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EAN : 9791032922293
L'Observatoire (05/01/2022)
3.82/5   245 notes
Résumé :
Dans les rues d'un Paris déserté, la narratrice avance la peur au ventre et la joie au coeur : c'est chez Sara qu'elle se rend, pour la toute première fois. Les premières fois, les deux amantes les comptent et les chérissent, depuis leur rencontre, les messages échangés comme autant de promesses poétiques, le désir contenu, jusqu'à l'apothéose du premier baiser, des premières caresses, de la première étreinte. Leur histoire est une évidence. Débute une romance arden... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (68) Voir plus Ajouter une critique
3,82

sur 245 notes
Bon, cela se confirme, en général, je n'aime pas les histoires d'amour lorsqu'elles sont centrées sur elles-mêmes, sans d'autres enjeux qu'amoureux, sans horizons plus larges, historiques par exemple. Ces Nuits bleues n'ont malheureusement pas inversé la tendance. Et j'ai trouvé cette pourtant belle histoire d'amour bien fade ou du moins bien banale.

Anne-Fleur Multon est pourtant une auteure pleine de sensibilité et on sent toute la sincérité qu'elle a mis à raconter son histoire d'amour avec Sarah. J'ai apprécié qu'elle traite une romance homosexuelle comme une autre, sans chercher à y imposer une empreinte dramatique plus sociétale. Pas d'épreuves homophobes pour les deux amoureuses, pas de société qui rejette ou de famille qui exclut. Juste une rencontre coup de coeur à la veille du confinement de 2020, puis une vie à deux, confinées, à se découvrir et à confirmer les intuitions de départ. En toute simplicité, avec des pages sur l'amour physique très réussies, explosant de sensualité et de tendresse, osant la crudité dans les descriptions tout en parvenant à toucher par l'universalisme des sensations, quelle que soit notre orientation sexuelle.

Forcément, lorsqu'il ne se passe pas grand chose en terme de péripéties, l'écriture prend de l'importance. Anne-Fleur Multon a fait le pari de l'ultra diversité des registres, variant les genres et les styles. Si j'ai apprécié la poésie qui se dégage de certains passages, notamment celles des titres, d'autres m'ont clairement agacée : des listes de courses ou de questions, des chapitres d'une phrase, une page de « Vos yeux » tout attachés, des extraits d'SMS avec retranscriptions d'émoticônes, des pages sans ponctuation etc. Même si je comprends la volonté de l'auteure de partager son amour, la multiplication des procédés m'a lassée et à bloquer mon accès à des émotions que j'attendais et qui ne sont pas venues. Je voulais tellement vibrer avec la narratrice et son amoureuse Sarah qui s'aiment si bien ...

Lu dans le cadre de la sélection 2022 des 68 Premières fois #13
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L'amour au temps du confinement

Dans ce premier roman d'une forte sensualité, Anne-Fleur Multon raconte la rencontre de deux jeunes femmes confinées et dit la force des mots. Poétique et envoûtant.

