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3,73

sur 2844 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Après plusieurs tentatives infructueuses il y a quelques années, j'ai finalement lu ce célèbre opus de Mauriac. Et je l'ai lu d'un coup, d'un seul !

Dans ce roman, on retrouve cette atmosphère toute particulière qui fait le charme de l'écriture de Mauriac, cette atmosphère aussi pesante que la chaleur du Sud-Ouest, sous laquelle semble s'asfixier la petite bourgeoisie bordelaise à force codes et convenances à la fois mondaines et paysannes.
Ce roman est d'une grande cruauté : avec des mots simples, sans fioritures, il met en exergue la souffrance des femmes, dont la seule valeur est l'enfant qu'elles portent « dans leurs flancs ». En somme, c'est une belle dissertation sur le collectif et l'individuel et, en négatif, sur la liberté. Thérèse est-elle une femme libre ? Ou est-ce un esprit libre enfermé dans un corps que son milieu cherche irrémédiablement à faire ployer ?
C'est aussi une réflexion sur la peur de l'autre, ici représenté par Jean Azévédo, que l'on imagine être un juif marrane, comme il y en a tant eu à Bordeaux et dans ses environs, sans que cela soit clairement explicité.

L'intrigue est simple et efficace. La noirceur est profonde, aussi grande que le talent de l'auteur, qui finalement nous tient en haleine du début à la fin de l'intrigue.
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Lire avant d'aller voir le film, plutôt que l'inverse pour éviter les images toutes faites, au risque d'être déçue.
Thérèse se précipite dans un mariage de voisinage, mariage refuge, mariage d'argent, elle "se case"... et puis, elle s'aperçoit que finalement elle s'est fourvoyée. Alors, elle imagine de faire disparaître ce mari falot, de l'empoisonner. Tentative manquée. La situation se retourne contre elle et par un odieux chantage, Bernard devient son geôlier, son tortionnaire. Muselée, Thérèse s'enferme dans une sorte de mutisme et s'avance dangereusement sur la pente de la déchéance.
Magnifique portrait d'une bourgeoisie provinciale et cruelle avec son cortège de non-dits et de bonnes manières, sauver la face telle est la devise !
J'attends de voir le film...
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Quel style! Quelle maîtrise précise de l'écriture!
J'avais lu dans ma jeunesse ce roman sans en avoir gardé un souvenir précis. Il y a si longtemps!
En le relisant, je m'aperçois que c'est un chef d'oeuvre que j'avais oublié.
On pénètre dans la tête de l'héroïne jusqu'à ressentir ses moindres émotions.
On entend avec elle, le vent agiter les pins autour de la maison.
On est dans ce roman en compagnie de Thérèse et de son malaise.
Magnifique!
Que personne ne se prive de lire Thérèse Desqueyroux. En plus, c'est très court, ça vous prendra très peu de temps.
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Quelle plume ce Mauriac! Et quel esprit! Si je n'ai pu tout à fait m'attacher au personnage de Thérèse, qui bien que profondément humain et complexe est aussi criminel, je me suis en revanche totalement éprise de son créateur tant sa prose et ses idées m'ont touchées au coeur à de nombreuses reprises!

Sur le fond du récit de vie de la tour à tour cruelle et victime Thérèse Desqueyroux, c'est une mine de réflexions sur l'amour, le mariage, la famille, le poids des traditions, la religion et tant d'autres sujets porteurs que nous livre François Mauriac. Et comme sa finesse et son intelligence vont de pair avec une poésie certaine, c'est un vrai régal que de pouvoir le lire.

Pas tant pour l'histoire qu'il raconte que pour toute les histoires qu'il éveille en nous, je recommande chaudement ce roman qui, comme tous les grands, même si il se situe à une époque et en un lieu donnés, mérite bien sa place parmi les classiques tant les thèmes abordés sont éternels...
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On m'avait souvent parlé de ce roman de François Mauriac. Et jusqu'à récemment je n'avais pas pris le temps de le lire. Et voilà...c'est fait ! Et j'ai beaucoup aimé. François Mauriac écrit sur une femme avec une écriture profonde, délicate et recherchée ce qui rend Thérèse, personnage complexe et pas très aimable initialement, vulnérable, incomprise, tourmentée. Humaine ! Par ailleurs, François Mauriac décrit avec une grande justesse la condition des Femmes qui étaient vouées à des mariages arrangés : le mari, soit elles tombaient bien, soit elles tombaient mal, la belle-famille notamment la belle-mère (ici je dirai vulgairement la belle-doche tant elle est insupportable et détestable), les intérêts financiers et fonciers etc...etc...François Mauriac crée un personnage féminin fort, mal née dans son époque, avide de liberté, émancipée par l'esprit mais prisonnière dans la vie. Toutes ces qualités font que malgré l'acte grave de Thérèse, malgré sa désinvolture, son arrogance mal placée et sa suffisance intérieure, son mépris intellectuel pour les autres, on ne peut pas la blâmer et on peut que mépriser comme elle Bernard son mari et la belle-famille. Ah oui...mépris jusqu'au père ! Aujourd'hui Thérèse aurait fait sa vie comme elle l'entend.

