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EAN : 9791022607551
372 pages
Editions Métailié (15/03/2018)
3.29/5   14 notes
Résumé :
La vie est un match de boxe, tendance lucha libre. A Caracas quand on sort le matin on n’est jamais trop sûr de pouvoir rentrer vivant chez soi.
Donizetti, fonctionnaire ordinaire, employé dans une agence de presse gouvernementale, bonhomme et maladroit, est chargé de convoyer des mystérieuses valises à travers le monde. Dans une ville en perpétuelle pénurie, il a désespérément besoin de cet extra pour nourrir ses deux familles, dont un fils taiseux, une ex-f... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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“ Si Dieu existait, il ne saurait jamais qu'il existe un endroit qui s'appelle Caracas.... »
Pour y survivre , il était nécessaire d'oublier en cinq minutes les cinq minutes précédentes, y vivre ou mourir n'était qu'une question de hasard. Voilà pour le décor Far west d'où décolle notre histoire, avec deux personnages, Donizetti et Manuelito, deux anciens camarades d'école, qui vont se retrouver pour le meilleur et le pire........

Donizetti, Doni pour les intimes, (« c'était son père qui lui avait donné ce prénom, à cause d'un air d'opéra. ») “travaille” pour un journal et en même temps transporte d'horribles valises vertes mystérieuses aux quatre coins du monde, pour pouvoir subvenir aux exigences de son ex et de son fils, et de sa présente famille. Durant ses expéditions Doni aime se détendre en lisant des auteurs intéressants, et “au repos” écouter des aires d'opéra ou Hillary Hahn jouant du Bach.
Manuelito, lui travaille dans le magasin de chaussures de ses parents et est en proie à des rêves éveillés depuis que F.... l'a quitté. Il est une encyclopédie vivante de la boxe, un sport qui donne sa forme à cette histoire en huit rounds et la sortie de secours à nos deux compères.....

Une satire féroce d'un pays corrompu jusqu'à la moelle et où la violence est monnaie courante. Alors qu'on fouille les passagers impitoyablement à la douane ( et c'est vrai plus le pays est arriéré, corrompu, plus vous êtes fouillé,exception USA ), Doni avec sa valise verte bien visible, quitte le Venezuela sans problème vers ses divers destinations. le ton ironique est impitoyable, même le sexe, les italiens,......sans parler du carnage vénézuélien, tout y passe. Sous des aires de fiction, l'écrivain vénézuélien Juan Carlos Mendez Guedez parle bel et bien de la réalité ultra tragique de son pays , qu'il précise aussi dans son préambule. Un livre à la trame bien ficelée, qui vous fait tantôt sourire, tantôt révolter, tantôt dégoûter, tantôt angoisser, titillant constamment votre curiosité ........mais heureusement l'humour est toujours là pour couvrir toute cette crasse. Un livre qui me rappelle “La quatrième dimension “ de Nina Fernandez, cette quatrième dimension où se trouve l'horrible vérité, qu'on ne voit pas, qu'on ne peut pas voir, qu'on préfère ne pas voir, ou que mieux vaut ne pas voir......
Un roman noir génial !
Merci viou1108 !

Un endroit où, tous les ans, dix-neuf mille personnes se font tuer n'est pas un endroit où l'on cache la mort de quelqu'un. En fait, aujourd'hui au Venezuela, c'est être vivant qui est suspect......Être vivant au Venezuela, c'est une façon d'être coupable.
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Caracas, au début des années 2010, c'est un fétide relent d'enfer sur terre. Violence et délinquance en tous genres, enlèvements et assassinats en pleine rue, attentats à la bombe, demandes de rançon et tortures à tire-larigot, groupes paramilitaires et trafiquants à chaque trottoir, pénuries d'à peu près tous les biens de première nécessité (y compris l'électricité). Tout cela sous le règne du « comandante » bolivariano-communiste (lire : Hugo Chávez, dont le nom n'est jamais cité), appuyé par le grand frère cubain et ses espions, et dont le système de gouvernement est pourri jusqu'à la moelle par la corruption, et peut-être  même infiltré par les mafias russe et chinoise. Viva la revolución !

