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Roger Warner (Collaborateur)Jean-Michel Caradec'h (Traducteur)
EAN : 9782266025867
Pocket (01/01/1990)
4.44/5   45 notes
Résumé :
Haing Ngor, jeune et riche médecin, vit à Phnom Penh les derniers mois d'un régime miné par la corruption et la guérilla... Mais il ne sait pas qu'avec la victoire des Khmers rouges, son pays va entrer en enfer. Déporté, réduit à l'esclavage, victime des plus atroces tortures, il voit mourir tous ceux qu'il aime : ses parents, sa femme, son enfant nouveau-né. Aujourd'hui, devenu célèbre grâce à l'Oscar qu'il a obtenu à Hollywood pour son rôle dans la « La Déchirure ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Il a survécu, et c'est pour cela qu'Haing Ngor témoigne dans "Une odyssée cambodgienne" de la fin d'une culture, du massacre d'un cinquième d'une population en moins de 5 ans, de l'absurdité d'un pouvoir politique, de la folie des hommes, de la perte des êtres chers, de l'écroulement de l'économie d'un pays.
Il témoigne de l'horreur parce que, au final, quand on y survit, c'est tout ce qu'il nous reste à faire : dire pour ne pas oublier, dire pour ne pas recommencer.
Alors Haing Ngor témoigne de son enfance et de son adolescence, dans les années 50. de son métier de médecin, et de son amour pour Huoy qu'il ne peut épouser sans l'accord de son père. Et il témoigne aussi du 17 avril 1975, avec des hommes armés partout, et des messages diffusés expliquant que Phnom Penh va être bombardé par les Américains. C'est le début de l'errance, de la séparation des familles, de l'installation dans des camps de travail qui vont réformer le Cambodge et en faire soi-disant la première puissance mondiale.
C'est l'Angkar (l'organisation) qui organise les déportements. C'est l'Angkar également qui nourrit (rarement), soigne (avec des plantes), éduque (au travers des camps de rééducation, dont Tuol Sleng est le plus connu), et qui organise la révolution du pays (comprendre : les déportations, l'absurdité des travaux...). Haing Ngor ne connaitra le nom de ceux qui sont à la tête de l'Angkar, Pol Pot, Douch et les autres, que lorsqu'il sera réfugié politique en Amérique.
"Une odyssée cambodgienne" témoigne également d'une culture qui tente de se reconstruire ou de revivre un peu partout dans le monde, là où les réfugiés politiques issus des camps de réfugiés thaïlandais ont été envoyés.
C'est un livre coup-de-poing, écrit dans le but d'informer, et de dénoncer la folie des hommes et le massacre d'une culture au milieu de l'indifférence générale. Haing Ngor est connu pour avoir reçu l'oscar du meilleur second rôle dans La déchirure (The Killing Fields) avec entre autres Sam Waterston et John Malkovitch. Toute sa "deuxième" vie durant, aux USA, il n'aura de cesse d'informer de ce qu'a vécu le Cambodge, et de faciliter l'arrivée dans les pays d'accueil des Cambodgiens ayant rejoint les camps de réfugiés de Thaïlande.

Partage de la vie d'un homme, "Une odyssée cambodgienne" est parfois drôle, souvent dur, et interroge sur l'absence d'information et de connaissance que nous avons du destin de "L'Indochine" quand elle est devenue, entre autres, Cambodge. C'est aussi un hymne à la vie et à l'amour, et un ultime hommage à la culture cambodgienne, telle qu'elle était avant. C'est enfin un livre indispensable, pour se souvenir et surtout, pour que cela n'arrive plus.
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L'histoire se répète malgré les " plus jamais cela" que chacun se dit après-coup la main sur le coeur….
Il y a un peu moins de quarante ans, c'est un pays tout entier qui tombe dans l'horreur, victime du communisme poussé à extrême et à l'absurde. Osons le mot : génocide. Quand au nom d'une idéologie, quelle qu'elle soit, on s'attaque à une culture, et à celles et ceux qui s'en réclament, quand on tue, massacre, cela s'appelle un génocide.
Nous sommes en 1975, le Cambodge qui a obtenu son indépendance vint ans plus tôt bascule dans la guerre civile, qui va déboucher sur un massacre sans précédent de la part des Khmers rouges, communistes emmenés par Pol Pot. Un régime qui veut éradiquer sa culture, ses élites, sa foi, son école….. Qui veut tout détruire ; mais pour mettre quoi à la place ? le chaos.

Ce livre n'est pas un livre d'histoire, c'est l'histoire d'un pays au travers de l'histoire d'un homme et de sa famille durant ces 4 années d'enfer.
Haing Ngor, est médecin, un "intellectuel" comme le disent les tyrans, un ennemi donc. Nous le quitterons alors qu'il reçoit son Oscar pour son rôle dans le film admirable et bouleversant La déchirure. Entre temps, c'est l'enfer qu'il connaîtra…la maltraitance, la faim, la torture, la maladie, les travaux forcés. Il sera déporté avec sa famille et comme des milliers d'autres dans les camps dont peu en sortiront.
Quarante et un chapitres égrainent ce livre qu'entourent un prologue et une sorte d'épilogue au doux nom de Kama, faisant appel à la renaissance successive des êtres, qui dans le cas précis de ce livre est une ouverture vers le futur. Les mots sont durs, soigneusement choisis. le lecteur ne sera pas épargné ; et c'est mieux ainsi. Nombreux sont les passages qui m'ont donné la nausée, m'ont inspiré la colère, le dégoût, et le sentiment que l'Homme n'a rien compris du passé.