«On s'est fait l'amour très vite. On s'est fait l'amour sans s'être jamais vues. On s'est fait l'amour sans s'être jamais senties. On s'est fait l'amour sans jamais avoir pris un verre, été à une expo, à un ciné. On s'est fait l'amour sans goûter nos langues, l'odeur de nos nuques, la sueur peut-être, sans voir le trouble dans les yeux.» Il aura suffi pour cela d'une courte rencontre pour faire connaissance, puis d'échanger des messages d'abord anodins, mais qui tissent un lien. Puis d'une belle imagination, d'une envie de se rapprocher alors que le confinement éloignait les gens. Les mots prenaient alors de plus en plus de place, de plus en plus de force. Pour abolir l'espace entre la rue Rampal et l'avenue Ledru-Rollin, ces quelques kilomètres infranchissables, elles construisent des rencontres virtuelles, regardent les mêmes films, organisent même une soirée à la Comédie Française – en fait un spectacle en ligne – durant laquelle elles peuvent se frôler, puis se toucher. Puis vient le moment où le désir emporte la peur, où on invente un stratagème en remplissant de fausses attestations pour, de kilomètre en kilomètre, pouvoir enfin se retrouver en vrai.
Alors c'est une révélation. La découverte qu'elle se connaissent déjà si bien, si intimement. Comme si ce n'était pas la première fois. Comme si désormais la vie à deux était une évidence. Et comme si rien d'autre n'avait d'importance.
Même si ni Sara ni la narratrice ne sont vierges de leur histoire d'avant et qu'il va bien falloir en parler. Même si le monde continue de tourner et qu'il va bien falloir en tenir compte. Même si les autres existent bel et bien et qu'il va bien falloir se décider à aller vers eux. Même si la famille n'avait pas été effacée d'un trait de plume.
Anne-Fleur Multon a trouvé le ton juste pour dire l'urgence et l'exaltation, avec des phrases haletantes, sans ponctuation. On la suit avec cette même intensité, avides de sensations et d'émotions, avec l'envie de (re)trouver tout ce qui fait battre le coeur plus vite, y compris ce grain de folie qui nous entraîne à prendre des décisions irréfléchies, mais que l'on sent justes.
Un roman fort, un beau cadeau et la promesse de nouvelles belles aventures signées Anne-Fleur Multon.



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En refermant "Les nuits bleues" d'Anne-Fleur Multon, le mot "atypique' me vient tout de suite à l'esprit.
En effet, le premier roman de cette jeune auteure qui raconte une histoire d'amour entre deux femmes au temps du confinement est très originale. Anne-Fleur Multon a réussi le pari audacieux de nous proposer un ouvrage unique en son genre que se soit par son style (parfois assez cru) et surtout par sa forme.
J'ai eu un réel coup de coeur pour le choix de la couverture qui nous emmène à la découverte de cette lecture...
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Sara et la narratrice vont se rencontrer juste avant le confinement. Elles ne se verront pas pendant un moment. Alors, commencent les échanges par les technicités modernes SMS, mails, conversations téléphoniques. Un amour naissant qui monte crescendo jusqu'au moment de la rencontre.
L'auteure nous décrit avec précision les affres de l'attente avant la rencontre, puis cette merveilleuse rencontre. Un roman d'amour traité d'une façon originale tant par le texte et les mots et la façon de découvrir l'autre et l'amour par temps de confinement et c'est ce qui m'a particulièrement plu dans ce premier roman.
L'écriture est pleine de douceur et l'on est attiré par cette magnifique couverture couleur bleue nuit. C'est ce que j'apprécie chez les éditions de L'Observatoire, leur couverture.
Merci aux 68 Premières fois et aux Éditions de L'Observatoire de m'avoir permis de découvrir ce livre.
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« La chambre de Sara comme un océan clos
Il y fait presque toujours nuit car
Murs bleus profonds draps bleus profonds sommeils bleu profonds aussi
Monde lourd dense épais et filtré
Dans l'air liquide dérive un silence d'abysse
C'est le genre d'endroit qui chuchote en fin d'après-midi
et où la lumière se faufile en paillettes rares et douces. »

C'est beau non ? J'ai été happée immédiatement par la beauté de ces « Nuits bleues » racontées par Anne-Fleur Multon, autrice jeunesse qui s'essaye pour la première fois, avec réussite, au roman adulte. le sujet l'inspire particulièrement, puisqu'elle raconte les débuts de sa relation avec sa compagne Sara, en plein confinement. L'impossibilité de se voir, la distance, n'ont pas amoindri cet amour naissant qui a très vite été fulgurant, beau, pur tout en étant aussi très charnel. Un amour fou, qui leur donne à toutes deux, comme à ceux qui aiment démesurément, l'impression d'être les seules à s'être jamais épris d'une autre personne.

