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Service de presse.

Fasciné par les serial killers, Michaël Mention a débuté sa carrière d'écrivain aux éditions Rivages avec une trilogie consacrée aux tueurs du Yorkshire, rappelant à certains égards, l'oeuvre de David Peace. D'ailleurs, tout comme l'auteur britannique, Michaël Mention s'est également lancé dans l'écriture d'un roman baignant dans le milieu du football en évoquant le fameux épisode de la demi-finale de la coupe du monde de 1982 entre la France et la RFA. Mais faisant toujours preuve d'un intérêt pour les tueurs emblématiques Michaël Mention publiait également un essai, le Fils de Sam, faisant référence au surnom de David Berkowitz, terrible tueur en série ayant sévi à New York dans les années 70. Ce n'est pas tant le fait d'avoir intégré, avec cet ouvrage, une maison d'édition dont les abonnés twitter feraient pâlir d'envie les groupes identitaires les plus extrêmes et dont la page d'un réseau social regorge de considérations et de commentaires abjects, qui déconcerte car chacun est libre de publier là où il le souhaite. Finalement le plus intriguant c'est que l'auteur revienne sur le devant de la scène avec un roman tel que Power dont le sujet tourne autour du mouvement du Black Panther Party et dont le thème de lutte contre la discrimination ne correspondait sans doute pas à la ligne éditoriale du label que j'évoquais puisqu'il est publié chez Stéphane Marsan (cofondateur des éditions Bragelonne) qui vient de lancer une nouvelle collection.

21 février 1965, des coups de feu résonnent dans l'Audubon Ballroom à New-York, et Malcom X s'effondre sur scène. Avec cet assassinat, une page se tourne pour laisser place à celles que veulent écrire Bobby Seale et Huey Newton en fondant le Black Panthers Party afin de défier, armes à la main, les autorités tout en instaurant des programmes pour venir en aide auprès d'une communauté noire complètement stigmatisée. Ce sont des milliers de membre qui s'engagent dans le mouvement au grand dam du gouvernement, enlisé dans une guerre du Vietnam qui s'éternise. Témoins de cette époque trouble où tous les coups sont permis, il y a Charlène une jeune militante dévouée à la cause et Tyrone infiltré par le FBI bien décidé à saborder le mouvement de l'intérieur. Et puis il y a Neilcet officier de police blanc baignant dans ce racisme ambiant des sixties propre à une Amérique qui plonge dans le chaos des émeutes et des règlements de compte.

Davantage que la cause qu'il voudrait défendre ou mettre en lumière, on sent avec Power une véritable opportunité pour l'auteur d'aborder, par l'entremise de l'histoire méconnue du Black Panthers Party, toute la violence qui émanerait de cette période trouble sans trop vouloir s'attarder sur le volet social ou le contexte de l'époque qui ne seront évoqués que de manière bien trop superficielle. le poids des mots, le choc des scènes violentes, à l'image de la bande son tonitruante qu'il distille tout au long du récit, Michael Mention nous entraîne dans une spirale d'événements historiques qu'il enchaîne dans ce succédané de l'oeuvre d'Ellroy, notamment American Underworld, qui n'en possède toutefois pas l'envergure. Car bien que très documenté, Michaël Mention, tout à son désir de donner du rythme au récit, se perd dans une intrigue où les raccourcis hasardeux brouillent l'ensemble d'une trame historique qui devient quasiment illisible.

Conversations troubles avec John Edgard Hoover, opération COINTELPRO, projets de déstabilisation, agent du FBI sans scrupule, c'est bien l'ombre du Dog qui plane sur cette première partie du roman où l'on assiste à naissance de Black Panther Party dans une mise en scène un peu laborieuse donnant l'impression de lire les extraits de fiches Wikipedia rehaussées de quelques effets de style dont ces fameuses transitions musicales qui pourraient se révéler pertinentes si l'auteur n'avait pas la fâcheuse tendance à abuser du procédé ad nauseam.

