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EAN : 9791034908455
192 pages
Liana Lévi (04/01/2024)
4.38/5   17 notes
Résumé :
Ecrivain ayant connu la notoriété plusieurs années auparavant, Frederic Altman n'est désormais plus en mesure d'écrire la moindre ligne, sans motif apparent. Dans les affaires de sa mère récemment décédée, il découvre une photographie d'elle avec un jeune homme, prise à l'époque de sa naissance. Il mène l'enquête pour retrouver cet inconnu qui pourrait être son père.
Premier roman.
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique

Parce qu'il retrouve une vieille photo dans les affaires de sa mère qui vient de mourir, Frédéric Altman, écrivain américain célèbre mais en panne d'inspiration, se lance dans une quête éperdue.
Et si ce jeune homme tendre, à côté de sa mère souriante, était ce père qu'il n'a jamais connu ? Et sa mère souriante, encore une chose surprenante qu'il n'a jamais connue.
À plus de soixante ans, partir à la recherche de son père, est-ce bien raisonnable ?
Encore une preuve, s'il en fallait une, que l'on ne guérit jamais de son enfance.
Auteur reconnu et francophile, c'est à Paris que Frédéric Altman se réconciliera avec son passé.
Fausse autofiction, les ombres d'Ernest Emingway, de Salinger ou de Philip Roth flottent tout le long de la lecture du roman de Pablo Mehler .
Roman d'émancipation, roman familial, roman d'un impossible renoncement.
Du passé au présent, de la côte est des États-Unis aux boulevards parisiens et l'amour de la littérature à toutes les pages, difficile d'imaginer que " Un degré de séparation " est un premier roman tant sa construction est exemplaire.
Un roman français ou argentinà la manière de, parfaitement réussi.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Un degré de séparation de Pablo Mehler
Un premier roman captivant

Pour raconter un livre que l'on a aimé, il est parfois troublant mais intéressant de laisser la parole à un autre livre. À partir d'une intrigue différente, certains récits que tout semble opposer prennent des virages parallèles insoupçonnés, tissant entre les mots des liens étroits à travers une autre histoire, une autre voix, d'autres époques et des personnages dissemblables… C'est précisément ce que j'ai ressenti en découvrant quasi en même temps l'excellent premier roman de Pablo Mehler "Un degré de séparation" et le passionnant "Gabriële" d'Anne et Claire Berest qui n'ont a priori rien à voir. Et pourtant…

« L'absence la plus singulière est celle de mon père (…). Il a existé puisque je suis, mais je ne connais ni son rire, ni ses colères, ni la profondeur de sa voix, ni la caresse de son regard, ni les gestes de ses doigts, ni la chaleur de ses bras, ni l'odeur de sa peau, ni ses jeux de mots favoris, ni les plats dont il se régalait, ni les histoires qui le fascinaient, ni les blessures qui le faisaient pleurer. Je n'ai connu que la photo d'un jeune homme qui fut bien vite plus jeune que moi. (…) Mon père est une photo. »
Gabriële d'Anne et Claire Berest – Stock

Même tirée d'un autre livre, la dernière phrase de ce paragraphe émouvant pourrait sans autre figurer au début du livre de Pablo Mehler publié en janvier aux éditions Liana Levi. « Mon père est une photo ». Les dés sont jetés. Et le parallèle avec le livre des soeurs Berest s'arrête là.

Un degré de séparation
Dans ce premier roman très maîtrisé, l'intrigue se noue à partir d'une photo en noir et blanc, cliché pris sur le vif qui renvoie à un passé on ne peut plus flou. Sur une photo d'identité tombée par hasard d'un carton de déménagement, un jeune couple enlacé, manifestement amoureux, interpelle le narrateur Frederic Altman, piquant de façon instinctive, presque reptilienne, sa curiosité. Sur l'image prise semble-t-il quelques mois avant sa naissance, se trouvent une femme qui n'est autre que sa mère. Et un homme. Mais qui est cet homme ? Et pourquoi sourit-elle à ce point, cette mère si froide et distante qui n'a jamais pris le temps de raconter à son enfant unique le fil de ses origines paternelles ? Pourquoi ? Parce que cela fait un moment que le père n'est plus là. « Il est mort. Il y a longtemps. » Contraint malgré lui d'accepter l'inacceptable, le petit garçon qu'était le narrateur n'a plus qu'à fermer sa grande bouche curieuse et passer sous silence ses questions incessantes.