Le seul bémol : les monologues de Thérèse m'ont par moments échappés.
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Les grands thèmes de l'univers de Mauriac sont rassemblés dans ce chef d'oeuvre : le poids oppressant des conventions et de la famille bourgeoise, l'opacité de l'âme, la quête de l'authenticité et de la pureté dans un environnement qui les rend impossibles.
Riche en symboles, sondant au plus près les mouvements de la conscience par une construction très élaborée, ce classique donne à voir le style de l'écrivain dans toute sa somptuosité.
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Voilà bien longtemps que je voulais lire ce livre dont mon père m'a beaucoup parlé, celui qui lui a fait aimer la lecture, mais bizarrement je ne l'avais jamais fait. Voilà donc un oubli réparé.
J'ai donc plongé dans le monde froid et noir de Thérèse. On la découvre à la sortie de son procès, alors qu'elle vient d'être acquittée et qu'elle se prépare à rentrer chez elle pour retrouver son mari. Pendant le voyage, elle essaie de démêler les événements et les sentiments qui l'ont amenée à ce procès pour empoisonnement à l'encontre de son mari. Ce qui fait peur dans cette auto-analyse, c'est la froideur avec laquelle la jeune femme dissèque la situation. Aucun sentiment ne transparaît sinon l'indifférence.
Une fois rentrée chez elle, prête à parler à son mari, Thérèse se heurte à la dureté de celui-ci qui lui impose une nouvelle vie pour sauver les apparences. Et cette vie se résume à un mot: la séquestration. Thérèse doit garder la chambre, surveillée par un couple payé par son mari. Celui-ci ne réalisera les dégâts qu'à son retour quelques mois plus tard. Il décide alors de lui rendre la liberté mais en gardant l'apparence d'un couple marié.
Ce roman marque par son ambiance glaciale où les sentiments ne sont jamais vraiment exprimés par souci des apparences. L'introspection de Thérèse est elle aussi froide et mécanique.
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"Au fond de cette calèche cahotante, sur cette route frayée dans l'épaisseur nocturne des pins, une jeune femme démasquée caresse doucement avec la main droite sa face de brûlée vive"...

...Voilà comment François Mauriac, par la magie de ces petites phrases qui démontrent à quel point Thérèse Desqueyroux fut chère à son coeur, et à quel point il fut touchée par sa vulnérabilité, parvient à nous attacher à une empoisonneuse. Comme si lui-même s'était à son insu laissé séduire par son propre personnage.
Mais qui est Thérèse ? Il serait injuste de la limiter au résultat de l'inspiration que fit naître chez l'auteur la vision de Blanche Canaby -au procès de laquelle il assiste- dans une salle de Cour d'assises : à partir de l'image marquante de cette femme accusée d'avoir voulu empoisonner son mari, François Mauriac imagine sans doute l'un des plus émouvants portraits de femmes de la littérature (enfin, c'est en tous cas mon avis).


Le récit s'ouvre sur la sortie de Thérèse du tribunal, et le cri de victoire de son avocat à son père, venu la chercher : "non lieu !" le père est soulagé, cette sordide histoire risquait de compromettre sa carrière politique. Lors du trajet à pieds qui leur permet de rejoindre la calèche qui ramènera Thérèse au sein du foyer conjugal, les deux hommes échangent des considérations sur l'affaire comme si elle n'était pas là, nous laissant augurer de l'immense solitude qui entoure la jeune femme, impression que ne démentira pas la suite du roman.


Sur le chemin du retour, elle s'illusionne, pleine de bonne volonté, sur un nouveau départ aux côtés de ce Bernard Desqueyroux qui ne lui ressemble pas. Elle s'imagine lui confier en toute sincérité les chemins tortueux qui l'ont amenée à augmenter la posologie de son traitement médicamenteux, au risque de provoquer sa mort... Pour cela, elle se laisse aller à ses souvenirs, remonte jusqu'à l'enfance, y tâtonnant à la recherche d'indices expliquant la femme qu'elle est devenue.
Thérèse a toujours été différente. Adolescente issue d'une famille de riches propriétaires terriens aux idées progressistes, Thérèse fut une élève intelligente, exigeant d'elle-même une certaine supériorité spirituelle. Et c'est avec un peu de condescendance qu'elle considérait la candeur et la bienveillance de son amie Anne de la Trave, rendues faciles par la force de sa ferveur religieuse.


A l'aune de sa vie de mère et d'épouse, son enfance lui apparaît comme un paradis...


