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Georges Kassai (Traducteur)Zéno Bianu (Traducteur)
EAN : 9782253130604
252 pages
Le Livre de Poche (25/02/2004)
3.77/5   65 notes
Résumé :
Divorce à Buda, publié en Hongrie en 1935, s'inscrit dans la lignée de L'Héritage d’Esther ou des Braises, romans qui ont révélé Sândor Matai comme l'un des plus grands auteurs hongrois du siècle. Unité de lieu, de temps et d'action : dans une Buda somnambulique, deux hommes se retrouvent après de longues années pour un face à face nocturne. L'un est juge, l'autre médecin. Anciens camarades d'école, la vie les a séparés, et c'est aujourd'hui le divorce du médecin, q... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Contrairement au titre, ce roman qui certes se situe à Buda (mais on n'en parle à peine) analyse non pas le divorce, la séparation, mais discute de l'amour, de l'union de deux êtres – humains - , de la fusion, de la distanciation, du couple, de la cohabitation, de la famille (un peu), de l'amour encore et de sa mémoire.
Je dirais que, comme à son habitude, en tout cas, souvent, mais pas toujours, Sandor Marai, commence légèrement, par nous raconter, sur le ton du récit simple, ordinaire, une histoire. Comme lorsqu'on est voyageur, on monte dans le train, on sait que l'on part de A pour aller à B., tranquillement, le wagon-restaurant est là, tout va bien.
Divorce à Buda, rebelote. le lecteur monte dans le train… s'installe quiètement dans son wagon, son siège numéroté, va prendre son déjeuner au wagon idoine. Pendant ce temps, l'auteur a décrit tout dans les détails, les appartements, les coutumes, les habitudes, les visages, etc… Donc, on revient tranquillement, presque endormi, en tous les cas, apaisé, rassuré, et là ! Surprise !
La surprise n'est pas anecdotique. Bien au contraire. Elle soulève une question existentielle, fondamentale. Et j'ai l'impression que Sandor Marai rigole parfois, car Divorce à Buda c'est d'abord l'histoire du couple, de l'union, de la fusion.
Alors le roman met en scène Kristof, le juge, installé, peinard, et dans sa vie professionnelle, un peu ronron, et sa vie familiale, et sa vie amoureuse… un peu ronron aussi, confiante, rassurante, sans surprise. Kristof est dans la règle. Toujours. La règle. La loi. Plus la loi que son esprit. Car la loi est stricte, intangible. Son esprit est muable.
Et survient Imre. L'élément perturbateur. Celui qui fait que les questions se posent. Celles de la sincérité. de la fidélité. de la fragilité. de la profondeur de l'amour, de sa réalité. Ce qui ébranle Kristof, lui qui a éliminé tout ce qui est de l'humain, des sentiments et des émotions.
Le duel proposé par Sandor Marai est passionnant. Enfin, l'était sûrement. Aujourd'hui, je n'en suis pas si sûre. Mais l'oeuvre reste vivante, jusqu'où l'homme est capable d'aller dans la passion amoureuse. Doit-il se contenter d'une union socialement acceptable ? et survivre ? où doit-il oser la passion quitte à ne pas y survivre ? Et bien sûr Sandor Marai nous laisse sans réponse…
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Sándor Márai (de son vrai nom Sándor Grosschmied de Mára) né en 1900 à Kassa qui fait alors partie du Royaume de Hongrie dans l'Empire austro-hongrois (aujourd'hui en Slovaquie) et mort en 1989 à San Diego aux Etats-Unis, est un écrivain et journaliste hongrois. La vie de l'écrivain fut itinérante, européenne et quasi-vagabonde dans sa jeunesse pour fuir la Terreur Blanche de 1919, hongroise pendant vingt ans, américaine et italienne après le passage de la Hongrie dans la sphère soviétique et le choix par Márai de l'exil qui le mènera de New York à Salerne, en Italie, puis en Californie où il se donnera la mort à 89 ans, quelques mois avant la chute du mur de Berlin. Divorce à Buda date de 1935.
