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3,73

sur 2844 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Captivant portrait que celui de cette empoisonneuse : on pense avant de le lire que ce sera une plongée dans un esprit maléfique, mais le romancier nous pousse à la compassion envers son personnage, sans en faire une victime innocente. C'est plutôt le portrait d'un être terriblement seul, inadapté à son milieu : tandis qu'elle recherche l'échange, un certain raffinement, les Landes sont décrites presque comme un monde à la lisière de l'humanité, où les forêts renforcent l'impression de séquestration, et où les hommes n'ont que des appétits frustres comme la chasse, à l'instar des hommes primitifs. En ne nous donnant pas la clé de son geste, Mauriac nous pousse plutôt à voir dans son récit comment, de désillusion en désillusion, se distille goutte à goutte le poison du crime.
Il le fait avec une grande modernité dans le propos, notamment quand il évoque l'insatisfaction sexuelle de Thérèse.
J'ai aussi été sensible à l'intelligence de Mauriac, avec des idées à chaque phrase. C'est d'ailleurs le reflet du bouillonnement intérieur de Thérèse, contrastant avec son environnement bien terne. le récit du voyage de Thérèse vers la demeure conjugale est remarquable, et montre une maîtrise parfaite de la technique romanesque faisant alterner les souvenirs, la description des événements présents et l'anticipation de ce qui va venir, la confrontation avec l'époux. La suite est plus convenue, sans être inintéressante.

Un mot sur l'édition de Jean Touzot que j'ai utilisée, au Livre de poche : il est regrettable que sa préface, même s'il montre une bonne compréhension de l'auteur, multiplie les euphémismes pour évoquer une clé du livre, l'homosexualité possible de Thérèse, et avec plus d'euphémismes encore celle, avérée, de Mauriac lui-même. Pourtant, dans les documents en annexe, Mauriac mentionne parmi les femmes qui ont inspiré son personnage une femme jugée aux assises et « ayant probablement le goût des femmes ». de plus, plusieurs passages laissent à penser que Thérèse préfère Anne, sa belle-soeur, à son mari. On a donc une préface qui suggère à demi-mot ce que ne peut comprendre qu'un lecteur averti. Ce n'est pas ma conception de ce que doit être une édition grand public, mais soit. Par contre, on se passerait bien de remarques homophobes telles que ceci : « En revanche il sait, et il en administre la preuve aux laxistes de la fin de notre siècle, que l'honneur consiste à surmonter une tentation barricadée d'interdits dont en son âme et conscience on a reconnu le bien-fondé. » On appréciera que cette préface ait été écrite en 1989, donc en pleine épidémie du SIDA. Il serait sans doute temps de réviser cette édition.
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Je n'avais plus, depuis des années, lu ou relu un texte de François Mauriac; aussi ce Thérèse Desqueyroux est-il arrivé à point nommé. Ce qui m'a passionnée, c'est le silence du personnage principal qui, installé dans un rôle bien précis, déroge à la loi mais ne donne jamais ses mobiles. Les Landes avec ses sols sableux et ses vastes forêts de pin, ses grands ciels et ses silences enserrent Thérèse et l'étouffent. Personnage profondément solitaire, cette femme, sous la plume de Mauriac, fait preuve d'une incompréhensible abnégation à laquelle s'oppose son incroyable faculté à la résistance. Un grand texte magnifiquement écrit.
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C'est étonnant comme de me replonger dans les critiques de ce livre, lu au lycée, pour le bac Français (Mauriac venait de mourir), mais qui à l'époque m'avait beaucoup plu (grande performance pour un livre imposé à l'école, j'ai même acheté la suite), m'a fait revenir un tas d'images de cette oeuvre. La caste bourgeoise Bordelaise, capable de se rétracter pour éviter un scandale, le décor de la lande souvent sombre et humide, le côté très négatif de l'histoire, dans la tête de l'héroïne, enfermée dans ses obligations sociales. Il ne se passe pas grand chose dans ce livre, mais l'écriture de François Mauriac y est pour beaucoup, on se passionne pour la vie de Thérèse et ses réflexions personnelles.
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Une femme de la bourgeoisie landaise dont le destin était tout tracé. Un mariage pour la terre... La gent féminine de son milieu avait un rôle bien défini : toutes devaient oeuvrer à la recherche du bonheur de leurs maris, s'effacer au profit de cette quête, vivre dans leurs ombres, ... Peut-être trop maligne pour se contenter de son sort, Thérèse va s'enfermer dans un mal-être qu'elle ne peut définir. Se caser à tout prix et ne pas réussir à rester dans sa case. L'empoisonnement de son mari lui apparaît alors comme une échappatoire à cette condition accablante. Ce mari qu'elle a voulu et qui a eu le tort lui d'être dans sa case. La force de l'auteur est de réussir à humaniser le désespoir d'un horrible personnage.
