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Romaric Vinet-Kammerer (Traducteur)
EAN : 9782264084705
240 pages
10-18 (21/03/2024)
4.31/5   27 notes
Résumé :
À l'été 1934, nulle part les effets de la Grande Dépression ne sont plus criants qu'à Harlem, où sont établies Francie, douze ans, et sa famille.
Dans l'incapacité de trouver un travail, le père s'adonne à une série de paris pour les infimes éclats d'espoir qu'ils promettent, mais jamais n'exaucent ; la mère rapièce les vêtements, court les ménages, essaie péniblement de joindre les deux bouts ; tandis que Junior, le frère aîné, est entraîné dans la vie dang... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Il aura fallu attendre les cent ans de la militante afro-américaine Louise Meriwether, pour que son premier et plus célèbre roman, paru en 1970, soit enfin traduit en français. S'inspirant de sa propre expérience, elle y raconte le quotidien dans le Harlem de 1934, à travers le regard de Francie, une adolescente noire de douze ans. Roman social autant qu'autofiction, ce livre connut un vif succès lors de sa parution et s'affirma bientôt comme un classique de la littérature noire américaine. Dans sa préface, James Baldwin soulignait sa principale originalité : faire relater la ségrégation par une jeune fille émergeant à peine de la naïveté de l'enfance. Curieusement, Toni Morrison employait concomitamment le même procédé, alors novateur, pour son premier et peu remarqué roman L'oeil le plus bleu. Cet inégal éclat de leurs premiers pas ne devait pas empêcher la seconde écrivain de faire la formidable carrière que l'on sait, et la première de sombrer dans l'oubli.


La pauvreté et le racisme ayant chassé les Meriwether de leur sud rural pour les envoyer tenter leur chance dans le nord, Louise et ses quatre frères grandissent à Harlem pendant la Grande Dépression, entre un père gardien d'immeuble et une mère femme de ménage. Malgré les moyens modestes de la famille, Louise accède à l'enseignement supérieur, devient journaliste littéraire pour un journal noir, puis scénariste à Hollywood, avant d'enseigner l'écriture créative à l'université tout en s'impliquant dans divers mouvements militant pour la cause noire. Parmi ses essais, romans, et surtout ouvrages pour la jeunesse, c'est sa première parution, Papa courait les paris, qui fait sa notoriété. Cette peinture de la vie de plus en plus difficile au sein du ghetto noir de Harlem, alors que la crise des années trente réduit les hommes au chômage et leurs épouses à quémander une maigre aide sociale, puise largement dans ses souvenirs d'enfance.


Entre deux petits boulots, le père de Francie est de plus en plus souvent sans ressources. Alors, il parie et joue les intermédiaires à la loterie des nombres, rejoignant la frange interlope des petits trafics en tout genre dont ses semblables se retrouvent à vivoter, sous le contrôle de la pègre et avec la complicité corrompue des autorités. Un gain sporadique, et ce sont quelques jours de bombance, trouées de joie dans un quotidien de plus en plus désespéré, de plus en plus dépendant d'allocations épongeant à peine l'ardoise honteuse grossie chaque mois chez les commerçants du quartier. Observant sa mère se débattre pour maintenir la famille à flot, pendant que son plus grand frère se mêle aux bandes de voyous qui traînent les rues et que le cadet, de plus en plus révolté par l'injustice et le racisme, se frotte aux émeutes qui secouent régulièrement un Harlem en proie aux violences policières, Francie passe du rire aux larmes avec l'insouciance de la jeunesse et, dans une narration d'un naturel confondant, tient la chronique des hauts et des bas de son entourage, peignant, avec une empathie toute de légèreté et de bonne humeur, un tableau plein de vie du quotidien, tissé de désespoir, de violence et de peur, des petites gens d'un quartier en plein naufrage.


En superposant deux points de rupture – l'éveil d'une toute jeune fille au sortir de l'enfance, au moment où la société américaine sombre dans la Grande Dépression –, Louise Meriwether réussit à la fois une peinture sociologique d'un des moments les plus sombres de l'histoire des Etats-Unis et un roman d'apprentissage plein de fraîcheur, où la découverte de la peur face aux dangereuses et injustes réalités de la vie n'empêche en rien une formidable joie de vivre. Coup de coeur.

