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EAN : 9782234058453
Stock (01/09/2005)
3.9/5   20 notes
Résumé :
epuis toujours, j'aime de passion la grammaire, toutes les grammaires, toutes les grilles et tous les codes enfouis sous la poussière du temps.

Mais c'est la colère qui m'a poussé à écrire. Une colère de papa : je ne comprenais plus les questions posées en classe de français à mes enfants. Un jargon inconnu de moi leur était tombé sur la tête, comme par exemple la " focalisation omnisciente ". Pourquoi ces complications inutiles ? Les enfants de sixiè... >Voir plus
Que lire après La grammaire est une chanson douce - Les chevaliers du subjonctifVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Quand l'érudition se vêt d'une imagination débridée et accessoirise avec humour, cela vous entraîne dans une folle aventure pour appréhender la langue française.
Jeanne (10 ans) et son frère Thomas (14ans) traversent l'Atlantique pour aller rejoindre leur père. C'est le naufrage et ils se retrouvent sur une île, muets. Ils sont recueillis et informés que le prochain bateau ne passera que dans un mois. le temps pour eux de récupérer « les mots » que la tempête leur a ravis.
L'île est sous le régime despotique de Nécrole.
Cependant ces deux jeunes naufragés vont rencontrer les personnes sympathique : Monsieur Henri et son neveu, une dame maîtresse des mots oubliés, etc.
Monsieur Henri va les conduire au marché aux mots.
« Vingt-cinq langues meurent chaque année ! Elles meurent, faute d'avoir été parlées. Et les choses que désignent ces langues s'éteignent avec elles. Voilà pourquoi les déserts peu à peu nous envahissent. Les mots sont les petits moteurs de la vie. Nous devons en prendre soin. »
Avant de partir en vacances, Jeanne lors de son dernier jour de classe, avait été traumatisée par une inspectrice pédagogique Mme Jargonos qui a tancé l'institutrice Mme Laurencin et lui a ordonné un stage de rééducation.
Jeanne va intégrer ce fameux stage dans l'île, seule petite fille parmi des adultes, un cauchemar.
Jeanne dans son périple croisera, Saint-Ex, Proust et La Fontaine, car les mots conservent en vie.
« Qu'est-ce qu'un grand écrivain ?
Quelqu'un qui construit des phrases, sans se soucier des modes, seulement pour aller explorer la vérité. »
Deux ans plus tard, Jeanne et Thomas vont entrer dans le monde de la dictature et de son bras armé, la propagande.
Mais Jeanne va être recrutée par un géographe, qui doit dessiner l'archipel et sa curiosité va la conduire à découvrir, qu'il y a un autre monde : celui des possibles.
La preuve, la terrible Jargonos tombe amoureuse, Monsieur Henri envisage de se remarier. Qui l'eut cru ?
L'amour est dans l'air. On fait fi du conditionnel, il a une armée d'avocats pour présager du pire car le conditionnel ne fait jamais, jamais confiance.
D'où l'absolue nécessité d'être curieux, qui vient du latin cura : le soin ? « Soyons fiers de notre défaut : être curieux, c'est prendre soin. Soin du monde et de ses habitants. »
Jeanne va survoler l'archipel de la conjugaison.
Le verbe, moteur de la phrase va se partager dans quatre enclos.
L'ile de l'infinitif.
À l'infinitif, il est nu. Mais sa garde-robes est fournie.
Certains sont paresseux et changent de métier, ils deviennent des noms comme savoir et sourire.
L'île des fous, ainsi nommée car leur maladie c'est l'impératif.
L'île de l'indicatif a trois régions : Présent, Passé et Futur.
L'île du subjonctif, le pays des rêves.
Ici, c'est le chaos et la faute au subjonctif.
Toute langue a une mère, pour le français c'est le latin.
Jungere vaut dire « joindre », Sub veut dire « sous » donc Subjungere veut dire atteler.
Jeanne fait ainsi une découverte primordiale :
« Plus quelqu'un écrase ceux qui sont au-dessus de lui, plus il s'écrase devant ceux du dessus. »
Le subjonctif se construit à partir du désir et du doute, donc très difficile à délimiter.