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Au siècle dernier à Argelouse, village des Landes, Thérèse fille d'un riche propriétaire de pins se marie et devient Mme Desqueyroux. Un mariage arrangé, les convenances, le poids de la famille va amener Thérèse a devenir solitaire et malheureuse. Passionnante cette image du mariage où les conventions sont prioritaires au bonheur.
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Quelque part dans les Landes au début du vingtième siècle. Argelouze, lieu-dit au milieu des pins, pas loin de l'Océan. Quelques familles y vivent. Thérèse vient d'épouser Bernard. Comme souvent dans les romans de Mauriac, quelques personnages suffisent pour intriguer le lecteur. le mariage a été un mariage d'argent non d'amour. Thérèse a voulu empoisonner son mari, mais elle n'est pas condamnée, on a déclaré un non-lieu. Commence alors le retour de la criminelle au village.
Une superbe histoire comme toujours chez Mauriac.
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À mi-chemin entre "Madame Bovary" et "Thérèse Raquin", l'histoire de cette empoisonneuse de mari est haletante !
Le film de Claude Miller avec Audrey Tautou et Gilles Lellouche repasse sur Chérie 25 le 30/03 !
La version de 1962 avec Emmanuelle Riva, Philippe Noiret et Sami Frey repasse sur Ciné+ Classic le 19/04 et Arte le 28/10/20 !
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Thérèse Desqueyroux a tenté d'empoisonner son mari Bernard mais une condamnation serait contraire aux intérêts de l'honneur de la famille avec lequel on ne transige pas, c'est pourquoi le témoignage favorable de son mari lui a permis d'obtenir un non lieu. Sa belle famille l'enferme alors à Argelouse, dans la propriété familiale au coeur de la forêt landaise. Seule, emmurée vivante dans cette maison, au milieu de cette forêt brûlante, étouffante sous les chaleurs de l'été et lugubre lors des jours de pluie et de vent de l'hiver, Thérèse tente de comprendre ce qui l'a amené à accomplir ce geste meurtrier. Orpheline de mère, elle a pourtant vécu une enfance heureuse auprès de son père radical. Sa belle famille lui reprochera d'ailleurs cette éducation sans Dieu. Mariée par convention, sans amour à un homme fade, elle vit sa nuit de noces comme "une ineffaçable salissure" et vit entourée de sa belle famille dans "une cage tapissée d'oreilles et d'yeux". Pourtant Thérèse est loin de n'être qu'une victime, elle n'est pas particulièrement sympathique et humaine, dénuée de sentiments et s'attache à détruire l'amour de sa belle soeur Anne qui a pourtant accordé toute son amitié et sa confiance à Thérèse. Elle n'explique pas vraiment son geste meurtrier. Elle est froide, dénuée de passion. Peut-être est ce la conséquence de la société étriquée dans laquelle elle vit et qui broie toute personnalité, toute individualité. Bernard ne sait que faire de son épouse et une solution sera trouvée à la fin du roman.
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Personnage surprenant que Thérèse Desqueyroux, la folie et le mystère qui en émanent nous laisse perplexe quant aux sentiments qui motivent cette jeune femme. Sa raison de vivre, le but de son existence que sont-ils? La quête de la solitude et de l'autonomie sont violemment confrontés à la pesante atmosphère familiale et sociale. Et on découvre qu'une tentative de meurtre peut être motivée par un simple hasard et la tentative de révéler les sentiments humains de sa victime.
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J'ai lu Thérèse Desqueyroux pour accompagner ma fille, qui devait le lire au lycée, et ce fut un bon moment de relire ce classique de la littérature française.
Paru en 1927, le roman s'inspire d'une affaire criminelle du début du 20ème siècle (l'affaire des Chartrons). François Mauriac a lui-même assisté en 1906 au procès en cour d'Assises d'une femme ayant voulu empoisonner son mari, et qui fut condamnée pour faux, grâce au faux témoignage de son mari, pour sauver les apparences, et ce malgré son évidente culpabilité.
L'auteur dépeint une femme oppressée par la société dans laquelle elle vit. Elle est sournoise, sombre, éprise de liberté, intelligente, mystérieuse… Elle a dû épouser Bernard car il y avait un arrangement entre les deux familles, Thérèse est soumise à la morale de la société. Son caractère indépendant ne lui permet pas de s'adapter à son milieu familial, à obéir à l'esprit familial, tel un loup solitaire.
Le roman commence quand Thérèse sort du tribunal, libre de toute condamnation, mais son retour chez elle sera difficile. D'abord elle demande le gîte à son père, qui le lui refuse, la traitant d'écervelée. Ensuite, son mari, qui l'enferme et la cloître au domicile conjugal, il veut sauver les apparences, éviter le scandale et les ragots.
Le roman se lit très vite, c'est un classique français agréable à lire ou à relire.
L'opinion de ma fille adolescente est un peu plus nuancée, elle a trouvé le personnage plutôt ennuyeux, et la lecture plus longue.
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