Un soir très tard, Imre Greiner, médecin, se présente au domicile de Krystof Kömives, le juge chargé d'instruire le dossier de son divorce avec Anna son épouse, et déclare : « L'audience ne peut avoir lieu demain parce que cet après-midi j'ai tué ma femme. »
Le roman est construit en deux parties, la première et la plus longue campe la silhouette du juge Kömives, son origine sociale et sa famille, son parcours depuis l'enfance jusqu'à l'âge adulte, son mariage avec Herta et leurs deux enfants, sa carrière professionnelle. Tout ce passé permet à l'écrivain de dresser un portrait psychologique pointu de l'homme, « Trop correct, trop formaliste » selon son supérieur et investi d'une mission claire, « elle consistait à sauvegarder et à conserver », c'est-à-dire « sauver et éduquer la société. »
La seconde partie, et nous en venons au coeur de l'affaire, ressemble vaguement dans la forme à un autre roman de l'écrivain, Les Braises, où deux hommes discutent toute une nuit, dans un huis-clos pesant et lourd de sens. A cette différence près qu'il s'agit ici, non pas d'une discussion mais plutôt d'un long monologue de Greiner. Et à mon humble avis, c'est ici moins réussi même si ce roman est bon.
La situation prend rapidement un tour plus épais quand le lecteur découvre petit à petit, que les deux hommes se sont un peu connus à l'époque où ils faisaient leurs études et qu'ils ne s'étaient plus revus depuis, mais surtout, que le juge a croisé jadis Anna avant qu'elle épouse Greiner. Et c'est ce point crucial que le médecin veut éclaircir avant le lever du jour, quels étaient/quels sont les sentiments de Kömives pour Anna ? Car s'il est certain que sa femme l'a aimé, Greiner sait aussi que son épouse était restée attachée au juge. Cette révélation tardive va ébranler Kömives et soulever des questions sur l'ambivalence des sentiments, la réalité de l'amour total.
L'écrivain greffe son histoire sur une vision critique de la bourgeoisie de son époque et plus largement, sur la crise de la société (« les dossiers qu'il consultait témoignaient de la putréfaction de la famille, dévoilant entre leurs lignes, la « crise » générale de la société… »). le vieux monde s'effondre, un autre va lui succéder, la longue nuit s'achève, le jour se lève, le juge Kömives « veut croire en ce monde visible et aussi en l'autre, qu'il ne connait pas. »
Un bon roman, un de plus pour cet écrivain que j'invite chaudement tous ceux qui ne l'ont jamais lu, à découvrir au plus vite.
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Roman publié en 1935 qui se construit en deux parties
Dans la première on y fait connaissance de Kristof Komives juge installé à Buda la capitale de la Hongrie née quelques années plus tôt des décombres de l'ancien empire austro-hongrois dissous après la Première guerre mondiale.
L'auteur nous y décrit non seulement la vie de Kristof Komives mais aussi l'atmosphère bien particulière qui règne à cette époque en Europe centrale dans laquelle on se demande si une nouvelle guerre ne pourrait pas avoir lieu tout en refusant d'y croire.
Ce soir-là en quittant le Tribunal pour rejoindre sa femme pour une sortie mondaine, il ne peut s'empêcher de penser au dossier qu'il a laissé sur son bureau.
Il devra le lendemain prononcer le divorce d'Imre Greiner un médecin « à la mode » dans le Buda de ces années folles d'entre-deux guerres et de Anna Fazekas son épouse. Il les a connus tous les deux
Imre alors qu'ils étaient tous deux étudiants sans le sou.
Anna pour l'avoir brièvement rencontrée 10 ans auparavant, alors qu'ils étaient encore tous deux célibataires
Kristof, qui n'apprécie guère la soirée mondaine à laquelle il assiste, rentre chez lui avec son épouse et se rend compte que la bonne n'est pas encore couchée à près de minuit.
Et pour cause….. un visiteur inconnu a lourdement insisté pour rencontrer Kristof.
Ce dernier n'a qu'une idée : mettre dehors ce visiteur importun.
Jusqu'à ce qu'il se rende compte que cet homme n'est autre que celui dont il doit prononcer le divorce le lendemain : Imre Greiner qui veut lui parler d'Anna
Un huis-clos d'une nuit entre le juge et le médecin, qui fera qu'à l'aube de la journée nouvelle qui s'annonce la vie des deux hommes sera irrémédiablement changée.
