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Martine Céleste Desoille (Traducteur)
EAN : 9782266157520
704 pages
Pocket (11/07/2006)
3.78/5   147 notes
Résumé :
À seize ans, Elizabeth est à peine sortie de l'enfance, et pourtant son père l'envoie épouser un parfait inconnu à l'autre bout du monde. À son arrivée en Australie, Elizabeth découvre un pays immense et sauvage et un homme qui l'impressionne et lui fait peur.
Pourtant, Alexander est aux petits soins avec sa ravissante épouse, mais en vingt ans à parcourir les coins les plus reculés du monde il a perdu l'habitude de traiter avec de jeunes filles innocentes ..... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
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CHALLENGE PAVES 2014/2015 (14/15)

Considérer ce roman comme une simple histoire d'amour, ainsi que le suggère son titre un peu mièvre, serait totalement réducteur. Pour mon plus grand plaisir, j'ai retrouvé l'écriture fabuleuse de celle qui m'avait tant fait rêver, en mon jeune temps, avec son incomparable "Les oiseaux se cachent pour mourir". Pour moi, c'est la spécialiste des sagas denses et admirablement documentées où le décor est aussi important que les personnages. Alors, attachez vos ceintures, on embarque pour l'Australie !

Elizabeth Drummond, 16 ans, est obligée de quitter son village écossais pour ce continent sauvage, vendue par son père, autoritaire, puritain et pingre, à un cousin qui s'y est établi. Totalement ingénue, la jeune fille découvre celui qui va devenir son mari et qui lui semble d'emblée être la personnification du diable. Bien plus âgé qu'elle, Alexander, alors adolescent, a fui l'Écosse et sa bâtardise pour assouvir ses idées de grandeur à l'image de son homonyme Alexandre le Grand. Avide de savoir, il s'est initié à la recherche d'or en Amérique, a parcouru le monde pour finir en Australie où il a construit ses propres mines ainsi qu'un immense domaine dont il a pris le nom de Kinross. Elizabeth se rend compte rapidement qu'elle ne pourra aimer cet homme haut en couleurs, pourtant prévenant, mais si différent d'elle, d'autant plus lorsqu'elle apprend qu'il poursuit ses relations avec la sulfureuse Ruby, tenancière du bordel local. Elle lui donnera pourtant deux filles, Nell, douée d'une intelligence supérieure et Anna , attardée mentale.
Parallèlement aux joies et aux malheurs d'une vie, c'est toute l'histoire de l'Australie pendant les 30 dernières années du XIXième siècle qui se déroule sous nos yeux. On va assister grâce à l'évolution des techniques à l'industrialisation du pays mais surtout, à travers le personnage de l'intrépide Nell qui va se battre pour atteindre son rêve de devenir médecin (alors que la faculté de médecine n'est pas encore autorisée aux filles), aux premières luttes des femmes pour leurs droits.

J'ai beaucoup aimé cette épopée dépaysante où l'auteure nous parle aussi bien d'amitié improbable, d'amour contrarié que de l'arrivée d'un enfant handicapé dans un couple ou encore de la montée du syndicalisme et du racisme dans ce pays alors en construction. Un bon 17/20 pour ce roman au titre si simpliste.
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Le temps de l'amour est un roman dans la pure tradition du genre "saga familiale". L'histoire se déroule sur les trois dernières décennies du XIXè siècle dans la Nouvelle-Galles du Sud en Australie. Je n'avais encore jamais lu de romans de Colleen McCullough connue pour son célèbre roman Les oiseaux se cachent pour mourir. Elle s'attache dans le temps de l'amour à raconter la vie de ses personnages sur fond de faits historiques de manière très documentée, ce qui rend le roman particulièrement intéressant en plus d'être divertissant.
L'histoire est celle d'Elizabeth, une jeune écossaise de seize ans vendue par son père à un cousin à elle de quatorze ans son aîné. Résolue à s'occuper de son père pour sa vieillesse, elle voit sa destinée qui la mène bien loin ailleurs, en Australie, un pays si différent du sien auquel elle va devoir s'adapter. Elle prend cet avenir un peu comme une fatalité du fait d'une éducation stricte et religieuse qui l'a naturellement rendue soumise et conciliante. Et c'est un peu un empire qu'elle va y trouver avec une belle maison et un vaste domaine car son mari, Alexander, très ambitieux dans l'âme, a bâti un véritable village avec une exploitation de minerai d'or qui donne du travail à de nombreuses familles, notamment chinoises. Passionné de mécanique, de machines et d'inventions, il a sillonné le monde vers de nouvelles découvertes qu'il sait utiliser pour sa propre expansion. C'est pour cela qu'à trente ans, il souhaite avoir des héritiers ou héritières pour poursuivre tout ce qu'il a construit.