Car la chute de Thérèse a commencé avec le mariage. Une union convenue, une histoire de transmission de patrimoine, avec le demi-frère d'Anne. Cela aurait pu être pire : Bernard est un homme instruit, sans doute un peu moins rustre que ces hommes de Landes à l'âme simple, qui ne se posent guère de questions hormis celles touchant à la terre, à la chasse et au domaine, davantage attachés à leurs pins qu'à leurs épouses... Mais l'incompréhension entre les deux époux est pourtant totale. La complexité psychologique de sa femme est pour Bernard un mystère inapprochable et incongru.

L'ampleur du fossé qui les sépare est confirmé à Thérèse par sa rencontre avec Jean Azevedo.

Anne, sa belle-soeur, s'est éprise de ce dernier, au grand dam de ses proches : il est hors de question que ce juif, certes riche mais dont la rumeur prétend qu'il porte dans son sang la tare tuberculeuse de sa famille, intègre le clan Desqueyroux. On demande à Thérèse d'intervenir, elle seule saura convaincre son amie de toujours.
Thérèse découvre alors en Jean Azevedo un jeune homme brillant, ambitieux, qui lui fait entrevoir la possibilité d'une autre vie... elle réalise qu'il existe des chemins hors des sentiers battus tracés à son intention, des ailleurs où peut-être, elle pourrait laisser s'épanouir cette différence qu'elle sent, de façon presque inconsciente, en elle. Il n'est pas question, entre ces deux-là, d'amour ni d'attirance sexuelle (Jean repartira d'ailleurs bien vite à Paris, indifférent aux émois suscité par son passage) : c'est juste qu'une porte a été entrouverte devant Thérèse, et son impuissance à la franchir la rend malade de désespoir. Un désespoir sourd, invisible aux yeux du monde. Elle-même appréhende difficilement ce qu'elle attend exactement de l'existence. le mal-être qui la ronge est profond mais insidieux, sa conviction de n'être pas faite pour cette vie de mère au foyer est à peine consciente.
Thérèse est une prisonnière, dont le refus de se plier aux rôles de mère et d'épouse que lui imposent les carcans d'une société patriarcale la font considérer comme un monstre. Son geste -cet empoisonnement lent, pratiqué de manière presque anodine- est davantage un réflexe de survie, une tentative naïve et instinctive pour se libérer, que le résultat d'une volonté délibérée.

Ses aspirations paraîtraient aujourd'hui bien naturelles, même banales. le drame de Thérèse Desqueyroux, c'est finalement d'être un esprit libre et moderne, dans un milieu et à une époque où la femme n'est considérée que comme un instrument de perpétuation...


Lien : http://bookin-ingannmic.blog..
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La lecture de Thérèse Desqueyroux ne m'a pas enthousiasmée, malgré la qualité d'écriture indéniable et la richesse des métaphores qui font la poésie du roman. Triste comme la forêt des landes par un sombre hiver ; tous ces arbres identiques imagent parfaitement l'enfermement psychologique subi par l'héroïne. L'atmosphère y est pesante.

Le drame de Thérèse, l'empoisonneuse mi-bourreau mi-victime, c'est de ne pas être à sa place dans une famille qu'elle a pourtant choisie, non par amour, mais par intérêt. Elle se sent coupable, cherche une justification et espère le pardon que sa belle-famille ne lui accordera pas.

C'est une satire de la bourgeoisie où l'opulence matérielle cache un désert sentimental. L'auteur y dénonce les mesquineries employées pour sauver les apparences.

Avec ce livre, je découvre le style de Mauriac alliant rigueur et poésie, et une certaine froideur. Est-ce que ces traits sont communs à toute son oeuvre?
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Ayant essayé de lire ce roman il y a deux ou trois ans, sans grand succès, je m'attendais à ce qu'il me tombe de nouveau des mains, or le charme a cette fois-ci opéré et de marquante façon, me référant à l'écriture de François Mauriac qui m'a beaucoup plu, de même qu'à ce portrait de femme qui m'a particulièrement touchée, moderne si l'on considère que le roman a été publié en 1927. Sacrifiée sur l'autel du mariage arrangé et de la maternité non désirée, rongée par l'angoisse et le désespoir de ne pouvoir exister pour elle-même, Thérèse Desqueyroux saisit l'occasion, lorsqu'elle se présente, d'empoisonner son mari Bernard, un geste criminel qui résulte en un non-lieu lorsque ce dernier la disculpe pour sauver les apparences, ce qui l'enferme, cruellement, encore davantage dans cette vie dont elle ne veut pas et qui s'apparente à la mort. À défaut de ressentir de l'empathie pour Thérèse, que l'auteur n'a pas cherché à rendre attachante, on en a pour la souffrance qui est la sienne, et on ne peut qu'admirer la force vitale qui l'habite en ce qu'elle fait le choix de la vie. Un roman qui porte à réfléchir et pour lequel j'ai eu un gros coup de coeur.
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