En abordant la seconde partie du roman, on découvrira les personnages fictifs de Charlène, la jeune militante noire et de Tyrone, le repris de justice infiltré dans le mouvement, qui endossent tous les stéréotypes auxquels on peut s'attendre, comme la désillusion et la déchéance pour l'une ou le remord et la folie pour l'autre mais qui s'inscrivent dans la logique de l'intrigue tournant principalement autour de la prise d'assault par le FBI, de l'appartement de Fred Hampton qui trouva la mort dans la fusillade et qui constitue un élément clé de l'histoire du Black Panther Party. On restera plus dubitatif avec le personnage grotesque de Neil, ce flic blanc modéré, basculant soudainement dans la folie meurtrière et qui semble n'être présent que pour convoquer ces meurtriers emblématiques de l'époque qui fascinent tant l'auteur mais qui n'ont pas grand-chose à voir avec l'histoire du Black Panther Party. Passe encore pour Charles Manson qui vouait une haine viscérale pour le mouvement mais que vient donc faire le tueur du Zodiaque dans une intrigue consacrée à la lutte contre les discriminations raciales ?

Tiraillé entre le sujet qu'il aborde, en contant l'histoire du mouvement révolutionnaire afro-américain, et cette propension à vouloir insérer tous les événements qui ont marqué la fin de cette période des sixties, Michaël Mention s'égare dans un récit touffu et sanguinolent, emprunt d'une certaine forme d'hystérie, pour nous livrer, au final, un roman sensationnaliste, clinquant et totalement superficiel.

Michaël Mention : Power. Stéphane Marsan 2018.

A lire en écoutant : Fables of Faubus de Charles Mingus. Album : Mingus Ah Um. Originally Released 1959, Sony Music Entertainment Inc 1993.
Lien : http://monromannoiretbienser..
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Charlene a seize ans quand elle rejoint la section de Philadelphie des Black Panthers en 1967. Au même moment, à Los Angeles, Neil, jeune officier de police idéaliste écoeuré par le racisme de ses collègues se laisse aller à une certaine sympathie pour les mouvements contestataires de son temps. Quant à Tyrone, le FBI le fait sortir de sa prison de Cook County pour infiltrer les Black Panthers de Chicago.
Ce sont ces trois personnages que Michael Mention nous propose de suivre durant quatre années, en même temps que le Black Panthers Party, de son apogée au début de son déclin. Bien entendu, chacun évoluera à sa manière. Charlene va prendre de l'assurance et devenir une militante de choc, Neil va peu à peu perdre ses illusions et basculer, et Tyrone, en s'enfonçant dans la trahison en même temps qu'il grimpe les échelons au sein du BPP va se perdre lui-même.
Michael Mention semble aborder ce roman avec une double ambition. Celle de faire connaître une page importante mais méconnue de l'histoire américaine contemporaine tout en nous parlant, en creux de notre société actuelle. Celle aussi de mettre au service de ce récit une écriture formellement originale. Tout cela est louable.
Mais il y a un pas entre l'ambition et sa réalisation. C'est à mon sens là que pèche Power. Sur la forme, on peine à vraiment trouver une véritable originalité. Michael Mention use et abuse de gimmicks déjà lus. Paragraphes coupés par des paroles de chansons sensées faire échos aux pensées des personnages ou au déroulement de l'action ; ce qui va de pair avec une utilisation ad nauseam du name-dropping musical, écriture hachée qui doit exprimer la tension :
« Je contemple son torse déchiqueté, ces plaies d'où s'écoulent de petites rivières se rejoignant en mare. Il s'en échappe des volutes, serpents vaporeux qui m'ensorcellent.
(Inspiration)
Je me redresse.
(Expiration)
Essuie mon couteau.
(Obsession) »
Cela donne un ensemble extrêmement surécrit et, partant, lassant, à partir notamment de l'entrée en scène des trois personnages qui arrive après près d'une centaine de pages d'introduction à propos de la naissance des Black Panthers durant laquelle les artifices d'écriture cachent mal un digest de toute la littérature portant sur la question.
Sur le fond, si l'intention est, nous l'avons dit, louable, les trois personnages que l'on suit restent extrêmement archétypaux et sombrent souvent dans la caricature, particulièrement Neil dont la trajectoire relève du grand guignol. C'est que Michael Mention, comme emporté par son enthousiasme pour la période qu'il décrit, s'était senti obligé de mettre dans son roman tout ce qui se passe aux États-Unis dans ces années-là et qui est entré dans notre imaginaire collectif par le biais de la musique, du cinéma, de la littérature : on a donc droit à Woodstock, au tueur du zodiaque, à la Manson Family et, bien entendu, à la quasi intégralité de la scène musicale. L'ensemble, réhaussé donc par des scènes d'action – fusillades, meurtres sordides ou torture – se révèle vite pesant et, en fin de compte sans réelle profondeur dans la réflexion sur le mouvement des Black Panthers comme le laissait présager l'introduction
En fin de compte, on reste dubitatif face à ce roman qui, sous l'avalanche de documentation, reste finalement assez superficiel et semble plus jouer la carte d'un tape-à-l'oeil assez convenu que du brulot édifiant tel qu'il est présenté dans nombre de recensions dans la presse ou sur internet. Peut-être en attendait-on trop