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Quel roman ! Comment passer à côté d'un tel bijou ? C'est bien la première remarque que je me suis faite aprés avoir tourné la dernière page de ce vrai beau coup de coeur .
Harlem , 1934 .La grande Dépression .Francie , 12 ans , et sa famille survivent .Chaque jour est ...un nouveau jour de lutte C'est cette lutte perpétuelle que nous allons partager car ne nous y trompons pas , c'est une immersion irrésistible qui pourrait être fatale s'il n'y avait tous ces faits du quotidiens qui s'accumulent , s'accumulent pour toujours ne laisser qu'un mince espoir de réussite .
Pourtant , pas de pathos , pas de misérabilisme , non , des personnages superbes ou odieux , des leçons de vie , de partage , de la violence , de la tendresse , des interrogations perpétuelles .
L'ambiance est lourde et aérienne à la fois , difficile à décrire mais Louise Meriwether a le don de nous fasciner tel un montreur de serpents , par des situations , des mots , des phrases , des comportements , des espoirs parfois , des désespoirs souvent .
Non , on ne sort pas indemne d'une telle lecture et , le pire , le pire c'est qu'on en sort à regret .
Rien que le couverture de ce roman devrait vous faire " craquer " , ce qui fut mon cas .Sachez le , si vous tournez les premières pages , votre sort est scellé .
Attention , la cité est dangereuse , tout le monde " il est pas beau ou gentil " mais ....Que dire de plus , on ne va pas spolier , ce serait stupide mais si vous me faites confiance , prenez la main de Francie et laissez vous emporter par le flot des émotions..
A trés bientôt chers amis et amies , vous me direz ....
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Classique de l'auteur publié en 1970, papa courait les paris a été récemment traduit en français.
Je me suis donc laissée tenter à acheter et parcourir l'ouvrage.

A l'été 1934 francie 12 ans et sa famille, vivent, survivent plutôt à l'après grande dépression dans un Harlem déserté par les blancs où les gangs font rage. Son aîné en intègre un. Sa mère se démène pour essayer de nourrir ses enfants pendant que son père joue.

Entre scènes de la vie courante dans ce quartier pauvre, entre aide entre voisins, violence et bonne humeur malgré tout, francie nous invite dans son quotidien d'adolescente.

