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EAN : 9782072723100
96 pages
Gallimard (02/11/2017)
3.38/5   17 notes
Résumé :
Michel Onfray s’est enfoncé dans la région de Guyane où vit le peuple amérindien des Wayanas. Cette population, installée sur les rives de cours d’eau, est menacée de destruction par la pénétration des instruments de la modernité occidentale. Dans cet immense territoire, la France impose une loi jacobine qui ne correspond à aucune réalité locale. Ainsi, les peuples dits premiers sont, par la faute de l’électricité, d’Internet, de la télévision et du centralisme répu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
J'aime les coups de gueule des écrivains !
Michel Onfray visite la Guyane profonde, à Taluhen, à deux heures de pirogue de Maripasoula. Il constate que la population amérindienne Wayana coupe ses racines des ancêtres, attirée par la culture occidentale, séduisante mais trompeuse, un miroir aux alouettes. La deuxième partie de cet opuscule est le coup de gueule contre la réaction gouvernementale aux suicides des jeunes amérindiens. La rencontre avec un vieux Sage lui fait prendre conscience du déracinement actuel des indiens. La France fournit une réaction ENArchique et anarchique bardée d'acronymes, de fonctionnaires métropolitains qui ne servent pas à grand chose. La république française jacobine, y a envoyé une sénatrice et une députée qui n'ont rien compris. C'est "Martine en pirogue", mais nous avons déjà fait assez de dégâts comme cela !
.
Effaré par le volume des bouquins d'Onfray, j'ai choisi un opuscule. Il fallait que je sache de quel caractère était trempé ce concitoyen normand. : )
Slate.fr, par la voix de Maxime Brousse, fait le procès de ce livre, prétextant qu'Onfray "veut que les Wayanas doivent rester en kalimbé [pagne], ne pas avoir accès à l'électricité, à Internet… Bref, il faut qu'ils restent de bons sauvages dans la forêt.»
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Même si je pense qu'Onfray exagère peut être sur la violence à Cayenne (St Denis de la Réunion n'a rien à voir, je pense avec l'atmosphère de St Denis du 93 ), je ne suis pas d'accord avec Brousse.
D'abord, je suis agréablement surpris par le style fluide de l'auteur, et surtout, j'ai retrouvé, en pire, les problématiques réunionnaises (voir ma critique de "Chasseurs de Noirs" ).
Même si, à l'opposé de la Guyane, La Réunion était déserte à la base, je n'ai pas eu besoin d'y vivre la moitié de ma vie, ce qui est le cas, pour m'apercevoir que, comme le cite l'auteur ici, l'Education Nationale n'a pas des programmes adaptés à l'histoire, la géographie et la langue natale. D'autre part, le RSA et les allocs ne sont pas une réponse correcte au désoeuvrement.
A La Réunion, il y a 40% de chômage.
Que font la TV et internet dans la forêt guyanaise ou dans les ilets de Mafate ? Qu'en est-il de la nourriture en conserve, alors que les jeunes ne savent plus pêcher comme les anciens ?
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Ça me rappelle le proverbe indien : "Quand le dernier arbre aura été abattu (ici par les orpailleurs ), quand la dernière rivière aura été empoisonnée (ici par le mercure utilisé par les orpailleurs ), quand le dernier poisson aura été péché, alors, on saura que l'argent ne se mange pas."
Les jeunes mettent des vêtements occidentaux, font des signes cabalistiques de rappeurs, rêvent de fric, de devenir pilotes de ligne. La chute sera dure, et le suicide est au bout de ce gap culturel. L'auteur dit qu'entre ces deux repères, wayana et occidental, les jeunes sont perdus, deviennent schizophrènes, et beaucoup se suicident. On arrivera au final en Guyane comme chez les peuples d'Amazonie brésilienne, les indiens d'Amérique, et les Aborigènes, et pendant qu'on y est les immigrés qui arrivent par les nouveau "boat people" méditerranéens : parqués dans des camps, noyés dans l'alcool, achevés dans le suicide, ou mal engloutis dans la société occidentale.
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Onfray a discuté avec le fils d'un chaman qui, malade, n'a pas pu être guéri par la technologie française. C'est un chamane qui a réussi.
Tobie Nathan, que Michel Onfray semble mépriser, est venu à La Réunion, et raconte dans "Ethno roman", qu'il a été émerveillé par les pratiques "magiques" de madame Visnelda, une guérisseuse et exorciste locale. Ces chamanes et guérisseurs correspondent à nos voyants, messagers et médiums.
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Alors que faire ?
La réponse d'Onfray est vague : décentraliser, "girondaniser". Oui, on doit, à mon avis les laisser choisir localement, et non définitivement. Enrichir la culture française d'une diversité locale doit être une fierté et non une honte. Je m'enrichis des histoires de Grand Mère Kal et de Sitarane, de parler créole.
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Même si, comme l'observe très bien Onfray, un Blanc restera toujours un Blanc, j'ai rarement été plus fier que quand un créole, m'entendant causer en Kréol, m'a questionné :
"Ou lé Kréol ?"
(Tu es créole ? )
: )