Une fois entre les mains, ce livre ne se laisse pas facilement oublier. Après deux premiers chapitres assez courts un brin formels, la plume de Pablo Mehler prend de l'ampleur et s'élève pour nous toucher en plein coeur. Parce que l'histoire du narrateur, auteur américain à succès en panne d'inspiration, ressemble étrangement à la vraie vie. La vraie vie dans ce qu'elle a non seulement de plus essentiel mais aussi de plus instinctif et de plus charnel : le retour aux origines, la filiation, la mémoire familiale.

À partir de cette ancienne photo découverte dans les affaires de sa mère décédée, Frederic Altman part sur le chemin de son enfance en quête d'une vérité qui lui glisse entre les doigts comme un rêve ou un cauchemar entêtant, aussi fugace que tenace que l'on chercherait à recouvrer à tout prix après une nuit agitée. Suivant une construction qui oscille habilement entre passé et présent, l'auteur invite ses lecteurs à suivre les pas de son narrateur pour retrouver d'où il vient, dans un Paris contemporain peuplé d'indices fragiles et de fausses routes, de souvenirs fanés et de rencontres manquées. Écrivain reconnu et respecté, le héros a du temps pour mener son enquête : cela fait des années qu'il n'arrive plus à écrire une seule ligne mais anime régulièrement des ateliers d'écriture et des conférences littéraires.

Dans un style ciselé d'une belle sobriété, Pablo Mehler tisse une histoire personnelle tout en nuances qui se révèle profondément universelle. Comme en écho à la quête de ce père disparu, Frederic Altman interroge l'opacité de son enfance qui le mènera à découvrir, voire à mieux re-connaître, sa mère – cette inconnue pressée avec laquelle il a pourtant traversé quelques années de sa jeunesse. Entre réalisme et pudeur, Pablo Mehler dresse le portrait d'une « Folcoche » en puissance, célèbre critique littéraire new-yorkaise en proie à d'étranges démons, qui brille par son intelligence mais surtout par son absence, ne manifestant que peu d'intérêt à l'égard de ce fils unique un peu encombrant et ne supportant aucune, mais vraiment aucune, conversation superficielle ou futile. Voyageant entre les États-Unis et la France à travers le regard de personnages secondaires d'une incroyable présence – comme l'ami pensionnaire cher à son coeur qui lui ressemble comme un frère, le grand-père maternel dépassé ou certains grands auteurs à l'origine de sa vocation d'écrivain – Altman remonte le temps avec un détachement stoïque et une incroyable lucidité, certes pour retrouver son père, mais surtout pour se trouver lui-même.

Pablo Mehler signe un premier roman très inspirant qui interroge sur le poids des secrets de famille, les abîmes de la création littéraire et "l'irrémédiabilité" du temps qui passe.

