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EAN : 9782352047452
189 pages
Les Arènes (04/04/2018)
3.46/5   14 notes
Résumé :
Qui rêverait de naître à Joliet, dans l'Illinois ?
Pas Suzy Kosasovich en tous cas. Elle a grandi là, parmi les ouvriers et les églises, entre les barges des canaux et les trains de marchandises, élevée dans la crainte de Dieu et l'effacement de soi. Mais Suzy a un rêve : être acceptée par les ados du quartier. Ceux qui fréquentent le bar de Fat Kuputzniak, où ils viennent étancher leurs frustrations et leur haine. L'occasion lui est offerte le jour du Vendr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Patrick Michael Finn est un romancier et nouvelliste américain, né à Joliet dans l'Illinois. Titulaire d'un B.A. à l'Université de Californie à Riverside et d'un M.F.A. à l'Université de l'Arizona, il vit à Mesa en Arizona avec son épouse, l'écrivaine Valerie Bandura, et leur fils. Ceci est mon corps, son premier roman, est sorti chez nous en 2018.
Dans la communauté Polonaise d'un quartier de Joliet, dans la banlieue de Chicago. Suzy Kosasovich, une adolescente de quatorze ans, mène une vie étriquée entre des parents peu présents, ses études et les bondieuseries de sa grand-mère. Son rêve serait d'être remarquée et plus encore par Joey, un loubard bien plus âgée qu'elle, caïd de leur rue, qui sort avec Darly, formant un couple bruyant autant que démonstratif, souvent alcoolisé… Ce rêve va se muer en cauchemar lors d'une nuit de Walpurgis, un sabbat de sorcières, le soir du Vendredi saint.
Ce court roman très noir, se déroule principalement le temps d'une nuit, dans un bar miteux abandonné pour l'occasion aux adolescents du quartier qui vont y mettre l'Enfer. C'est là que Suzy, poussée par une force intérieure irrépressible, entre pour affronter son destin. Une gamine innocente de tout, se jetant sur l'alcool, bières et shots de vodka, les cigarettes, pour la première fois de sa courte vie. le bar est bondé de gars qui s'arsouillent, au milieu, Joey, sa bande et Darly sa nana, une dévergondée forte en gueule que la petite Suzy va tenter de déloger dans le coeur de son héros. Dans cette foule de prolos en devenir, Mickey Grogan, sale, puant de la gueule, une main en charpie après être passée dans une machine de l'usine où il bosse alors qu'il était bourré, n'a d'yeux que pour Suzy…
Les bégueules auront du mal avec ce bouquin, pourtant c'est un très bon roman. Certes il faut endurer cette folie d'une nuit, d'autant plus insoutenable qu'il s'agit de gamins ou presque, alcoolisés au-delà du raisonnable qui vont se livrer à des actes dommageables. La rivalité entre les deux filles va être terrible, physique et psychologique, se battant comme chiffonnières après que Joey attirée par la chair fraîche, ne « consomme » la gamine dans l'arrière boutique, de son côté Darly par vengeance et dépit, va s'offrir à la meute des poivrots du bar dans un gang-bang ahurissant au fond des chiottes…
Je vois vos yeux levés au ciel en une interrogation muette, « c'est quoi ce truc ignoble ? » : et pourtant, sous ces guenilles se cachent de jolies jambes (pour paraphraser Georges Brassens). Sous ses airs de gros durs, Joey ne peut se passer de Darly, un amour spécial mais réel ; Grogan le moqué et Suzy l'ignorée, partagent la même solitude, celle de ceux qui ne peuvent s'intégrer dans une bande, et l'on sait comme elle coûte quand on est jeune. Quant au finale, magnifique - même s'il est d'une noirceur encore plus effroyable que ci-dessus – il est d'un pessimisme absolu par son constat froid, en une seule nuit Suzy, quatorze ans seulement, a définitivement enterré un avenir qui ne s'annonçait déjà pas particulièrement optimiste.
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Nous suivons l'histoire de Suzy Kosasovich, qui vit dans la bourgade sans charme de Juliet, aux Etats-Unis, non loin de Chicago. Elle a 14 ans et elle a hâte de grandir. Élevée dans une famille très religieuse, les messes et les reliques pieuses que lui offre sa busha, sa grand-mère, rythment son quotidien plein d'ennui. Tous les matins, elle prend le bus et côtoie de loin "les grands", dont le sulfureux couple de Joey et Darly, jeunes adultes bruyants, alcoolisés, bagarreurs et exhibitionnistes. Suzy admirent leur liberté de ton, leur liberté tout court. Elle souhaiterait faire partie de leur vie mais passe pour l'instant inaperçu. Elle est secrètement amoureuse de Joey, qu'elle admire.
Le soir du Vendredi Saint, dernier jour avant les vacances, le taulier du coin ouvre son bar à qui veut et les jeunes mineurs en profitent pour boire gratis et à volonté. Suzy décide qu'elle ira au bar, même si elle n'y connaît personne.
Ici commence le cauchemar... Une nuit de beuverie, d'humiliation et de violence va faire perdre à Suzy son innocence. Ce roman est très noir, certaines scènes sont insoutenables. On y voit la cruauté des humains et l'effet négatif que peut avoir l'alcool sur un groupe.
J'ai beaucoup aimé ce livre, on est happés, atterrés, choqués par tant de noirceur. On s'y croit vraiment. Un roman d'initiation hardcore à l'écriture lumineuse publié aux Arènes (coll. Equinox) et qui tient ses promesses.
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Nuit de fureur à Joliet, Illinois, USA.

