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EAN : 9782743612115
158 pages
Payot et Rivages (16/02/2004)
4.2/5   5 notes
Résumé :


" Lire Ortega y Gasset, c'est chaque fois s'engager dans une haute aventure, sûr d'en sortir rajeuni.

Don José Ortega y Gasset, Madrilène (1883-1955), est l'une des figures les plus marquantes de l'Espagne. Philosophe, professeur de métaphysique à l'université de Madrid, fondateur et directeur de la célèbre Revista de Occidente, il a été vraiment le phare et le guide de toute une génération. "

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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Je ne trouve pas que cette étude a vieilli, est-ce que l'amour et les interrogations autour du sentiment amoureux vieillissent ? L'auteur livre ses réflexions sincèrement, sans sectarisme, avec énormément de respect pour les femmes. Peut-être que l'auteur se trompe en pensant que les femmes ont moins d'imagination que les hommes, mais son raisonnement se défend si on cherche à expliquer pourquoi le mâle a tendance à rechercher plus de partenaires sexuels que la femelle en partant du principe que l'instinct sexuel seul ne suffit pas pour provoquer le désir. L'imagination suppléerait à l'instinct sexuel défaillant.

Ce petit ouvrage est pertinent, on y trouve de nombreuses pistes de réflexions pour soi-même et sa compréhension du mécanisme de l'amour, comme l'ouvrage "De l'amour" De Stendhal auquel l'auteur fait justement référence.

J'ai aimé l'idée que le vrai don juan n'est pas celui qui aime les femmes mais celui que les femmes aiment.
J'ai aimé l'idée que les génies n'intéressent pas les femmes et que les lois de la séduction et de la sexualité ne favorisent pas forcément l'amélioration de l'espèce.
J'ai aimé sa vision de l'être humain qui franchirait au cours de sa vie quelques étapes majeures de maturité et qu'à chaque phase de cette nouvelle maturité correspondrait un nouveau partenaire amoureux différent, plus adapté.
J'ai aimé l'idée que l'état amoureux est finalement un état de misère mentale où la vie de notre conscience se rétrécit en contrepartie de l'exaltation et d'une intensification de nos sensations, etc
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A partir de la citation ci-dessous tiré de l'essai, je lance d'ailleurs un appel à tous ceux qui me liront pour trouver ce roman dont parle Ortega y Gasset, s'il a été publié, ou pour me suggérer tout roman qui traiterait de ce sujet, à savoir les changements de partenaire amoureux en fonction des stades de maturité d'un individu au cours de sa vie. Superbe sujet de roman :

"La personnalité éprouve dans le cours de sa vie deux ou trois grandes transformations, qui sont comme des stades différents d'une même trajectoire morale. Tout en restant solidaires et, plus encore, radicalement homogènes eu égard à nos sentiments passés, nous remarquons un beau jour que nous sommes entrés dans une nouvelle étape ou une nouvelle modulation de notre caractère. C'est cela que j'appelle un changement radical. La préférence pour un type différent de femme s'ajuste rigoureusement à la nouvelle manière de sentir la vie. Notre système de valeurs s'est modifié un peu ou beaucoup –dans la fidélité toujours, au fond, avec l'ancien – et des qualités que nous n'estimions pas auparavant, que peut-être nous ne percevions même pas, passent au premier plan : alors un nouveau schéma de choix érotique s'interpose entre l'homme et les femmes qu'ils rencontrent.
J'ai lu des fragments d'un roman que peut-être on ne publiera jamais et dont le sujet est précisément celui-ci : l'évolution profonde d'un caractère masculin vue à travers ses amours. L'auteur montre la continuité du caractère au long de ses changements et le profil divergent que ceux-ci possèdent, éclairant ainsi la logique vivante, la genèse inévitable de ces mutations. Une figure de femme recueille et concentre à chaque étape les rayons de cette vitalité en évolution, comme ces formes spectrales qu'on obtient en projetant la lumière de réflecteurs sur une atmosphère dense."
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Cette étude a terriblement vieillie et l'on en ressort horrifié par moment par le naturel avec lequel des assertions sont posées, du style :
"... il y a coïncidence avec le fait que la femme dispose généralement d'un pouvoir imaginatif moindre que l'homme. La nature, prudente et prévoyante, l'a voulu ainsi, parce que, dans le cas contraire, si la femme s'était trouvée dotée d'autant d'imagination que l'homme, la lubricité aurait inondé la planète et l'espèce humaine aurait disparu, volatilisée en délices." Et il n'y a aucun doute là-dedans !!! le couple est forcément hétérosexuel et à domination masculine ! Où est l'amour dans ce tableau ?
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Don Juan n’est pas l’homme qui courtise les femmes, c’est l’homme que les femmes courtisent. C’est un fait qu’il existe des hommes dont les femmes tombent amoureuses beaucoup plus intensément et plus fréquemment. Voilà un abondant matériau pour la réflexion. En quoi consiste ce don étrange ?
Stendhal passe 40 ans à battre les murailles du monde féminin. Il échafaude tout un système stratégique avec principes et corollaires. Il va, il vient, il s’obstine, il s’épuise à la tâche avec ténacité. Le résultat est nul. Stendhal ne parvint jamais à se faire aimer vraiment par aucune femme. La plus grande partie des hommes ont le même destin. Au point que, en guise de compensation de ce malheur, on a pris l’habitude – on s’est donné l’illusion – de considérer comme de l’amour une vague adhésion de la femme, une certaine tolérance obtenue au prix de mille peines. La même chose se produit au plan esthétique. La plus grande partie des hommes meurent sans avoir jamais joui d’une émotion artistique authentique.
Stendhal croit – conséquent en cela avec les faits de son expérience – que l’amour se « fait » et, en outre, qu’il s’achève. Ces deux attributs sont caractéristiques des pseudo-amours. Chateaubriand, à l’inverse, trouve toujours déjà « fait » l’amour. Il n’a pas besoin de s’y efforcer. La femme passe à son côté et subitement elle se sent chargée d’une électricité magique. Elle se livre aussitôt et totalement. Pourquoi ? Ah ! C’est le secret que les spécialistes du don juanisme auraient dû nous révéler. Chateaubriand n’est pas un bel homme.

