Gannibal, tome 10

Je disais dans le tome précédent que l'auteur parvenait avec talent à rester sur une ligne de crête. Je serai moins assurée dans mes propos cette fois, trouvant cette fois qu'il a peut-être basculé dans l'outrancier facile.

Tout d'abord, apprécions ce tome consacré à un épisode clé du passé des Goto : la rencontre entre Gin et Masamune, le prêtre. En revenant dans le passé de Gin et des Goto, c'est à nouveau toutes nos idées sur les relations entre cette famille et les villageois qui sont bousculés. Un va-et-vient incessant qui certes tient en haleine mais commence aussi à être lassant et routinier, car dès qu'on pense avoir cerné la chose, une nouvelle info vient tout changer.

Je ne suis donc pas sûre d'avoir vraiment apprécié cette incursion dans le passé. J'ai aimé découvrir l'ancienne Gin et l'origine de Shirogane, avec potentiellement les raisons de son trouble si marqué. Je suis en revanche plus dubitative face au déversement de violence et de luxure conduisant à tout cela et l'image de la femme « tentatrice » et « manipulatrice » que cela véhicule encore, reprenant un vieux cliché bien puant. Je suis partagée, d'un côté je me dis que ça illustre bien d'anciennes mentalités et que c'est peut-être pour ça que cela a été fait, d'un autre je me dis que j'en ai un peu marre de ce cliché sexiste qui revient sans cesse.

Malgré tout, l'auteur a du talent, car tandis que je détestais ce qu'il faisait du personnage de Gin, cette jeune femme maltraitée depuis l'enfance, violée, soumise, battue, je restais fascinée par sa force et son envie de renverser la table, de se venger et de mettre tous ces hommes au pas. C'était très puissant. Je ressens certes plein d'incohérence de partout dans les réactions de ces hommes, dans sa famille, dans le village et surtout dans le présent, mais ça me donne d'autant plus envie de savoir comment on en est arrivé là, comment on a pu basculer au point que c'est elle qui commandait et effrayait tout le monde, comment elle a pu mettre en place ce culte envers son fils.

Des mécanismes décidément toujours aussi fascinants. Une violence omniprésente qui prend à la gorge et ne nous lâche pas. Une folie de pire en pire et des personnages effrayant pour cela des deux côtés. Cette plongée dans le passé aura été rude. Je ne suis pas fan de bien des choix mais je reconnais l'efficacité de l'auteur pour conter et mettre en place tout cela et nous marquer d'un fer rouge. L'attente jusqu'aux derniers tomes va être terrible.
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Un tome de césure en apparence car on ne poursuit pas l'aventure dans le présent. Ici, on découvre avec profondeur le village de Kuge à travers les yeux de Gin et Masamune.

Ce tome est une pépite car il pousse l'idée du cannibalisme à son paroxysme. C'est plus violent, plus glauque, si froid et réaliste envers les femmes (Gin et sa mère). Les planches avec de la nudité apportent une autre touche lugubre.

On découvre presque tout sur "Lui". Je trouve que cela est fait au bon moment avec ces tomes 9 et 10 sur les 13 de la série.
On repense alors aux premiers chapitres et on commence à les voir d'une autre façon. Ce n'est pas pour autant qu'on va excuser les actes mais le village de Kuge est au final entièrement responsable de sa déchéance avec en ligne de mire les hommes et leurs comportements nocifs.

Au final, on peut voir cela comme un poème où Gin est l'élément qui va apporter et bousculer l'équilibre pour tout reconstruire (ou pas ?). L'auteur ne cesse de faire rimer son oeuvre : tant par les images (scènes de coït, lien intergénérationnel) que par les mots (transformer le village, bouffer !).
Tout compte fait, et dès sa naissance, Gin Gotô (Kuge ?) ne pouvait être que le bras armé de l'annihilation du village.

Pour lire ce tome 10, il faut avoir le coeur bien accroché. Il y a une violence, un une telle noirceur qui créé un malaise plus on en tourne les pages.

Le mangaka revient sur le personnage de Gin Gotô quand celle-ci était jeune et à la merci des hommes du clan. Mais en fait c'est encore plus compliqué que cela... comme toute l'histoire de ce manga. On apprend aussi ce qui est arrivé à sa mère, dans quelles conditions elle a mis Gin au monde et l'histoire de cette dernière intimement entremêlé.

On continue de tomber encore plus bas dans le sordide, dans la folie et la noirceur humaine de ce petit village coupé de tout. Autant dire qu'il ne fait pas bon y vivre.

Gannibal est un manga d'horreur / thriller d'ambiance en treize tomes de Masaki Ninomiya.
Ce dixième volume contient les chapitres 84 à 92 de la série.

Dans ce tome, ne vous attendez pas à avoir la suite directe du tome 9. En effet, ce tome 10 sera intégralement constitué de flash back nous relatant la jeunesse de Gin Goto et du village de Kuge à cette époque.

Un tome qui tranche avec les tomes précédent mais qui est nécessaire pour comprendre comment Gin Goto a pu se retrouver à la tête du clan alors que rien ne la destinait à cela.
Un tome particulièrement intéressant à suivre.

Le tome met en avant le passé de Gin Gôto, en jouant sur les apparences, victime ou manipulatrice ?
Le tome retourne beaucoup l'estomac, les tripes, et peut mettre très mal à l'aise.
Les dessins sont toujours aussi beaux, intenses, expressifs.
Ils ont joué sur le fait de bouffer, dans tous les sens du terme, et c'est intelligent et percutant.

Kinji Gôto a des airs de serial killer/tueur en série, un côté sans pitié et totalement fou.
Mais les villageois ne sont pas mieux.
Ils sont tous habités par de sombres passés et la haine. Au lieu à un moment donné de s'entraider, de penser à l'autre, ils ont tous préférés la bassesse, la vengeance, et toujours ce sont enfoncés plus loin dans l'horreur, qui devient de plus en plus fatal.
Chacun peut avoir un visage malsain.

Gin est détruite par tous les traitements subis, les humiliations.
Un jeune homme semble s'intéresser à elle pour de "vrai" (ou sous influence ?), deux jeunes amoureux qui vivent un amour interdit, qui ne sera accepté ni par les villageois ni les Gôto ni aucune de leurs deux familles.
Gin par sa beauté fatale fait tourner les têtes. Les sons de cloche selon les gens tintent différemment.

Les sens du mot bouffer
-> Dominer par l'argent, le pouvoir, mais aussi sexuellement.
-> Littéralement, bouffer l'autre pour survivre, le sacrifier sous des prétextes, car il y a aussi un problème de famine, de mauvaises récoltes.

C'est extrêmement malaisant. Il y a des scènes terribles.
En tout cas, nous avons là comme la haine qui entraîne la haine, une spirale infernale.

Attention, cette série est d'excellente facture, peut être avec des tomes plus ou moins inégal, que nous ne vivrons pas tous de la même façon, mais elle est également horriblement glaçante et retourne les boyaux. Frissons garantis.

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