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Jean-Pierre Carasso (Traducteur)
EAN : 9782020838405
236 pages
Seuil (26/08/2005)
3.1/5   10 notes
Résumé :

Lars est critique littéraire dans un journal suédois. Un homme plutôt ordinaire, à une obsession près : il se prend pour le fils de Bruno Schulz, l'écrivain polonais assassiné par les nazis en 1942. Cette aimable monomanie ne porterait pas à conséquence si elle ne l'entraînait pas dans une étrange aventure, à la recherche du chef-d'œuvre disparu de Schulz, Le Messie... Ce roman poignant par ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
C'est officiel : je suis en train de devenir un inconditionnel de Cynthia Ozick. J'ai lu quelques uns de ses romans et mon enthousiasme ne démord pas. Au cours de la lecture de ce roman, le Messie de Stockholm, j'ai éprouvé de légères craintes mais elles se sont envolées rapidement. Ceci dit, je peux comprendre si certains considèrent son oeuvre peu accessible. Ses romans et nouvelles ne sont pas du genre à lire en vitesse dans le métro. Ozick, pour créer ses univers réalistes mais décalés, en marge, intellectuels (à défaut de meilleurs termes), puise un peu partout, à commencer chez les écrivains qui l'ont inspirée. Ce roman ne fait pas exception, on y retrouve les thèmes qui lui sont chers, entre autres les Juifs, l'identité et l'intertextualité. Aussi, on y retrouve une fin ouverte qui ne constitue pas vraiment un dénouement. Bref, il s'agit d'une histoire originale et déstabilisante.

Tout commence avec Lars Andemening, un critique littéraire dans un journal suédois (la porte d'entrée pour aborder la littérature en général, des auteurs qui sont chers à Ozick), quadragénaire, libre de toutes attaches mais avant tout adopté à la naissance. Depuis longtemps, il entretient la conviction qu'il est né en Pologne et que son père naturel n'est nul autre que l'écrivain Bruno Schulz, assassiné par les nazis pendant la Shoah. Schulz a laissé derrière lui une oeuvre importante à défaut d'être prolifique. Toutefois, une partie de cette oeuvre est disparue, incluant l'ébauche d'un roman, le Messie. C'est là que la fiction rejoint la réalité. Et si le Messie faisait à nouveau apparition sur Terre ?

J'aime comment, sans prétention, des auteurs réussissent à créer un monde, un univers inclusif qui parle d'autres romans, d'oeuvres intemporelles, de grands auteurs. À part Schulz, qui occupe une place privilégiée dans le Messie de Stockholm, le travail de critique de Lars permet d'évoquer Gombrowicz, Kafka, Kis et plusiweurs autres.

Pour en revenir à Lars Andemening, il fait la connaissance d'une libraire, Heidi, et de son mari le docteur Eklund. Ces derniers dénichent le fameux roman perdu, le Messie. En fait, ils dénichent Adela qui l'amène de Pologne. Elle aussi se prétend fille de Schulz. Évidemment, Lars ne peut l'admettre : lui seul peut être l'enfant naturel du grand écrivain ! Il s'ensuit plusieurs péripéties, quiproquos, remises en questions, etc. Bref, j'avais l'impression qu'on étirait la sauce. Je dois admettre que c'est la partie qui m'a amoindri mon enthousiasme habituel. Vers le milieu du roman, je me demandais où m'amenait Cynthia Ozick. le livre n'est pas très volumineux (236 pages dans l'édition de poche) mais il m'a paru long. Il faut dire que c'est un de ses premiers romans alors on pardonne.

Puis, passé le deuxième tiers, un rythme nouveau s'impose. Lars se permet un acte de foi : et si Adela disait vrai, si elle était réellement la fille naturelle de Schulz et si le Messie était son oeuvre perdue ? « La bonne nouvelle doit être répandue. Que le Messie est ici. Qu'il a été découvert. Retrouvé. Qu'il existe. » (p. 190) J'ai l'impression qu'on ne parle plus simplement d'un manuscrit et c'est tout le génie de Cynthia Ozick. le livre représente un symbole, bien sûr, de ce qui est important à nos yeux. Mais cela pourrait-il représenter le vrai Messie ? Dieu ? La religion ? Toutes les hypothèses sont bonnes. du moins, c'est ainsi que je l'ai interprété. Ou peut-être ai-je tout faux ? Dans tous les cas, c'est ce que j'aime de ce genre de livres. Ils nous font réfléchir et on en retire ce qu'on veut.
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Lars réalise la rubrique des critiques littéraire dans l'édition du lundi d'un journal suédois. C'est la rubrique que personne ne lit. A fortiori parce que Lars a une adoration pour les auteurs obscurs, qui n'intéressent personne, des auteurs de l'Europe centrale. Ce sont néanmoins des auteurs essentiels dans la Mémoire, dans le Combat démocratique, Kis, Hrabal, Kundera. On devine également que ses critiques sont très lyriques et dures à lire (pour les extraits que ses collègues lisent au-dessus de son épaule). Surtout que par comparaison avec la facilité choisie par ses deux collègues, Lars est à mi-chemin entre le vilain canatrd et la mouton noir.