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Totale adhésion

J'adhère à cette thèse, l'état s'y prend très mal en Guyane française. Nous ne savons pas faire en sorte qu'ils se sentent bien et les résultats sont catastrophiques, ils se suicident. Cette ancienne colonie esclavagiste pourrait-elle reprendre son indépendance ?
Le mode de vie occidentale n'est pas pour eux ou ce mode de vie s'adapte mal sous les tropiques, dans la forêt.
Après il ne doit y avoir que des points négatifs la population globale de ce département d'outre-mer augmente aussi.
Les outils modernes sont mal utilisés par les populations vivant dans la forêt amazonienne cela crée des êtres en manque de repères et qui ont oubliés leurs racines et leurs modes de vies ancestraux. Ils vivent dans deux mondes qui cohabitent mal et s'annulent cela leurs crées des problèmes existentiels.

Je suis peu habitué aux ouvrages philosophiques et à cet auteur mais le titre de ce livre m'a attiré et j'avais entendu parler de Michel Onfray.
Cette lecture me fut agréable malgré la gravité des sujets traités. Je pense aussi que l'état devrait laisser beaucoup plus d'esprit d'initiatives a des populations vivants dans la forêt ils doivent réapprendre à vivre à la manière de leurs ancêtres ce serait mieux pour tous. Pêche, cueillette …
Au lieu de cela l'état impose la même école à un petit parisien qu'à un amazonien c'est sûr c'est ridicule.
Michel Onfray dénonce des idioties et il a raison.
Je vous conseille cette lecture de moins de cent pages.
Je lirais d'autres ouvrages de Monsieur Onfray.
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Bon, Onfray est allé faire un tour en Guyane
Court le tour. Comme le livre. 50 pages en format A5. Mais publié chez Gallimard.
Cette petite excursion ne vaut pas un livre, mais aurait fait un bon article.
Donc Onfray a été le témoin direct de l'acculturation des indiens Wayanas sur le Maroni et le désespoir des jeunes. Acculturation et désespoir dont le grand responsable est Jacques Chirac, mais il ne le dit pas, peut-être ne le sait-il pas ; c'est lui, le spécialiste des "peuples premiers" qui a signé leur arrêt de mort en introduisant l'Egalité pour tous, RMI -merci Rémi hips !- puis RSA à toutes les populations, finalisant ce que 4 siècles de colonisation n'avait pas réussi à achever.

Donc les 35 premières pages c'est le récit de ce court séjour, probablement 48h... et dans la 2e partie il flingue un rapport parlementaire, un de plus, ils se succèdent, sur la situation des peuples amérindiens du Haut-Maroni, et les préconisations des enquêtrices. Alors oui c'est un rapport naïf ? cynique ? scandaleux en tout cas.

Mais la critique est aisée, l'art est difficile... Peut-être qu'il en est des peuples comme des espèces animales, certaines douées pour la survie, d'autres pas.