Ceci est mon corps appartient à ces romans qui privilégient la dureté des rapports humains et les atmosphères très glauques, et qui, se faisant, se distinguent des purs romans criminels. Pas de meurtre, pas d'enquête, pas de détective, ici on est dans le domaine du roman noir comme le cauchemar. Tel que Nuit de fureur de Jim Thompson, Rue barbare de David Goodis, ou Cauchemar dans la rue de Robin Cook. Il se dégage du premier roman de l'américain Patrick Michael Finn une désespérante noirceur que ne vient éclairer aucune lueur d'espoir. Pas de happy end à l'américaine, juste la réalité impitoyable d'une petite bourgade du midwest imprégnée de la haine et de la frustation des pauvres gens qui y vivent.

L'intrigue de court roman noir échevelé se passe exclusivement dans la petite ville de Joliet, dans l'Illinois. Alors comment vous dire ? Ceci est mon corps ne rend pas vraiment hommage à cette bourgade ouvrière du Midwest américain, bien au contraire. On est très très loin du rêve américain, le fâmeux American Dream. Une vieille aciérie rouillée qui fait vivre toute la population, un canal sur lequel voguent des péniches chargées de fioul, de charbon, de détritus ou des fers à béton, des églises, des maisons en mauvais état, et un bar miteux. le cauchemar américain, une ville de perdition, de désolation et de dépravation. L'enfer sur terre, c'est le moins que l'on puisse dire.

C'est dans cette ville de misère que vit la jeune Suzy Kosasovich. Une jeune fille discrète, sage, qui ne se fait jamais remarquer, et qui grandit au sein d'une famille très pieuse. Seulement voilà, la religion ne suffit pas à Suzy, qui ne veut plus être discrète et silencieuse. Suzy a envie de s'éclater, et de sortir avec les ados "branchés" du quartier. L'occasion lui est offerte le jour du Vendredi saint, "premier jour des vacances de Pâques, lors duquel la plupart des pères de la ville effectuaient des roulement supplémentaires à l'usine, payés triple, alors que les mères demandaient à faire des extras dans leurs boulots respectifs, eux aussi mieux payés. C'était surtout le seul jour de l'année où Fat Kuputzniak noyait son chagrin dans une biture monumentale et ouvrait le Zimne Piwo Club à quiconque disposait de trois sous."

Pas un adulte en vue, que des gamins excités qui vont venir prendre la biture de leur vie dans ce bar minable. Et Suzy va y aller dans ce bar. Un rêve pour elle, qui va vite tourner au cauchemar. Un voyage au bout de l'enfer, sorte de mix maléfique entre Las Vegas Parano, Les lois de l'attraction et Orange mécanique. Une nuit de fureur, sans rédemption. Bon, vous l'aurez compris, on est dans le domaine du roman noir majuscule. Avec son style cru, réaliste, descriptif, Patrick Michael Finn signe un fulgurant récit à l'atmosphère très sombre, très glauque. le portrait décadent d'un bled paumé. Une oeuvre terrifiante qui vous prend à la gorge et qui ne vous lâche plus. Une longue apnée noire. Difficile, pendant un moment, de reprendre son souffle après avoir vécu cette expérience éprouvante.
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Les valises étaient prêtes, la voiture chargée, on allait partir et au tout dernier moment j'ai glissé Ceci est mon corps dans mon sac. Ce roman, ramené par mon amoureux, traînait dans le salon depuis des plombes.