Au passage, le journal est presque délabré. Non informatisé. L'étage où travaille Lars est rempli d esouris qui mangent les livres... mémoire encore, car un livre qiu disparaît, c'est aussi le passé qui s'oublie. Cynthia Ozick, juive, militante du souvenir, met une couche de Shoah dans son propos par le fait que Lars pense être le fils oublié d'un écrivain polonais abattu par les nazis en 1942. Ce passé, cette mémoire obnubile Lars au point de le rendre obsédé, possédé par l'existence d'un manuscrit non publié de cet auteur, son père réel ou imaginaire. le roman s'appelle le Messie.

C'est l'occasion pour Cynthia Ozick d'évoquer les manuscrits de prisonniers, de juifs massacrés en 39-45, et exhumés après-guerre. Ozick a une écriture poétique, fine et parfois un peu trop décalée par rapport au propos. Cela évite d'arriver avec de gros sabots, comme le font trop d'auteurs. Mais cela éloigne parfois le lecteur trop du coeur de son roman.

Je me suis perdu plusieurs fois, je dois bien l'avouer.

Lars est alors victime d'une libraire qui profite et utilise son obsession pour le Messie. Arrive une femme qui se prétend fille du même auteur polonais, et annonce être en possession du manuscrit. Ozick rend parfaitement les tensions intimes de Lars face à cette aubaine incroyable.

Il faudra un éclair de lucidité de Lars pour s'extraire du piège tendu... piège qu'il a lui-même tressé. Ensuite, on découvre un Lars libéré, détendu, s'assumant pleinement... c'est bien vu dans le genre "nous sommes prisonniers des chaînes que nous nous forgeons", mais ces 20 dernières pages sont un peu trop faciles et trop cliché à mon goût. On perd un peu la finesse d'écriture et de style d'Ozick.

Ce roman évoque la Shoah, l'idolâtrie, mais aussi la tentation d'utiliser l'autre à ses propres fins, ce que fait la libraire en se servant de Lars. Un roman qui m'a un peu déçu, je l'avoue, mais qui me fait encore réfléchir alors que je l'ai terminé hier. C'est ce que je demande à un livre.
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Lars Andemening est un critique littéraire, tenant la modeste chronique littéraire du lundi, au lectorat plutôt confidentiel, d'un journal ayant ses locaux dans un immeuble vétuste. L'homme s'évertue à produire des critiques sur des romanciers d'Europe centrale et du bloc de l'est d'une importance indéniable, mais dont tout le monde, en Suède, semble se contrefiche. Orphelin, guère reconnu dans son travail, il s'invente un destin d'enfant réfugié, fils d'un authentique auteur et graphiste polonais, victime de la Shoah, Bruno Schultz. Son activité professionnelle, ses goûts littéraires, sa parenté d'emprunt, l'emmène à côtoyer la modeste librairie d'une immigrée allemande, qui ne tarde pas à rentrer dans ses vues, flatter ses lubies, en lui dénichant, au compte-goutte, des documents ayant trait à ce père d'élection.

Le style de Cynthia Ozick, discrètement assaisonné d'humour, la figure tutélaire d'un écrivain à l'oeuvre singulière et au destin tragique, laissaient présager un moment de lecture sympathique et intéressant, quoique sans prétention. Nenni, très vite le récit c'est envasé dans le marécage de l'ennui, le lecteur se perdant dans les brumes de l'indéterminé et du vague.
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CYNTHIA OZICK est résolument un bel auteur.

Auteur de la mémoire mais avec une écriture résolument moderne.

Elle nous peint dans ce livre le portrait d'un homme qui s'est crée son monde et son histoire ( fils de BRUNO SHULZ et légataire de son dernier manuscrit détruit par la barbarie) et qui voit apparaître au grand jour ce qu'il sait être le pur fruit de son imagination.

Un personnage fort de sa solitude, écarté de "la marmite bouillonnante" qui réussira quand même (malheureusement?) vaincre ses propres démons.

Un beau livre de Cynthia Ozick
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je pensais passer un bon moment car j'avais beaucoup aimé "le châle" mais là, je ne suis jamais entré tout à fait dans ce récit, des redites à quelques pages d'écart me faisant penser que je m'étais trompé, des digression peu ou proue logiques et pertinentes mais j'ai enfin fini ce livre et il ne me laissera pas un souvenir impérissable.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
A trois heures de l'après midi - quand, dans le monde entier, la marmite littéraire déborde, que l'essaim grouillant des potins arrive au paroxysme de son déchaînement dans le bureau des critiques littéraires des journaux, et que le ciel d'automne au dessus de Stockholm s'apprête à faire tomber un crépuscule translucide (coquille d'oeuf protégeant un vitellus bleu-noir) sur la ville de flèches et d'eau -, à cette heure larmoyante et pourtant exaltée, on aurait trouvé Lars Andemening dans son lit : il faisait la sieste..........
(début du livre)
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Videos de Cynthia Ozick (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Cynthia Ozick
Vendredi 18 septembre 2020 / 11 h 30
Écrivaine, traductrice de l'anglais. Elle a reçu en 2007 le prix Maurice-Edgar Coindreau et le prix Laure-Bataillon pour Les Papiers de Puttermesser de Cynthia Ozick. Un secret sans importance (prix du Livre Inter 1996), Dans la nuit brune (prix Renaudot des lycéens 2010. Elle est également l'autrice d'un essai consacré à Virginia Woolf avec Geneviève Brisac, V.W. le mélange des genres ? Ce coeur changeant (L'Olivier, 2015) Prix Littéraire du Monde. Son dernier roman La Chance de leur vie (L'Olivier, 2018) a connu un beau succès de librairie.
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