Dans cette ambiance délétère, Donizetti, anti-héros par excellence, vivote avec son salaire de modeste fonctionnaire de l'agence de presse gouvernementale. Divorcé, il est obligé de payer une pension alimentaire à son ex, qu'il déteste mais qui a la garde de leur fils. Remarié, il se doit aussi de faire vivre sa femme, qu'il adore, et la petite fille de celle-ci, qu'il adore tout autant, et qui le lui rend bien. Pour arrondir ses fins de mois, et, si possible, pour se faire bien voir de ses supérieurs, il a accepté de convoyer, de temps à autre, de mystérieuses valises aux quatre coins du monde. Que contiennent-elles, à qui sont-elles destinées, qui en est l'expéditeur, autant de questions qu'il vaut mieux ne pas poser, encaisser la prime suffit amplement à Donizetti. Mais un jour, l'une de ces missions échappe de peu au fiasco, et notre brave pigeon voyageur s'en prend plein la figure (au sens propre). Par hasard, le même jour, il retrouve Manuel, un ami d'enfance, homosexuel et fanatique de boxe, qui vient d'être exproprié de son chétif magasin de chaussures par le gouvernement, sans indemnité évidemment. C'en est trop pour nos deux compères un brin foireux, excédés de tant d'injustices et de violence gratuite. Ils élaborent un plan qui les mettra définitivement à l'abri du besoin et du danger, et qui prendra, tant qu'à faire, les corrompus à leurs propres magouilles.

C'est noir et c'est picaresque, c'est cocasse et terriblement violent, cynique et acide. C'est tragi-comique, fluide, palpitant. N'en jetons plus, c'est excellent, ni plus ni moins. Nous avons droit à une peinture réaliste de la vie politique et quotidienne à Caracas au début de la décennie (19 000 morts au Venezuela en 2011, la grande majorité par arme à feu, ça vous donne une idée du niveau de criminalité), un invraisemblable chaos au milieu duquel les gens ordinaires essaient de ne pas se faire tuer. Parmi eux, on nous offre deux personnages attachants, gaffeurs géniaux embarqués dans une intrigue aussi burlesque que dangereuse, mais qui ne perdent pas le nord, et pas non plus le sens de l'amitié et de la famille. Ouf, il reste encore un peu de douceur à glaner entre les tirs croisés...

Mon avis ne vous aura sans doute pas donné envie de faire vos bagages pour Caracas, mais j'espère qu'il vous fera ouvrir « Les Valises »...

En partenariat avec les Editions Métailié.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Caracas, le commandant gouverne le pays d'une main de fer. La corruption règne, les bandes mafieuses pro-gouvernementales tiennent le haut du pavé. Gare à la balle perdue ... Donizetti est entré dans l' Agence d'information gouvernementale. Petit fonctionnaire en proie à des besoins d'argent il a accepté de devenir porteur. Il porte des valises en France,à Rome, un échange vite fait bien fait , retour à Caracas , un virement sur son compte et l'affaire est réglée. Mais voilà à un moment" le cave va se rebiffer", marre de recevoir des coups, marre de craindre pour la vie de ceux qu'il aime , marre de ne plus vivre sans la trouille au ventre .. Il retrouve Manuel son pote de jeunesse et ....
Un résumé prometteur, une excellente maison d'éditions, le gout de découvrir un auteur vénézuélien ... et la déception au bout ! Nul doute que l'univers évoqué est un univers que je connais peu ou très mal, nul doute qu'il m'a manqué les clés pour comprendre les tenants et aboutissants , résultat une lecture sans grand plaisir, la construction du roman m'ayant semblé pour le moins chaotique et brouillonne. Dommage.
Un grand merci aux Editions métallisé et à Babelio pour ce partage .
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Livre reçu grâce à l'opération Masse Critique.

