méchant qui met à rude épreuve le héros.

MURPHY : La troisième histoire est pour moi la seule à retenir, celle qui sauve tout le livre. Utilisant pourtant un concept simple, elle arrive à amener une chute vraiment surprenante.

POPPY : Les nouvelles, en elles-mêmes, sont d'un niveau inégal. Les enquêtes demeurent assez simples dans leur structure. Mais l'intérêt demeure dans la construction fictive de la ville, du folklore de l'époque. Ainsi, diverses mentions sont faites à des faits divers, Spring Heeled Jack entre autre. Pour ma part, j'ai retrouvé un peu de l'ambiance sombre présente dans le Golem de Meyrink, qui est un classique.

Conclusion : j'ai passé un très bon moment à lire ces nouvelles. Même si l'entrée dans cet univers peut s'avérer difficile pour celui qui a vu Elephant-man de Lynch ou qui a lu le rapport du docteur Frederick Treves, il faudrait prendre ce livre comme quelque chose de foncièrement différente.

MURPHY : Je ne peux que confirmer cette conclusion. La seule différence réside dans l'avis qui est ressorti de ces constatations. En effet, il ne faut surtout pas s'attendre à retrouver l'Elephant man que l'on "connait". Mais si ce concept de personnage totalement différent a fonctionné sur Poppy, la lecture a été des plus interminables pour moi. A part la troisième histoire dont la chute m'a convaincu, le reste a été pour moi une lecture laborieuse.

Poppy & Murphy (en désaccord depuis 1862)
Lien : http://murphypoppy.canalblog..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
La perfection du jardin anglais réside dans l'absence apparente de composition et de structure. Le jardin s'oublie comme tel et s'efface devant la Nature. Étrange modestie d'Albion qui marque de sa puissance les contrées reculées, asservit les peuples, et recule chez elle devant la fleur des champs.
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Quand je serai mort, je veux que l’on m’enferme dans une bouteille géante. Dans ma bonbonne remplie d’alcool, les pores ainsi saturés d’ivresse, je flotterai, pour la postérité. Plus tard, lorsque le dernier étudiant aura assisté à l’ultime leçon d’anatomie, on balancera le flacon dans la Tamise. Roulant sur les vagues, je confierai mon message à l’océan et finirai échoué sur une plage, attendant mon libérateur.
Je n’exaucerai pas ses vœux.
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Au-delà de la physique, il y a la pataphysique, la science des solutions aux problèmes imaginaires, celle qui se consacre à l'accident, au particulier, à l'épiphénomène, et non au général. Proche parente de la science-fiction, ses chemins délibérément non conventionnels heurtent le sens commun, entre humour parfois potache et provocation. Et l'Oulipo dans tout ça ?
Avec : Hervé le Tellier, Xavier Mauméjean, Olivier Cotte
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