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EAN : 9782253064947
153 pages
Le Livre de Poche (01/01/1997)
4.07/5   36 notes
Résumé :

Avenue Coloniale, à Montréal, Roch, sculpteur, québécois, vit depuis vingt ans avec David, danseur, apatride. L'atelier de Roch est leur point de chute. Montréal est leur port d'attache.

Tous deux sont atteints du sida, phase terminale. David décide de cesser les traitements et Roch, en valet de coeur, écrit leur histoire d'amour pour aider son ami à partir en douceur. Douceur ou douleur ? Les mots ont-ils un pouvoir thérapeutique ?
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Il vaut mieux avoir le moral avant de lire ce roman d'Yves Navarre. Mais si vous l'avez, cela ne durera pas car c'est un livre désespéré et désespérant à plus d'un titre.

Roch et David, sculpteur et danseur, vivant une histoire d'amour depuis vingt ans, installés à Montréal, sont tous deux atteints du Sida et en phase terminale. David, le danseur, a décidé d'arrêter tout traitement, et Roch l'accompagne dans son agonie et en fait le récit pour l'après, l'après lui, et l'après eux, puisqu'il va mourir deux mois après David.

Le contexte est celui du début de ce que l'on a appelé les années Sida, et David et Roch se sentent pestiférés, et dans l'expiation de quelque chose. Comme si le destin (ayant frappé sous les traits d'un jeune garçon croisé en vacances et doublement consommé) jugeait et condamnait leur couple, leur sexualité, leur créativité. Roch va se transformer en Michel-Ange et nous dépeindre le jugement dernier. Ce sera terrifiant, mais ce sera beau, esthétique, jusqu'au bout.
Roch va relater le quotidien en sublimant par l'écriture la tragédie de la fin.
Je dois dire que si comme pour ses autres oeuvres je reconnais à Yves Navarre un style magnifique, ici, cette volonté de sublimation, de lyrisme parfois, m'a embarrassée et même laissée incrédule, avec une pointe de colère.
Roch décrit David comme un Dieu subissant une épreuve mythologique. Lui le veille, l'assiste, l'observe dans tous les gestes les plus sublimes comme les plus triviaux, et plus le récit avance, s'acharne à vivre le plus abject comme un moment d'amour.
Le récit commence au moment où le couple se coupe de tout volontairement.
Les deux hommes ont décidé de ne plus voir leurs amis, pourtant très présents, danseurs et artistes pour la plupart, qui n'ont pas de rejet envers eux parce qu'eux-mêmes plus ou moins concernés.
Du côté des familles, si l'acceptation de l'homosexualité des deux hommes a été difficile, puis de leur couple, à cause de la personnalité difficile de David, au moment de la maladie les soeurs et les mères essaient de garder le contact, même maladroitement. En vain.
Bien que vivant dans l'aisance financière, David et Roch ne travaillant plus, leur situation matérielle se dégrade également, mais Roch fait en sorte que David ne manque de rien. de toute façon, il ne mange presque plus, et il n'y a plus de médicament à payer.
C'est ainsi que les deux amants deviennent une bulle, un monde clos. Leur amour est bouleversant, mais pour moi, Roch/Yves, s'il ne nous épargne rien de la dégradation des corps, nous montre deux personnes exemplaires, sans colère, presque résignées, attendant la mort quasiment comme l'ultime représentation artistique. le récit de Roch s'envole en fictions lyriques, ce ne sont plus des hommes, ce sont des divinités, avant de devenir des anges. Roch porte David jusqu'aux toilettes, et c'est la descente du Christ en croix. Il le lave, et c'est Marie-Madeleine essuyant le Christ. J'avoue qu'ici je n'ai pas pu suivre. Je ne peux pas adhérer à la transcendance d'un tel fléau. Oui, par amour, certaines personnes sont aptes à supporter des horreurs, mais, si je ne soupçonne pas l'auteur de complaisance, on est loin je pense de la majorité des cas en réalité.

Mais ce roman n'est pas un documentaire, par conséquent mes réserves ne sont pas très recevables, mais elles sont le fruit de mon expérience, pour avoir – non pas au quotidien, mais d'assez près, accompagné un ami séropositif jusqu'au bout de ses quinze ans de lutte, et ayant connu le très relatif confort de la trithérapie, ce qui n'est pas le cas de Roch et David. Sans doute cette expérience m'a trop marquée pour que je puisse accepter ce roman comme tel.

Toutefois, Yves Navarre, et Roch, arrivent à une impasse, puisque la fin survient. Roch trouvant David mort évoque un tableau, toujours la vie transcendée par l'art, mais ce n'est pas lui qui termine le récit, mais le docteur qui avait suivi les malades, après l'inéluctable mort de Roch.
Le récit du docteur n'est en rien lyrique, si ce n'est qu'il y est inclus la lecture de la dernière lettre de David à Roch, le jour même de sa mort, lettre magnifique, certes, mais je n'y étais plus.