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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J'ai tellement apprécié ce roman que je l'ai lu en intégralité dans la journée de mardi et je n'ai pas pu aller me coucher sans le terminer! Je remercie les éditions Stéphane Marsan ainsi qu'Agnès Chalnot pour l'avoir envoyé et fait découvrir! Un véritable coup de coeur!

Le roman Power est organisé en deux parties distinctes : la première « What we want » est courte (90 pages) et se déroule de l'assassinat de Malcolm X en février 1965 jusqu'à la création du mouvement du BPP en octobre 1966 par Bobby et Huey. Quant à la seconde « What we believe » est organisé comme un roman chorale (genre que j'adore!) avec l'alternance de chapitres courts mettant en scène trois personnages : Charlene, une jeune fille de seize ans au début du récit qui intègre la section de Philadelphie, Tyrone qui est en prison et se fera recruter par le FBI afin de servir de « taupe » et enfin Neil, un policier Blanc d'une trentaine d'années, idéaliste et tolérant. Si je ne connais pas bien la période, Power semble néanmoins bien documenté faisant appel aux citations de sources contemporaines (Ten Point Program du BPP, extraits d'articles de presse ou de paroles de chansons, la playlist étant recensée à la fin du roman, etc…). Malgré ses 450 pages, il se lit très vite facilité par des chapitres courts, efficaces et une écriture fluide.
Il possède également une double lecture. En effet, il ne s'agit pas seulement de conter les vicissitudes d'un Mouvement contestataire des années 60-70 pour Michael Mention. Au contraire, il semblerait qu'au travers de l'évolution de chacun des personnages, il ait voulu démontrer que quoiqu'il arrive, la violence entraîne toujours la violence. de l'incompréhension, naît l'intolérance puis le rejet et enfin la violence.