Le roman est ainsi structuré en courts chapitres qui sont autant de souvenirs de cette rencontre, de ces premiers moments, des premières difficultés et trahisons qui ont paradoxalement renforcé leur relation, de leur envie d'enfant, et de la fuite de Paris à la fin du confinement, peut-être pour gagner leur Abidjane, le lieu imaginaire où elles se construisent leur propre monde. Quelques lignes résument les grandes étapes de leur amour, ce qui n'est pas lui rendre justice tellement la langue d'Anne-Fleur Multon est belle, riche, et sensorielle. Elle raconte l'intime, son intime, puisqu'elle raconte son amour vécu depuis sa propre intériorité, mais pourtant je n'ai jamais eu l'impression d'être une intruse, ou une voyeuse. J'ai juste été heureuse pour ces deux femmes que pourtant je ne connais pas, et, pour être honnête, presque envieuse de cet amour si absolu !

Voilà ce qui m'a plu dans ce court roman : les sensations qu'il traduit, et qu'il provoque chez le lecteur. Les images qui en sont créées, et qui m'ont donné l'impression de faire un voyage onirique, détaché des basses réalités matérielles. J'ai été aidée en cela aussi par la sublime photo de couverture, réalisée par Sara G. justement. Pourtant, le roman aborde aussi la difficulté d'être lesbienne en pleine rue, même à Paris, d'avoir le droit à des choses banales et insignifiantes comme se tenir la main tout simplement parce qu'on s'aime, sans être menacée verbalement ou physiquement.

« Les nuits bleues » est ainsi un très beau roman d'amour que je vous conseille les yeux fermés !
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critiques presse (1)
RadioFranceInternationale
15 février 2022
Un roman lumineux rempli de douceur.
Lire la critique sur le site : RadioFranceInternationale
Citations et extraits (49) Voir plus Ajouter une citation
Je ne me rappelle pas avoir fermé la porte derrière moi, mais la rumeur assourdie de Paris s’était éteinte sur nous pourtant.
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La chambre de Sara comme un océan clos
Il y fait toujours presque nuit presque car
Murs bleus profonds draps bleus profonds sommeils bleus profonds aussi
Monde lourd dense épais et filtré
Dans l'air liquide dérive un silence d'abysse
C'est le genre d'endroit qui chuchote en fin d'après-midi
et où la lumière se faufile en paillettes rares et douces.
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Quand on pensera à l'amour ce jour-là, on se souviendra du désir qui était presque une troisième personne entre nous. On comprend soudain qu'il est possible d'être physiquement ivre de désir. Contre le canapé on titube on voit flou la tête nous tourne on souffre presque il n'y a jamais assez de peau qui touche l'autre.
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L’ouverture
*
Derrière les fenêtres, il y a le soleil certainement. On ne sait pas. Ici, on attend.

On devrait être triste. On ne l’est pas vraiment. Le monde comme nous retient sa respiration.
Où es-tu toi dans moi qui bouges
*
On s’est écrit. On ne se connaissait pas, pourtant. L’une de nous avait dû commencer. Il y avait bien eu un premier message. Il y en a toujours un. Elle avait trouvé un prétexte à la con, l’autre le savait. C’est peut-être pour ça qu’elle avait répondu, l’autre, pour le prétexte à la con qui voulait dire J’ai pensé à toi. On l’imagine, un sourcil en l’air. Elle avait dû se dire Pourquoi pas. Il n’y avait pas grand-chose d’autre à faire, aussi.

Dehors, le monde immobile.

On était chacune séparées par un mur. Une langue salée d’océan. Un canyon. Un ravin infranchissable. On aimait les hyperboles – il n’y avait ni gouffres exotiques ni mers démontées bien sûr, juste Paris qui faisait barrière, trois kilomètres, peut-être quatre d’avenues silencieuses. Ça suffisait. On ne pouvait pas se voir. On s’est imaginées. Ça nous allait bien, à toutes les deux. On était habituées à rêver nos vies.

On est toujours surprises le matin. Il y a un message. L’autre est là encore. Là le soir aussi ? Le soir, aussi. On regarde des films. On a les mêmes goûts. On s’étonne. On se dit Je ne m’y attendais pas. On ne se voit pas. C’est plus facile de dire sans les yeux pour regarder, sans la voix pour trembler. On s’écrit sans cesse. On se parle de choses qu’on ne dit pas à quelqu’un qu’on a rencontré la semaine dernière. On se connaît depuis toujours peut-être.
*
Buffalo 66 – 2 heures du matin
*
Go ?