En tout cas Onfray ne donne pas de solution. Ouf.
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Théorie intéressante, mais bâclée, pour un récit subjectif, amateur, sexiste, négatif et j'en passe. Cet
ouvrage non abouti n'informe guère et n'interroge pas. Michel Onfray, philosophe ?
Je suis très déçue par cet auteur que je n'avais pas encore lu.
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Michel Onfray lors d'un séjour que j'imagine de quelques semaines, tout au plus, en Guyane a su écrire sur la complexité de la situation des Amérindiens d'une manière claire, compréhensible prouvant encore une fois sa capacité d'analyse qui mérite le respect.
Si je reste jacobine dans mes convictions pour la France métropolitaine, j'avoue que pour l'Outre-mer une organisation girondine serait de bon aloi.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Dans son village où l'on n'éventre que les poissons, et où l'on ne saigne que le tatou, il ignore, quand il arrive en ville, que l'on peut aussi éventrer ou saigner un humain, surtout s'il y a quelque argent à espérer au pillage de son portefeuille ou à la revente de ses babioles, un pauvre petit bijou ou un téléphone portable en fin de course.

NDL : le déracinement peut provoquer l'avidité.

"Le soir on change de peau
Et on frappe au hasard
Alors préparez vous pour la bagarre
Quand on arrive en ville... "
(Balavoine )
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... moi qui ai présenté Freud comme l'ultime chamade occidental, ce que je pouvais comprendre, alors que lui se présentait comme le premier scientifique moderne de la psyché, ce qui se révélait être totalement faux. Freud était un Wayana perdu dans Vienne ... (p. 41)
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Il est également fier que son fils ait manifesté le souci d'être initié à la grande cérémonie, le Maraké, qui permet de passer de l'enfance à l'âge adulte. La sagesse de ce peuple évite la bêtise du nôtre qui infantilise les adultes et adultise les enfants - les premiers, à trente ans, vivent encore chez leurs parents, se déplacent en trottinette, tétouillent des cigarettes électroniques, écoutent de la musique avec un casque, sont connectés en permanence, les seconds, avant l'âge de l'ancienne communion privée, regardent des films pornographiques, fument des pétards, jouent à des jeux sexuels d'étranglement, naviguent sur le Net jusqu'aux sites les plus dégradants...
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Si j'avais encore des larmes pour pleurer, je crois que j'aurais pleuré. Le village est devenu invisible dès le premier coude du fleuve. J'avais nagé avec les piranhas, je savais que pendant deux heures ils m'accompagneraient sous la pirogue jusqu'à ce qu'ils retournent au village où ils raconteraient au petit garçon deux ou trois choses qu'il fallait lui redire. Jusqu'à quand entendra-t-il encore ce langage-là ? Pour ma part, je l'avais entendu.
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Videos de Michel Onfray (159) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Michel Onfray
*INTRODUCTION* : _« […] Je veux seulement, Monsieur, vous faire part d'une chose que j'ai lue dans Montaigne, et qui marque son bon goût. Il souhaitait devenir assez savant pour faire un recueil des morts les plus éclatantes dont l'Histoire nous parle. Vous qui êtes son partisan, vous approuverez ce dessein que j'exécute en partie. En effet, le véritable point de vue où je placerais une personne qui veut bien juger du ridicule qui règne dans le monde, est le lit de mort. C'est là qu'on se détrompe nécessairement des chimères et des sottises qui font l'occupation des hommes. Nous sommes tous fous ; la folie des uns est plus bouillante, et celle des autres plus tranquille. »_ *André-François Boureau-Deslandes* [1690-1757], _À Monsieur de la Ch…_