Sur la Quatrième de couverture, il est noté que Power est « Un roman puissant et viscéral, plus que jamais d'actualité ». Après sa lecture, je ne peux qu'être d'accord avec cette citation. J'avais lu il y a deux ans Triste Amérique, le vrai visage des Etats-Unis de Michel Floquet et force est de constater que même quarante ans après, les choses ont peu évolué. Certes, un Président Noir a été élu à la Maison Blanche pour deux mandats de 2009 à 2017. Mais, la communauté Noire est toujours actuellement la cible de violences policières, les premières victimes en cas de catastrophes (Ouragan Katrina, en 2005 ou la Crise des Subprimes en 2008, par exemple) et reste socialement et économiquement défavorisée.
Lien : https://labibliothequedaelin..
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Power de Michaël Mention est un excellent roman et je suis de suite entrée dans cette période, fin des années 60 et début des années 70 avec le mouvement des Black Panther aux Etats Unis.
On suit d'abord la création du mouvement, puis trois points de vue dans les chapitres, celui de Charlène qui, à 16 ans, rejoint une section, celui de Neil jeune policier blanc et celui de Tyrone qui va être infiltré par le FBI en échange d'une sortie de prison.
Violences, racismes, manipulations, oppressions, bavures, débordements, drogues, rythment ce roman sans temps mort.
Un livre percutant qui a du demander beaucoup de recherches car on sent vraiment la retranscription de cette époque, à travers des faits réels mais également de la musique.
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Ce livre est vraiment une pépite vrai coup de coeur. Il nous raconte histoire des noirs américains de la ségrégation de la naissance des Black Panther et de leur développement . On suit au travers de scènes roman l évolution de 3 personnage : un traitre, un flic et une membre .
Je découvre Michael mention pour la première fois .
Je vous conseille d'en faire autant lisez ce bouquin
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C'est la lecture d'un extrait de la voix secrète qui m'avait fait inscrire Michaël Mention à la longue liste des auteurs que j'aimerais lire. Une histoire dans L Histoire, des personnages et des événements sortis de l'imagination d'un auteur, côtoyant des personnages et des événements sortis des livres d'histoire, voilà ce qui titillait ma curiosité chez Michaël Mention.
Aussi, quand j'ai vu lors de la dernière Masse Critique que Babelio proposait un livre de cet auteur et qui de plus reprenait ce canevas de l'histoire dans L Histoire, j'ai tout de suite foncé sur ce choix.
Le début du livre m'a un peu fait douter de la justesse de mon choix. J'ai cru dans un premier temps m'être embarqué dans une biographie des fondateurs du Black Panthers Party. On y retrouve des noms connus de tous : Malcom X, Martin Luther King, Mohamed Ali, Hoover, Kennedy. Et d'autres moins connus : Bobby Seal et Huey Newton, les fondateurs du BPP.

Intéressant, passionnant même de plonger ainsi dans l'histoire des Etats Unis de la fin des sixties. Un pays et une époque qui sont inscrits dans nos imaginaires, enregistrés dans nos mémoires au travers de l'actualité internationale, du cinéma, de la musique.
Intéressant mais il me manquait quand même quelque chose. C'est un roman que j'ai dans les mains, pas un condensé des unes des journaux et des discours politiques qui ont construit les mouvements raciaux de cette époque. Elle est ou la petite histoire qui va se glisser dans le décor de la grande ???
C'est là, quand je commençais à me demander si je ne m'étais pas trompé dans mon choix, que j'ai fait la connaissance de Charlene, de Tyrone et de Neil.
Charlene, l'adolescente noire en quête d'un idéal qui pourrait prendre dans son coeur la place de la rage qui l'habite, idéal qu'elle va trouver par son adhésion au mouvement des Black Panther
Tyrone, le criminel que le FBI va faire sortir de prison pour lui faire infiltrer les Black Panthers
Neil, le flic, blanc, forcément blanc hélas. Chrétien, mais croyant en l'homme avant de croire en Dieu et croyant surtout en la possibilité de faire vivre les hommes ensemble
Ces trois la vont avoir chacun leur destin, se croisant parfois, s'effleurant à peine. Mais tous trois vont être liés à l'histoire des Black Panthers et plus largement à celle des Etats Unis.
Une histoire faite d'espoir, celui de changer le monde, de donner le pouvoir au peuple, de rendre égaux les hommes sans distinction de couleur, de sexe ou de religion.
Une histoire peu glorieuse faite de violence, de manipulation, de repli identitaire.
Une histoire qui a réussi au moins à unir les hommes sous une seule couleur : ni blanc, ni noir, le coeur des hommes y est gris, remplis de haine, de besoin de domination, de repli sur son groupe, sur son appartenance, remplis de vengeance…

Le récit est mené avec une dynamique que je n'avais encore jamais croisée dans ce genre de livre aux confins de la fiction et du roman historique.
Cette dynamique est alimentée par 3 piliers :
-tout d'abord, l'alternance des narrations. A chaque chapitre (souvent très court), on passe du récit de Charlene, à celui de Tyrone puis à celui de Neil
-la musique. Beaucoup de références musicales dans ce livre : J.Brown, Ottis Redding, Jimi Hendrix, Led Zeppelin, les Stones. Souvent, des petits extraits des textes de chansons de ces artistes viennent entrecouper le récit.
-les références à des événements historiques qui alimentent la narration.