Go ! émoji pouce émoji sourire timide
Tu vas voir c’est un film étrange
étrange*

non mais je te fais confiance

C’est beau
sont touchants

Elle l’aime fort elle, t’as vu.

oui elle s’en fout qu’il soit pété
j’adore comme il la filme le réalisateur il la regarde vraiment
non mais cette scène-là
son casier le bowling et la danse, et cette tenue bleue à paillettes
elle est belle

Oui.

il ment parce qu’il est triste

Elle s’en fout.
Elle veut juste être avec lui.

Ah mets sur pause j’ai un pb de connexion

OK !
C’est revenu ?

Oui ça y est c’est bon, j’en suis à 49’20
désolée désolée la connexion est vraiment pourrie

D’accord, je remets
Arrête de t’excuser, c’est rien, je m’en fous
Go ?

GO !

C’est sûr qu’il va dire oui pour le bain
Ah bah je le savais
il est heureux mais il le sait pas encore du coup il est perdu il pense qu’il a pas droit
Enfin je crois

Parfois c’est comme ça, on ne peut pas

OH NON IL VA PAS FAIRE ÇA ???! !

Attends de voir émoji sourire
J’adore comme t’es à fond

Je sais je suis intense quand je regarde un film haha
ça peut saouler des gens

Ça ne me saoule pas.

j’aimerais bien regarder le film avec toi
en vrai je veux dire

Moi j’ai quand même l’impression que t’es là
en vrai
*
Barbe bleue
*
Un morceau de son épaule
Sa main très fine et veinée
Un bord de son ventre et de son caleçon
Un chat contre une cuisse dénudée comme par hasard
Un cou blanc, le soir
L’angle plissé de son polo moutarde avec son pantalon blanc
Sa gorge prise dans le coin d’un pull à capuche gris
Fragment d’un tatouage en forme d’ancre, d’une bague, d’une chaîne


Des bouts d’elle qu’elle compose
secrètement érotiques
et que je collectionne

CTRL MAJ Enregistrer sous
« S »
*
Before sunrise
*
Oui, tu as du temps ? Je te dérange pas ? Non parce que ça risque d’être un peu long, donc si je te dérange je te rappelle plus tard quoi. Il faut que je te raconte, il m’arrive un truc.

J’ai rencontré une fille.

Je sais ! Surtout en ce moment. Je l’ai vue qu’une fois, avant, à une soirée et maintenant on se parle vu qu’on peut pas aller boire un verre quoi, mais c’est du non-stop.

Elle m’avait servi un gin, on avait bien parlé, on s’était plu mais comme ça. Elle m’avait quand même suivie après, sur les réseaux. Ça veut dire un truc ça, non, suivre quelqu’un sur les réseaux ?

Pas encore ! Mais j’espère. On en parle, je crois qu’elle aurait envie mais bon c’est compliqué à organiser, je te fais pas un dessin.

Je dors plus. Je pense à elle mais tout le temps. On s’envoie des photos de nous, on se drague, quoi, mais c’est quand même un peu chaud tu vois ? Je suis excitée toute la journée et toute la nuit, je te raconte pas. Enfin si, je vais te raconter, je fais sans arrêt des rêves où on nage ensemble.

Elle s’appelle Sara. Sans H. C’est pas mal Sara sans H, non ?
*
Sara sans h
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Je suis désolée j'ai retiré ma main tout à l'heure. Tu sais, moi, je m'en prends plein la gueule toujours - c'est les tatouages, les cheveux rasés, c'est ta main dans la mienne, les teeshirts un peu amples, ils ne supportent pas. Je suis désolée, j'ai retiré ma main tout à l'heure. Je me suis fait abimée, tu vois, j'étais plus jeune [...]. [U]n type m'a coincée. Il y avait du monde dans la rue, je n'étais pas seule.
Le type m'a
démontée
il m'a démonté la gueule à coups de pied
et il disait C'est pas une femme
donc j'ai le droit de taper C'est pas une femme
elle a les cheveux courts. [...]
Je suis désolée, j'ai retiré ma main tout à l'heure parfois, je n'ai pas l'énergie tu comprends.
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