_« Rien ne doit plus nous frapper dans l'histoire des grands hommes, que la manière dont ils soutiennent les approches du trépas. Je crois que ces derniers moments sont les seuls, où l'on ne puisse emprunter un visage étranger. Nous nous déguisons pendant la vie, mais le masque tombe à la vue de la mort, et l'Homme se voit, pour ainsi dire, dans son déshabillé. Quelle doit être alors la surprise ! Tout l'occupe sans le toucher : tout sert à faire évanouir ce dehors pompeux qui le cachait à lui-même. Il se trouve seul et sans idées flatteuses, par ce qu'il ne peut plus se prêter aux objets extérieurs. Cette vue a cela d'utile en flattant notre curiosité, qu'elle nous instruit. Il n'est rien de quoi, disait Montaigne, je m'informe si volontiers que de la mort des hommes, quelle parole, quel visage, quelle contenance ils y ont eus ; mille endroits des histoires que je remarque si attentivement. Il y paraît, à la farcissure de mes exemples, et que j'ai en particulière affection cette matière*._ _Je suis persuadé que la dernière heure de notre vie est celle qui décide de toutes les autres. »_ *(Chapitre III : Idée générale d'une mort plaisante.)*
* _« Et il n'est rien dont je m'informe si volontiers que de la mort des hommes, de quelle parole, quel visage, quelle contenante ils y ont eus, non plus qu'il n'est d'endroit dans les histoires que je remarque avec autant d'attention. Il apparaît à la farcissure de mes exemples que j'ai cette matière en particulière affection. Si j'étais faiseur de livres, je ferais un registre commenté des morts diverses. Qui apprendrait aux hommes à mourir leur apprendrait à vivre. »_ (« Chapitre XIX : Que philosopher c'est apprendre à mourir » _in Montaigne, Les essais,_ nouvelle édition établie par Bernard Combeaud, préface de Michel Onfray, Paris, Robert Laffont|Mollat, 2019, p. 160, « Bouquins ».)
*CHAPITRES* : _Traduction d'un morceau considérable de Suétone_ : 0:02 — *Extrait*
0:24 — _Introduction_
_De quelques femmes qui sont mortes en plaisantant_ : 0:49 — *1er extrait* ; 2:08 — *2e*
_Additions à ce qui a été dit dans le IX et dans le XI chapitre_ : 3:15
_Remarque sur les dernières paroles d'Henri VIII, roi d'Angleterre, du Comte de Gramont, etc._ : 6:09 — *1er extrait* ; 6:36 — *2e*
_De la mort de Gassendi et du célèbre Hobbes_ : 7:45
_Remarques sur ceux qui ont composé des vers au lit de la mort_ : 10:47
_Examen de quelques inscriptions assez curieuses_ : 13:52
_Des grands hommes qui n'ont rien perdu de leur gaieté, lorsqu'on les menait au supplice_ : 14:33
_Extrait de quelques pensées de Montaigne_ : 15:31
_S'il y a de la bravoure à se donner la mort_ : 17:37 — *1er extrait* ; 18:57 — *2e*
_De quelques particularités qui concernent ce sujet_ : 19:14
19:28 — _Générique_
*RÉFÉ. BIBLIOGRAPHIQUE* : André-François Boureau-Deslandes, _Réflexions sur les grands hommes qui sont morts en plaisantant,_ nouvelle édition, Amsterdam, Westeing, 1732, 300 p.
*IMAGE D'ILLUSTRATION* : https://www.pinterest.com/pin/518547344600153627/
*BANDE SONORE* : Steven O'Brien — Piano Sonata No. 1 in F minor Piano Sonata N0. 1 in F minor is licensed under a Creative Commons CC-BY-ND 4.0 license. https://www.chosic.com/download-audio/46423/ https://www.steven-obrien.net/
*LIVRES DU VEILLEUR DES LIVRES* :
_CE MONDE SIMIEN_ : https://youtu.be/REZ802zpqow
*VERSION PAPIER* _(Broché)_ : https://www.amazon.fr/dp/B0C6NCL9YH *VERSION NUMÉRIQUE* _(.pdf)_ : https://payhip.com/b/VNA9W
_VOYAGE À PLOUTOPIE_ : https://youtu.be/uUy7rRMyrHg
*VERSION PAPIER* _(Broché)_ : https://www.amazon.fr/dp/
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