Première intrusion dans l'oeuvre d'
Orson Scott Card, par le biais de ces onze nouvelles - dont deux sont à rattacher aux Maîtres chanteurs et au cycle d'Ender, selon l'éditeur.
Difficile dès lors d'en faire une critique uniforme si ce n'est pour louer cette écriture incomparable qui réussit l'exploit de servir "une imagination audacieuse associée à une grande crédibilité des personnages", pour citer la préface de
Ben Bova. Mêlant les genres et les styles avec une grande dextérité,
Orson Scott Card nous entraîne dans un monde tantôt futuriste ("Fin de partie", "Retour aux sources"), tantôt imprégné de fantastique ("Exercices respiratoires", "Les Euménides"), toujours terriblement "terrifiant".
Dans sa postface, l'auteur nous donne quelques explications sur les origines de ses nouvelles, dont les motifs récurrents (la "douleur poussée jusqu'à la cruauté, la laideur jusqu'au grotesque", "l'amour de la mort, la joie payée d'un prix impossible, une foi irréaliste en une justice poétique") sont autant de preuve de son "optimisme mitigé".
A la lecture de ce recueil, et surtout des deux nouvelles qui le délimitent, je partage volontiers ce constat et n'espère pas ici livrer un avis définitif. Si certaines histoires n'ont pas réussi à m'entraîner au delà de la perplexité ("Mets de roi", "Retour aux sources"etc), toutes portent en elles quelque chose de tragiquement sublime, hors des schémas dichotomiques classiques. Ainsi,
Sonate sans accompagnement fait sans aucun doute partie des rares ouvrages qui suscitent une "arrière-lecture", un temps supplémentaire de réflexion teintée de sensations qui persistent une fois la dernière page terminée. Pour cela, je conseillerai aux futurs lecteurs d'espacer leur lecture pour faciliter la "digestion" des thèmes abordés.