Loin de casser le fil du récit, ces deux derniers éléments (les références historiques et musicales) donnent un coté immersif à l'ensemble du récit. Mieux que le casque de réalité virtuel, Power est une plongée par tous les pores dans un passé pas si lointain.

Et du passé, nous projette dans notre présent. Comment, en lisant Power, ne pas penser à ce qui pourrait nous arriver aujourd'hui ou demain, à l'échelle d'un pays, d'un continent, ou du monde : le repli identitaire alimenté par la haine, elle-même alimentée par le mépris, alimenté auparavant par la peur… Boucle sans fin qui a amené les violences décrites dans Power, mais aussi celles que nous avons vécues en France en 2015 et 2016 avec les attentats…

Bref, malgré toute la grisaille qui m'habite au sortir de cette lecture, j'ai vraiment adoré ce livre pour sa dynamique, son coté immersif et aussi pour la petite graine de réflexion qu'il plante dans le cerveau du lecteur (fourniture du terreau de culture historique comprise)

Un grand merci à Babelio pour l'organisation des Masses Critiques, aux éditions Stéphane Marsan et surtout un grand merci à Michaël Mention pour l'écriture de ce livre.
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Je n'ai pas tout aimé dans ce roman, loin de là. Et pourtant, je n'ai pas envie d'être trop sévère avec lui, car je le considère à sa manière comme un roman marquant.
On suit, de Oakland à Philly et de Chicago à Los Angeles, l'histoire tortueuse du BPP (Black Panther Party for Self Defense, et ces deux derniers vocables ont leur importance... j'ai été sidéré de voir à quel point ils avaient la gâchette facile, même contre la police alors qu'ils n'étaient pas illégaux !), de sa création à sa déliquescence.
Les premiers chapitres sont consacrés aux trois principaux créateurs du BPP à Oakland : Huey P. Newton, Bobby Seale et Eldridge Cleaver, rebaptisés ici Huey Norton, Bobby Stills et Eldridge je sais plus comment mais un truc qui ressemble à Cleaver.
J'ai eu la curiosité de comparer l'histoire des vrais personnages à celle de leurs "copies version Mention", et c'est tellement conforme à la réalité des faits historiques que... je n'ai pas compris pourquoi l'auteur avait trafiqué leurs noms. Il aurait tout aussi bien pu garder les vrais.
Ensuite, on va suivre tour à tour les pérégrinations de trois personnages :
- Charlene, une jeune militante noire de Philadelphie qui va entrer dans la section locale du BPP.
- Tyrone, un autre black qui va gravir les échelons du parti tout en étant "victime" du programme Cointelpro... c'est-à-dire tout en étant une taupe au service du FBI.
- Neil, un flic blanc d'origine irlandaise, catholique pratiquant et plutôt favorable aux droits civiques pour les noirs... en tout cas au début.
Ces personnages ne se croiseront jamais, mais permettront au lecteur de traverser tous les événements emblématiques de cette bouillante fin des sixties (le concert de Woodstock, l'assassinat de Bob Kennedy, celui de Martin Luther King, le massacre de Sharon Tate par la Manson family, les crimes du tueur en série Zodiac...)
Ils auront leur descente aux enfers chacun à leur manière , aussi terrifiante que convaincante, à l'exception peut-être du destin final de Tyrone, auquel je n'ai pas trop adhéré.
Le phrasé de Mention est très familier, ce qui est ici assez adapté au sujet. Nous avons affaire à des héros des ghettos afro-américains et le langage soutenu n'aurait pas convenu. Pour autant, j'ai quand même trouvé que le lexique faisait souvent un peu trop XXIe siècle.
L'auteur "essaie des trucs" constamment, dans la forme et dans la construction de son roman. C'est un expérimentateur, et ma foi je lui en sais gré, dans un monde littéraire souvent trop standardisé. le souci, c'est qu'en ce qui me concerne, ça n'a pas toujours marché. J'ai même trouvé certaines de ces "expérimentations" un peu pénibles. En revanche, j'en ai trouvé d'autres diablement efficaces.