Les dialogues sont percutants mais le rythme de l"ouvrage a peiné à m'embarquer avec lui. Un très joli récit néanmoins où la solidarité une fois encore est source de vie.
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Ce roman écrit dans les années 70 nous raconte la vie quotidienne d'une famille noire pauvre vivant dans le quartier de Harlem des années 30 vue par les yeux d'une adolescente, Francie. le père un peu macho, chômeur, multiplie les petits boulots, pianiste, concierge, et surtout collecteur des paris de la loterie des chiffres très en vogue dans la communauté noire pour un bookmaker du quartier, puis finalement abandonne sa famille. La mère, femme soumise, travaille toujours plus pour arriver à nourrir difficilement sa famille, tenir ses garçons tentés par la délinquance et les gangs et protéger sa fille pour laquelle elle espère un avenir meilleur que le sien. Ce récit doux amer est sans complaisance sur la dureté des rapports humains dans les famille et dans le quartier entre noirs, juifs et petits blancs où l'on s'exploite, se méprise, se frappe et même se tue à l'occasion. Mais il sait aussi faire vivre les bons moments, balade dans New York et sorties au cinéma avec sa copine, fêtes à la maison quand sort un bon numéro ou dans la rue quand un boxeur noir l'emporte sur un champion blanc. le regard de Francie est déjà sans illusion sur la société et les rapports humains et elle a bien du mal à concilier les contrainte de sa scolarité peu attractive, ses 1ers émois sexuels surtout marqués par les tripotages salaces de certains commerçants et ados du quartiers, sa prise de conscience naissante de la question noire et ses rêveries d'une encore petite fille qui espère que le prince charmant l'emmènera sur son cheval loin de son quartier pourri. Un récit fort, prenant, parfois peut être un peu répétitif, mais qui résume bien, in fine, l'avenir très noire des jeunes de ce quartier dans quelques formules cruelles :  les garçons finiront à Sing Sing et les filles devront choisir entre être pute, travailler à la journée, ou avoir un bébé par an.
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Louise Meriwether, romancière, essayiste et militante afro-américaine, a grandi à Harlem pendant la Grande Dépression. Elle s'est inspirée de ses souvenirs d'enfance pour écrire son roman « Papa courait les paris », un classique de la littérature afro-américaine, qui est sorti dans les années 70 et traduit pour la première fois en français.
Son roman raconte le quotidien de Francie, 12 ans, héroïne touchante qui vit avec sa famille dans le quartier d'Harlem dans les années 30. Ses yeux d'adolescente décrivent leur vie dans un appartement insalubre, la précarité des habitants, la violence des rues, la difficulté de trouver un travail pour ses parents et voisins.
Grandir quand on est une adolescente un peu rêveuse et surtout courageuse entre les bagarres de rue, la débrouillardise des parents, les violences policières, l'ardoise chez l'épicier dès le début de mois, les copines qui abandonnent l'école, l'exemple des grandes soeurs qui sont soient à la merci d'un mac, soient déjà à la tête d'une famille nombreuse sans emploi et argent.
Réussir sa scolarité au milieu des cris et des chahutages de ses camarades de classe pour s'en sortir et avoir le droit à un futur différent.
Rêver de s'échapper des rues d'Harlem, des rues de son enfance pour frôler les pavés d'un autre quartier et choisir une nouvelle vie.
« Papa courait les paris » est un roman observateur et réaliste sur la vie à Harlem dans les années 30. Un livre à découvrir !
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critiques presse (5)
Telerama
26 mars 2024
L’histoire racontée par Francie, 12 ans, qui se décrit comme un « sac d’os noir et moche », n’en est pas moins tragique. Son regard à la fois cru et naïf va s’initier à une loi d’airain.
Lire la critique sur le site : Telerama
Marianne_
26 juin 2023
Jeune femme noire américaine, Louise Meriwether a raconté la ségrégation. Tout comme Toni Morrisson qui, elle, a eu le succès qu'on lui connaît. Effacé des mémoires, « Papa courait les paris », le premier roman de Louise Meriwether, paru en 1970, a été exhumé par les éditions Philippe Rey qui le republient.
Lire la critique sur le site : Marianne_
LeMonde
13 juin 2023
Violence, entraide, inventivité forcée par la précarité : Francie reçoit tout d’un bloc dans ce roman d’apprentissage, inoubliable manuel de survie d’une petite fille noire à Harlem.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaCroix
24 avril 2023
Avec une fraîcheur qui résiste à l’évocation du pire, Louise Meriwether nous fait vivre le quotidien de la petite Francie, cadette d’une famille noire, dans le Harlem de 1934.
Lire la critique sur le site : LaCroix
LeFigaro
14 avril 2023
Mêlant colère et drôlerie, ce premier roman, publié en 1970, d’une auteur aujourd’hui centenaire, raconte l’histoire d’une famille noiredans le Harlem des années 1930.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Le roi Jacques a écrit la bible , répétait-il constamment à Maman, et il a fait de vous autres, négros, de joyeux coupeurs de bois en vous disant que, si vous serviez fidèlement vos maîtres, vous seriez récompensés une fois arrivés au ciel. Et depuis, vous avalez ces conneries et vous prosternez devant un Jésus blanc. Comment diable Dieu aurait-il pu se façonner en homme blanc avec de la terre noire ? T’as réponse à ça ?