Un très beau livre qui nous replonge dans le milieu de ces années 1930 entre fureur de vivre et inquiétudes liées aux bruits de bottes qui commencent à se faire entendre en Europe.
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Comme l'indique son titre, ce roman, publié en 1935, se déroule à Buda et il y est question d'un divorce.
Krystof Kömives est juge. Un après-midi de septembre, il compulse « quelques dossiers relatifs à des procès de divorce ». L'un d'eux doit être présenté à l'audience le lendemain et concerne deux personnes qui ne lui sont pas étrangères. le futur ex-mari, Imre Greiner, a été son condisciple pendant une partie de ses études secondaires. Aujourd'hui médecin d'excellente réputation, il divorce d'Anna, que Kristof a croisé deux ou trois fois alors qu'ils étaient encore tous deux célibataires.
En rentrant d'une réception ce soir-là, Kristof va avoir la surprise de trouver Imre qui l'attend.

Divorce à Buda est divisé en deux parties de longueur inégale. La première (la plus longue) est consacrée à Kristof. Sándor Márai nous présente un personnage conservateur, représentant du Vieux Monde, un professionnel du droit « barricadé dans le plus rigide des formalismes », et nous fait part de ses réflexions sur la société, ce Nouveau Monde et ses nouvelles valeurs, qu'il condamne et rejette. Peu enclin à les accepter, il se voit comme le garant de valeurs qu'il ne veut pas croire appartenants au passé. Juge de père en fils, droit dans ses bottes, il n'est pas homme à douter de ses principes. Et s'il avait des doutes, il les chasserait bien vite. Or, il est la proie de vertiges depuis quelques temps, manifestations psychosomatiques des affres de son âme ?
La deuxième partie est consacrée à la discussion entre Kristof et Imre.
La surprenante confession et les révélations de ce dernier vont placer le juge face à la complexité de l'amour, des rapports hommes/femmes et de l'être humain. Ce face à face nocturne, confrontation entre deux mondes et deux modes de pensée, ira-t-il jusqu'à l'ébranler ou le faire douter ?

Encore un superbe roman psychologique de la bourgeoisie hongroise, sur fond de crise de la société, d'une rare finesse. Un roman sur l'amour, « l'illusion de l'amour total et l'ambivalence des sentiments » qui n'a pas pris une ride.
Si je lui préfère L'héritage d'Esther ou Les métamorphoses du mariage, il est un petit bijou littéraire qui est incontestablement à lire !
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La spécialité de Sandor Marai, ce sont les confrontations entre deux hommes dans un endroit confiné durant une nuit.
Si dans ce domaine Les Cendres frappait déjà fort, Divorce à Buda fait encore mieux. J'avais adoré Les Cendres, mais Divorce à Buda est encore mieux écrit, et surtout mieux construit.
Le roman se divise en deux parties, avec une introduction, un passage que je qualifierais d'interlude et une conclusion. Donc, après une petite introduction nous présentant le personnage du juge, la première partie nous raconte sa vie. Puis vient l'interlude, le meilleur moment du livre, ou intervient un retournement de situation, après quoi on quitte les pensées du juge pour écouter le médecin nous raconter sa propre histoire, avant que le livre ne revienne au personnage du juge pour une conclusion touchante.

Vous l'aurez compris, le roman est construit des oppositions: oppositions entre les deux personnages. Opposition bien sûr entre leurs caractères et leurs histoires personnelles, mais aussi dans la façon dont elles nous sont décrites: monologue intérieur pour le juge, conversation pour le médecin.
Cette construction en deux parties bien distinctes est un pari risqué: l'une des deux parties pourrait être bien meilleures que l'autre, ou cette construction en soi pourrait être juste lassante. Mais Marai connaît son art, et Divorce à Buda est l'une de ses meilleure oeuvres. C'est, honnêtement, un petit bijou, et je ne puis que vous le conseiller chaudement pour que vous puissiez, vous aussi, en profiter.