J'ai fermé ce livre déprimée, car j'ai une fois de plus pensé que cette oeuvre d'Yves Navarre n'est que le constat d'un échec, dans sa tentative désespérée à croire que l'écriture sauve de tout.
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Entre 1990 et 1993, Yves Navarre part vivre au Québec, à Montréal. Son roman de 1991, Ce sont amis que vent emporte, se situe dans cette ville où un sculpteur, Roch, vit en couple avec un danseur, David. le roman raconte leur lutte contre le sida. de retour en France, frappé de dépression, il se suicide aux barbituriques le 24 janvier 1994.Le titre fait référence à un vers de Rutebeuf, tiré du poème « Que sont mes amis devenus ? », qui déplorait le départ et la perte d'êtres chers. le sujet du roman est la mort apportée par le sida.
Les personnages principaux sont deux artistes qui vivent en couple depuis vingt ans à Montréal. Roch, le narrateur, est sculpteur, et David est danseur. Ils sont tous deux atteints du sida, mais David est entré en phase terminale et se meurt.
Par-delà le thème de la maladie, Ce sont amis que vent emporte restitue une histoire d'amour. Durant sept jours, Roch va s'occuper de David et voir mourir celui qu'il aime, avant de se confier au médecin.
Mais l'essentiel de "Ce sont amis que vent emporte" n'est pas sociologique. Peut-on écrire de sang-froid le roman du sida intime, irrémédiablement associé, dépendant, soumis, altéré par le sida social ? Yves Navarre s'y refuse. Il publie un roman d'amour, effleuré par une méditation qu'il évacue difficilement :
« Nous ne serons jamais assez grands pour notre liberté (...) notre génération s'est perdue dans l'ambiguïté et le tapage. »L'auteur rend magnifique le couple Roch-David. Il les fait entrer dans la légende de toutes les amours désespérées. On peut applaudir à ce désir de donner la version homosexuelle de Tristan et Iseult. On peut aussi se méfier… les homosexuels, doivent-ils montrer - à ceux-là mêmes qui ne n'en demandent pas tant - leur abnégation et leur courage ?
Ce roman grave souligne le plus tragique en quelques scènes brèves et extrêmement pudiques : Roch lave David, le couche, l'enlace, le nourrit, lui brosse les dents, une descente dans la mort... Il y a aussi les lettres de Rachel, la mère de David, parce que Roch (pour David ?) réclame très fort qu'elle authentifie leur amour.

"Ce sont amis que vent emporte" raconte la fin d'une vie, quand un garçon, jeune, atteint du sida, n'a plus que son ami, seul à pouvoir comprendre une mort qui en dit long sur une vie. Une histoire de tous les jours, quand on a la chance d'être deux. Plus profondément, Yves Navarre a écrit le roman de l'amour homosexuel. Il reste un doute : cet amour ne peut-il être reconnu que parce que le sida lui offre ses lettres de noblesse ?
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Dans ce livre Yves Navarre restitue avec toute la délicatesse et la sensibilité qui étaient siennes une histoire d'amour de 20 ans, interrompue par la maladie puis, par la mort.

Il met en scène deux hommes, un couple homosexuel, dont l'un Roch est sculpteur, l'autre David est danseur. Tous les deux sont malades, le nom de la maladie n'est jamais nommée, c'est au fil des des pages qu'on devine de laquelle il s'agit.



La maladie vient à sublimer l'amour que se porte ces deux hommes. Une magnifique ode à l'amour et à la vie. Je recommande ce livre à tous ceux pour qui l'amour entre deux hommes ne se résume pas qu'à une histoire de culs et contrairement à ce que l'on pourrait penser au regard du récit, ce n'est pas un livre triste.
Lien : http://chezvolodia.canalblog..
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Ce roman, qui aborde le sujet de la maladie, est absolument magnifique. Plus que le sida, c'est l'amour qui unit ces deux hommes qui est mis en avant ; la maladie vient le sublimer, montrer toute sa force dans l'adversité. Un des plus beaux textes que j'ai lu sur le sujet. Un livre très touchant, tout en retenue. Une belle ode à l'amour et à la vie.
Lien : http://madimado.com/2011/09/..
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Premier rayon de soleil sur le lit. David est couché nu, à plat, sur le ventre. Il tient dans sa main droite la photo d'Akira. L'oreiller est tombé par terre. M'a-t-il appelé ? A la hauteur de sa bouche une flaque de sang. Septentrion est mort. On. Il y a des felouques sur le Saint-Laurent. Le vent est tombé. Si tôt, un mardi matin. Au suivant. Ce sont amis que vent emporte.
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Quand on me met sur un fauteuil, quand un brancardier m'emmène pour tel ou tel examen, dédale de couloirs, d'ascenseurs, de souterrains, immense ville dans la ville, je vois la même pancarte à certaines portes, j'entrevois d'autres misères, souffrances, horreurs, et je serre contre moi un dossier qui a pour mentions HIV plus et danger d'infection.
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J'ai mal aux mains aussi. L'arthrite reprend et cette douleur dans le dos, au niveau de l'omoplate, au lieu exact du dernier zona. L'amour nous ronge.
Ce texte dévore douleurs et malentendus. Les petits cochons de toutes les familles crèvent dans leur coin. Ou à l'hôpital s'ils sont seuls.
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La parole est à double tranchant et [...] les parleurs font souvent les reproches qu’ils n’osent pas se faire. Ils se débarrassent ainsi du fardeau de leurs jalousies et de leur manque à l’échange.
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Ce n'est pas ici l'histoire d'une mort mais celle de notre vie, une histoire comme toutes les autres histoires, jamais la même, toujours la même, histoire d'amour et de son cours, flux et flonflons.
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