Luc Mandoline, dit L'embaumeur, ancien légionnaire thanatopracteur professionnel, débarque sur Ouessant pour une cérémonie mortuaire. Son ami Pat Kerbili est disparu en mer lors du naufrage de la Perle. À peine arrivé il est témoin d'un homicide par KO pour une histoire de patrimoine historique français. le soir, Dédé Péron, survivant du naufrage et comateux, est exécuté sur son lit d'hôpital.
Stéphane Pajot ne perd pas temps, le décor est vite planté, l'histoire est balancée encore plus vite. Comme le troisième cadavre qui arrive bien trempé, quant aux suivants, ils ne seront pas mieux lotis. Pendant ce temps, Luc Mandoline se retrouve les pieds dans une histoire d'espionnage, pris pour cible par un tireur maladroit qui finira les yeux crevés, et enfin, en possession d'un hypothétique graal gaulliste.
La brochette de personnages, tous plus ou moins déglingués à l'alcool, semble issue d'une bédé de
Tardi croisée avec des
San Antonio.
le but de
Stéphane Pajot est bien de distraire, j'imagine bien notre auteur avec une mine goguenarde en train d'écrire des phrases comme : « Il n'a pas loin pour se loger, gloussa un des deux quinquas, pilier de comptoir averti et tronche de déconneur patenté, en jetant un cil de l'autre côté de la rue vers le cimetière. Il reste de la place ». Ou dans le genre sentencieux : « La bière, elle coule pareil dans ton gosier que je sache. Pimousse ou binouze même combat ! »
Il reprend ici un personnage créé par
Stanislas Petrosky, dont les aventures ont connu plusieurs auteurs et une bonne brassée de volumes.
On croise quelques familiers de l'île,
Yann Tiersen,
Christophe Miossec, d'ailleurs on boit un paquet de verres au siège du fanclub mondial de ce dernier. S. Pajot distille également quelques hommages discrets à Édouard Glissant et
Tristan Corbière, à
Frédéric Dard et son Alexandre-Benoît, aux marins du Bugaled Breizh, et bien sûr au Poulpe, grand-oncle de Luc Mandoline. Et à d'autres, connus ou inconnus, mais bien réels.
Stéphane Pajot se (et nous) fait plaisir, « Meurtres sur l'île », mélange de polar, d'humour et d'histoire de la seconde guerre mondiale, c'est deux cents pages bien envoyées et lues avec le sourire collé aux lèvres du début à la fin. Et en plus c'est préfacé par
Jean-Luc Manet, alors pourquoi s'en priver ?