Catherine Delaby

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Frederic Altman est un écrivain en panne d'inspiration. le trou, la page blanche, il n'y arrive plus. Il a pourtant connu une belle notoriété mais ses livres ne sont plus en tête de gondole…. Cet état a même rejailli sur son quotidien, il a une vie monotone, triste, rempli de vide, de solitude …
Sa mère est en maison de retraite et puis un jour, elle meurt. La directrice de l'établissement l'appelle, il doit récupérer ses affaires. Peu motivé, il y va malgré tout, donne tout ce qui peut profiter et s'apprête à jeter le reste. Et là, par un curieux hasard, une photo, style photomaton, s'échappe et tombe sur le sol. Frederic la regarde et constate que sur ce cliché sa mère, en compagnie d'un homme, sourit, ce qui était plus que rare. Qui était cet homme ? Que représentait-il dans la vie de sa génitrice ? Est-ce le père qu'il n'a pas connu ?
Frederic part en quête, essaie de reconstituer le puzzle de la vie de sa maman, de comprendre ce qu'il s'est passé, quels ont été les événements qui ont jalonné son parcours. Commence alors pour Frederic un long chemin qui l'emmènera des Etats-Unis à la France pour essayer d'avoir des réponses à ses questions.
D'une écriture alerte, passant du passé au présent (un chapitre sur deux), l'auteur nous présente la une relation mère/fils. Ce n'est pas un lien ordinaire, la mère ne sait pas vraiment aimer son enfant, les grands-parents sont là heureusement. Seules les discussions intellectuelles quand il est plus grand, semblent avoir de l'intérêt à ses yeux. C'est une femme qui met en permanence les émotions à distance, elle est maladroite, instable, fantasque, pas toujours sérieuse avec l'alcool et la drogue. Alors son fils se retrouve en pension, et quand les vacances arrivent, elle l'oublie… Il a malgré tout réussi à se faire des amis, surtout un qui l'aide à prendre du recul, à se faire une place parmi tous les élèves.
Les passages présentant le passé nous montrent comment cet homme s'est construit avec une mère absente, un père inconnu, des lacunes, principalement affectives, à combler en permanence. C'est d'ailleurs par l'écriture qu'il remplit cette absence. Il a tissé une histoire, en s'inspirant de la sienne, des carences, des non-dits, des silences. Alors sa mère n'a pas apprécié et quand il l'a interrogée sur son géniteur, elle n'a rien lâché.
Maintenant, elle n'est plus là et cette photo le questionne, c'est lui qui ne lâchera rien. Il commence par chercher qui est l'homme aux côtés de celle qui lui a donné la vie. Patiemment, il remonte le fil, consacrant tout son temps à cette recherche. Un pas après l'autre, il recoupe les indices, remonte le temps, relie ce qu'il apprend à ce qu'il a vécu dans le passé.
Très prenant, parfaitement construit, ce récit est intéressant. Il est représentatif de plusieurs époques, de nombreuses vies, de l'attachement entre les êtres avec les difficultés que cela entraîne, mais également les petites joies. On découvre un enfant solitaire qui devient un homme au fil des chapitres, on l'accompagne dans ses désillusions, ses espoirs, ses réussites.
Pablo Mehler signe là un premier roman prometteur, à l'écriture fluide et vive. le style alterne descriptions, dialogues, ressentis et réflexions sur les parcours de vie qui ne sont jamais prévisibles.
Un premier roman réussi !