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Papa nous a lu ce qu’Adam Clayton Powell Junior avait à dire. D’après Adam, les gens de couleur étaient en colère parce qu’ils n’avaient pas d’emploi et qu’ils étaient discriminés du berceau à la tombe, voilà pourquoi ils se soulevaient. Ils ne pouvaient espérer obtenir un boulot de chauffeur de bus dans leur propre quartier, de livreur de lait dans Harlem ou dans les boutiques de la 125e Rue. Et en colère, ils l’étaient aussi à cause de l’affaire Scottsboro, et parce que Mussolini bottait les fesses des Ethiopiens pendant que la Société des nations regardaient ailleurs. Adam ne l’expliquait pas exactement de cette manière, mais c’était ce qu’il voulait dire. Et il disait également que les loyers étaient plus hauts à Harlem que n’importe où ailleurs dans la ville, que tous ces immeubles n’étaient rien d’autre que des trous à rats, que c’était une honte et que Dieu savait que c’était la vérité.
Papa a tourné la page. « Encore un mort, s’est-il exclamé. Ecoutez ça : « Mort d’une cinquième victime des émeutes. Kenneth Hobston, seize ans, un Noir résidant 204, Saint-Nicholas avenue, a succombé à une blessure par balle survenue au cours de l’émeute hier à l’hôpital de Harlem. L’agent John McDonald a déclaré avoir tiré dans un groupe de gamins qui fuyaient un magasin qu’ils avaient pillé. Mais, d’après d’autres témoins, Hobston ne faisait qu’assister aux événements. Le garçon a été abattu d’une balle dans le dos. Le chef de la police a promis d’enquêter sur le sujet. Il s’agit du cinquième décès suite aux émeutes de la semaine dernière. »
- C’est une honte, s’est écriée Maman. Mort à seize ans. Mais pourquoi ?
- Et le chef de la police va enquêter, a ajouté Papa. Ce que ça veut dire, c’est qu’il va blanchir le flic en question. Cinq morts dont quatre noirs. Je ne sais pas quel est leur problème, à ces négros du nord de la ville. Même en émeute, ils n’y connaissent rien. Tout ce qu’ils font, c’est de faire buter en défonçant des vitrines et en jouant aux vandales. C’est pas ce qui va changer les choses.
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Comme il n’y avait pas école le lendemain, j’ai veillé tard samedi soir. Maman et moi étions seules à la maison. Elle dans sa chambre à tenter de deviner quel numéro arriverait en tête le lundi suivant – Papa lui avait expliqué sa méthode -, moi installée à la table de la salle à manger, occupée à lire un livre de la bibliothèque, entourée de ma provision d’armes habituelle : marteau, tournevis et deux brosses à cheveux. En entendant un bruit suspect, j’ai balancé le marteau en direction de la cuisine et les rats se sont carapatés dans leur trou. Arrivée au dernier de mes projectiles, le leur ai abandonné le salon et suis allée me mettre au lit. Ces rats me flanquaient une peur bleue. Tout le monde a été mordu sauf moi. On raconte que, quand j’étais bébé, on me laissait dans un panier à linge au sommet de l’armoire pour me protéger.
Nos rats s’engraissaient en boulottant le poison que Maman disséminait une fois par semaine aux quatre coins de l’appartement sur des tranches de pommes de terre crues. Quant au soufre dont elle ne cessait de nous asperger, il ne servait absolument à rien. Un jour, ces rats ont pris en chasse le chat qu’on avait alors jusqu’à l’intérieur des murs du salon, et je suis prête à parier que ce même chat ne s’est pas arrêté de courir avant d’avoir atteint Brooklyn.
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D’après Papa, Jocko était ce qui se faisait de plus important dans le milieu pour un homme de couleur depuis que les gangsters avaient repris la loterie des nombres. Et, selon Papa, les gangsters contrôlaient tout à Harlem – les paris, les putes et les maquereaux qui leur ramenaient de la chair fraîche.
Maman a grommelé : « Je croyais que le maire La Guardia avait promis de nettoyer tout ça.
- S’ils voulaient vraiment nettoyer cette ville, a répondu Papa, ils cesseraient d’arrêter les pauvres nègres qui essaient de décrocher le gros lot contre dix cents pour ne pas crever de faim. De quelle autre manière une homme de couleur peut-il ramasser six cents dollars après en avoir misé un seul ? Faut qu’ils empêchent les gangsters d’engranger les paris, ce sont eux qui empochent l’essentiel du fric. Mais les flics ne sont pas prêts à tuer la poule aux œufs d’or. Maintenant, arrête de te faire du mouron, Henrietta. Il ne m’arrivera rien, tu m’entends ? »
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M. Edwards a remporté la mise après avoir parié deux dollars sur le 505 et déclaré qu’il partait voir sa femme et son cousin Gabriel à La Nouvelle-Orléans. (…)
Mais M. Edwards n’a jamais vu un cent de son lot. Les banquiers changèrent le dernier chiffre pour un 6 quand ils découvrirent qu’une foule de gens à Harlem avait misé sur le même nombre. Un avion s’était écrasé la veille, et sa photo barrée d’un gros 505 sur une des ailes avait fait la une du News.
« C’est une honte de voir ces racketteurs changer un chiffre quand ça leur chante, s’est exclamé Papa. Comme si les chances à mille contre un de décrocher le bon numéro ne leur suffisaient pas. »
Pour M. Edwards, c’était bien plus qu’une honte. Fou furieux, il s’est rendu chez celui qui avait ramassé son pari pour exiger d’être payé et, pour le dérangement, il s’est pris deux balles. Trois jours plus tard, il est mort à l’hôpital de Harlem. (…)
Le gars qui a tiré sur M. Edwards n’a pas traîné bien longtemps derrière les barreaux avant qu’on le relâche. Selon papa, « quand les négros tirent sur d’autres négros, les flics s’en contrefoutent ».
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