Déjà amoureux de la sulfureuse Ruby, Alexander ne peut l'épouser car elle est la patronne d'une maison close. Il décide donc de s'unir à sa cousine qu'il a connu, la soeur aînée d'Elyzabeth. Mais celle-ci s'étant déjà mariée, le père profite de la générosité d'Alexender pour marier sa plus jeune fille et garder l'argent qui devait servir à financer son voyage et l'achat de tout ce dont elle aurait besoin. Son père ne lui laissera que le strict nécessaire. Même si ce mariage était dans l'optique d'avoir des héritiers et qu'Alexender ne se souvenait que d'une enfant, il découvre une jolie jeune femme et se prend à l'aimer. Il se montre bienveillant et généreux mais pour Elizabeth les choses sont bien différentes. En rien vénale, elle épouse docilement mais à contrecoeur un homme bien plus âgé qu'elle alors qu'elle est pour sa part encore bien ingénue. Immédiatement, elle lui trouve une ressemblance avec le diable qui lui vient d'une illustration qui trônait dans la salle de catéchisme dans le but de terroriser les enfants de la paroisse, ce qui a pour effet de la terroriser à l'idée d'épouser Alexander. Même si elle s'habitue à lui au fil du temps, elle n'éprouve pas d'amour à son encontre mais lui donne deux enfants, deux filles : l'aînée, précoce et surdouée qui ressemble physiquement à son père, et la seconde ayant la beauté de sa mère mais qui se retrouve mentalement attardée suite à une naissance difficile qui a privé son cerveau d'oxygène. Assez seule, Elizabeth n'a que l'amitié qu'elle partage contre toute attente avec Ruby. Bien que leur personnalité respective diffère, elles deviennent très proches. Et puis, Elizabeth fera bientôt la connaissance De Lee, le fils de son amie, qui revient après plusieurs années d'études d'Angleterre.
Malgré quelques longueurs, le temps de l'amour est un bon roman d'évasion et d'aventure sur fond de révolution industrielle, de montée du syndicalisme et du racisme dans un pays en construction. Il est question aussi des premières luttes des femmes pour leurs droits et de l'évolution de la médecine. Riche en rebondissements, l'histoire évolue tout au long de cette saga vers l'espoir et un bonheur nouveau.
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Si je devais décrire "Le temps de l'amour" en un mot, je dirais "enrichissant". Durant la lecture nous plongeons dans la société du 19eme siècle, avec le début des machines à vapeur, les classes sociales de l'époque et le manque d'égalité entre les femmes et les hommes bien sûr. Je dirais que l'histoire d'amour évoquée dans le résumé est présente mais le livre ne s'arrête pas à ça, il y a aussi bien plus. Honnêtement je pensais m'ennuyer pendant ma lecture, et pourtant, cette fois Colleen McCullough m'a prouvé qu'elle savait capter son lecteur. Malgré quelques termes techniques et parfois des paragraphes plus longs (si la mécanique nous indiffère) j'ai continué de tourner les pages car je savais qu'il y avait des moments intéressants qui suivraient.
J'ai apprécié voir certains personnages femmes se battre contre le patriarcat, commencer à parler du droit de vote et les hommes (principalement) des automobiles et des syndicats qui commençaient à se créer.
Tout est bien décrit en étant pertinent et pas monotone. L'autrice a réussi à faire + de 600 pages ! de plus, elle nous fait voyager un peu partout dans le monde où l'on peut observer les différentes avancées économiques.

Il y avait beaucoup de choses à dire et j'espère vous avoir donné envie de le lire. Il y a aussi pas mal de passages croustillants, franchement ça vaut le coup.
Seul bémol les chapitres sont longs, il faut bien être motivé mais on s'habitue. Je le conseille car il remet en question beaucoup de sujets différents, c'est un saut dans une autre ère que nous n'avons pas connue, un embarquement pour l'Australie et ses mines.
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c'est une lecture fort agréable dont l'action se déroule dans le dernier quart du XIXème siècle. L'éducation stricte et religieuse des filles et le puritanisme ambiant ne font pas toujours bon ménage avec l'essor industriel de cette grande île de"bagnards" qu'était l'Australie à cette époque.
