Le jeu des étoiles
Mathilde en juillet /B
viendront
—après les fausses splendeurs et les frayeurs de submersion
quand nous aurons cessé de prolonger nos bains
et d’offrir nos corps aux bleus du sel et du limon
où la menace n’est encore que la vibration lointaine d’un marteau
sourd qui frappe le bronze là-bas sur la rive opposée
—Viendront les mois de cendres et des boues étincelantes
qui me rappelleront nos veilles aux remparts assiégés
par les eaux jaunes d’un flot qui cette fois ne se pare
d’aucun artifice et ne se donne pas les beautés
d’un parfum s’écoulant d’une vasque
puis
ce seront les mois noirs la saison des décombres
les jours de la rumeur montante et de votre rire effronté
de votre insolente parole opposée aux langues innombrables
que la souveraine emploie lorsqu’elle ordonne ses divisions
et entre dans la ville pour établir son trône
…
Le jeu des étoiles
Mathilde en juillet /A
Non je n’irai pas tutoyer le néant comme aux déplorations
ordinaires
ni lui adresser la chanson des mercenaires désœuvrés
qui gardent la porte des villes et lardent de leurs couteaux
le flanc gras des congres
je te dirai vous ma fille
parce que vous serez partout et innombrable
dans cette ville qui se balance comme les roseaux
J’accueillerai votre propagation irrésistible
qui se trouvait déjà dans l’eau verte de la fontaine
et dans les jeux d’eaux du palais d’Orta
et dans la verdeur des fruits qu’aujourd’hui je cueille
les eaux assoupies de septembre contiennent
les larmes à venir Il est doux pourtant de s’y baigner
Je n’irai pas jeter des cris à la face de la nuit
ni frapper des cymbales contre sa progression
Je n’irai pas protester et élever dans l’obscur
l’ennui d’une plainte contre les éclats de Jupiter
qui ensoleille les ombres et exhausse de larmes
le berceau le plus sûr et le moins rebelle
…