Voilà un roman que j'ai découvert sans le vouloir parmi une pile de livres posés sur le bureau de ma belle-mère. Pas trop emballé par mes lectures du moment j'ai pris à peine le temps de feuilleter le bouquin et je l'ai embarqué sans plus de réflexion.
"Je vous ai emprunté glacé, ça pose problème ?"
"Hein ?"
".... Je le lis et je vous le rends."
"OK, je ne savais même pas que j'avais ça..."
Bien entendu, comme avec tous les livres que l'on emprunte, on ne les lit pas toujours, ou pas de suite, parfois on les feuillette, parfois on ne les rend jamais. Celui-ci est resté sur mon chevet. A son arrivée il a stationné en haut de la pile, au-dessus d'un Vargas qui me reste à lire, au dessus d'une relecture abandonnée du Grand Nulle Part et aussi de la volonté de relire
Agatha Christie - je suis en mal de lectures, ça se voit tant que ça ?
En passant l'aspirateur , un coup dans la pile et tout s'est écroulé. L'assemblage a changé de forme et Minier et son glacé ont fondu sous d'autres soleils ajoutés eux aussi à mesure de passages furtifs en librairie.
Six mois passèrent et je tombai de nouveau sur ce roman en parcourant les allées d'une grandes surfaces. Sous une autre couverture. J'allais le poser dans le caddy quand une petite voix me dit que je possédais déjà le livre.
Quand le sort s'acharne sur une lecture, il est alors temps de capituler.
J'ai commencé dimanche dernier pour finir cette
nuit. Pas exceptionnel pour un gros lecteur mais presque un nouveau jalon pour moi qui m'attarde de plus en plus sur les livres. Trois jours pour un livre me ramène à ma vie de jeune adulte et à la découverte des
Ellroy,
Bukowski, Fante et autres, auteurs dont j'ai littéralement englouti les écrits. Par après il est plus compliqué d'engloutir
Faulkner ou Harrison. Ça se déguste.
Minier, j'ai l'impression que ça se bouffe. Non pas que ça se consomme comme n'importe quel écrit au kilomètre, non, pas du tout. Mais ça se bouffe parce qu'on a une faim qui reste intacte à mesure que l'on tourne les pages. La faim de savoir, de comprendre, d'enfin arriver à satiété. Je mesure la faible cohérence de ce que j'avance, pour autant c'est ce que j'ai ressenti en lisant ce livre.
Il m'a plu pour son avalanche d'intrigues, pour la relative logique plus que vraisemblance de son histoires. Les personnages y sont un peu boboïsés comme dans une série TV idéale mais ça ne m'a pas vraiment dérangé. Comme si la caricature faisait partie du contrat. Ici, le plus marquant est la maîtrise du rythme : on ne me fait pas lire 720 pages comme ça ! Eh bien si ! Parce qu'elles sont claires, non avares en vocabulaires, la langue n'y est pas bradés. Bien sûr, certains dialogues sont faux et sonnent à mes oreilles comme de mauvaises imitations : et alors ? Et si ça marchait quand même ?
Pour finir, le prix discerné par Cognac à glacé ne me surprend pas, c'est mérité pour ce bon roman qui m'aura redonné l'envie d'avaler et d'engloutir.
PS : peut-être un jour rendrai-je ce roman...peut-être.