En piquant ce livre mis en exposition à la médiathèque, je m'attendais à une série de récits décousus sur des anecdotes du peloton. J'étais sinon avide, du moins curieux de connaître les petites histoires qui font les grandes.
En fait, je suis tombé de haut.
Le livre de Grégory Nicolas est bien plus que cela !
D'abord, il est rudement bien écrit. Texte clair, précis, bourré d'humour, de cette humour jamais méchant, toujours réconfortant, enveloppant.
Ensuite, c'est un vrai récit. On commence tout de même avec l'un des arrières grands parents de l'auteur ("il s'appelait Pierre Boschat, notez bien. C'est lui la clef de ce livre (....)" P22) et ces premières pages, ce sont les nôtres, notre enfance qui revient. C'est le récit universel de la vie, de la transmission, de la mémoire. On continue avec l'enfance de l'auteur et sa pratique du vélo en compétition jeune. On fait connaissance d'un certain Perrig qui domine toutes les courses ("Perrig était le plus fort" P 43). On apprend que Gregory a finalement renoncé à embraser une carrière de coureur pro, souffle trop court pour suivre dans les montées les kracks. Vélo raccroché, soulagement...mais bien vite l'envie de revenir "dans le milieu" ! Retrouvaille avec Perrig, récit de "la chanson" de Rolland (pas pu m'empêcher d'aller sur youtube revoir cette étape de l'Alpe d'Huez ou, oui, mille fois oui, Rolland était grand, géant), confidence de Clément Chevrier...Grégory Nicolas ne ménage pas sa peine pour nous faire partager la vie de ces forçats de la route. le livre s'achève sur le formidable récit des championnats du monde 2018 à Inssbruck !
Hormis les titres de chapitre terriblement énervants (je déteste cette façon de piocher des mots clefs pour en faire un titre), le livre est splendide. Ici, pas d'anecdote croustillante, de pseudo révélation, de polémique. Mais un focus rare sur les coureurs, leur passion, leur crainte, leur force, leur faiblesse. Au travers des 278 pages, l'auteur nous fait ressentir avec une acuité rare son admiration pour les cyclistes. Il le fait avec talent. C'est réussi.
Cher Grégory Nicolas,
que la vie est douce à l'ombre des grands arbres. Des tilleuls ? L'on peut s'y retrouver avec les très proches, pour partager un excellent Morgon. le temps est à la discussion. Autour du vin, du vélo, des hommes et…des équipiers.
Ces docteurs ès labeur, ces travailleurs. Ils sont vingt et cent, ils sont des milliers. Ils sont sans fleurs ni couronnes. Sans baisers à l'arrivée, sans Miss beauté à leurs côtés. Sans podiums, sans trophées sur la cheminée. Sans palmarès, sans lignes dans les livres d'histoire du cyclisme.
Qu'importe, ils sont invisiblement vivants. Invisiblement présents. Pour la plupart, ils sont et ont voulu, en toute conscience, être serviteur. Comme un sacerdoce. L'ombre et l'anonymat comme habits de Choeur. Pour le commun des spectateurs, les équipiers sont des prises accessoires.
Au fil des pages, vous entrez en intimité chez ses sans grades. Vous avez voulu écrire un livre sur le vélo, sans doute. Il en ressort, je pense, bien plus. Un livre sur l'amitié. Sur ses liens forts qui les unis. Sur la persévérance et le dépouillement des corps et des âmes. Sur le don de soi.
Sachez que votre écrit est universel. Je veux dire en cela que nous avons tous quelque part, à l'ombre d'un arbre généalogique, un Père Boshat. Un Louison Bobet qui rentre, dans l'estaminet et salue la compagnie.
Nous avons tous, croisé, sur un terrain de jeu, un Perrig Quéméneur, que l'on a honni et avec qui, quelques années plus tard, l'on se lie. Un Pierre Roland qui convole en juste noce avec une cousine. Pas peu fier que nous sommes, d'avoir un héros sportif dans la famille. On n'a pas très loin, un exemplaire et rassurant, Axel Domont.
Et puis un livre ne serait pas à conseiller, s'il n'y avait pas à l'intérieur, des instants à vous arracher les viscères. Clément Chevrier, devenu fil de fer. Plus léger que l'air. Vouloir voler, ne pas pédaler, voler dans les montées. Au risque et péril d'un corps décharné. Témoignage troublant. Sujet tabou ?
A force d'opiniâtreté, de volonté, vous vous surprenez à suivre l'équipe de France aux championnats du monde. Pas derrière les mains courantes, pas dans les salles de presse, non au saut du lit. Vous côtoyez les meilleurs. Ceux dont on a tellement parlé cet été. Et par là-même, vous rencontrez la statue du commandeur. Légendes vivantes du vélo. Gardien du dogme et des idées : Cyrille Guimard. A vous lire, sans doute pas l'homme que l'on imagine. Sans doute tendre et touchant.
Cher Grégory Nicolas, sachez qu'un jour, il nous faudra nous retrouver, à l'ombre des grands arbres, un tilleul ? A déguster un sublime Morgon. Vous me parlerez de vin, de l'art, les lendemains de cuite, d'un cafetier corse qui hait les Bretons, du départ de Waddle de Marseille et surtout…des équipiers.
Sébastien Beaujault
“Équipiers”
Hugo sport
J'ai découvert Grégory Nicolas lors d'une rencontre avec l'auteur organisée par la librairie du cadran lunaire à Mâcon (https://www.cadran-lunaire.fr/) qui en organise régulièrement. Il était accompagné de Clément et d'Axel qui sont dans le livre et qui sont cyclistes professionnels. Ils ont parlé avec des mots simples du livre et ils m'ont donné envie de le lire.
Ce livre est écrit très simplement sous la forme d'un récit pendant lequel on rencontre des grands coureurs, on fait un peu mieux connaissance avec leurs histoires à travers des anecdotes et des récits de courses assez palpitants. Il y a souvent de l'émotion, des beaux moments de lecture avec souvent la larme à l'oeil. Les rôles d'équipier et de leader sont bien expliqués et j'ai découvert à travers ce livre et les témoignages de Clément et d'Axel la nature de ce travail d'équipier. Je savais que les coureurs étaient des sportifs à part, mais dans ce livre, ils deviennent des héros et, en tout cas, de très belles personnes.
Je recommande cette lecture très attachante et qui explique parfaitement bien les coulisses du milieu cycliste. Il y a beaucoup d émotions et d humanité dans ce texte. Bravo !
En pleine immersion
Génial
Quel célèbre écrivain a écrit un livre intitulé Rugby Blues ?