Lien : https://wcassiopee.blogspot...
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Roman d'une extrême sensibilité dans lequel avec beaucoup de pudeur l'auteur magnifie l'intelligence, la sensibilité et la volonté d'un enfant devenu un écrivain à succès en panne d'inspiration. La construction du roman alternant chapitres sur l'enfance du narrateur et sa vie actuelle nous permet de nous fondre dans la vie de Frederic et nous fait aimer cet homme dont la vie entière aura été marqué par l'absence physique d'un père (déclaré mort) et l'absence d'une mère. Nulle jérémiade dans ce roman mais plûtot de la distance, de l'intelligence et quelques touches d'humour.
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Un roman très émouvant, qui relate la quête d'identité d'un écrivain . Frederic Altman retrouve une vieille photo de famille dans les affaires de sa mère décédée et part à la recherche du secret de cette femme énigmatique. Un livre qui se dévore avec plaisir
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critiques presse (2)
LeFigaro
01 février 2024
Un premier roman qui nous tient en haleine avec brio jusqu'à la dernière ligne. Comme un très bon film.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeMonde
29 janvier 2024
Un écrivain en panne recherche son père inconnu. Un premier roman élégant et contenu sur les ressorts de la créativité littéraire.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
De la Bucovine, où il était né, à l'Autriche, où les actes antisémites étaient devenus aussi banals qu'un simple « Bonjour », puis la France, où il avait tenté sa chance avant que les prémices de la guerre ne le décident à trouver quelque avenir ailleurs, avec femme et enfant, sa vie n'avait été qu'un long exil. Exil qui, incidemment, lui avait sauvé la vie, contrairement aux membres de sa famille, moins heureux dans leur tentative de fuite. Certains étaient partis trop tard, d'autres avaient mal choisi leur route, ou trop optimistes quant à la tournure des événements pour se décider à partir en laissant tout derrière eux. Sans aucun doute, cela forge le caractère. Il se disputait avec les gens pour un oui ou pour un non, la qualité d'un tissu, le prix d'une marchandise ou l'incompétence qu'il décelait à tort ou à raison chez nombre de ses interlocuteurs, il ne pas s'en empêcher. C'était, je devais le comprendre plus tard, sa façon d'exprimer sa colère et de déclarer aux uns et aux autres, comme par défi, qu’en ce bas monde, personne n'aurait sa peau. Combien de fois en assistant à certains de ses esclandres ai-je rêvé de disparaître pour ne pas être associé à cet homme dont l'accent se renforçait avec la colère et qui, soudainement, me semblait aussi vulgaire que détestable .
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" Le lendemain, sans doute agacée par les réflexions de Myriam, ma mère m'a emmené faire des courses. Bien entendu, ça n'a pas été une partie de plaisir. Tout était soit trop cher, soit de mauvaise qualité, soit mal coupé, et le plus souvent les trois à la fois, ce qu'elle ne se privait pas de faire savoir haut et fort aux vendeurs. Se rendait-elle compte qu'elle se conduisait exactement comme l'aurait fait son propre père ? Je lui ai dit que je préférais me passer de nouveaux vêtements que de devoir supporter plus longtemps des situations aussi embarrassantes et elle m'a répondu que je n'étais qu'un enfants gâté. Il était inutile de résister. Sur le chemin du retour, elle m'a parlé de New-York, elle voulait que je vienne la voir plus souvent. Mais je n'étais plus l'enfant à qui on pouvait raconter n'importe quoi. Je lui ai rappelé qu'il était impossible de la joindre, impossible d'organiser quoi que ce soit. Elle a semblé sincèrement navrée et m'a proposé, si j'avais des difficultés à la contacter à l'avenir, de passer par Bob. Il était facilement joignable, puisqu'il travaillait chez lui et il ne manquerait pas de lui faire la commission. Sa suggestion m'a plu, mais ma mère ne se souvenait pas de son numéro et elle n'avait pas pris son répertoire. Elle m'a promis de me le communiquer, dès qu'elle serait de retour à New-York. Des mois plus tard, lorsqu'à l'occasion d'un de ses rares coups de fil je lui ai rappelé cet engagement, elle m'a répondu que Bob avait déménagé et que, tout compte fait, le plus simple, si je souhaitais la joindre, était que je l'appelle chez elle. "
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C’est en allant à l’école que j’ai réellement pris conscience que quelque chose clochait chez nous. C’était tellement évident : ne serait-ce que la façon dont mes camarades et les parents interagissaient entre eux à la sortie des classes. Des gestes, des mots, des expressions qui exprimaient sinon l’amour du moins l’affection. Chez nous, outre une gravité constante que rien, pas même un événement heureux comme un anniversaire, ne semblait alléger, il y avait cette colère sourde qui régnait en permanence. Cette colère, je l’ai compris des années plus tard, était la résonance la plus discernable d’un passé tu (…) pourquoi notre famille exilée et décimée ressemblait si peu à une vraie famille ? Pourquoi Myriam a été saisie régulièrement d'une mélancolie dévastatrice ? Pourquoi les questions les plus anodines sur le passé des uns et des autres créent systématiquement un malaise ? (…) Ma mère ne parlait pas plus du passé d'ailleurs. Nul récit, nulle photo, nul lustrait un avant, hormis sur la commode de sa chambre, un portrait de sa mère, ma grand-mère, une femme belle et distinguée qu'elle évoquait parfois à la seule fin de souligner qu'elle était intelligente et instruite, contrairement à Myriam. La famille Altman se conjuguait au présent, parfois au futur, jamais au passé.
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" La mort de tout homme me diminue, parce que j'appartiens au genre humain, aussi n'envoie jamais demander pour qui sonne le glas : c'est pour toi qu'il sonne."
Ernst Hemingway
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"Ce n’est que le lendemain, alors que j’étais sur le point de partir à l’université pour animer mon atelier d’écritture bihebdomadaire, que j’ai remarqué, sur la moquette qu’éclairait un soleil matinal, ce qui ressemblait à une tache sombre mais qui, en réalité, était une photo d’identité. Elle avait dû s’échapper à mon insu d’un livre feuilleté la veille. J’étais en retard, comme d’habitude, et mon esprit déjà occupé à savoir quel trajet emprunter pour espérer arriver à l’heure. Je l’ai ramassée et m’apprêtais à la laisser sur mon bureau sans m’y attarder, quand mes yeux ont rencontré le visage jeune et jovial de ma mère figé sur le tirage. Un jeune homme posait avec elle dans une sorte de communion joyeuse."
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