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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
Et il m'a fallu l"abandonner à son sort, comme il faut, tôt ou tard , laisser chacun à son destin. J'ai mis lontemps, bien longtemps à le comprendre...Tout cela doit sans doute te sembler étrange.Tu ne sais peut-être pas encore, non, tu ne peux
pas savoir qu'on ne peut aider personne -aider est la chose la plus difficile au monde.Tu vois un être cher courir à sa perte, agir contre ses propres intérêts, s'écrouler, triste ou égaré, sous le fardeau qu'il s'oblige à porter...tu veux lui porter secours et, tout à coup,tu te rends compte que tu ne peux rien pour lui. Rien. As-tu été trop faible ? N'as tu pas été assez bon ? Assez sincère ? Assez désintéressé, assez ardent, assez humble ? Que sais-je ! Le fait est que nous ne sommes jamais "assez" ceci ou cela...et même si nous étions prophètes, dotés de quelque pouvoir magnétique, parlant le langage des apôtres, ce serait encore insuffisant...On ne peut aider personne, parce que l' "intérêt" de chacun va à l'encontre de ce qui est bon, de ce qui est raisonnaible. Peut-être la douleur nous est-rllr nécessaire ? Peut-être avons-nous besoin de ce qui, sz toutr évidence, est contraire à notre "intérêt" ? Rien n'est aussi mystérieux, sais-tu, que l'"intérêt " d'un être humain....

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Aimer, c'est peut-être vivre au même rythme. Un hasard extraordinaire, comme la rencontre, dans l'univers, de deux planètes composées de la même matière, évoluant sur la même orbite, possédant la même atmosphère. Un hasard sur lequel on ne peut pas compter. Peut-être n'existe-t-il même pas… Ai-je jamais vu quelque chose de semblable? Oui, peut-être… très rarement… et je n'en suis pas sûr. Vivre, aimer au même rythme, aimer les mêmes plats, la même musique, marcher d'un même pas dans la rue, se chercher au même rythme dans un lit… oui, c'est cela… peut=être… Comme cela doit être rare! Un vrai phénomène… Il y a, je crois, quelque chose de mystique dans de telles rencontres.
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En chemin vers Buda, il traversa le pont d’un pas long et compassé. Tête nue, un peu vouté, les mains derrière le dos, les yeux rivés au sol, comme perdu au milieu des passants pressés de rentrer chez eux après leur travail, il paraissait plus âgé qu’il ne l’était. Déjà grisonnant, menant une vie sédentaire depuis qu’il avait été muté, Kömives s’était peu à peu empâté, ce qui ne manquait pas de l’inquiéter, car le moindre laisser-aller, fût-ce celui engendré par le bien-être du corps, ne lui inspirait que du mépris : enclin à glorifier l’ascèse, il approuvait la mode de la culture physique et pensait, d’une façon générale, qu’un trop grand abandon aux exigences corporelles conduisait directement au relâchement spirituel, à une sorte d’obésité de l’âme.
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Kristof Kömives était né à la frontière entre deux mondes, au tournant du siècle, à un moment historique qu'il ressentait parfois comme douloureusement exceptionnel. La classe bourgeoise jouissait encore, en pleine confiance, de ses biens familiaux; entre ses démarcations naturelles, le grand pays, qui n'était pas encore mutilé, mêlait les classes et les races; seuls quelques feux follets, un grondement à peine perceptible né des entrailles de la terre signalaient aux bénéficiaires de cette paix idyllique le danger qui guettait.
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C’est que, déjà, une fermentation des esprits s’amorçait dans les profondeurs de la nouvelle génération, un vague mécontentement grondait, qui cherchait à s’exprimer par des mots d’ordre et des slogans ; les jeunes de cette grande famille se rencontraient au bord de l’abîme qu’incarnaient les extrêmes politiques, mais ils avaient en commun une conviction : la génération qui avait précédé la leur n’était plus capable de maîtriser le mécontentement social par ses méthodes révolues et pieusement charitables. Dans les profondeurs comme dans les hauteurs, aux étages des immeubles où se trouvaient leurs appartements bourgeois, les jeunes de la nouvelle génération préparaient quelque chose. Par tous ses pores Kömives le sentait – et il savait aussi qu’il n’appartenait plus à cette jeunesse.
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Avez-vous déjà vécu cette expérience terrible : quand l'amour entre en conflit avec l'amitié ? Mais savez-vous qu'il existe un roman formidable qui nous dit lequel de ces deux sentiments finit toujours par l'emporter ?
« Les braises », de Sandor Marai, c'est à lire au Livre de poche.
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