Tout cela ressemble à une partie de poker. A la table, les joueurs confirmés s'observent mais ne disent rien, jouent en espérant qu'une bonne étoile les guide vers le succès. Là-dessus vient un homme qui ne connaissait pas le jeu, le découvre, commet plusieurs maladresses et finalement essaie de retirer ses billes avant de ne plus en avoir. Cet homme, on pourrait penser que c'est Donizetti, un journaliste qui n'a de sa profession que le nom puisqu'il travaille pour un organe d'Etat, lorsqu'il découvre qu'il n'est que le benêt de service dont on se sert pour sécuriser le transport de valises aux contenus extrêmement importants.

Si Donizetti n'a pas le courage de s'opposer à ce système, ou de réclamer une plus grosse part du gâteau, c'est d'abord parce qu'il ne soupçonne pas la taille du gâteau. C'est aussi parce qu'à Caracas, la violence est omniprésente : enlèvements en plein jour, coups de feu, meurtres sont le lot quotidien et, dès le début du roman, Donizetti reçoit un avertissement : devant chez lui, une mère et son fils ont été abattus. Donizetti est donc un homme ordinaire qui survit dans une ville et dans un Etat où rien ne se passe normalement, où rien ne se dit mais où tout se sait. Pour ajouter à tout cela une atmosphère pesante, le journal dans lequel travaille Donizetti est supervisé par des membres importants d'organisations militaires et paramilitaires, parmi lesquels figurent les commanditaires des expéditions des valises que convoie Donizetti.

C'est le hasard qui replace sur le chemin de Donizetti son ami d'enfance, Manuel. Ancien animateur de radio, Manuel est seul depuis que Felix, son compagnon (mais homme marié) lui a demandé de vivre ensemble. Adepte d'un culte familial pour sa tante, Manuel est aussi un inconditionnel de la boxe dont il connaît l'histoire. Ca tombe bien, la narration se fait justement sur le rythme d'un combat où, round après round, les adversaires se cherchent, se testent, se blessent, paradent et, finalement, essaient de donner le coup fatal. La boxe, c'est aussi une leçon : ce n'est pas toujours le favori ni celui qui mène le combat qui le gagne forcément.

Pour ces deux hommes, qui ne semblent pas taillés pour affronter les milices et la corruption généralisée du pays, certains combats sont des chemins à suivre. Lorsque Donizetti comprend que sa famille est en danger et qu'il est le dindon d'une farce gigantesque, lorsque Manuel comprend que la vie qu'il a péniblement construite n'existera bientôt plus par la seule volonté politique du Commandant (dont on devine qu'il s'agit d'Hugo Chavez), les deux hommes vont tâcher de trouver une porte de sortie et de gagner un ticket pour une nouvelle vie.

C'est peu dire que la description de Caracas par Juan Carlos Mendez Guedez donne de la ville une image peu flatteuse. Plus encore, c'est le pays entier qui semble souffrir d'une gabegie généralisée. Dans un pays pareil, laissé à la dérive, la débrouille est encore le meilleur moyen de s'en sortir. Cela peut passer par de petits arrangements jusqu'à l'organisation d'un crime organisée, où la théorie du ruissellement est ici comprise de manière très concrète : car les valises contenant de l'argent destiné qui à des mafias, qui à des organismes ou organisations politiques d'extrême-gauche, sont ponctionnées par chaque étage de l'organisation. Chacun se constitue ainsi un petit pactole en cas de coup dur. Et, justement, les rumeurs sur l'état de santé préoccupant du Commandant est l'un de ces coups durs qui bouleverserait le pays.