Au final, je considère ce roman, très documenté sous ses airs de pas y toucher, comme une façon pas désagréable du tout de se renseigner sur la lutte menée pour les droits civiques aux US à la fin des années 60
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L'histoire de la naissance des Black Panthers : leurs membres créateurs sur fond de discours de Malcom X, de Martin L.King, des présidents des Etats-unis durant cette période et des chansons qui passent à la radio.
Une fois la partie sur la création du groupe finie, on suit trois personnage : une adolescente, Charlène, séduite par le projet de révolution du groupe. Neil, policier Blanc, qui part la surenchère de la violence devient raciste et Tyrone, taulard afro-américain qui infiltrera pour le FBI les Blacks Panthers.
Le texte est saisissant. Au début, on a l'impression d'un docu-fiction et peu à peu, on plonge dans la violence du quotidien pour les personnages.
A lire, à approfondir, permet de comprendre une partie de la complexité des relations des afro-américains et une certaine "classe" blanche des Etats-Unis qui font subir encore énormément de racisme.
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Livre coup de poing.
Expression facile à trouver, souvent écrite mais tellement vraie.
Je suis né en 1959. j'avais donc moins de 12 ans quand les évènements relatés dans ce roman ont fait l'histoire des Etats-Unis. Pourtant Malcolm X, Angela Davies, les Black Panthers, la perte du titre de Cassius Clay devenu Mohammed Ali, I have a dream de Martin Luther King, assassiné comme les frères Kennedy, la guerre du Vietnam, les premiers pas sur la lune, le massacre de Sharon Tate et ses amis, les poings levés, gantés de noir, de Tommie Smith et John Carlos aux JO de Mexico, tout cela reste présent dans ma mémoire, cinquante ans après.
L'injustice est le sujet principal du récit de Michael mention, qui m'a replongé au coeur de cette époque. Il s'agit bien d'un roman, puisque nous suivons la vie, plus ou moins inventée de trois personnes, jusqu'à ce qu'elle s'arrête, dans la violence évidemment.
L'auteur a fait fort, très fort.
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1965, les États-Unis sont embourbés dans la guerre au Vietnam et le pays va traverser en parallèle à cette guerre une période trouble. Des émeutes éclatent un peu partout de Chicago à Los Angeles. Les tensions sont exacerbées et ce sont les Afro-Américains qui en font les frais et plus généralement les minorités. Que ce soit à travers les violences policières ou à travers une justice bafouée, plus de vingt millions d'Afro-Américains sont stigmatisés et discriminés. C'est dans ce cadre que le roman de Michaël Mention débute et comme souvent chez cet auteur le rythme est prenant et va crescendo. Que ce soit dans l'écriture, dans les chapitres courts ou dans le mélange de fiction et de réalité, l'ensemble ne s'essouffle pas. L'assassinat de Malcom X sème le trouble et la communauté noire se divise. D'un côté avec ceux qui prônent la non-violence de Martin Luther King et de l'autre ceux qui trouvent que ses positions ne sont pas assez radicales. C'est dans ce contexte qu'émerge le Black Panther Party, l'élément central du roman. On suit la genèse de ce mouvement. Dans la seconde partie du livre, on voit graviter trois personnages autour de ce parti, trois personnages ambivalents et que je trouve très réussis. du policier à la militante du Black Panther Party en passant par le détenu enrôlé par le FBI.

"Power" est un roman passionnant, qui bouscule et qui laisse planer le sentiment de révolte pendant et après la lecture. La bande son ne gâche rien, d'Hendrix à Led Zeppelin et participe pleinement à l'atmosphère.

Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
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