Il n’est pas vraisemblable qu’un amour plein, né à la racine même de la personne, puisse mourir. Il est installé pour toujours dans l’âme sensible. Les circonstances, l’éloignement, par exemple, pourront empêcher qu’il s’alimente comme il faut, et alors cet amour diminuera de volume, se convertira en un minuscule fil sentimental, en une petite veine d’émotion qui continuera de sourdre dans le sous-sol de la conscience. Mais il ne mourra pas : sa qualité sentimentale restera intacte. Dans ce fond radical, la personne qui a aimé continue de se sentir absolument attachée à la personne aimée. Le hasard pourra l’emporter loin de là dans l’espace physique et social. Peu importe : elle restera auprès de l’être aimé. Tel est le symptôme suprême du véritable amour : être au côté de l’aimé, dans un contact, dans une proximité plus profonds que la proximité spatiale. C’est d’être vitalement avec l’autre. Le mot le plus exact, mais trop technique, serait : être ontologiquement avec l’aimé, fidèle à son destin, quel qu’il soit. La femme qui aime le voleur, où que se trouve son être physique, est avec le voleur, assise dans la prison.

Cette théorie fameuse de la « cristallisation » m’a toujours paru absolument fausse. La seule chose peut-être que nous puissions en garder est la reconnaissance implicite que l’amour est, en un certain sens et de quelque manière, une impulsion vers la perfection. La théorie de la « cristallisation » répond bien plutôt à la préoccupation d’expliquer l’échec de l’amour, la désillusion des passions perdues ; elle explique en somme pourquoi l’on n’est plus amoureux et non pas pourquoi on tombe amoureux.
Selon Platon, l’amour est le désir d’engendrer dans la beauté. Dans le vocabulaire platonicien, la beauté désigne la « perfection ». C’est donc un mouvement de notre âme vers quelque chose qui en un sens est excellent, meilleur, supérieur. Que cette excellence soit réelle ou imaginaire ne change absolument rien au fait que le sentiment érotique ne se produit en nous qu’au vu de quelque chose que nous jugeons être la perfection.
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L’instinct sexuel assure, peut-être, la conservation de l’espèce, mais non son perfectionnement. En revanche, l’amour sexuel authentique, la passion pour un autre être, pour son âme et son corps dans une unité indissoluble, est, par elle-même, originairement, une force gigantesque chargée d’améliorer l’espèce. Mystérieux désir ! Alors que dans toutes les autres circonstances de la vie, rien ne nous répugne autant que de voir les frontières de notre existence individuelle franchies par un autre être, le plaisir de l’amour consiste à se sentir métaphysiquement poreux à une autre individualité, en sorte de ne trouver satisfaction que dans la fusion des deux individualités, dans une « individualité à deux ».

L’amour, être amoureux, est un état de misère mentale où la vie de notre conscience se rétrécit, s’appauvrit et se paralyse. L’amoureux, cependant, a l’impression que la vie de sa conscience est plus riche. En se réduisant, son monde se concentre davantage.
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Ce serait en outre appauvrir le sujet que de réduire l'étude de l'amour à ce que ressentent hommes et femmes, les uns pour les autres. Le sujet est beaucoup plus vaste: Dante croyait que l'amour meut le soleil et les autres étoiles.
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Video de José Ortega y Gasset (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de José Ortega y Gasset
José Ortega y Gasset (1883-1955), un spectateur dans l'Europe : Une vie, une œuvre (1984 / France Culture). Diffusion sur France Culture le 15 novembre 1984. Photo : José Ortega y Gasset dans les années 1920. Par Jacques Munier. Réalisation de Jean-Claude Loiseau. Avec madame Soledad Ortega Spottorno, le docteur Miguel Ortega Spottorno, Julían Marías Aguilera, Alain Guy, Ana Lucas, Celia Amoros, Jacobo Muñoz et Cristina de Peretti. Les textes de José Ortega y Gasset sont lus par Philippe Moreau. Avec la voix de Muriel Petit. À la fois professeur, essayiste, journaliste et conférencier, auteur d'une œuvre considérable, Ortega y Gasset fut considéré en son temps comme l'un des chefs de file de l'intelligentsia de son pays. Ce philosophe est l'inventeur d'un système de pensée original, profondément cohérent quoique disséminé dans une multitude d'écrits trouvant leur unité, du point de vue formel, dans un style élégant et brillant, semé de métaphores, qui cherche d'abord à séduire son lecteur pour mieux le convaincre et pour mieux l'instruire. Retour, en compagnie de ceux qui l'ont côtoyé de près, sur le parcours de cet être singulier qui aura marqué l'histoire intellectuelle espagnole et européenne au XXe siècle.
Source : France Culture
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