On apprécie le bel esprit d'entreprise d'une forte personnalité qui a su s'élever dans la société sans oublier ses racines écossaises malgré les difficultés qu'il rencontrera à fonder un vrai ménage avec une épouse choisie sans son avis, une maîtresse qui sait l'aimer, et deux enfants : l'une douée et l'autre handicapée mentale.
C'est un livre que l'on a du mal à lâcher tant le récit est prenant et la lecture aisée.
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et même étoiles malgré les 500 pages,
cette histoire magnifique se lit sans s'arrêter !
je me joins à tous les compliments :
ce fut un excellent moment !









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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Jamais elle ne lui avait adressé le moindre geste, le moindre mot qui eût pu l'encourager ou lui laisser espérer quoi que ce fût. Et pourtant, il n'arrivait à la chasser ni de son esprit ni de son cœur. Était-ce parce qu'une fois qu'on avait trouvé l'âme sœur, celle-ci vous emportait inexorablement comme une lame de fond ?
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Tant pis si tu dois y laisser des plumes ! Un petit chagrin d'amour, ça n'a jamais tué personne ! Apprend à douter de toi, à te regarder dans la glace et à fondre en larmes. C'est ça, la vie.
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Elizabeth s'éveilla dans un monde nouveau, un monde dont elle avait jusqu'à ce jour ignoré l'existence. Aimer et être aimée en retour.
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LA MAIN DU DESTIN
— Ton cousin Alexander cherche une épouse, déclara James Drummond en levant les yeux de la lettre qu’il tenait à la main. Apprenant qu’elle était convoquée dans le grand salon, Elizabeth avait ressenti un pincement au cœur. Une telle solennité était en général synonyme de remontrances suivies d’une punition. Père avait dû trouver qu’elle avait eu la main un peu lourde, ce matin, en salant le porridge. Ce qui revenait à jeter l’argent par les fenêtres, et allait à coup sûr lui valoir de le manger sans sel jusqu’à la fin de l’année. Elle resta donc bouche bée lorsqu’il lui annonça cette extraordinaire nouvelle. — Il demande la main de Jeannie, le nigaud ! Ne sait-il donc pas que le temps passe ? James brandit la lettre avec indignation, puis, tapi dans les ténèbres de son vieux fauteuil à oreillettes, reporta son regard sur sa cadette, qui se tenait devant lui en pleine lumière, et dit : — Bah ! une femme en vaut une autre. Ce sera donc toi. — Moi ? — Oui, toi. Serais-tu sourde ? Je ne vois personne d’autre ici. — Mais, père, s’il demande Jeannie, il ne voudra pas de moi. — Crois-moi, là où il demeure, n’importe quelle jeune femme respectable et de bonne éducation fera l’affaire. — Où habite-t-il ? questionna-t-elle, sachant qu’elle ne serait pas autorisée à lire la lettre. — En Nouvelle-Galles du Sud, grommela James avec satisfaction. Il semblerait que ton cousin Alexander ait amassé une jolie fortune dans les mines d’or. Il fronça les sourcils. — Ou tout au moins assez d’argent pour pouvoir s’offrir une épouse. Une fois passé le premier choc, ce fut l’abattement. — Ne ferait-il pas mieux de se chercher une épouse sur place ?