C'est un mode révolutionnaire qui a formé une chevalerie.
Avec trois écrivains de la mer : Melville, Conrad et Hemingway, l'aventure peut commencer.
« Comprendre n'est pas toujours nécessaire. Il suffit parfois de voir. »
La lecture est partout en dehors des bibliothèques.
Pour une démonstration ultime de cette belle aventure, Erik Orsenna nous donne les « Dernières nouvelles de oiseaux », histoire librement inspirée de l'aventure d'Aibus et de l'A380.
Vous êtes prêts pour l'embarquement ?
Sept enfants vont être choisis pour participer à une expérience. Ils ont pour points communs, des résultats médiocres à l'école et surtout une passion dans leur existence.
Javier est un fou d'escaliers, Morwenna passionnée par les ailes, Étienne, lui veut être déménageur-emménageur, Victoria se passionne pour la mécanique en particulier pour les roues, Thomas est expert en tout ce qui lie, vis, clous et colles, Hillary fabrique des boîtes pour tout et de toutes formes, Hans est un passionné de météo et dessine des nuages à l'infini.
Aucun ne parle la même langue, ils vont être installés sur une île avec pour directrice Mme. McLennan et relayé par Sir Alex, ancien entraîneur de football, donc il parle plusieurs langues et peut faire le lien entre ces enfants.
Mais aucun ne fait appel à lui, chacun continue en solo à vivre ses passions.
Jusqu'au jour où, l'île est dévastée par une terrible tempête.
La désolation s'abat sur le site et l'isolement n'est pas voulu mais subi.
« C'est maintenant que nous allons montrer qui nous sommes. Il n'y a plus une minute à perdre. »
Sans parler la même langue ils sont sur la même longueur d'ondes.
« La honte est un méchant microbe. Quand il entre en quelqu'un, il lui ronge la volonté, la gaieté, tout ce qui donne l'envie et le plaisir de vivre. »
Ils vont d'emblée comprendre qu'ils ne doivent pas se tromper d'ennemis.
Ensuite ils vont se regrouper, concevoir et construire. Ils sont dans l'action.
Être passionné c'est rêver et se donner des ailes pour réussir.
Un beau conte qui démontre la valeur du laboureur, trop rare, face à la multitude des buveurs de vent.
Excellente idée pour clore cette trilogie sur l'apprentissage.
Chacun de ces livres est mis en valeur par de belles illustrations, n'y a-t-il pas de faiseurs d'images pour mettre ces ouvrages en dessin animé ou film ?
Si vous voulez vivre d'aventure en aventure, lisez.
©Chantal Lafon


Lien : https://jai2motsavousdire.wo..
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Imaginez les modes verbaux prendre vie sous vos yeux de lecteurs ébahis, se personnifier au sein d'une grande allégorie sur la grammaire et la conjugaison.
Suivez l'exploration de Jeanne, tentant de rattacher les réalités abstraites de la langue à la géographie d'un archipel où s'affrontent différentes forces en présence, les Impératifs bagarreurs et les Subjonctifs rêveurs, les Infinitifs indécis et les Indicatifs réalistes.
Une lecture pédagogique vivante et originale qui a le mérite de changer de cap pour aborder la langue avec légèreté et, par là même, relance l'envie spontanée d'apprendre !
À mettre entre toutes les mains des enseignants et parents soucieux de ramener de la joie et de la créativité dans les apprentissages fondamentaux !
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Une série magnifique que tous les instituteurs et profs de français devraient lire. Comment on y apprend la grammaire. C'est d'une évidence ... si simple.
Une très belle écriture, très agréable, chantante et joyeuse.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
– [L]e subjonctif est l'univers du possible.
– Et alors ?
– Réfléchis un peu, Jeanne. Qu'est-ce que le possible ?
– Quelque chose qu'on pourrait faire...