Honnêtement, ce roman m'intriguait. Et me faisait un peu peur. Je craignais le glauque. Mais j'ai fini par me lancer, affronter mes craintes. Avec l'idée de pouvoir ensuite ranger ce livre dans ma bibliothèque au lieu de le voir traîner là, sur le buffet, à chaque fois que je passais devant.

L'intrigue de Ceci est mon corps se situe à Joliet, dans l'Illinois. Une ville dans laquelle je n'ai absolument pas envie de m'arrêter. Si un jour, je devais aller me promener du côté de Chicago, je pense que je ferais une grosse croix sur une carte, un panneau de sens interdit, un gros warning ou même un coup de tipp ex sur Joliet, pour éviter à tout prix de passer à proximité de cette ville, au cas où je tomberais en panne et que sois obligée d'y faire une halte.

Ceci est mon corps est le premier roman de Patrick Michael Finn. Parfois, je me demande comment certains auteurs peuvent accoucher de romans si glauques, si malsains. Qu'ont-ils vécu ? Essaient-ils de coucher sur le papier des choses pour éviter d'avoir envie de les vivre ? Peut-être qu'il vaut mieux ne pas le savoir… Mais dans tous les cas, ça me met mal à l'aise.

Ceci est mon corps raconte une nuit de rage et de bêtise. A la faveur du Vendredi saint, les jeunes de Joliet envahissent le bar de Fat Kuputzniak, délaissé par les adultes. Suzy Kosasovich a quatorze ans. Elle décide d'y passer, elle espère y retrouver le mec qui la fait craquer, elle espère qu'il la remarquera.

En effet, il la remarque. Une petite grue qui picole sec et qui semble prête à écarter les jambes pour lui, ça le tente. Je deviens crue ? Et encore, je fais soft par rapport au livre. Voyez la suite…

La copine du beau gosse devient folle de rage de voir Suzy tourner autour de son mec. Elle va, du coup, se faire sauter par tous les mecs du bar, qui font la queue devant les toilettes pour pouvoir la culbuter sur le lavabo (j'avoue que je n'ai pas trop compris le lien entre cause et conséquence).

Les gamins mettent le bar à sac, deviennent de plus en plus saouls, de plus en plus cons, de plus en plus sadiques et bestiaux. le lecteur devient voyeur. Et il en prend plein les yeux. de la saleté, de la bêtise crasse, de la violence gratuite. Et presque aussi plein les narines. Ça pue l'alcool, la merde, la pourriture, le foutre, le sang.

Et j'avoue que j'ai eu du mal. Je crois que je n'en peux plus de ces livres qui mettent en scène des pauvres gens, des abrutis violents sans cerveau. Que je n'en peux plus des livres sans espoir, sans morale. Je veux de la lumière, du beau, de la douceur. Je ne veux plus finir un livre en me disant que le monde c'est de la merde.