— En Nouvelle-Galles du Sud ! Là-bas, il n’y a que des femmes de mauvaise vie, du gibier de potence ou des chichiteuses. Non, la dernière fois qu’il est venu au pays, il a vu Jeannie et s’est épris d’elle. Il m’a demandé sa main. J’ai refusé ; pourquoi aurais-je donné Jeannie en mariage à un apprenti chaudronnier des bas quartiers de Glasgow ? D’autant qu’elle n’avait que seize ans à l’époque. Tout comme toi, ma fille. C’est pourquoi je suis convaincu que tu lui conviendras ; il les aime jeunes. Ce qu’il veut, c’est une femme écossaise à la vertu irréprochable et du même sang que lui. Enfin, c’est ce qu’il dit, du moins. James Drummond se leva, puis, ignorant sa fille, se dirigea vers la cuisine. — Va me préparer du thé. La bouteille de whisky fit son apparition tandis qu’Elizabeth jetait le thé dans la théière et y versait l’eau bouillante. Presbytérien – et doyen de la congrégation, de surcroît –, son père n’était pas enclin à la boisson, et encore moins à l’ivresse. Tout au plus versait-il une goutte de whisky au fond de sa tasse à l’annonce d’une grande nouvelle comme la naissance d’un petit-fils. Mais en quoi cette demande en mariage était-elle une grande occasion ? Comment allait-il se débrouiller sans sa fille pour tenir son ménage ? Et que disait la lettre, au juste ? Le whisky allait peut-être lui délier la langue, songea Elizabeth tout en remuant le breuvage avec une cuiller pour le faire infuser plus vite. Lorsqu’il avait bu un petit coup, son père devenait plus loquace. Il n’était pas impossible qu’il lui dévoile ses secrets. — Mon cousin Alexander dit-il autre chose ? s’enhardit-elle à demander lorsqu’il eut avalé la première tasse et qu’elle lui en versa une seconde. — Pas grand-chose. Il n’est guère disert. C’est un Drummond. Il laissa échapper un petit reniflement de mépris. — Un Drummond ! Si l’on veut. Il a changé son nom pour Kinross quand il était en Amérique. Tu ne seras donc pas Mme Alexander Drummond, mais Mme Kinross. Ni sur le coup ni même beaucoup plus tard, lorsque le temps se fut écoulé, Elizabeth ne songea à contester cette décision arbitraire qui allait changer le cours de son existence. Plus encore que les sermons du révérend père Murray, la seule idée de désobéir à son père la glaçait d’effroi. Non pas qu’elle fût lâche ou pusillanime ; mais, ayant perdu sa mère de bonne heure, elle avait passé sa courte vie entre deux vieillards tyranniques, son père et son ministre du culte.
— Kinross est le nom de notre bourg et de notre comté, pas celui d’un clan, remarqua-t-elle. — Il avait de bonnes raisons d’en changer, répondit James avec une indulgence inaccoutumée tout en sirotant sa deuxième rasade. — Quelque chose comme un crime, père ? — J’en doute, sans quoi il ne se montrerait pas aussi audacieux aujourd’hui. Alexander a toujours été une forte tête. Un garçon ambitieux. Ton oncle Duncan a eu beau faire, il n’a jamais réussi à le dresser. James laissa échapper un gros soupir de satisfaction. — Alastair et Mary vont pouvoir venir vivre à la maison. Ils toucheront un joli pécule quand je serai six pieds sous terre. — Un joli pécule ? — Oui. Ton futur époux m’a envoyé un billet à ordre pour couvrir les frais de ton voyage en Nouvelle-Galles du Sud. Un millier de livres. Elizabeth en eut le souffle coupé. — Un millier de livres ! — Parfaitement. Mais ne va surtout pas te monter la tête, ma fille. Tu auras vingt livres pour te constituer un trousseau, et cinq pour ta robe de mariée. Monsieur exige que tu voyages en première classe en compagnie d’une femme de chambre ; et puis quoi encore ? Och ! une telle extravagance est intolérable ! Dès demain, je vais faire passer une annonce dans les journaux d’Édimbourg et de Glasgow. Ses paupières bordées de cils blonds et raides s’abaissèrent, signe de profonde réflexion. — Tout ce que je veux, c’est un couple respectable, membre de la congrégation, qui souhaite émigrer en Nouvelle-Galles du Sud et accepte de t’emmener avec lui là-bas moyennant cinquante livres de rétribution. Ses cils se relevèrent, dévoilant des yeux bleus pétillants. — On ne laisse pas passer une telle aubaine. Quant aux neuf cent vingt- cinq livres restantes, elles seront pour moi. Une somme rondelette. — Êtes-vous certain qu’Alastair et Mary accepteront de venir vivre ici, père ? — S’ils refusent, ma cagnotte ira à Robbie et Bella, ou à Angus et Ophelia, dit James Drummond, sûr de lui.