L'amitié renaissante entre Donizetti et Manuel s'accommode ainsi de coups foireux qui visent surtout à procurer aux deux hommes les moyens d'une vie enfin normale. Dans cette sorte d'étude clinique de l'état d'un pays, le Venezuela, l'auteur parvient tout de même à donner à ses mots un côté grand-guignolesque, et qui pourraient nous faire rire s'ils ne montraient pas le caractère tragique d'une situation réelle. Toutefois, on regrette que la narration ne donne pas plus de rythme à cette histoire et le caractère un peu faible du prétexte. Car les explications données, tantôt par Matias, tantôt par le major, n'étonnent que Donizetti et pas forcément le lecteur. le livre demeure cependant intéressant et divertissant : reste qu'il ne figurera pas parmi les livres forts du roman noir.
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Les valises de Juan Mendez Guedez s'adressent avant tout à un public habitué à la littérature d'Amérique latine ou tout personne qui ose s'aventurer dans des contrées lointaines. L'intrigue démarre très lentement car l'auteur met l'accent sur le profil psychologique de son héros : un loser désargenté. Donizetti a gâché son premier mariage dont il en subit encore les frais. Pour subvenir aux besoins de ses deux familles, il trempe dans des affaires louches où il ne se pose aucune question, du moins au début. le lecteur devra prendre le temps de s'y immerger dans le récit. Tout se joue sur les cent dernières pages où la pression monte à son paroxysme. À lire lorsque vous êtes en forme car vous pourrez louper facilement des détails qui vous paraissent insignifiants mais qui ont de l'importance. Personnellement, ma lecture fut tout de même laborieuse car je n'étais pas en condition mais j'essaie d'être la plus juste possible. Juan Mendez Guedez trouvera certainement son lectorat auprès des personnes qui aiment voyager par le biais de la littérature et en particulier, celle de l'Amérique latine mais également auprès des lecteurs, préférant la psychologie des personnages, aimant une atmosphère sombre et sociétale. Malheureusement, j'ai certainement oublié mes valises pour vraiment apprécier ce roman. Ayant lu précédemment d'excellents romans noirs à la chaîne avant cette opération masse critique, je l'ai trouvé un chouïa en dessous. Il m'a manqué ce petit plus qui lui aurait permis de décrocher les 5 étoiles pour être un coup de coeur. Néanmoins, je salue la qualité de la traduction et je remercie au passage l'éditeur.
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critiques presse (1)
Telerama
06 août 2018
Roman kafkaïen et pétri d’humour, Les valises est une œuvre picaresque sur la manipulation avec une bonne dose de cynisme truculent.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Sans savoir pourquoi, il pensa aux nombreuses similitudes entre la peur et l’amour. Il avait lu quelque part que, quand on était amoureux, on éprouvait l’étrange hallucination que le monde était rempli de petits signes directement adressés à soi. C’était pareil avec la peur : le moindre détail entrevu la ravivait, la soulignait. La peur se multipliait et le son le plus léger –un aboiement de chien, une fenêtre qui se ferme, une feuille de papier froissée –semblait un nouveau signal de menace.
Commenter  J’apprécie          350
“Des seins en silicone, se dit-il. La moitié du pays en a, c’est une vraie épidémie ; si les impérialistes nous envahissent, j’espère que l’état-major a un plan pour que les nichons se transforment en arme secrète, parce que ici ce que les gens ont en tête, ce ne sont pas les stratégies de défense, mais les nouveaux nichons qu’ils vont se payer, les nichons qu’ils matent, ceux dont ils rêvent ou ceux qu’ils critiquent. Le pire ennemi de la révolution, c’est la silicone.”
( Venezuela )
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Un endroit où, tous les ans, dix-neuf mille personnes se font tuer n'est pas un endroit où l'on cache la mort de quelqu'un. En fait, aujourd'hui au Venezuela, c'est être vivant qui est suspect. Toute personne qui n'a pas été tuée est mal vue. Pourquoi il est encore là? Pourquoi il s'est pas fait assassiner? Etre vivant au Venezuela, c'est une façon d'être coupable.
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C’était mieux quand j’étais jeune. Si au lycée des types me poussaient dans l’escalier, ou si je me faisais voler ma montre à la sortie de la fac, ou si le professeur de physique ne me mettait pas la moyenne à un examen, je pensais : je n’ai que deux phrases à dire, Pancho débarque, quelques coups de feu et tout rentre dans l’ordre.
( Caracas-Venezuella)
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Non, ta plus grande faiblesse n’est pas ton manque d’expérience. C’est ton mépris. Tu ne seras pas vaincu par plus brillant que toi : tu seras battu par le patient, le médiocre.
Trevanian
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