Il faut dire les choses, faire savoir au monde ce qui s'est passé là-bas. le génocide cambodgien n'est " vendeur", on en parle peu, c'est loin, il a fait" moins de victimes que d'autres génocides …

Au milieu de ces horreurs, Haing Ngor, se pose des questions, cherche à comprendre pourquoi la population se laisse faire ainsi…. Il prend aussi le temps de nous laisser des images positives de ce pays qu'il aime temps, de se laisser attendrir par le beau.

« Il n'y a pas de plus beau spectacle qu'un champ de riz en herbe sous le soleil. C'est comme une flaque de lumière rafraichissante, reposante pour les yeux. Quand on marche le long des rizières, on sent ce parfum subtil, et on peut voir le ciel et les nuages se refléter dans l'eau entre les tiges » Ce n'est pas moi qui contredirais cela, l'Asie offre aux yeux une palette de vert comme nulle part ailleurs.

Ngor a des mots magnifiques pour sa femme, compagne de bagne et de torture, qui la soutenu, mais dont il n'a pu sauver ni la vie ni celle de leur nouveau-né.

Je fais le voeu, qu'un jour il n'y ait plus seulement un jour dans l'année pour commémorer la déportation des juifs, mais un jour pour tous les génocides : les indiens d'Amériques, les Arméniens, Les Bosniaques, Les Rwandais…..

Un livre à lire absolument.

Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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L'histoire que raconte Haing Ngor est la sienne et celle du Cambodge. L'auteur est une force de la nature, un homme brillant, qui sait ce qu'il veut. En dépit de l'opposition de son père à ce projet, il devient médecin dans la ville de Phnom Penh que les Khmers rouges n'ont pas encore envahi. Il tombe amoureux d'une jeune fille cultivée, charmante mais d'une famille pauvre d'où l'opposition de son père à un mariage. Avec Haing Ngor, on vit l'arrivée des Khmers rouges dans la ville, on découvre leur cruauté, leur haine de ceux qui sont instruits, on suit la famille de Haing Ngor dans l'exode de Phnom Penh, on apprécie sa débrouillardise, avec lui, on se réjouit lorsqu'il retrouve sa bien aimée Huoy égarée sur le chemin de l'exil. Les personnages ne sont pas idéalisés mais décrits dans leur profondeur, leur complexité, leurs défauts, leurs qualité, leur évolution dans le drame qu'ils vivent. Avec eux on s'enfonce dans les épreuves terribles que l'Angkar, l'organisation omniprésente bien qu'invisible leur impose : un travail inhumain, inutile, un rejet de tout ce qui est progrès, un retour à une vie primitive doublée d'un ordre cruel et implacable, qui contrôle et impose tout, soupçonne, torture, affame. Au coeur de cet enfer demeure l'amour entre Ngor et Huoy. La douceur de la jeune femme apaise le tempérament impétueux du médecin qui doit surtout ne pas être reconnu comme médecin. On le soupçonne, il est torturé, rescapé et Huoy le soigne et le soutient. Si lui, survit, elle,mourra alors qu'elle ne parvient pas à accoucher de leur enfant. Ngor ne s'en remet pas après être resté au pays après la venue des Vietnamiens, il s'enfuit en Thaïlande puis émigre en Californie. L'avoir vu jouer dans le film "La Déchirure" apporte un nouvel éclairage sur ce survivant énergique, et sensible. On relit le livre en le voyant.
Et lorsqu'on apprend qu'après avoir surmonté l'horreur, il est tué à Los Angeles, on est bouleversé et révolté.
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La vie de Ngor Haing pourrait passer pour un roman tant cet homme a vécu de vies différentes.
Médecin issu d'une riche famille de marchands cambodgiens, il mène une vie confortable lorsque Phnom Penh est prise par les Khmers rouges en avril 1975. Chassé de la ville et parqué dans des camps, il tente de cacher tant bien que mal son métier de médecin, et survit malgré la faim, la fatigue, la torture, les dénonciations, la prison, la mort de ses proches. Après 1979, il travaille de nouveau comme médecin et aide aux réfugiés en Thaïlande et aux États-Unis, jusqu'à La Déchirure, ce film oscarisé qui lui a permis de faire connaitre la tragédie cambodgienne au plus grand nombre.
Ce récit, bien écrit, est vraiment intéressant car il relate les faits mais aussi les émotions ressenties par Ngor Haing, sans langue de bois.
Mon premier voyage en Asie était au Cambodge en 2012. J'avais 20 ans et ce voyage m'a beaucoup marquée. le livre de Ngor Haing a donc résonné d'une manière particulière pour moi, car il m'a rappelée les traces indélébiles du régime Khmer rouge que j'ai observées (le sang encore présent dans la prison S21, les vêtements qui sortaient encore de la boue des charniers plus de 30 ans après, le faible nombre de personnes de plus de 50 ans...), et en même temps la capacité qu'a eu ce peuple de tourner la page (parfois au détriment de l'histoire: j'ai rencontré beaucoup de Khmers de mon âge qui n'avaient que peu entendu parler du conflit).
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Style fluide rendant les mots à leurs sens et leurs profondeurs.

Traversée dans l'enfer dans lequel l'âme humaine peut se noyer par conviction et erreur de soi.

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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
« Il n’y a pas de plus beau spectacle qu’un champ de riz en herbe sous le soleil. C’est comme une flaque de lumière rafraichissante, reposante pour les yeux. Quand on marche le long des rizières, on sent ce parfum subtil, et on peut voir le ciel et les nuages se refléter dans l’eau entre les tiges »
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Video de Haing Ngor (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Haing Ngor
Brooke Shields and Christopher Atkins present the award for Best Supporting Actor in a Motion Picture to Dr. Haing S. Ngor for his role in The Killing Fields. Ngor thanks the Hollywood Foreign Press and the director.
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