Après lui avoir servi les deux grosses tartines de pain au lard qui constituaient son souper du dimanche, Elizabeth jeta son châle sur ses épaules et s’esquiva sous prétexte d’aller s’assurer que la vache était rentrée à l’étable. La maison où James Drummond avait élevé sa nombreuse famille se trouvait dans la commune de Kinross, chef-lieu du comté du même nom. Avant-dernier d’Écosse en termes d’importance, Kinross n’en jouissait pas moins d’une certaine prospérité. Une filature, deux minoteries et une brasserie crachaient dans l’air des nuages de fumée noire. Dimanche ou pas, il était hors de question de laisser s’éteindre les chaudières pour devoir les rallumer le lundi matin. La présence d’une grande quantité de houille dans le sud du comté avait permis l’implantation d’une modeste industrie locale grâce à laquelle James Drummond n’avait pas eu à subir le sort d’un grand nombre de ses compatriotes, obligés de quitter leur terre natale pour aller gagner leur vie ailleurs ou tenter de survivre dans les taudis sordides des grandes villes. Tout comme Duncan, son frère aîné, le père d’Alexander, James avait travaillé pendant cinquante-cinq ans à la filature qui fabriquait le fameux tartan que les Sassenachs1 s’arrachaient depuis que la reine avait mis l’écossais au goût du jour. Les vents impétueux des hautes terres balayaient au loin la fumée des cheminées, ouvrant la voûte bleue du ciel jusqu’à l’infini. À l’horizon, on apercevait les monts Ochils et Lomond empourprés par la bruyère d’automne. Là-bas, dans ces montagnes sauvages où ne vivaient qu’une poignée de métayers dans des chaumières délabrées, les gentlemen-farmers n’allaient pas tarder à venir tirer le cerf ou pêcher dans les lochs. Mais pas à Kinross, plaine fertile où l’on pratiquait l’élevage. Les bœufs fournissaient une viande digne des meilleures tables de Londres, les chevaux étaient de fringantes montures ou de robustes animaux de trait, les moutons donnaient leur laine aux filatures et leur viande aux gens du cru. Il existait également des cultures depuis qu’on avait assaini le sol bourbeux, cinquante ans auparavant. En bordure de Kinross s’étendait le loch Leven, un grand lac frissonnant, du bleu métallique des lacs écossais alimentés par des sources jaillies de la tourbe. Sur le rivage, à quelques pas seulement de la maison – dont elle n’eût jamais songé à s’éloigner –, Elizabeth contemplait au loin les prairies verdoyantes s’étirant entre le loch et le Firth of Forth. Parfois, quand le vent soufflait de l’est, elle sentait les froids effluves chargés de sel de la mer du Nord, mais aujourd’hui il arrivait des montagnes, chargé de l’odeur piquante de la terre de bruyère. Sur l’île de Lochleven se dressait le château où Marie Stuart avait vécu prisonnière pendant près d’un an. Quel effet cela faisait-il d’être à la fois souveraine et captive ? Une femme qui s’efforçait de régner
sur un pays peuplé d’hommes fiers et rebelles… Mais une femme qui avait essayé d’instaurer la foi catholique, de sorte qu’Elizabeth Drummond, fervente presbytérienne, ne pouvait l’admirer. « Je vais bientôt me rendre en Nouvelle-Galles du Sud pour épouser un inconnu, songea-t-elle. Un homme qui a demandé la main de ma sœur et non la mienne. Mon père se sert de moi comme d’un pion sur un échiquier. Qu’adviendra-t-il si, à mon arrivée là-bas, cet Alexander Kinross ne me trouve pas à son goût ? Si c’est un homme d’honneur, il me renverra chez moi ! Ce qu’il est sans doute, sans quoi il n’aurait pas demandé une Drummond en mariage. Et puis j’ai lu quelque part que dans ces colonies éloignées les épouses respectables étaient rares. Oui, il m’épousera certainement. Dieu tout-puissant qui êtes aux cieux, faites qu’il m’aime ! Faites que je l’aime ! » Deux ans durant, elle avait fréquenté la classe du révérend Murray, assez longtemps pour apprendre à lire et à écrire ; elle avait lu abondamment, quoique toujours la
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Comment se faisait-il que les gens n'arrivent pas à vivre selon les règles de la logique, de la raison et du bon sens ? Pourquoi fallait-il qu'ils s'éparpillent comme le duvet du chardon dans les tourbillons d'une chaude journée d'été ? Pourquoi les maris ne parvenaient ils pas à aimer leur femme, les femmes, leur mari, et les enfants, leurs deux parents ? Pourquoi les différences entre les individus prenaient elles toujours le pas sur ce qu'ils avaient en commun ? Pourquoi les corps devaient-ils vieillir plus vite que les esprits ? Pourquoi suis-je à la fois si entouré et tellement seul ? Pourquoi le feu brûle-t-il si fort lorsqu'il est sur le point de s'éteindre ?
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