Tout débute par une banale recherche de travail à Tokyo, au coeur des années 1920. Keitaro, jeune diplômé de l'Université, un poil naïf, un brin dilettante, se voit confier une étrange mission par un proche d'un de ses amis. Cet emploi de pseudo détective symbolisera son entrée dans l'âge adulte. Elle s'accompagnera d'une véritable éducation sentimentale, doublée d'une découverte des secrets et des divagations de l'âme humaine. Un jeu de miroir entre les principaux personnages dévoile peu à peu la complexité et l'absurdité d'une vie.
La plume de Soseki sait se faire tantôt sensuelle, tantôt alanguie et comique. Ce style décousu peut dérouter le lecteur. Il fait aussi son charme.
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Beau roman psychologique, avec quelques longueurs. Keitaro, jeune homme en recherche d'emploi dans le japon des années 1920 relate ses rapports avec la famille d'un de ses amis, Suniga. Celui-ci, velléitaire, n'arrive pas à se résoudre à épouser une de ses cousines, qui lui a été promise, et pour qui il éprouve des sentiments mêlés d'amour et de rejet. Intrigue un peu en miroir, beaux moments, notamment la mort subite d'une petite fille mais quelques longueurs tout de même.
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De mon point de vue, le fait de ne pas avoir peur est la caractéristique des poètes, mais c'est le destin des philosophes que d'êtres habités par la peur. Mon incapacité à me décider, mes tergiversations continuelles proviennent d'unr inquiétude excessive sur le résultat de mes actes. Chiyoko, elle, va et vient aussi libre que le vent : sa conduite émane d'un jaillissement d'elle-même et ses émotions sont si fortes qu'elles l'empêchent de voir l'avenir.
A quoi bon acquérir une place en vue dans le monde s'il faut pour cela être dévoré d'inquiétude du matin au soir...? Je ne crois pas être destiné à me distinguer dans le monde. Peut-être que si j'avais suivi des études de botanique ou d'astronomie à la place du droit, le ciel m'aurait accordé de trouver une occupation qui aurait convenu à ma personnalité. Car malgré mon effacement par rapport à la société, lorsque les choses s'offrent à moi, je pense que je suis un homme extrêmement opiniâtre.
Ma tête me paraît avoir été faite pour maîtriser mon cœur. De ma conduite jusqu'à ce jour, il ne résulte pas que je doive éprouver beaucoup de regrets sur mon passé. Somme toute, je suis dans une situation normale. Pourtant, tout le monde l'a vécu, il est extrêmement douloureux que le cœur, à chacun de ses émois, soit bridé par la puissance d'une tête austère.
Ce qui m'empêche de poursuivre plus avant une jolie femme, c'est cette tristesse solitaire qui suit la perte de l'ivresse. Lorsque ce sentiment m'envahit, je sombre dans un dégoût immense, comme si, moi qui suis jeune, j'étais soudain devenu un vieillard ou un bonze.
Page 227 : avant toute chose, un homme aussi occupé que lui, ça ne fonctionne pas : il n’a pas le loisir de pouvoir construire un système de pensée. Le cerveau de ce type, c’est tout à fait comme de la pâte de haricots fermentés qui est travaillée dans un mortier, tout au long de l’année, avec un pilon de bois. A force d’être sans cesse remuée et brassée, elle en devient totalement informe.
RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE :
Natsume Sôseki, Je suis un chat, traduit du japonais et présenté par Jean Cholley, Paris, Gallimard, 1978, p. 369, « Unesco ».