– Mais qu'on n'a pas fait. Pas encore fait. Pas voulu faire. Réclamer le possible, tout le possible, c'est critiquer le réel, le monde tel qu'il est, la pauvreté, les injustices. Et donc critiquer les politiques, pas tous mais ceux, comme Nécrole, qui veulent que rien ne change : ils se satisfont du monde tel qu'il est.
– Le subjonctif est un mode révolutionnaire, c'est ça ?
– On peut le dire.
– Maintenant, je comprends mieux pourquoi on peut avoir peur de vous. C'est vrai que vous dérangez. Je voudrais adhérer.
– Pardon ?
– Adhérer à votre club.
– Il ne s'agit pas d'un club, Jeanne. Nous formons une chevalerie.
– Chevaliers... Vous ne seriez pas un peu... prétentieux ?
– Le rêve est une bataille, Jeanne. Je veux parler des vrais rêves, bien sûr, pas des petits désirs qui nous passent par la tête et qui y volettent comme des moustiques.
– Qu'est-ce qu'un vrai rêve ?
– C'est un rêve qui dure. Et s'il dure, c'est qu'il est marié. Marié avec la volonté.
(Les Chevaliers du Subjonctif, pp. 119-121)
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Ainsi commença pour moi l'habitude d'une petite cérémonie qui ne m'a jamais apporté que du bonheur : chaque dimanche soir, avant de m'endormir, je flâne quelques minutes au fond d'un dictionnaire, je choisis un mot inconnu de moi (j'ai le choix : quand je pense à tous ceux que j'ignore, j'ai honte) et je le prononce à haute voix, avec amitié. Alors, je vous jure, ma lampe quitte la table où d'ordinaire elle repose et s'en va éclairer quelque région du monde ignorée.
(La grammaire est une chanson douce, p. 60)
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Vous savez pourquoi les déserts avancent, un peu partout sur notre Terre ? … Il suffirait de fermer les paupières pour la voir avancer vers nous, cette terrible armée de sable. On nous parle de réchauffement de la planète, de forêts dévastées… C’est sans doute vrai. Mais l’on oublie l’essentiel. Ici, il y a cent ans, vivaient deux villages, avec tout ce qu’il faut pour être heureux, des plantes, des paillotes, de l’eau douce, des femmes, des hommes, des enfants, des animaux…
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– L'île que nous survolons n'est pas comme les autres, patron. Si j'ai bien compris, le subjonctif est l'univers du doute, de l'attente, du desir, de l'espérance, de tous les possibles... Comment voulez-vous que l'île du doute, de l'attente, du désir, de l'espérance, de tous les possibles ait des contours bien définis ? [...]
Vous savez, vous, donner des limites à vos doutes, à vos désirs, à votre espérance ? Soyez franc. En êtes-vous capable, patron, en dépit de votre âge et de votre expérience ? Par définition, le possible n'a pas de limites, non ?
– Ce que tu veux dire, c'est que les rivages de l'île du Subjonctif changent sans cesse ?
– Exactement, patron. Comme les îles volcaniques. Le désir et l'attente ne sont-ils pas des volcans, dans leur genre ?
– Mais alors mes yeux ne sont pas en cause. Ce n'est pas moi qui ne sais plus regarder, c'est le monde qui bouge.
(Les Chevaliers du Subjonctif, pp. 107-108)
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Je suis restée deux semaines dans la Sécherie.
Comment appeler autrement notre institut pédagogique ?
Le matin, on nous apprenait à découper la langue française en morceaux. Et l'après-midi, on nous apprenait à dessécher ces morceaux découpés le matin, à leur retirer tout le sang, tout le suc, les muscles et la chair.
Le soir, il ne restait plus d'elle que des lambeaux racornis, de vieux filets de poisson calcinés, dont même les oiseaux ne voulaient pas tant ils étaient plats, durs et noirâtres.
Alors, Madame Jargonos était satisfaite. Elle trinquait avec ses adjoints.
– Je suis fière de vous. Notre travail avance comme il faut. Demain, nous disséquerons Racine et après-demain Molière...
Pauvre langue française ! Comment la faire évader de ce traquenard ?
(La grammaire est une chanson douce, pp. 96-97)
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