Bref, vous l'aurez compris, cette lecture a été éprouvante. Et révélatrice. Pour moi, ce genre de littérature, c'est fini. Mais je sais aussi que ça plaît à d'autres. Alors je ne vous dis pas de fuir Ceci est mon corps, si vous aimez ce style, car c'est plutôt un bon livre. Mais clairement pas pour moi, plus pour moi.
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Je ne savais pas à quoi m'attendre en ouvrant le livre de Finn, Ceci est mon corps m'a laissée sur le carreau. C'est cru, violent et dès les premières lignes j'ai été happée par la façon dont l'auteur donne vie à ses personnages avec une certaine empathie qui va bien au-delà de l'horreur de ce vendredi Saint. Son style est très personnel et épuré un peu comme de la poésie tout en nous contant une soirée en enfer. J'ai été subjuguée par la faculté à nous faire percevoir cette ambiance de beuverie, de jeunes gens d'une quinzaine d'année qui sont déjà perdus pour eux-mêmes et pour la société. L'alcool, les fins de semaine et la misère sociale, j'ai pensé à quelques passages de Germinal de Zola qui déjà m'avait marqué. le style est incroyablement précis et non seulement on perçoit le côté visuel mais aussi les odeurs et les sons. Alors même si j'ai eu envie de secouer cette jeune fille pour lui dire qu'elle est en train de prendre un mauvais chemin et peut-être même de la condamner pour cela, j'ai aussi senti dans l'élaboration de son personnage à quel point cette jeune femme reste pure et vulnérable et conservant en elle les valeurs inculquée par sa grand-mère. Cette petite tranche d'âge qu'est l'adolescence peut se révéler comme une sorte de galop d'essai pour la vie d'adulte mais ici c'est comme une sorte de purgatoire qui précèderait non pas le paradis mais bien les enfers. Un texte décapant sur les travers d'une petite bourgade de l'Illinois, des personnages grossiers, simplets et abusifs avec la méchanceté chevillée au corps, on ne voit pas venir la lumière c'est terrifiant car criant de vérité. Un livre à découvrir assurément pour découvrir une facette peu reluisante de l'Amérique profonde. Bonne lecture.
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
- Chuis un artiste, ouais, dit Joey, la voix pâteuse. Un artiste de la baise. J’ai mon propre musée de la baise dans cette rue. Tous, ils s’étranglèrent de rire. Suzy comprit que c’était elle la blague, quelle bande de connards, et Joey était qu’un connard lui aussi, mais le bourbon lui monta subitement à la tête et ses yeux s’emplirent de larmes. Elle contint ses sanglots en fixant de toutes ses forces le cendrier au milieu de la table, un cercle rouge doté de quatre petites encoches qui enlaçait un amas infect et fumant de mégots écrabouillés. – Merde, elle va gerber, dit l’un d’eux, et Suzy se réjouit qu’ils n’aient pas perçu l’immensité de sa tristesse.
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Suzy s’arrêta et jeta un œil à l’intérieur. Bien que cela lui fût interdit, elle eut subitement envie d’entrer, plus que tout au monde. Elle vit un tas d’homme du quartier encore vêtus de leur bleu de travail maculé de graisse, la casquette fourrée dans la poche arrière, certains en tricot de corps poisseux, qui buvaient des pressions tout en suivant le match de White Sox sur un téléviseur noir et blanc suspendu au mur…
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Elle le savait, les grands du bus se foutaient bien qu’elle fût là ou pas, mais ça ne la dérangeait pas beaucoup. Elle était encore jeune, puis de toute façon ils lui faisaient un peu peur, les garçons comme les filles, avec leurs vestes en jeans déchirées cousues des têtes de mort, serpents et épées de leurs groupes de metal favoris. Les fards à paupières, le maquillage sur les lèvres, les yeux et les ongles, les cheveux permanentés, les bottines cradingues, les gencives luisantes et roses, les cris, rires, beignes. Les palots langoureux.
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Comment un tel homme, qui paraissait si vieux et si mûr, qui agissait avec un calme aussi détaché, pouvait-il réellement projeter de foutre sa vie en l’air, à l’exemple d’un de ces minables du bus ? Suzy n’y croyait pas une seconde. À ses yeux, Joey Korosa était un écorché vif sublime qui, comme elle, quitterait un jour cet endroit pour s’épanouir ailleurs, un ailleurs plus vaste et plus riche, où son passé sulfureux servirait à nourrir sa légende au milieu de gamins surprotégés et inexpérimentés qui aduleraient la moindre de ses actions.
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La plupart des lycéens toutefois se contentaient de rouler en boule le règlement et le jetaient dans les poubelles ou par terre à leur sortie du gymnase. Ils le savaient, seul un meurtre pouvait vous faire exclure définitivement de Joliet West. L’exemplaire du règlement intérieur de Suzy était rangé soigneusement dans son classeur de cours, qu’elle trimballait avec elle de classe en classe puis ramenait à la maison dans son cartable. N’ayant jamais couru le risque de s’exposer à la moindre punition, elle ne le lisait jamais.
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Les coups de coeur Bruno Richard pour L'écrit du suD. Obsession Textuelle n°23 du 9.06.2018.
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